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Citations de Marguerite Duras (2401)


Marguerite Duras
Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.
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-- Mais il y a plus grave. Les mères d'élèves ont prévenu la directrice de Lyautey que vous ne rentriez pas tous les soirs à la pension -- légère colère du censeur -- comment l'ont-elles su ... mystère... Vous êtes cernée par le réseau policier des mères d'élèves -- il sourit -- de Saigon. Elles veulent que leurs filles restent entre elles. Elles disent -- tenez-vous bien -- "Pourquoi court-elle après le baccalauréat, cette petite grue ? Le Primaire c'est fait pour ces gens-là"...

NDL : ahem... Les mères d'élèves, elles parlent de Marguerite Duras... Oui, quand même !
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- Ne pas aimer les Italiens, dis-je, c'est ne pas aimer l'humanité.
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Mes cheveux sont lourds, souples, douloureux, une masse cuivrée qui m'arrive aux reins. On dit souvent que c'est ce que j'ai de plus beau et moi j'entends que ça signifie que je ne suis pas belle.
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Marguerite Duras
Je n'ai jamais écrit, croyant le faire, je n'ai jamais aimé, croyant aimer, je n'ai jamais rien fait qu'attendre devant une porte fermée.
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Je lui dis de venir, qu’il doit recommencer à me prendre. Il vient. Il sent bon la cigarette anglaise, le parfum cher, il sent le miel, à force sa peau a pris l’odeur de la soie, celle fruitée du tussor de soie, celle de l’or, il est désirable. Je lui dis ce désir de lui.
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L'écriture c'est l'inconnu. [...] C'est l'inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n'est même pas une réflexion, écrire, c'est une faculté qu'on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même, d'une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible, douée de pensée, de colère, et qui quelquefois de son propre fait, est en danger d'en perdre la vie.
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Des années après la guerre, après les mariages, les enfants, les divorces, les livres, il était venu à Paris avec sa femme. Il lui avait téléphoné. C'est moi. Elle l'avait reconnu dès la voix. Il avait dit: je voulais seulement entendre votre voix. Elle avait dit: c'est moi, bonjour. Il était intimidé, il avait peur comme avant. Sa voix tremblait tout à coup. Et avec le tremblement, tout à coup, elle avait retrouvé l'accent de la Chine. Il savait qu'elle avait commencé à écrire des livres, il l'avait su par la mère qu'il avait revue à Saigon. Et aussi pour le petit frère, qu'il avait été triste pour elle. Et puis il n'avait plus su quoi lui dire. Et puis il le lui avait dit. Il lui avait dit que c'était comme avant, qu'il l'aimait encore, qu'il ne pourrait jamais cesser de l'aimer, qu'il l'aimerait jusqu'à sa mort.
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Marguerite Duras
Une idée est toujours une bonne idée du moment qu'elle fait faire quelque chose
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" L'histoire de ma vie n'existe pas. ça n'existe pas. Il n'y a jamais de centre. Pas de chemin, pas de ligne. Il y a de vastes endroits où l'on fait croire qu'il y avait quelqu'un, ce n'est pas vrai, il n'y avait personne. "
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- C'est la fin de notre histoire, dit Maria. Pierre, c'est la fin. La fin d'une histoire.
- Tais-toi.
- Je me tais. Mais, Pierre, c'est la fin.
Pierre s'avance vers elle, lui prend le visage dans les mains.
-Tu es sure?
Elle dit que oui. Elle le regarde dans l'épouvante.
- Depuis quand?
-Je viens de m'en apercevoir. Peut-être depuis longtemps.
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La nuit il regretta
La mort.
Les chiens.
L’enfance, il regretta, beaucoup, beaucoup.
L’amour, il regretta.
L’amour, il regretta au-delà de sa vie, au-delà de ses forces.
L’amour d’elle.
Les ciels d’orage
La pluie d’été.
L’Enfance.
Jusqu’à la fin de la vie, l’amour d’elle.
Et puis un jour, il lui était venu le désir ardent de vivre une vie de pierre.
De mort et de pierre.
Une fois, il ne regretta pas.
Plus rien il regretta.
Ça avait été pendant cette nuit-là, que tomba sur Vitry la première pluie d’été. Elle tomba sur tout le centre-ville , le fleuve, l’autoroute détruite, l’arbre, les sentes et les pentes des enfants, forte et drue comme un flot de sanglots.
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Je perdis toute liberté. Elle occupa toutes mes pensées, hypothéqua mes jours, mes nuits. Un clou noir dans mon coeur.
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Il fait son Rudolf Valtino, disait-il, mais ce qui est triste, c'est qu'il a une tête plutôt dans le genre tête de veau.

(p.72)

C'était dans la zone située entre le haut quartier et les faubourgs indigènes que les blancs qui n'avaient pas fait fortune, les coloniaux indignes, se trouvaient relégués. Là, les rues étaient sans arbres, les pelouses disparaissaient.

