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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (576)
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La Garde blanche

Pendant la révolution russe, à Kiev, l'hetman Pavlo Skoropadsky, un général de l'armée impériale, est au pouvoir à la suite d'un coup d'état. Il résiste aux nationalistes ukrainiens commandés par Petliouria et a autorisé l'occupation allemande de la ville afin de repousser l'invasion bolchévique.



Dans cette ville où affluent tous ceux qui fuient devant l'Armée rouge, les deux frères Alexis et Nicolas Tourbine vivent paisiblement, jusqu'au moment où, pour être fidèles au tsar Nicolas II et défendre le gouvernement provisoire mis en place par la Douma après l'abdication de celui-ci, ils rejoindront l'Armée blanche contre-révolutionnaire.



La Garde Blanche raconte la fin de l'Ukraine tsariste, mêlant l'histoire de la famille Tourbine, proche de celle de Mikhaïl Boulgakov, né à Kiev et médecin comme Alexis, à celle de la guerre civile russe de 1917. Un texte remarquable qui, publié dans une revue avant de devenir une pièce de théâtre, interdite puis autorisée par Staline, devra attendre les années soixante-dix pour être édité dans son intégralité en Union soviétique.



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Le Maître et Marguerite

C’est une bien bizarre chose que la façon dont les livres vous tombent entre les mains.

Pas tous évidemment !

Mais il y a livres et livres.



Je sors de la lecture de ce dernier décontenancé, pour le moins.

Sonné, en tous les cas.

Et dire qu’il y a une semaine je ne connaissais rien de l’existence de l’auteur.

Heureusement que l’ignorance ne tue pas !

Ce serait même plutôt le contraire, à mon humble avis.



Qu’est ce que ce récit ?

Une bouffonnerie diabolique ?

Un plaidoyer de l’absurde ?

Une critique amère et désespérée de la tartufferie bolchevik, et de toute machinerie de la gouvernance en général ?



Tout à la fois, et bien plus encore, serai-je tenté d’écrire.

Galimatias !

C’est un mot qui revient souvent dans le récit.

En tous les cas, moi, je suis au regret de vous dire que je n’ai rien capito.

Et ce malgré les innombrables annotations au bas de page qui dans bien des cas en occupaient la moitié.

Cela ne m’a pas empêché de jouir comme un nain tout au long de ma lecture.



Le style est précieux et quelque peu désuet, théâtral, mais c’est voulu.

Burlesque, ironique, précis et tranchant comme la lame d’un sabre japonais.

À travers les tribulations du diable descendu sur Moscou, histoire de prendre un peu l’air, accompagné d’une bande de 4 acolytes, rivalisant de bouffonnerie et de cruauté, Boulgakov nous prophétise une Russie qui n’a rien de drôle. L’histoire se chargera de lui donner raison.



Mais Dieu que cet homme a du souffrir et s’ingénier pour créer un tel récit dans lequel les écrivains, les dirigeants politique et administratifs, Pilate, Jésus et le diable lui-même, s’entrecroisent entre réalité et 5ème dimension et dans lequel Woland, le démon, nous est décrit presque comme un être cool, sympa, droit, triste, solitaire, sage et même, si j’ose : juste.

Jésus est faible, un peu abruti, craintif tout en faisant preuve d’une témérité candide et innocente.

Entre deux, Pilate, le coupable. Se trouvant là où il n’aurait jamais voulu être. Prenant des décisions injustes bien malgré lui et avec très peu de capacités pour les assumer. Un peu comme tous ces membres de l’intelligentsia russe, vaquant à leurs responsabilités de façon machinale sans se soucier des conséquences de leurs décisions.



C’est un livre qu’il faut relire car sous ses atours burlesques, une profonde réflexion sur la société ainsi que sur les forces occultes qui la gouvernent y est décrétée.



Pour l’instant, je reste encore sous le choc, et il n’est pas impossible que je revienne sur ma critique après une lecture renouvelée car s’il est un bouquin qui mérite d’être lu et relu, c’est bien celui-là.

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J'ai tué et autres récits

L'édition folio 2 euros comprend trois nouvelles : le Brasier du Khan (1924) L'Ile pourpre (1924) et J'ai tué (1926).



Né à Kiev en 1891 dans une riche famille russe, Boulgakov a d'abord été médecin. Il est mobilisé dans la guerre contre l'Allemagne puis il est enrôlé dans l'armée blanche. Il devient un témoin privilégié de la guerre civile fratricide, des exactions de Petlioura qui le traumatisent, et de la révolution bolchevique qu'il accepte comme un moindre mal, sans jamais perdre sa lucidité. Boulgakov apprend la sévère défaite des Blancs, le 15 février 1920, près de Vladicaucase où il est stationné. Cette nouvelle est pour lui une révélation : la cause des Blancs est irrémédiablement perdue, le monde ancien n'est plus. Il abandonne la médecine et se met à écrire. Tout au long de la décennie, Boulgakov écrit près de deux cents récits publiés dans des revues littéraires ou des journaux. Dès ses débuts, il se distingue par son langage critique, teinté d'une ironie féroce et, très rapidement, la censure s'attaque à ses oeuvres.





Dans le Brasier de Khan, le vieux serviteur Jonas Vassilitch doit remplacer la guide officielle, atteinte d'une rage de dents et faire visiter le domaine de Khanskaïa Stavka à un vulgaire groupe de « touristes ». On y trouve des adolescents en costume kaki, des jeunes filles en chemisette de matelot, d'autres en sandalettes. Et puis un nudiste entre deux âges, muni d'un pince-nez. le vieux Jonas fulmine car tous ces gens ne respectent rien. le soir venu, des pas résonnent du côté de la salle de billard…

Cette nouvelle est fameuse. On marche d'abord dans les pas du vieux serviteur, dépassé . Il n'est pas vraiment sympathique. Il est plein de préjugés, il n'a pas évolué d'un iota depuis le Moyen-Age. Il est cruel avec son chien « César » qui n'a pas su défendre le domaine. Et il souhaite la mort de la guide. Les jeunes visiteurs révolutionnaires en tenue militaire sont grossiers, dépenaillés, vulgaires et irrespectueux. le « nudiste » (qui ne l'est pas) représentant de l'extrémisme de gauche est caricaturé. Ainsi que la culture officielle en la personne d' Ertus Alexandre Abromovitch, chargé de relater l'histoire des Tougaï-Beg dans la ligne du marxisme-léninisme. Boulgakov semble regretter l'ancien monde, tout en étant très lucide. Deux solutions : émigrer (comme ses frères, comme Nabokov ) en emportant le souvenir de l'ancien monde intact ou essayer de survivre dans le nouveau.





