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Critiques de Maryna Uzun (187)
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Tableaux de l'amour au goût de yaourt (suiv..

J’ai redécouvert le fameux coin de verdure où chante une rivière… cet endroit où moussent les rayons du soleil… j’ai entr’aperçu grâce à Maryna Uzun un petit bout du val de notre ami Arthur. Les poèmes de Maryna sont d’une beauté surréaliste et immortelle. Ils nous maintiennent quelques instants en lévitation et nous transportent sur un rythme musical propre à la musicienne qu’elle est. Sa plume nous embarque dans un monde situé au-delà de notre réalité. Elle nous fait rêver, rire, pleurer et on la lit sans pause, dans un même souffle. Ses textes sont aussi parfois torturés mais restent beaux car elle sait les habiller.



Vous nous parlez d’amour, d’enfance, de maternité, de Paris votre ville d’adoption, mais aussi de vos petits moments personnels et de vos états d’âme avec retenue et sincérité. Vous savez aussi faire danser vos rimes et exploser vos mots comme dans un feu d’artifices riche en couleurs et fort en émotions. Vous nous invitez dans votre fête des vers et on y entre avec plaisir et volupté. Pourtant, comme pour toute bonne chose qui a malheureusement une fin, Il est temps maintenant de refermer cette porte où la lumière pleut sur un lit de verdure et de frais cresson bleu…où l’on peut dormir les pieds dans les glaïeuls…Et laisser au repos ce jeune Dormeur du val.



Ainsi votre recueil de poésie qui est semblable à un petit diamant de buée que l’on ne voudrait pas déranger, pourra être gardé précieusement toute une éternité. Merci encore chère Maryna pour ses beaux présents que vous nous faites et pour ceux à venir…



« Sous un figuier, je suis tombée

Sur une feuille avec un texte

Marqué dessus au stylobille

Le vert transpercé de douleur

Je ne sais pas en quelle langue

Était écrit ce texte court

Je crois que c’est un mot d’amour

Mais je ne l’ai pas emporté. »

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Le voyage impaisible de Pauline

Chère Maryna



Dans un premier temps, mes remerciements pour votre envoi généreux de vos ouvrages, je viens de terminer mon voyage fort agréable avec Pauline !



Pauline, l'héroïne ukrainienne ..jeune danseuse prometteuse, qui a des rêves plein la tête, fantasme sa vie et et souhaite pour son avenir idéal, va venir s'installer en France...elle arrivera à Paris, et dans la ville des amoureux, elle rencontre l'amour auprès d'un jeune homme, Tom.



La vie de couple, le quotidien, les sentiments, la vie professionnelle, les amitiés, la maternité, les drames ...ce pêle mêle de ce qui fait la vie, Maryna Auzun l'aborde avec délicatesse et une grande fraîcheur, les personnages sont attachants, la candeur de leur jeunesse donne le ton, la vie de bohème a du bon ! ... le regard de Pauline porté sur le prisme occidental de nos us et coutumes, notre modes de vie est empreint d'humour et de pertinence.



'Foule sentimentale, on a soif d'idéal"...C'est cette chanson qui m'est venu et que Pauline aurait pu siffloter...! Un joli roman qui a le mérite de nous faire oublier la grisaille, qui prône l'amour et l'espoir pour chacun de nous tous et toutes.
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Les silences d'Isis

« C'est le repos éclairé, ni fièvre ni langueur, sur le lit ou sur le pré.

C'est l'ami ni ardent ni faible. L'ami.

C'est l'aimée ni tourmentante ni tourmentée. L'aimée.

L'air et le monde point cherchés. La vie.

— Était-ce donc ceci ?

— Et le rêve fraîchit. »

Rimbaud, Veillées



*

Belle et rebelle,

Isis rêve d'un amour sans limite, sans contrainte,

un amour

qui s'épanouirait comme des herbes folles,

qui s'envolerait, libre et léger, comme une nuée d'oiseaux.



Elle qui ne sait rien faire à moitié,

veut ouvrir son coeur sans restriction.

Vivre sans concession.

Combler ses folies et ses passions.



Son tempérament sans compromis

rêve d'une vie pleine de sens.

Vibrer.

Papilloter.

D'un battement d'aile,

repousser

l'oisiveté et l'inertie.



Tout feu tout flamme,

la jeune artiste

peint avec la même radicalité.