(p.136)

Une vieille coloniale, Mme.Marthe, de soixante-cinq ans, venue en droite ligne d'un bordel du port, tenait l'Hotel Central. Elle avait une fille, Carmen, elle n'avait jamais pu savoir de qui et, n'ayant pas voulu lui réserver un sort pareil au sien, elle avait fait pendant les vingt ans de sa carrière des économies suffisantes pour acheter à la Société de l'Hotellerie coloniale la part d'actions qui lui avait valu la gérance de l'hôtel.

(p.137)

Carmen avait de la vie sa philosophie qui n'était pas amère, elle acceptait son sort, si l'on peut dire, d'un pied léger et elle se défendait farouchement de tout attachement qui aurait nui à son humeur. C'était une vraie fille de putain faite aux arrivées et aux départs incessants de ses compagnons, à la dureté du gain, à l'habitude d'une indépendance forcenée

(p.139)

Tant qu'il saurait la mère vivante, il ne pourrait d'ailleurs rien faire de bon dans la vie, rien entreprendre.

(p.225)
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Elle avait aimé démesurément la vie et c'était son espérance infatiguable, incurable, qui en avait fait ce qu'elle était devenue , une désespérée de l'espoir même.

(p.114)
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𝐸𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑏𝑜𝑖𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑒 𝑡ℎ𝑒́.

MADELEINE (𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠). - La mort arrivera du dehors de moi.

JEUNE FEMME. - De très loin. (𝑇𝑒𝑚𝑝𝑠). Vous ne saurez pas quand.

MADELEINE. - Non, je ne saurai pas.

JEUNE FEMME. - Elle est partie depuis le commencement du monde en prévision de vous seule.

MADELEINE. - Oui. Inscrite dès la naissance. Quel honneur, dès avant la naissance.

JEUNE FEMME. - Oui.

MADELEINE (𝑚𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑙𝑎 𝑠𝑐𝑒̀𝑛𝑒). - Pour arriver là. (𝑆𝑖𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒). Comment sais-tu ces choses là ?

JEUNE FEMME. - Je vous vois.
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Elle avance vers moi, toujours, au même pas. Elle ne peut pas avancer plus vite ni ralentir. La moindre modification dans son mouvement m'apparaîtrait comme une catastrophe, l'échec définitif de notre histoire : personne ne serait au rendez-vous.
Mais qu'est-ce que j'ignore de moi-même à ce point et qu'elle me met en demeure de connaître ? qui sera là dans cet instant auprès d'elle ? [...]
A la voir je pense que cela sera peut-être suffisant pour moi, cela, de la voir et que la chose se ferait ainsi, qu'il sera inutile d'aller plus avant dans les gestes, dans ce qu'on se dira. Mes mains deviennent le piège dans lequel l'immobiliser, la retenir de toujours aller et venir d'un bout à l'autre du temps. [...]
Elle arrive, regarde, nous ne nous sommes jamais encore approchés. Elle est blanche, d'une blancheur nue. Elle embrasse ma bouche. Je ne lui donne rien. J'ai eu trop peur, je ne peux pas encore. [...]
Son regard luit sous ses paupières très abaissées. Il faut s'habituer à la raréfaction de l'air autour de ces petites planètes bleues auxquelles le regard pèse, s'accroche, en perdition. [...]
Elle se met elle-même dans mes bras, les yeux clos, attendant qu'autre chose arrive qui doit arriver et dont son corps disait déjà la proche célébration. [...]

Nous sommes enfermés quelque part. Tous les échos se meurent. Je commence à voir clair, petit à petit, très très peu. Je vois des murs, lisses, qui n'offrent aucune prise, ils n'étaient pas là tout à l'heure, ils viennent de s'élever autour de nous. On m'offrirait de me sauver, je ne comprendrais pas. Mon ignorance elle-même est enfermée.
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Marguerite Duras
L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie." Marguerite Duras
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Marguerite Duras
Je crois que l’homme sera littéralement noyé dans l’information, dans une information constante, sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir. Ce n’est pas loin du cauchemar. Il n’y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision. On en dépose tout partout, dans la cuisine, dans les water-closets, dans le bureau, dans les rues. Où sera-t-on... Tandis que l’on regarde la télévision, où est-on... ? On n’est pas seul. On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager. Quand on peut faire le tour du monde en huit jours, en quinze jours, pourquoi le faire ?
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On dit, on demande : Mais qu'a-t-il fait au juste ? Je ne suis jamais au courant.
- Il a fait le pire, mais comment le dire ?
- Le pire ? tuer ?
- Il tirait la nuit sur les jardins de Shalimar où se réfugient les lépreux et les chiens.
- Mais des lépreux ou des chiens, est-ce tuer que de tuer des lépreux ou des chiens ?
- Aussi bien des balles ont été trouvées dans les glaces de sa résidence à Lahore, vous savez.
- Les lépreux, de loin, avez-vous remarqué ? On les distingue mal du reste, alors...
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