L'Ile Pourpre est une nouvelle satirique, plus tard transformée en pièce de théâtre qui valut à Boulgakov bien des ennuis. Elle est difficile à déchiffrer sans aide extérieure. Mais avec une deuxième lecture on perçoit bien toute l'ironie du texte.

Elle ressemble dans sa forme à une parodie de la littérature prolétarienne qui utilisait alors des personnages de la littérature européenne pour fabriquer des textes socialistes. La nouvelle est sous-titrée « Roman du cam. Jules Verne, Traduit du français en langue d'Ésope par Mikhaïl A. Boulgakov ». Les noms utilisés pour les lieux, les personnages ainsi que certains événements sont tirés d'oeuvres populaires de Jules Verne (surtout les Enfants du capitaine Grant). Boulgakov décoche des flèches bien aiguisées au colonialisme raciste franco-anglais et à l'hypocrisie occidentale en général. le vaisseau Espérance du célèbre Glenarvan a découvert l'ïle située dans le Pacifique. Grâce aux quelques notes de la traductrice on comprend que L'île pourpre c'est la Russie rouge. Les Efiopiens sont le bon peuple russe (Les Rouges) , Les Nègres blancs sont les représentants de l'autocratie et de l'orthodoxie. Les Nègres de couleur indéterminée surnommés" fieffés" sont les démocrates sociaux. La nouvelle est divisée en trois parties.

1.L'explosion de la montagne qui soufflait le feu. ( le déclenchement de la Révolution). Au pied d'un volcan éteint depuis trois-cents ans, à l'ombre d'un palmier, le souverain Sizi-Bouzi siège dans sa parure d'arêtes de poissons et de boîtes à sardines, avec à ses côtés le grand prêtre ainsi que le chef des armées, Rikki-Tikki-Tavi. Les Efiopiens rouges travaillent à la culture des champs de maïs, à la pêche et à la récolte des oeufs de tortue. Lord Glenavan pose son drapeau sur l'île. Les Efiopiens s'emparent du drapeau pour se faire un pantalon. Et ils se font fouetter par le Lord anglais. Ensuite le Lord, accompagné du Français Ardan et Sizi-Bouzi entrent en pourparlers...après la catastrophe, le « génial »Kiri-Kouki (Alexandre Kerenski) ivogne patenté et Nègre fieffé se présente peinturluré de rouge et déclare « maintenant qu'on est devenu des Efiopiens libres, je vous dis publiquement merci ! le correspondant du Times est enthousiasmé et l'énorme foule qui n'y comprend rien crie Hurrah ! Kiri-Kouki a promis de distribuer à chacun de la vodka, qu'il importait contre du maïs du pays. Cela a entraîné une pénurie de nourriture et des troubles parmi les Efiopiens rouges et, un soir, l'île entière explose. Kiri Kuki s' enfuit et le monde entier est choqué après avoir reçu un télégramme du correspondant du « Times » qui se trouvait sur l'Île Pourpre : « Depuis cinq jours wigwams nègres en feu. Nuée Efiopiens (illisible) Escroc Kiri en fuite...(illisible) ». Et le surlendemain, nouveau message bien lisible envoyé d'un port européen : « PEUPLE EFIOPIEN A DECLENCHE BOUNT GRANDIOSE. ILE EN FEU, EPIDEMIE PESTE. MONTAGNE CADAVRES. ENVOYER AVANCE CINQ CENTS. LE CORRESPONDANT.

2.L'Île en feu.( La guerre civile).

3. L'île pourpre. (La Russie soviétique).

A la fin fusent sur toutes les stations de radio, le message suivant : ÎLE ÊTRE THEÂTRE BAYRAM PROPORTIONS ÉNORMES STOP DIABLES BOIVENT EAU DE VIE DE COCO !

Après quoi La tour Eiffel reçoit une émission d'éclairs verts…



J'ai tué . La nouvelle la plus simple et la plus directe du recueil. Elle se situe à Kiev pendant la guerre civile, entre 1918 et 1921. « De tous les occupants qui sévirent à Kiev, rappelle la traductrice, les plus cruels à l'encontre des civils furent, selon Bougakov, les séparatistes ukrainiens dont le leader était Simon Petlioura ».

D'après le narrateur, le docteur Iachvine n'avait rien d'un médecin moscovite. Toujours impeccable, raffiné, un peu poseur, fréquentant les théâtres, l'opéra, fervent lecteur...On dirait évidemment Boulgakov. Visiblement traumatisé par un événement survenu le mardi 1er février (1920) le docteur Iachvine avoue qu'il a tué. Et de raconter avec le plus grand calme à ses confrères moscovites les circonstances terribles et tragiques durant lesquelles il a tué délibérément un colonel qu'il était censé soigner.

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Coeur de chien

Hiver russe de 1924, le chien Bouboule se mourant de faim et de froid est recueilli par Transfigouratov, chirurgien bien nommé se livrant à des expériences qui si elles n'ont pas le but recherché n'en seront pas moins passionnantes.



Faisant évoluer dans les appartements l'aide plein d'admiration, la jeune femme de chambre Zinia, la cuisinière Daria et les irruptions de Schwonder, président du comité d'immeuble jaloux des privilèges du savant, c'est tout le petit monde de Moscou qu'on découvre.



Soutenue par une chouette traduction, l'écriture de Boulgakov est jubilatoire et terriblement suggestive. Quelques mots suffisent à visualiser à la fois une situation, le personnage et son désarroi.

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Récits d'un jeune médecin

Années 20: Russie de la jeune révolution communiste.



Se désignant lui même comme un Esculape au sort funeste, un jeune médecin tout juste diplômé arrive en hiver 1917 dans son affectation rurale pour prendre en charge un hôpital.



Il a peu de temps pour être mort de peur à l'idée de son incompétence de terrain: sa première patiente nécessite une amputation!

Suivront des accouchements à risque, des avortements, des trachéotomies, des pleurésies purulentes, des brisures de membres...avec déplacements de nuit en tempêtes de neige sur des chemins impraticables. Et un véritable combat contre la syphilis, aux symptômes peu connus par la population, maladie discrètement ramenée du front.



"Châtiment des pères punis pour leur ignorance, elle retombait sur les enfants aux nez en forme de selles cosaques."