Isis croque cet amour

de mille teintes colorées

de traits vifs qui débordent du cadre pour s'envoler.

Il n'y a pas d'autre façon d'exister,

deux coeurs qui battent à l'unisson.



Mais, le calme de Marc se heurte à l'impatience d'Isis.

Lui, statique, mutique, aphasique.

Elle, impulsive, expansive, effusive.

Interlude euphorique suivi d'un amour désenchanté, désaccordé.

Sa vie rangée se heurte à ses envies de liberté, d'insouciance et de gaieté.

Envie d'être aimée, cajolée, dorloté,

avide de regards, de gestes, de projets,

Isis se sent délaissée, abandonnée.

Frustrée, lassée, découragée.

Tempêtes intérieures,

tempêtes extérieures.



« Je sens que je deviens folle avec toi. Je t'aime, mais je n'aime pas ma place dans ta vie : elle est trop fragile, … tu me détruis ! »



Trop vacillant, trop éphémère,

cet amour inexpressif,

vide de mots

vide d'amour

vide d'un futur jouissif

routinier, figé,

ne peut la combler.

Il s'étiole, s'atrophie, s'anémie.

Et le temps fuit

l'entraînant avec lui.



Isis capte encore un souffle,

elle veut y croire encore.



« L'amour, c'est comme un bleu, ça change de couleur : violet, verdâtre, … On se cogne, parce que chacun de nous est tellement différent de l'autre… L'amour, c'est toujours un choc parce qu'on découvre qu'on ne se comprend jamais totalement. Puis le bleu guérit peu à peu, et disparaît – quand on ne se fait plus aucun effet… Mais moi, je ne suis pas complètement guérie d'aucun bleu et de personne… »



Et puis, cette sensation, cet espoir de bonheur

peu à peu, s'anémie, s'échappe, s'évapore.

Se libérer.

Peur.

Incertitude.

Lassitude.

Erreur.

Folie.



« Quand on est fidèle à une seule personne, est-ce parce que cette personne nous suffit, ou parce qu'on a peur des complications et des tueurs en série, ou encore, parce que l'occasion ne se présente pas ? Moi, il faut que mon amour meure ou s'affaiblisse pour qu'un nouveau naisse… »



*

Nous cheminons au côté d'Isis, suivant ses questionnements sur sa vie de couple, ses inquiétudes, ses rêves, ses désirs. L'autrice a su faire vivre Isis avec une telle intensité qu'on a l'impression de la connaître intimement, comme on parlerait à une vieille amie.



Isis est pareille à l'océan, elle laisse parler son coeur.

Sac et ressac.

Vagues d'émotions qui ondulent, oscillent et s'entrechoquent.

Moments de douceur, d'accalmie suivis d'une déferlante inverse, violente, douloureuse.

Moments de lassitude, envie de tout plaquer et de recommencer sur d'autres rivages.



« Goethe, qui a vécu une vie particulièrement glorieuse, a quand même dit, à la fin, que s'il devait additionner tous les instants de bonheur intense, ça ne durerait pas plus d'un quart d'heure ! Donc, je ne suis pas la seule à chercher un condensé de bonheur et à m'apercevoir qu'il est souvent « dilué » ! »



*

Avec beaucoup de finesse et de poésie, Maryna Uzun a réussi à m'entraîner dans cette relation conflictuelle où l'un se contente d'une vie simple et tranquille, alors que l'autre recherche un festival d'émotions et de vertiges.

L'écriture de Maryna Uzun est belle et délicate, vive et câline, douce et envolée, pudique et exubérante, sensible et franche. Les mots s'agencent avec grâce, musicalité.



Merci Maryna pour cette balade improvisée qui change de mes sentiers habituels. Mon carnet de citations s'est rempli de jolies phrases.



« Vive l'amour qui n'est pas éternel : l'amour qui naît, vit et meurt, malade ou assassiné, ou qui meurt juste d'un âge avancé. »
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L'insomnie est couchée dans mon lit

Des insomnies bien douces dans un style primesautier, pleins de pépiements d'oiseaux, de musiques éphémères et d'ordeurs de chlorophylle, des insomnies où, quand même, quelques trolls se prennent pour des saules pleureurs !

Des insomnies qui finalement nous font rêver.

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Les silences d'Isis

Dis-moi Isis, si tes silences étaient les mots que tu ne pouvais pas exprimer ?