Son épuisement augmente avec sa réputation...il découvre la roublardise paysanne, l'obscurantisme campagnard des moujiks et leurs croyances d'un autre âge. Médicalement il en voit de toutes les couleurs, entre enthousiasme et découragement, et en une année c'est un apprentissage de son métier extrêmement formateur.



L'édition de poche sortie en 2014 est complétée par deux autres récits:

Morphine: récit autobiographique de la descente aux enfers d'un médecin morphinomane.

Les aventures singulières d'un docteur: sorte de journal de bord d'un médecin militaire pendant la guerre civile.



Et toujours chez Boulgakov, une écriture riche, vivante, imprégnée de la mélancolie de l'âme slave, un talent de conteur entre drame et grotesque.



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Récits d'un jeune médecin

Boulgakov est un auteur dont l’œuvre a très vite était censurée, tout au moins en partie.

Les carnets d'un jeune médecin, achevés au milieu des années 20, n'ont été publiés qu'à la fin du XXème siècle. Il s'agît clairement d'un ouvrage autobiographique.

Ici, un jeune médecin est envoyé dans la campagne du coté de Smolensk pour diriger un hôpital. Sans expérience, sans assistant.



Remarquable recueil de courtes nouvelles , où l'émotion du jeune médecin transpire à chaque mot. On plonge littéralement avec lui, ses doutes, ses joies , son hésitation, son humilité face à un métier qu'il vient de finir d'apprendre et qu'il doit mettre en pratique.



Une grande part est faite à la conscience professionnelle , exacerbée ici, dans des conditions difficiles que ce soit matérielles ou climatiques. Il doit également faire face aux croyances et coutumes de la campagne russe.

On est vraiment dans la tête du médecin, on opère avec lui, on sauve un vie et l'on ressent la joie en nous , comme la détresse lors d'une vie perdue.

Bien entendu, on a vision , sans être exhaustive , très précise de ce qu'est la médecine au milieu des années 10 en Russie.

Peut être est ce du au style d'écriture de l'époque, mais il y a un peu de Zweig dans cette prose, cette minutie "chirurgicale" qui donne un sens à chaque mot et traduit un sentiment humain mieux que quiconque.

un petit mot pour remercier le traducteur dont les notes sont extrêmement bien documentées, ce qui ajoute une touche encore plus réaliste, si possible, à l'ensemble.
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Le Maître et Marguerite

A partir du titre, et après avoir lu ce grand roman, je pourrais me dire que l'histoire d'amour est au centre du roman.

Et c'est sans doute vrai. Mais il n'en occupe finalement qu'une part assez restreinte. La plus grande partie raconte les ravages de Satan et de ses sbires à Moscou. Leurs actes sont dramatiques, ils sèment la mort et la folie. Mais ils révèlent aussi les nombreux secrets des individus et les vices de la société. Le côté fantastique, bien dans la tradition russe (je pense à Gogol), est relativement secondaire. Il est surtout là pour perturber les personnages et les sortir de leur routine, souvent de façon violente.

L'action du diable est-elle donc toujours négative? Révéler les travers d'une société, n'est-ce pas positif?

Boulgakov s'est emparé du mythe de Faust d'une façon très originale. Le personnage de Marguerite devient central, le seul pacte est avec elle. Le maître en est-il vraiment un? Il parait beaucoup plus faiblard qu'elle. Le pacte que conclut Marguerite l'entraîne dans une épreuve difficile à supporter, mais elle y trouvera quelques compensations... La beauté du diable n'est-elle pas de rendre la jouissance plus forte et plus belle? Satan cède-t-il devant l'amour ou l'accompagne-t-il?

Ce roman est une oeuvre majeure parce qu'il pose toutes ces questions sans y apporter de réponse évidente. C'est au lecteur de se positionner et de juger. Entretemps, il sera passé par une gamme d'émotions vraiment impressionnante. Et l'ironie grinçante qui en émane n'est pas pour rien dans le plaisir éprouvé. Un livre incontournable, à mon avis.
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Le Maître et Marguerite

Mikhaïl Boulgakov a travaillé pendant 12 ans, avec quelques modifications pour achever en 1940/1941 son roman " le Maître et Marguerite.

En 1930 en Russie, Staline règne en autocrate, impose l'athéisme à son peuple farouchement attaché à la religion orthodoxe, il impose sa propagande, la falsification du passé, les dénonciations, les purges successives et massives, la liquidation physique, morale de ses opposants, les déportations ! ( bref : on ne présente plus le petit père des peuples ! ).

C'est dans ce contexte que Mikhaïl Boulgakov va écrire une oeuvre burlesque, fantastique, schizophrénique et merveilleuse : il nous envoie des messages codés sur la réalité russe et particulièrement moscovite !

Chronologiquement : nous assistons à une discussion sur l'existence de Dieu entre Berlioz ( Micha ) et un poète : Biezdomny dans le Parc de l'Etang du Patriarche mais, apparait un étranger ( Woland ) qui prédit à Berlioz qu'il va mourir décapité en allant à sa réunion ! Biezdomny tente de le rattraper et constate qu'il est accompagné par Fagott et un grand chat noir : Béhémot qui parle ! Devant l'incongruité de ses explications : il sera conduit en asile psychiatrique ( comme la plupart des protagonistes du roman et comme les opposants de Staline ).

Dans l'asile, il y a le Maître qui, suite au rejet de son livre sur Ponce Pilate et Yeshoua Ha-Norzi a brulé le manuscrit, et il raconte à Biezdomny qu'il aime Marguerite !

Décalage dans le temps : son roman se passe 1900 ans auparavant et, il évoque les sentiments du Procurateur Ponce Pilate qui hésite à faire crucifier Yeshoua pour qui , il a de la compassion mais qu' il sera obligé de faire exécuter pour obéir à Tibére ( le Staline de Judée ) .

Retour à Moscou : Satan organise un bal de minuit , et il propose à Marguerite de l'aider à recevoir ses invités ! Elle accepte car elle veut sauver le Maître et, grâce à une crème magique elle volera au dessus des forêts, des fleuves russes sur un balai, suivie par sa servante Natacha ! C'est le bal des criminels en tout genre, serviles et obséquieux qui arrivent des portes de l'enfer et se prosternent devant elle, devant Satan ! Marguerite a obtenu la libération de l'homme qu'elle aime et, le Maître va sortir de l'asile, ses documents lui seront rendus ! le couple peut partir ...pas pour longtemps car Azazello leur réserve une mauvaise surprise... Ensuite Satan fait le lien entre les 2 époques et

tout rentre dans l'ordre à Moscou !

Difficile de synthétiser un récit de + de 600 pages, avec de nombreux personnages, difficile de saisir au travers des loufoqueries, des facéties de Satan en magicien, de la pagaille débridée qu'il a engendré la notion du Bien et du Mal, et faire apparaitre la réalité de cette époque sombre et austère ! On retrouve le mythe faustien cher à Goethe, et à Gounod : mais ici Marguerite est sauvée .

Un roman ébouriffant qui ne laisse pas indifférent grâce au talent de Mikhaïl Boulgakov !

L.C thématique de Mai 2021 : littérature étrangère
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Le roman de monsieur de Molière

Moscou. 1933. Dans un appartement quelconque, un dramaturge empêché vient d’accoucher d’une pièce de théâtre. Les dizaines de feuilles, noircies de mots, jonchent le sol. C’est qu’il y a eu complication. Il a fallu trouver le juste milieu entre l’imaginaire débridé de l’auteur et l’âpre réalité de l’union soviétique. Mais il est trop tard pour revenir en arrière dès que la conscience s’en est mêlée. Les personnages sont nés sur des morceaux de papier et ne demandent plus qu’une chose: s’incarner dans la peau de comédiens.



L’auteur a conscience que cette pièce, comme les précédentes, sera frappée par la censure. Tout au plus lui laissera-t-on le droit de faire une ou deux représentations pour la forme. Histoire de créer une illusion culturelle au cœur de l’URSS stalinienne. Mais le dramaturge russe n’en a cure, il aura beau être muselé, cela ne l’empêchera pas d’écrire et de créer des œuvres en lien avec les planches. J’en veux pour preuve son livre sobrement intitulé Le roman de monsieur de Molière et vous propose une petite analyse de ce livre écrit par un certain … Mikhaïl Boulgakov.



Dès l’entame du récit, nous sommes mis devant un fait accompli. Il s’agit d’une biographie romancée sur la vie du célèbre dramaturge français. Cette manière de procéder permet à Boulgakov de prendre les habits du conteur et de faire naître, devant nos yeux de lecteur, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. Le ton utilisé et les mots choisis nous immergent avec légèreté dans l’histoire de cet homme sans nous demander de connaissances spécifiques. Cette manœuvre a le mérite de nous apprendre des faits sur Molière en évitant l’écueil des détails trop techniques qui nuiraient à la lecture:



“ Sur la scène se jouait une farce d’une insolence débridée, qui n’avait rien d’innocent: c’était la farce des mœurs et des coutumes de Paris d’alors, et ceux qui vivaient ces mœurs et créaient ces coutumes se trouvaient là, dans les loges et sur la scène. Le parterre riait aux éclats et pouvait les désigner du doigt. Il avait reconnu les grands seigneurs des salons, que l’ancien tapissier couvrait ainsi publiquement de ridicule. “



Boulgakov passe en revue la vie de Molière à travers le prisme de ses pièces de théâtre. Nous apprenons dans quelles conditions étaient écrites chacune de ses comédies mais aussi comment se passèrent les représentations. Le dramaturge français a commencé à Paris avec sa troupe de l’Illustre Théâtre et s’est royalement cassé la gueule au point de devoir quitter la capitale. Suite à cette déconvenue, il parcourra les régions de France pendant plus d’une décennie. Il n’aura de cesse de monter sur les planches avec sa bande de comédiens afin d’y jouer les classiques de l’époque, sans le succès escompté. C’est aussi durant cette période qu’il écrira ses premières pièces teintées de comédie. A ce titre Boulgakov, semble-t-il, est arrivé à cerner ce qui fit défaut chez le jeune Molière qui s’entêtait à jouer des tragédies alors que son génie résidait dans la comédie et la farce. Dès qu’il en prendra conscience, son nom sera sur toutes les lèvres et arrivera jusqu’aux oreilles du Tout-Paris.



Molière reviendra alors dans la capitale française et ses pièces feront rire aux éclats ou grincer des dents mais plus jamais elles ne laisseront indifférentes comme c’était le cas au début de sa carrière. Ses pièces étaient tellement osées pour l’époque — à se moquer de la petite bourgeoisie parisienne et de l’Eglise — qu’elles flirtaient à chaque fois avec la censure. Le travail du dramaturge avait la chance d’être apprécié par Louis XIV en personne. Et c’est sans doute ce qui lui valu de rester en haut de l’affiche alors que ses détracteurs l’attendaient au tournant dans le but d’interdire ses pièces. Ce qui arriva parfois! A l’instar des œuvres théâtrales de Boulgakov qui furent quasi toutes censurées par le régime communiste.



Le roman de monsieur de Molière est aussi l’occasion de faire connaissance avec les mœurs du XVIIème siècle. Nous y apprenons, entre autre, l’existence de l’orviétan, ce médicament présenté sous forme de remède miracle mais qui était en fait l’œuvre d’arnaqueurs sans scrupules dont Molière s’est moqué dans sa pièce l’Amour médecin:



“ Les baraques du Pont-Neuf accueillaient des médecins ambulants, des arracheurs de dents, des charlatans apothicaires qui vendaient aux gens des panacées qui guérissaient de tous les maux. Pour attirer l’attention sur leurs boutiques, il s’abouchaient avec des saltimbanques de rue, parfois avec de véritables acteurs qui avaient déjà pris pied sur les planches des théâtres et l’on assistait à de véritables représentations à la gloire des médications miraculeuses. […] Tout Paris parle d’un homme aussi extraordinaire que mystérieux, un certain Christophe Contugi. Il a engagé toute une troupe et donne sur une estrade des spectacles de polichinelles, grâce auxquels il vend une bouillie médicinale qui guérit tous les maux, et qu’il a baptisé Orviétan. ”



En conclusion, Le roman de monsieur de Molière est un livre écrit par le passionné de théâtre qu’était Mikhaïl Boulgakov. Il permet aux novices (dont je fais partie) de rentrer dans l’œuvre du célèbre comédien français et de découvrir des éléments historiques de la vie courante durant le XVIIème siècle. Certes, l’auteur russe n’a pas, encore, le degré d’écriture de son œuvre phare Le Maître et Marguerite mais cette biographie se laisse lire avec un certain plaisir 😉




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Le Maître et Marguerite

Un roman déconcertant qui nous entraine dans un univers plein de surprises où foisonnent des personnages tous plus originaux les uns que les autres qui se croisent dans des situations souvent burlesques. Il est difficile d'imaginer que ce roman de plus de 600 pages ait été écrit pendant les années les plus dures du stalinisme, au cour des purges sanglantes des années trente, tant le style est léger, rythmé et enlevé.