Les silences des non-dits, les silences de l'attente et de l'angoisse, les silences de la tension.

Les silences de la déception.

Tu croyais quoi ? Que tous les jours seraient un premier jour.

Que tes questionnements auraient tous une réponse, et que l'amour, l'envie et l'empathie suffiraient à te rassasier, te satisfaire chaque jour que le bon Dieu fasse.

Faire de chaque jour un premier jour n'est pas donné à tout le monde et ton Marc n'a pas la même passion que tu portes dans tes entrailles. Il ronronne maintenant comme un vieux chat ce lion qui ne te fait rugir que quelques minutes par semaine.

Tu aurais pu être rasoir avec tes doutes, tes frustrations et tes complications de jeune femme pourtant bien lotie mais c'est sans compter sur la poésie de ta créatrice Maryna Uzun qui a su écrire comme tu peins, par petites touches de couleurs sur ton univers rendu gris par les nuages de tes problématiques.

« Tu te défends tout le temps mais personne ne t'attaque »

C'est épuisant d'être passionné.

« le quotidien d'accord mais pas tous les jours. »

Pas facile d'atteindre le silence de la compréhension, celui qui rend libre.

Si l'on se sent aimé, le quotidien n'existe plus. Un jour peut durer la vie.



Dans ce roman où chacun inévitablement y croisera un peu de lui-même, Maryna donne à réfléchir sur le couple, la confiance, le bonheur, la fuite, l'équilibre, l'épanouissement et bien évidemment sur l'amour qu'il soit condensé ou dilué. Lué !

« Aimer, c'est quoi d'abord ? »





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Au piano bigorneau

Des mots ciselés, dentelés, façonnés, des mots charnus, des mots rares, époustouflants, abscons qu'il faut savoir décrypter dans leur contexte, un style florissant, un rien trop chargé car baroque, mais d'où glissent en longs serpentements vibrants, une vie sensible, sensuelle qui se raconte, des mots qui clament fort l'amour de la langue, l'amour d'écrire, l'amour de se dévoiler avec une infime pudeur, même si le mot précis, choisi avec attention, le fait avec plus de vigueur, des mots collectés, collectionnés pour dire l'infinie passion de la musique, l' engouement qui porte une vie.

Il faut lire ce texte , dans un premier temps, pour le découvrir, de façon brute, abrupte, puis de le relire, à petites doses, lecture infusée, comme une décoction bienfaisante, cela fait tant de bien actuellement.

Un grand merci Maryna pour ce voyage littéraire d'un autre temps .
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Fière comme une batelière

Primo, merci à Nemorino pour le cadeau...



Touchante, cette auto-biographie par procuration rédigée par la petite fille selon les confidences de sa grand-mère adorée.



Ce court roman présente plusieurs tiroirs auxquels l'on peut être plus ou moins sensible.



Pour moi, ressort en premier lieu l'épopée d'une jeunesse dans l'immédiate après-guerre qui n'appréhende pas les turpitudes engendrées par les tractations politiques qui entravent leurs amours et déplacements au cœur d'une Europe soit-disant libérée, et qui les dépassent.

La rétention des italiens en Belgique, en France ou en Italie, source de complications pour ce couple en formation, est historiquement expliquée après le déroulement de la vie d'Irène.



Est aussi abordée la difficile vie des ouvriers dans les bassins houilliers de Belgique et de France ; sans être "Germinal" le roman expose bien la difficile survie des familles ouvrières en ces époques pas si lointaines.



Thème central, le traumatisme du déracinement est subtilement abordé par le prisme d'une famille mixte italo-belge modeste, qui se débat pour survivre. Composer avec l'éloignement de sa culture, sa langue maternelle, sa famille, et s'adapter à celles du conjoint est malaisé surtout quand l'on est mal accepté(e).

Les relations nouvelles interfamilliales dans les deux belles-familles au sens large sont cruellement illustrées.



Une écriture simple pour une thèmatique simple au départ mais in fine complexe, porte cette biographie familiale basée sur un couple hétéroclite, avec ses hauts et ses bas, s'étiolant avec le temps et déceptions de bas étage, mais qui survit et s'en sort soudée par la force et la volonté de la matriarche, induit doucement une empathie à l'insu de notre plein gré.



Sur le fond l'oeuvre illustre le parcours d'une femme émancipée, volontaire, animée d'une fière volonté de sauvegarde, d'autonomie et d'indépendance tout en étant viscéralement attachée à Son Homme.



Cette véritable déclaration d'amour d'une jeune femme moderne à sa grand mère libre mais dévouée phare familial, dégage une reconnaissante melancolie plaisante à lire.



Sous des airs simples, une lecture à plusieurs niveaux et tiroirs.



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Fière comme une batelière

C'est une longue saga familiale qu'Irène, la grand-mère, confie à Alicia, une de ses petites-filles qu'elle estime la plus apte à recueillir ses confidences et souvenirs pour qu'ils puissent rester le vivant témoignage de plusieurs générations.

Irène s'attarde à narrer, sans fausse pudeur, sa vie de fillette à bord d'une péniche, celle d'une très jeune femme amoureuse d'un italien quelque peu donjuan, les multiples difficultés engendrées par la guerre, la pénurie d'après-guerre, qui compliquent le quotidien, et encore plus quand on doit assumer seule ou presque une maternité et élever son bébé dans des conditions précaires.

C'est un récit réaliste, poétique, avec des anecdotes drôles, savoureuses malgré le pathétique. Les références à plusieurs domaines artistiques (musique, peinture...) illuminent la lecture. C'est la signature de Maryna, les fées lui ont accordé d'être une esthète, douée en plusieurs domaines artistiques.

Des expressions, des mots (notamment au féminin) utilisés de façon inhabituelle , témoignent que l'autrice emploie ces locutions avec sa propre culture linguistique, et c'est, la plus part du temps, charmant sans être incongru .

J'ai aimé la lente déambulation fluviale qui m'a permis de me remémorer avec nostalgie les péniches qui naviguent sur le canal de Bourgogne près de Dijon, dans la vallée verdoyante de l'Ouche (J'ai habité Dijon quinze ans)

J'ai aimé l'atmosphère brumeuse du pays de Sambre-Avesnois.

J'ai aimé "la gagne" de cette femme fragile et forte qui a su, malgré toutes les vicissitudes , réussir sa vie.



Merci Maryna pour ces belles pages fleuries et ce voyage à travers le temps et tant de contrées.

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Les silences d'Isis

Isis est une artiste passionnée autant dans son art que dans sa vie. Elle rêve d'un grand amour absolu. Elle vit à Paris, avec Marc qui est son opposé : calme, travailleur, sans grand projet, sans spontanéité. Il a une seule certitude : l’amour qu’il porte à Isis.



Isis était mariée à Julien mais après des années de vie de bohème, elle rêvait d’une vie ordinaire et d’une certaine sécurité financière. Aller travailler tous les jours, avoir des enfants, des occupations bien loin de sa vie d’artiste.



Marc, serein, ne propose pas le mariage à Isis, ne parle pas de désir d’enfant et Isis s’étiole. Elle pense ne pas être à sa place dans cette vie avec son compagnon. Elle va essayer de le quitter une première fois, en vain, pour des raisons financières. Elle s’amourache et flirte avec un ami commun, artiste lui aussi. Ils se comprennent.



Isis est très proche de sa mère mais a du mal à la supporter quand elles passent trop de temps ensemble.



Isis est toute en paradoxe. Elle veut vivre intensément, fait des scènes continuelles à Marc, aime qu’on la siffle dans la rue, rêve de liberté, d’amour, flirte avec un autre et se balade beaucoup dans Paris, belle, légère, frivole, mais Isis soufre, c’est certain.



Le cheminement d’Isis va être long, semé d’embûches, son hypersensibilité ne l’aide pas vraiment. Va t-elle trouver le chemin de la sérénité ?



J’ai adoré me promener dans Paris avec Isis, l’impression de rentrer chez moi, j’ai moins aimé les conflits avec Marc et son attitude avec ses amis mais je n’ai plus vingt ans et l’insouciance de mes jeunes années.



L’écriture est agréable et addictive, j’avais envie de suivre cette jeune femme dans sa quête du bonheur.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Tableaux de l'amour au goût de yaourt (suiv..

Un recueil de poèmes nostalgiques , tristes sur les thèmes de la vie : l'amour, le couple, l'enfant, la mélancolie, la tristesse, la nature.

Les textes sont très beaux musicalement et très personnels, assez torturés.

Le calligramme en forme de sablier se rétrécit sur un visage abîmé, rouillé , un repli sur soi et s'élargit sur l'espoir de ressembler à un arbre , aux arbres.