Bulgakov y revisite le mythe de Faust au travers de la quête de Marguerite qui passe un pacte avec le Satan, dénommé Woland, pour retrouver et libérer son amant, LeMaître, (qui n'apparait quasiment qu'à la moitié de l'ouvrage), enfermé dans un hôpital psychiatrique dans lequel atterrissent la plupart des victimes de Woland. De fait, Woland et ses acolytes, Béhémoth, un gros chat noir bavard , Koroviev, Azazello et Hella, une sorcière rousse mettent tout au long de l'ouvrage Moscou à feu et à sang en s'en prenant en particulier à l'élite littéraire de la ville, son syndicat officiel, le MASSOLIT, son QG, le restaurant de la maison Griboïedov, et un certain nombre de notables de la société soviétique des années trente.



En parallèle, une certaine gravité se dégage des passages évoquant le supplice et la mort de Jésus ou encore ceux où sa conscience inflige à Ponce Pilate de lourdes tortures et de profonds remords. La rencontre de Pilate et du Christ est la base d'une réflexion sur la question du bien et du mal.



Une certaine sensualité se dégage également de la chevauchée au dessus de Moscou de Marguerite et de sa servante Natacha, toutes deux nues, pendant la plus grande partie du livre.



Ouvrage majeur de la littérature Russe du XXIème siècle, on y retrouve les accents d'une certaine dérision telle que Gogol a pu l'employer dans les Ames mortes.
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Morphine

Ce n’est pas tant la quantité, mais la qualité qui compte.

Ce lieu commun, il m’est venu immédiatement à l’esprit après avoir lu ce très court récit d’un de mes auteurs préférés, Mikhaïl Boulgakov, lecture faisant suite à la très longue, trop longue, biographie de Kessel et Druon, Les partisans.

Récit de Boulgakov tiré de son recueil de nouvelles La garde blanche.



En une quarantaine de pages, le drame de l’addiction à la drogue.



Probablement une histoire tirée de l’expérience personnelle de Boulgakov, qui connut une période de morphinomanie.

On ne peut être qu’impressionné par la capacité de l’auteur à mettre à distance par la fiction cette expérience terrible, et d’en tirer un récit saisissant, si bien construit. Tout le génie de Boulgakov dans ce diamant noir.



Le narrateur, le Docteur Bomgard, un jeune médecin, est très content d’avoir pu quitter son lieu d’exercice où il a exercé pendant plusieurs mois dans un village isolé du monde, et d’y avoir été remplacé par un collègue qu’il a connu durant ses études, le Docteur Poliakov.

Il est maintenant dans une grande ville, dans un hôpital dont il se plaît à décrire tous les équipements et toutes les facilités d’exercer son métier.

Ayant reçu un message étrange de Poliakov, qui lui demande venir à son aide, car il est atteint d’un mal mystérieux, il met du temps à se mettre en route pour, arrivé sur les lieux, apprendre brutalement que Poliakov vient de se tirer une balle dans la poitrine.

A côté de son collègue mourant, il découvre un cahier qui lui est destiné.

C’est le journal de Poliakov, qui décrit dans le détail sa descente aux enfers. C’est précis, réaliste, poignant, terrible. Tous les sentiments, l’euphorie, la lâcheté, l’impossibilité de suivre un traitement de désintoxication à l’hôpital où il a tenté de faire une cure, les hallucinations, la déchéance physique, tout cela raconté dans un style haché, frénétique.

C’est absolument bouleversant.



L’épilogue de la nouvelle, une simple page.

Le Docteur Bomgard, dix ans plus tard, relit le journal de Poliakov.

Suit cette réflexion, qui est probablement celle de l’auteur, à propos de ces pages :

« Je ne suis pas psychiatre, et ne puis dire avec certitude si elles seront édifiantes, utiles..Je les crois utiles. »

Et, un peu plus loin, les dernières lignes « signées » dont on sent la tonalité cathartique (on comprend qu’on peut y remplacer Bomgard par Boulgakov):

«Puis-je publier ce journal qui m’a été donné? Je peux. Je le publie.

Docteur Bomgard »



A vrai dire, je ne sais s’il y a d’autres récits dans lesquels la narratrice ou le narrateur raconte son expérience de la drogue, je suppose qu’il y en a, mais je n’ai pas de point de comparaison.

Néanmoins, ici, c’est la transformation d’une expérience terrible en un bijou littéraire.

La littérature c’est cela aussi, je crois.

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Coeur de chien

Le chien n’est pas un animal comme un autre. Il a, pour nos yeux d’êtres humains, une valeur qui varie suivant les époques, les régions du monde ou encore les situations dans lesquelles nous nous trouvons. Ainsi les francophones que nous sommes considérons le chien comme le meilleur ami de l’homme tout en conservant le mot dans notre gamme peu reluisante d’insultes (quel chien! Fils de chien). Il en va de même pour la langue russe. Собака désigne autant le canidé que la personne que l’on injective. Dans d’autres régions du monde, cet animal a un rôle utile, je pense notamment au Grand Nord où des meutes de chiens deviennent des moyens de locomotion dès qu’elles sont attachées à des traîneaux (rappelez-vous L’Appel de la forêt de Jack London). Et que dire de ces boules de poils en Asie qui se révèlent être des objets d’attention à la limite du jouet alors qu’il existe encore, à quelques kilomètres de là, des élevages de chiens destinés à être … mangés!



Boulgakov, lui, aura utilisé le symbole du canidé dans son roman Cœur de chien afin de créer une histoire satirique dans la Russie des années 1920, c’est-à-dire juste après la révolution d’Octobre et avant l’arrivée de Staline. Ce livre est l’antichambre de son chef-d’œuvre Le Maître et Marguerite, on y reconnaît déjà le style particulier et décalé qui continue de faire le succès de l’auteur russe. Analyse.



L’histoire est celle de Bouboul, un chien errant dans les rues glaciales de Moscou, qui est recueilli par l’illustre chirurgien Philippe Philippovitch Transfigouratov. Ce dernier tente une opération expérimentale qui consiste à remplacer l’hypophyse du chien par celle d’un humain à peine décédé. Au fur et à mesure de sa convalescence Bouboul se transforme en un être grossier et alcoolique. Il ne tardera pas à se faire enrôler dans les nouveaux comités d’État autoproclamés afin de devenir une personne à part entière de la société moscovite. Avec Cœur de chien Boulgakov crée une histoire qui se situe à mi-chemin entre Frankenstein et la satire politique. C’est ainsi que la première partie du roman se concentre sur la vie de Bouboul en tant que canidé et de sa métamorphose inattendue. 😉



« À 1 heure 13, profond évanouissement du prof. Transfigouratov. En tombant s’est cogné la tête contre un barreau de chaise. Température. En ma présence et celle de Zina, le chien (si on peut encore l’appeler chien) a insulté le prof. Transfigouratov en termes grossiers.