Le sablier doit être mon préféré du recueil.
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Le carnaval des majuscules



Ah, le carnavalesque abécédaire!

Brisant le banal, créant l'éphémère

Caracolant sur les ailes du rêve

Deltaplane envolant l'imaginaire

Elixir réjouissant chasseur d'ennui

Farandole de lettres mots éblouis...





Merci de m'avoir offert cette promenade fantasque et enjouée, agrémentée de dessins joliment naïfs. J'ai beaucoup aimé suivre les chemins de fantaisie, les allées où jouent les renards des fables, où l'ogre nippon montre aux enfants sa voix de gong. Continue, Maryna, à nous réjouir de tes mots-envols, de tes mots arc-en-ciel, nous adorons les lire, les savourer!
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Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas !

Je classerais sans hésiter ce récit parmi les ouvrages romantiques qui me sont chers, inondé qu’il est de cette quête douloureuse d'un amour contrarié. Avec cette différence ou plutôt ce supplément poétique qui en fait une œuvre unique ; un roman qui serait comme un tableau à l’abstraction narrative.



Et ce que je perçois au cœur de cette toile c’est un tourbillon de couleurs, d'odeurs, de parfums et de formes. Des lieux et des silhouettes floues.



Les couleurs irradient, les arbres se prennent pour des hommes, les hommes pour des arbres.



Et la musique tout le temps qui imprègne tout.



Je vois un manège multicolore et son orgue de barbarie qui tourne et tourne, nous enivre, nous empêche de prendre nos repères. Un manège dont je ne veux pas descendre.

Et je pense à « Lucy dans le ciel avec ses diamants », je pense à ses yeux kaléidoscopiques qui ne veulent pas voir la tristesse, sa tristesse.



Le cosmos de Maryna Uzun n’est riche que de quelques éléments : un lac, la Seine, le bois de Boulogne, les arbres, la musique, la tour Eiffel, son fils, la mer un peu.

Mais derrière la prose de l’auteure se cachent ses vers qui nous emmène autant dans un long poème presque épique que dans un roman.

Tout y chatoie. Pour elle tout est mots, rimes, quatrains, alexandrins.

Une interface splendide qui fait que son cosmos en devient presque infini.



J'ai l'impression que Maryna me décrit un univers différent dans lequel je me fonds.

Comme elle lui appartient, elle en parle le langage. Une langue qui sonne dans mes oreilles, une langue qui résonne dans mon cœur, une langue qui n'est pas la mienne, mais que je comprends si bien pourtant et que j’aime.



Parfois cependant je redescends car c’est un roman, il y a une trame : il y est question de son amour, de fidélité, d'un enfant, de désamour, de dénigrement, de tentations, de refuge dans ce monde qui n'appartient qu'à elle et qui la sauve, de promesse d'un nouvel amour, d'emballement, de souffrance, de résignation, de désespérance, d'idéalisation, de désillusion, de trahison



Vous voyez ; il s’agit bien d’une œuvre romantique ; les ingrédients y sont et il y a ce supplément d’âme qui en fait un objet unique : un roman-poème-romantique.



Un voyage troublant qui m’aura marqué.

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Fière comme une batelière

Fière comme une batelière de Maryna Uzun. Ça commence sur les rives de la Sambre en Belgique à Landelies. Puis on se déplace à Bougival dans les Yvelines et voilà que « le Déjeuner des canotiers » s’anime vers un *ponceau, petit pont et rouge coquelicot, et les figurants de Renoir de chalouper. Puis le Paris des guinguettes, un peu « C’est extra » de Léo, bateau mais pas mouche, bateau, batelière, marinier, marinière et donc Maryna. Des péniches et bateaux plats, gabares en pays de Loire, ici des meusans, des sambresses ou des mignoles. On peut évoquer Répine, « Bourlaki na Volgué » de la Russie impériale à l’évocation de la dureté du harnais, du travail sur les chemins de halage. Il convient de : « Ne jamais descendre à terre » paroles de bateliers se réclamant de la voie fluviale et non de celle des terriens, cependant que, il faut mener les animaux vers les fermes proches, les traits belges, Jeannette la vache, (Oh ! la vache) la jument de 900 kilos qui fait des bisous, car, il n’y a pas d’écuries sur les barges. Puis c’est la rencontre avec le beau Raffaele. La force physique et le courage des hommes face à la guerre mais l’endurance et la détermination des femmes qui savent faire des choix. C’est l’âme d’Irène qui reflux vers Alicia sa petite fille à laquelle elle conte, raconte et insuffle sa vie. Raconter une vie c’est difficile. Il y faut des séparations, des chapitres et des narrations en langage soutenu, jusqu’à l’envolée poétique de la description et produire une expression courante voire familière pour les dialogues. Cet échafaudage est nécessaire et très important pour augmenter la fluidité de la lecture et l’imprégnation d’une atmosphère et comme j'ai pensé en lisant à une illustration, j'ai beaucoup aimé les deux dessins qui ont eu pour effet de parachever l'ouvrage.
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Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas !

Je suis entrée dans Vous aimez les poètes ne les nourrissez pas comme le pachyderme que je suis. La poésie et moi avons des relations compliquées. Sortie de certains grands (Hugo, Beaudelaire, Rimbaud, Prévert...) et des haïkus, waka ou tanka je suis perdue. Mais en curieuse incorrigible et têtue irrécupérable j’ai tout de même acceptée la proposition adorable de Maryna de lire son livre.



Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine je me suis d’abord faite précautionneuse et concentrée, des références, des mots peu usités, un faux mouvement et paf j’ai tout cassé. J’ai essayé de tout recoller mais les éléphants ne sont pas connus pour leur habileté. Les mots dispersés, éclatés, éparpillés me narguaient s’échappant tel des anguilles.



Je me suis alors faite souris essayant de me faire oublier. J’ai voulu me faire discrète essayant de ne pas déranger. Un peu honteuse de l’avouer je ne suis pas l’Algernon de Charlie et de ce dédale je n’ai pas su trouver la sortie.



Je me suis donc muée en oiseau de paradis. Essayant de danser sur le rythme des mots et de les séduire. Peine perdue je suis demeurée esseulée les mots ne voulant pas se laisser charmer.



Je me suis faite colibri, essayant de butiner de survoler de danser avec légèreté, mais patatras je me suis pris les ailes dans un rayon de lumière.



Je suis retombée sur le dos métamorphosée en corbeau. Voilà qui me correspond mieux du noir des nuances de bleu et de violet à chercher. J’ai senti la tristesse, l’amour et la mélancolie mais je ne l’ai jamais saisie. Évaporée, évanescente, impossible à attraper ! La plume de Maryna est un perroquet et je suis un corbeau saoul de toutes ces couleurs, ivre de trop de mots dont je n’arrive pas à saisir le tempo.



Définitivement la poésie m’échappe du moins sous cette forme. Je suis une amoureuse des textes incisifs, agressifs, bruts. J’aime quand le bois est plein d’échardes, ici c’était un beau bois flotté, patiné par le temps et modelé par l’autrice.



Je suis désolée Maryna, ce n’est pas faute d’avoir essayé mais mes métamorphoses n’ont rien donné. J’espère que tu ne m’en voudras pas j’ai préféré être honnête que de jouer les imposteurs. La qualité du texte n’entre pas en jeu ici c’est une rencontre qui ne se fait pas. J’étais un poisson hors de l’eau. Mais je ne m’inquiète pas pour le devenir de ce texte au vu des beaux billets des copains qui eux étaient comme des poissons dans l’océan.

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Les silences d'Isis

Nouvelle incursion dans le bel univers de Maryna Uzun !

Je me suis attaché à son héroïne, à sa soif de vivre, à sa quête de l’amour, à ses doutes, à ses révoltes. Même si l’entente charnelle est présente, elle ne peut se résoudre à une vie à deux médiocre, elle veut davantage et cette exigence n’est pas rencontrée par son compagnon.



C’est un personnage que j’ai beaucoup aimé, l’empathie avec elle fut totale, j’ai ressenti les mêmes émois, les mêmes joies, les mêmes déceptions qu’elle.



Elle m’a permis surtout de retrouver la belle écriture de Maryna Uzun, faite ici de courtes phrases que la ponctuation transfigure : les points d’exclamation révèlent bien la soif d’absolu d’Isis et les points de suspension ses pensées ou son émerveillement ; l’écriture poétique de l’autrice m’a ravi une fois de plus !





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L'insomnie est couchée dans mon lit

Chère Maryna

Merci du cadeau

Après le soleil plein la tête et les yeux tout bleus de ciel j'ai pu avoir accès à ce très bel ouvrage empli de tes dessins et de tes collages.

Ces derniers bercent autant le lecteur ou plutôt accompagnent le lecteur de tes vers lumineux.

Mais je n'ai pas pour habitude de bâcler une lecture poétique. Le jour se lève et je déjeune puis, quelque soit le temps, j'ouvre un livre de poésie pour en lire une page, une pas plus et le soleil se lève alors.

Aussi fort de ce principe je ne suis pas encore arrivé à la fin de ce recueil.

Mais déjà tes insomnies m'habitent.

Noires ou blanches en espérant que ce ne soit pas trop communicatif.
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Fière comme une batelière

J'aime beaucoup la poésie de Marina Uzun, sa manière si enjouée de taquiner les mots. Aussi ai-je accepté avec plaisir de découvrir son nouveau roman. Même dans ce récit j'ai effectivement retrouvé son goût pour les images insolites ("les kayaks au repos me semblent souvent des babouches multicolores pour trotter sur l'onde"; "...les pies qui donnent l'impression de clignoter dans le ciel: elles remuent les ailes et leur ventre blanc tantôt apparaît et tantôt disparaît...") et les jeux de mots facétieux ("Je répète les mêmes salades à ce jeune Niçois"; "Vive la péniche baignée par les torrents frais! La paix niche, toujours, dans ton âme trempée!").

La poésie, ici, a pour tâche de magnifier une grand-mère, ou, plus exactement, de dresser à cette femme sans instruction un monument de mots.

Le livre comporte donc 3 parties. La première présente les personnages , la grand-mère et sa petite-fille et affirme leur complicité. La suivante est le récit, fait par l'intéressée, d'une vie de batelière belle et rebelle, frondeuse et passionnée. Il sera interrompu par la mort d'Irène. La troisième partie examine ces confidences: recherche de documents historiques qui les confirmeraient, mise en perspective de sa personnalité grâce aux autres membres de la famille et, comme un bouquet final, la chronique d'une cérémonie peu orthodoxe destinée à répandre des cendres peu enclines à se laisser faire.

Malgré l'intérêt évident de ces mémoires, j'ai malheureusement eu bien du mal à me sentir concernée par l'histoire. Le tendre dialogue de la grand-mère et de sa petite fille m'a donné l'impression de saisir une conversation privée. Gênée, j'ai refermé le livre avec le sentiment d'avoir reçu des confidences qui ne m'étaient pas destinées.
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Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas !



Ce petit livre m’a dans un premier temps complètement déstabilisée. Probablement trop terre à terre, je ne percevais pas où Maryna Uzun voulait m’emmener, cherchant quelque chose mais sans trop savoir quoi. J’ai parfois réussi à comprendre des jeux de mots, l’utilisation de mots anciens, certaines références, Nemorino, des pièces musicales, ce que lui inspire une promenade dans un jardin. Jusqu’au moment où j’ai enfin compris qu’il faut se laisser bercer par les mots, leurs sons, accepter de suivre Maryna Uzun dans ses ballades parisiennes sous ses différents costumes, celui de femme, épouse, mère et surtout poète. Les images se bousculent dans ce carrousel de mots. Merci Maryna de nous offrir cet elixir et nous embarquer pour un superbe voyage.



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Le voyage impaisible de Pauline

« A te voir marcher en cadence,

Belle d'abandon,

On dirait un serpent qui danse

Au bout d'un bâton. »

Charles Baudelaire – Les fleurs du mal



Mon voyage continue dans l'oeuvre de Maryna Uzun, un voyage poétique et mélodieux où les mots, pareils à des notes de musique, s'accordent élégamment pour composer des images parfois surprenantes.



*

Sur cette partition musicale,

se sont superposés

les pas graciles d'une petite ballerine.

Croches sautillantes, virevoltantes,

Pauline est gaie et passionnée.

Telle une fée dépliant son jupon de mousseline,

elle s'envole de Kharkov

espérant aller au bout de son rêve.

Intégrer le Conservatoire de Paris

et devenir un jour peut-être,

danseuse étoile.

Une consécration pour cette jeune femme qui,

depuis sa plus tendre enfance, se prive.

Vie de passion et de répétitions,

Vie d'exigence et de persévérance.