[…]



À cinq heures de l’après-midi, un événement. Pour la première fois, les mots prononcés par les individus n’ont pas été arrachés aux phénomènes ambiants mais provoqués par eux. À savoir, quand le professeur lui a dit d’un ton de commandement « ne jette pas les restes par terre », il lui a répondu de façon imprévue : « Ta gueule, fumier ».



Philippe Philippovitch fut consterné, puis il se reprit et dit :



— Si tu te permets encore une fois de m’injurier moi ou le docteur, tu recevras une volée.



À cet instant, j’étais entrain de photographier Bouboul. Je jure qu’il a compris les paroles du professeur. Une ombre sinistre est tombée sur son visage. Il a eu un regard en-dessous, assez irrité, mais il s’est tu.



Hourra, il comprend! »



L’auteur russe utilise ainsi sa patte stylistique si particulière faite de dérision mais aussi de son expérience (Boulgakov fut médecin avant d’être écrivain) pour décrire l’évolution du chien vers un être humain aux allures d’ivrogne.



Il ne s’arrête d’ailleurs pas là puisqu’il tourne en dérision cette période de l’après révolution d’Octobre (1917) où les bolcheviques se désignaient eux-mêmes à la tête de comités créés de toutes pièces et octroyaient des fonctions à quiconque voulait être membre du parti. Le Comité d’immeuble dont il est souvent question dans Cœur de chien, n’est ni plus ni moins une satire de cette époque. Schwonder, le responsable dudit Comité est décrit comme un être vil, ignorant et prêt à tout pour exercer son petit pouvoir. Ce personnage a d’ailleurs marqué la littérature russe puisqu’il est entré dans le vocabulaire courant. En Russie si quelqu’un vous traite de Schwonder cela veut dire que votre interlocuteur pense que vous êtes sournois et opportuniste 😉. Boulgakov aura donc laissé des traces dans le langage usuel, n’est-ce pas là la marque des grands auteurs ?



“Réunion plénière du comité d’immeuble présidé par Schwonder. Pour quoi faire, ils ne le savent pas eux-mêmes.”



Ce livre est, peut-être, aussi l’occasion de faire connaissance avec les particularités des noms russes puisque chaque personnage a un patronyme qui s’intercale entre le prénom et le nom de famille. Ainsi dans le nom du professeur Philippe Philippovitch Transfigouratov nous pouvons aisément retrouver le prénom du père de ce dernier. En Russie, les personnes s’appellent souvent par leur prénom et leur patronyme tel un signe de politesse, à l’instar de notre “Madame”, “Monsieur” en français. Et Boulgakov de jouer, à nouveau, de cette particularité en donnant le nom désopilant de Polygraphe Polygraphitch Bouboulov au personnage principal de son livre.



En conclusion, Cœur de chien sans être du niveau d’un Maître et Marguerite montre déjà l’imagination débordante de Mikhaïl Boulgakov et de son goût prononcé pour se moquer de son époque. L’histoire, bien ficelée, mets en avant les frasques de Bouboul qui se fait mener par le bout du museau par chaque être humain qu’il rencontre, et ce, jusqu’à l’épilogue. Le roman de Boulgakov est finalement bien plus qu’une pure dérision ou satire, il nous donne aussi à lire, en filigrane, une certaine morale qui pourrait être celle-ci: l’ignorance rend bête.
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Le Maître et Marguerite

Ecrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, " Le Maître et Marguerite " a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques.Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.

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Coeur de chien

Ici, on ne retrouve pas l'atmosphère habituelle de la littérature russe, il s'agit d'une satire de la société soviétique des années 20.

A travers bouboulov, chien errant recueilli puis transformé en citoyen, homme de parti, grâce à une opération, M. Boulgakov dépeint non sans humour le système soviétique et ne se prive pas de critiquer de façon acerbe les rouages de la bureaucratie et le communisme .
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Le roman de monsieur de Molière

Tout le monde connait Molière et a au moins lu une de ses nombreuses pièces de théâtre pendant sa scolarité. Je n'ai pas échappé à la règle et je me souviens qu'a chaque fois je prenais beaucoup de plaisir a étudier les écrits de Molière. Malgré ça, je connaissais peu de choses sur sa vie et cette biographie m'a beaucoup plu.

L'auteur l'a rendue très vivante, à mi chemin entre le roman car on n'a vraiment l'impression d'y être et seuls les éléments biographique, historique et les célèbres tirades issus des pièces de théâtre nous rappelle qu'il s'agit bien d'une biographie. Un bel hommage à cet artiste qui a dédié sa vie au théâtre et qui nous laisse de très belles pièces.
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Récits d'un jeune médecin

Les sept récits rassemblés ultérieurement sous le titre de Récits d’un jeune médecin sont d’abord parus en 1925 et 1926 dans une revue médicale (Boulgakov lui-même ayant été médecin jusqu’en 1920 avant de se consacrer à la littérature). Ces récits sont le reflet de ses débuts de jeune médecin envoyé dans un hôpital en milieu rural, en 1916, sans électricité et sans eau chaude. On y sent tous les doutes et inquiétudes du débutant inexpérimenté, les moments de panique ou au contraire de fanfaronnades, l’angoisse devant l’échec quand il est probable, ses moments de fierté aussi, ainsi que la nécessité de rester humble, sans compter les moments d’abattement devant l’obscurantisme des paysans qu’il soigne et l’immensité de sa tâche. C’est plein d’autodérision, et Boulgakov maîtrise déjà ici tout l’art de croquer une situation, de faire monter la tension, et de nous faire rire par-dessus le marché. C’est aussi une peinture très vivante de la situation en Russie juste avant la Révolution, guère différente de la Russie de Tchekhov ou même de celle de Gogol. De ce point de vue ce serait plutôt effarant, voire triste à pleurer, si Boulgakov ne faisait montre d’un certain optimisme par sa foi de jeune médecin en l’être humain et en la science, optimiste tout relatif puisqu’au moment où il écrit il a déjà abandonné la médecine. Un excellent recueil de nouvelles très représentatives du talent de Boulgakov.

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Coeur de chien

C'est un petit roman (comparé au Maître et Marguerite) du grand Boulgakov , roman qui aurait du être publié en 1925, avant que la chape de l'horreur stalinienne ne vienne s'abattre, mais qui sera quand même interdit par la censure de l'époque.



Il faut dire que ce roman au caractère fantastique et complètement burlesque, dans la lignée d'un Gogol, dresse un portrait sans concession de cette époque, où la bêtise et la corruption faisaient bon ménage, où des êtres opportunistes et sans scrupules se mettaient à la tête de comités dits prolétaires pour conquérir un petit pouvoir.



Boulgakov nous raconte, avec l'ironie mordante qui le caractérise, une histoire improbable dans laquelle un pauvre chien errant et maltraité dénommé Bouboul deviendra le sujet d'une « première » chirurgicale mondiale réalisée par un chirurgien que l'on qualifierait de nos jours de chirurgien esthétique, Philippe Philippovitch Transfigouratov (sic). Ce dernier, un expérimentateur infatigable, va greffer à Bouboul les testicules et l'hypophyse d'un homme qui vient de décéder (et dont on apprendra que c'était un délinquant et un ivrogne).



Bouboul deviendra en quelques semaines un homme, mais quel homme!, ce Polygraphe Polygraphovitch Bouboulov! , grossier, brutal, lâche, et qui, en s'alliant au Président du Comité de Quartier, se retournera contre son chirurgien qui regrettera d'avoir joué les apprentis sorciers, jusqu'à un retournement final dont je ne dirai rien. Bref, une sorte de variation loufoque sur le thème de Frankenstein. Et c'est mené rondement à la façon d'une pièce de théâtre, avec d'autres personnages hauts en couleurs, l'Assistant Bormenthal, la servante Zina, la cuisinière Daria Petrovna, etc…et avec des scènes parfois désopilantes, parfois d'une ironie cruelle.



Mais Coeur de Chien, c'est aussi une critique en règle de la bêtise de cette société mesquine qui se met en place, de cet Homo Sovieticus qui ne fera pas rêver. …Et dont Boulgakov souffrira toute sa vie.



Bien sûr, on doit concéder que ce roman ne se hisse pas à la hauteur du chef-d'oeuvre absolu qu'est le Maître et Marguerite, mais, c'est quand même une oeuvre unique, ce « Coeur de Chien », Et vous le valez bien! cher Mikhaïl Boulgakov.
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Récits d'un jeune médecin

Comment faites vous pour être aussi serein ? Vous êtes si jeune et si savant … Vous me rappelez ce cher Léopold ! Comme il était beau dans son costume marron. Il était le meilleur, connu dans toute la région. La campagne ne venait que pour le voir. Quel dommage qu’il soit parti dans cette grande ville qu’est Moscou … Mais heureusement vous êtes là mon cher Mihaïlovitch, vous êtes son remplaçant légitime, et il est vrai que vous aussi vous faites du bon boulot ! J’aurais tellement aimé être comme vous, toujours garder la tête froide dans les situations qui ne s’y prêtent pas du tout.



Pourtant vous me sembliez parfois un peu frêle en arrivant au bloc très tôt le matin, mais à vrai dire, ça me semble logique qu’à une telle heure, vous ne soyez pas au meilleur de votre forme. Vous représentez l’excellence des médecins, le meilleur qu’on ait vu depuis ce cher Léopold Léopoldovitch, et je pense qu’après tout ce que l’équipe vous ait dit, vous le savez mieux que quiconque. Après toutes ces opérations effectuées et les maladies que vous avez soigné, je doute fort qu’il existe encore quelque chose qui puisse vous surprendre ! Après tout, vous avez vécu beaucoup d’évènements tragiques ou étranges, comme pour notre camarade Khoudov atteint de malaria, où l’on a vu son état s’empirer avec ces étranges rejets marrons causés par tous les sachets de kétamines qu’il a ingéré d’un seul coup. Heureusement que vous étiez là pour le sortir d’affaire !



Vous avez aussi vécu des jours très difficiles par le nombre de patients. Quand mangiez-vous ? Quand est-ce que vous avez pris du temps pour vous pour la dernière fois ? Ça se voit que vous prenez à cœur votre métier. Vous vous dévouez en temps que médecin quitte à y laisser la vie. C’est beau ce que vous faites mais vous devriez tout de même penser à vous. Après tout, si vous mourriez, qu’est-ce que l’on ferait sans vous dans notre hôpital ? Vous tirez les marrons du feu pour nos patients mais prenez soin de vous de temps en temps.



Cher camarade, Vladimir, vous avez beaucoup de qualités en tant que médecin et chirurgien. On pourrait réellement se demander ce qui serait capable de vous arrêter. Les hernies n’ont pas l’air de vous effrayer, les naissances, vous les maîtrisez, et vous avez même déjà réalisé différentes trachéotomies. Vos centaines d’opérations ont presque toutes réussies, et c’est un exploit ! Vous avez de nombreux mérites, vous qui arpentez les traces de Léopold, en cueillant les différents marrons qui frôlent vos chaussures. N’est-ce pas là l’âme d’un médecin ? Ne seriez-vous pas par simple hasard la représentation idéale du métier de médecin ? Sauver des vies avant de sauver la sienne, quel brave homme vous êtes Vladimir Mikhaïlovitch !
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Le Maître et Marguerite

Je vais répondre à deux questions : "Faut-il relire des romans / livres / récit ?" et "Pourquoi relire ?"

Un avis très personnel donc.



J'ai lu Le Maitre et Marguerite, il y a 30 ans de cela. Je l'ai lu dans un contexte particulier : un voyage en URSS.

C'était en 1989. L'URSS existait encore. Gorbatchev en était le président. La Glasnost soufflait son vent (plutôt sa brise) de liberté.

Les rues de Kiev étaient remplies de rassemblements spontanés...



Qu'ait je ressenti de la lecture de ce roman à l'époque ? J'en ai quelques souvenirs diffus : une sensation de "fantastique", des personnages marquants.

Honnêtement guère plus. Ah si j'avais pris des notes...



Mais trente ans après je suis certain que bien des choses mon échappée à l'époque.

Je vais vous expliquer cela avec quelques citations



> L’amour surgit devant nous comme surgit de terre l’assassin au coin d’une ruelle obscure et nous frappa tous deux d’un coup.