« Et ton corps se penche et s'allonge

Comme un fin vaisseau

Qui roule bord sur bord et plonge

Ses vergues dans l'eau. »

Baudelaire



Dans la ville de lumière, la jolie demoiselle,

Comme Icare qui rêvait de conquérir le ciel,

Se brûle hélas les ailes

A tenter de rejoindre les étoiles.



Rêves brisés, fracassés, émiettés.



Au détour d'un jardin,

ses yeux embués

se posent dans ceux de Tom,

dont le regard doux empourpre son coeur.

Tom est un baume sur son chagrin.



« Pauline observa le jeu des nuages qui évoluaient dans l'azur, et la vie lui sembla, d'un coup, étonnamment belle. »



Et c'est avec simplicité qu'il entre dans sa vie.

Tom devient son ancre, son présent, son avenir.

Désirs et plaisirs.

Donner et se donner.

Le ballet de deux corps.

Parfait accord.



« Leurs deux vies lui semblaient deux fleuves qui se rejoignent. »



Amour mutin sous les toits de Paris,

Rêves à deux.

Lui, le théâtre.

Elle, la danse.

Parfait accord.



« … elle improvisa une poupée mécanique qui à la fin, se transformait en un être vivant. Cela ne dura que trois minutes, mais la foule commença à s'attrouper autour d'elle. Puis Tom et Pauline s'envolèrent, main dans la main, sans faire la quête. »



Mais la vie cache un arrière-goût bien amer.

Car le bonheur est éphémère,

fragile, versatile,

Un éclat qui s'enfuit.



La petite étoile filante s'étiole,

Avalée par la nuit.

Aspirée par le vide.

Amputée par l'absence.

La douleur l'étreint.

Son coeur s'éteint.



La vie est un manège qui ne cesse de tourner.

Parfois douce, d'un bleu azuréen,

Elle se marbre aussi

de gris et de suie.



« Il faut que le noir s'accentue pour que la première étoile apparaisse. »

Christian Bobin



Le vent l'emmène et l'enlève,

Jusqu'à ce qu'il la ramène et l'apaise.



*

L'amour, la vie et ses ombres, s'entrelacent avec poésie.

J'aime l'écriture de Maryna Uzun malicieuse, tendre, délicieusement décalée.

Douce comme un gant de velours,

légère comme de la dentelle.



« Lorsque Tom ouvrit la porte d'entrée, les feuilles de papier qui submergeaient la table s'éparpillèrent partout, entraînées par le courant d'air. C'était blanc comme une volée de mouettes, et Pauline crut entendre le bruissement de leurs ailes. »



*

Pour conclure, une nouvelle fois, je me suis laissée portée et emportée par le récit de Maryna Uzun, mélange de bonheur et de douceur, de souffrances et de silences, de trêves et de rêves, écrivant le carrousel de la vie.



Merci Maryna Uzun pour cette parenthèse que vous m'avez offerte, une jolie lecture tout en nuances et délicatesse.
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Fière comme une batelière

Ce roman est la passionnante histoire d’une famille dont les membres gravitent autour d’Irène, vibrionnante fille de bateliers.



Une belle saga qui s’étire du début du XXe siècle jusqu’à nos jours, qui trouve sa place dans la grande Histoire.



Maryna Uzun nous raconte avec un entrain indéniablement poétique le métier costaud de batelier, de l’époque où ils halaient les mignoles, à la force de leurs muscles, aidés ensuite de chevaux râblés, avant d’être remplacés par des moteurs autonomes.

Elle nous raconte la vie des prisonniers italiens en France, après l’armistice entre les Alliés et leur pays en 1943.

Elle nous raconte l’accord « Charbon », traité belgo-italien qui échangeait de la main d’œuvre italienne dans les mines wallonnes contre du charbon pour la famille transalpine.



L’autrice a surfé avec succès sur les vagues des amours, du déracinement, de l’émigration, de la violence conjugale, des métiers de batelier, mineur, coiffeuse, de la condition de la femme, de l’orgueil…



Son roman est foisonnant, un condensé d’émotions, j’aurais aimé voir se prolonger les dialogues admiratifs et enthousiastes entre Irène, à l’origine fière batelière et sa petite-fille, Alicia, qui consigne dans ce roman, la riche vie et les souvenirs de son impétueuse grand-mère.



Merci Maryna, @Nemorino, de m’avoir offert votre livre, un beau cadeau !

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