> Ainsi frappe la foudre, ainsi frappe le poignard !

> Elle affirma d’ailleurs par la suite que les choses ne s’étaient pas passées ainsi puisque nous nous aimions,

> évidemment, depuis très longtemps, depuis toujours, sans nous connaître, sans nous être jamais vus



>

« — Ma pauvre, pauvre amie, lui dis-je. Je ne veux pas que tu fasses cela. Tu ne seras pas heureuse avec moi, et je ne veux pas que tu te perdes avec moi.« — C’est la seule raison ? demanda-t-elle en approchant ses yeux tout près des miens.« — La seule.« Avec une excessive vivacité, elle se serra contre moi, noua ses bras autour de mon cou et dit :« — Eh bien, je me perds avec toi. Demain matin je serai ici.



Je n'avais aimé ou été aimé pour ressentir toute la portée de ce genre de passage.

J'ai depuis vécu et compris ce genre de rencontre.

Ce genre de rencontre où les sentiments sont d'une lumineuse évidence.

Qu'avais-je compris de ce passage à l'époque ? Sans doute bien trop peu.

Même sublimement écrit, je ne sais pas si cette expérience peu être vraiment complètement transmise.



> Je lui ai dit que tout pouvoir est une violence exercée sur les gens, et que le temps viendra où il n’y aura plus de pouvoir, ni celui des Césars, ni aucun autre. L’homme entrera dans le règne de la vérité et de la justice, où tout pouvoir sera devenu inutile.



En 30 ans, j'ai fait un long chemin politique. Le roman dénonce parfois de façon directe, parfois de façon burlesque le régime oppressif d'alors.

Je ne mesure que maintenant à quel point les conditions particulières (aussi bien locales que temporelles) de l'écriture du roman ont permis d'atteindre l'universel.

Mikhaïl Boulgakov dénonce cet "homme nouveau" qui devait surgir du communisme.

Il montre brillamment que ce n'est que foutaises. L'Homme est vil, paresseux, vindicatif et lâche.



> Il faut reconnaître que parmi les intellectuels, on rencontre parfois, à titre exceptionnel, des gens intelligents



Que vont donner le pouvoir actuel et sa la violence physique, économique actuelle sur les gens ?

Un autre homme nouveau ? Un Auto-Intra-Extra-Héro-Entrepreneur dynamique éco responsable intelligent ?

Et bien, Mikhaïl Boulgakov nous montre toute une série de personnages profondément, lâchement humains (il ne s'exclut pas).

Il faut relire le Maitre et Marguerite 30 ans après pour percevoir à quel point le tableau est juste.



> La seule chose qu’il a dite, c’est que, parmi tous les défauts humains, il considérait que l’un des plus graves était la lâcheté.



Il se compte parmi les lâches. Il a pourtant écrit personnellement à Staline pour qu'il le laisse oeuvrer.

À 20 ans, a-t-on assez lâchement renié ses principes et ses valeurs ?

Certainement pas.

Mais maintenant ?



> Mais dites-moi : pour vous convaincre que Dostoïevski est un écrivain, faudrait-il que vous lui demandiez un certificat ? Prenez seulement cinq pages de n’importe lequel de ses romans et, sans aucune espèce de certificat, vous serez tout de suite convaincue que vous avez affaire à un écrivain. D’ailleurs, je suppose que lui-même n’a jamais possédé le moindre certificat !



Dans le roman, Mikhaïl Boulgakov se moque de ces artistes "officiels" encartés.

J'ai certainement pensé à l'époque que c'était irrelevant (les artistes sont "libres"...).

Mais maintenant en regardant tous ces "écrivains à succès / à prix", ces artistes qui "vendent (bien)", sommes-nous si loin de ces "artistes officiels" ?



> L’homme est mortel et, comme quelqu’un l’a très justement dit, inopinément mortel.



Le roman est celui d'un écrivain qui se sait mortel, qui se sait mourant.



> Rappelle-toi que si tu ne réussis pas ta vie tu réussiras ta mort… C’est Nietzsche, je crois, qui a dit cela dans Zarathoustra. Quelle prétention absurde !



A 20 ans, la mortalité ? La mort est tellement escamotée en occident.



## En conclusion



Oui il faut relire des romans. Sans doute pas tous. mais

OUI il faut relire le Maitre et Marguerite.

Peut être faut-il attendre, 10, 20, 30 ans que la politique, la vie, la mort, l'amour, la lâcheté passent rendre visite pour saisir en partie ce roman.

Vais-je relire le Maitre et Marguerite ?

Oui c'est un roman "monde" qui contient tellement de thèmes, de niveaux, de symboles.

Il en reste beaucoup que ne me sont pas accessible.

Je pense, par exemple, à une des trames du récit : Pons Pilate qui a condamné un homme.
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Le Maître et Marguerite

Deux raisons majeures m'ont conduite à finir ce roman:

primo, c'est un ami qui me l'a vivement recommandé en m'en parlant comme l'un de ces livres qui restent gravés en soi, secondo, Boulgakov a mis 15 ans à l'écrire. La culpabilité aurait été trop grande si je l'avais abandonné!

Pourtant j'avoue ne pas y avoir pris beaucoup de plaisir. C'est un conte fantastique dans lequel se mêlent l'amour fou, la satire du régime stalinien, des réfléxions philosophiques sur l'existance de Dieu et surtout de Satan, tout ceci dans une ambiance burlesque et un décors délirant. Cela donne envie mais ce roman est truffé d'allusions à la vie politique et culturelle de l'époque staliniene,cette Histoire étant étroitement mélée à l'histoire intime de l'auteur avec ses déboires dus à la censure. A moins d'une parfaite connaissance de l'une et de l'autre, ce qui est très loin d'être mon cas, il faut , sans cesse, aller consulter les multiples notes en fin d'ouvrage. Cela m'a empécher de m'immerger dans le roman, je n'ai pas pu me laisser embarquer par Satan (qui est bien plus passionnant que Jesus!) et l'élan de la lecture ne peut pas prendre son envol...La structure du récit est originale, elle nous balade entre l'éxecution du Christ par Ponce Pilate (sujet du livre du Maître) et les intigues stalinienes sans oublier des chapîtres truculents comme le bal de Satan ou le spectacle de magie noire plus qu'hallucinant. Mais tout cela est dur à suivre. Là où il aurait fallu oublié tout sérieux pour se laisser aller au délire fantastique, les notes venaient paradoxalement freiner cette envie et rattacher à de l'intellect...Sûrement trop pour ma petite tête! :)
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