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Critiques de Milena Agus (660)
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Mal de pierres

Sardaigne, trois générations de femmes.



Il y a la grand-mère, née dans les années 20, considérée comme folle à l'époque, parce que trop décalée, inadaptée à la vie dans laquelle elle aurait dû trouver sa place, trop passionnée pour convaincre les candidats au mariage, effrayés, encombrés par ce tempérament aussi ardent. En réalité, une femme dépressive, parce que née trop tôt et/ou au mauvais endroit. Presque vieille fille, elle finit par se marier avec un homme plus âgé, veuf, qui en l'épousant éteint sa dette envers cette belle-famille qui l'a recueilli alors qu'il était réfugié de guerre. Un mariage sans amour romantique mais avec de l'amour charnel, qui n'aboutit pourtant à aucune grossesse, la faute sans doute à ce « mal de pierres », c'est-à-dire des calculs rénaux.

Envoyée en cure thermale, elle y rencontre le Rescapé, estropié de guerre, une rencontre qui la marque à vie.

Et neuf mois après son retour de cure, un fils naît, enfin, inespéré.



Puis il y a la petite-fille qui, une fois adulte, nous raconte l'histoire de cette grand-mère, et nous parle un peu d'elle-même.



Entre les deux, il y a la mère, qui a épousé le fils quasi-miraculeux devenu pianiste célèbre. La narratrice nous en parle un peu également, de son père aussi, avant de remonter une génération et d'évoquer la grand-mère maternelle.



Voilà une semaine que j'ai terminé ce court roman, et je m'aperçois que je n'ai presque rien retenu de ces personnages secondaires. le début du roman est centré sur l'histoire de la grand-mère paternelle et, malgré les flash-back et le manque de repères temporels, l'ensemble tient plutôt bien la route. Mais ensuite, à mesure que d'autres personnages interviennent, la trame s'effiloche, le récit se distend, on ne comprend plus toujours qui parle de quoi et à quel moment. La construction devient brouillonne, la narration confuse et précipitée, pour ne pas dire bâclée. On sent bien l'énergie que l'auteure a voulu mettre dans son récit, mais elle est mal maîtrisée, et le thème de la femme mal dans sa vie n'est pas assez exploité, de même que les portraits des autres femmes, qui ne sont qu'ébauchés.



Autant de défauts qui m'ont gâché la lecture de ce roman, qui aurait pu être autrement puissant et touchant.
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Mal de pierres

Ce très court roman est une très jolie réussite. Il commence avec l’histoire de la grand-mère de la narratrice, c’est le fil rouge du récit. Cependant la narratrice, seule confidente de la grand-mère, partie de l’histoire de trois, voire quatre générations avec les arrière-grands-parents, se retrouve dans une véritable quête de ses origines, à la recherche de ce qui se cache sous le vernis des certitudes transmises. D’autres en auraient fait un pavé, une saga familiale, un long roman sur la transmission intergénérationnelle, la quête des origines. Mais Milena Agus propose au lecteur un récit minimaliste au style délicat, parfois un brin mélancolique ou poétique, sur un rythme vif, avec des chapitres réduits parfois à à peine plus d’une page. La matière est riche, mais souvent subtilement suggérée, avec juste ce qu’il faut d’éléments historiques, de descriptions et de petites phrases en sarde pour instaurer l’atmosphère adéquate. Quant à la fin du roman, elle est surprenante. Un petit bijou de concision.
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Une saison douce

Un petit village sarde, pauvre et perdu, voit un jour arriver un groupe de migrants, un peu déçus de ne pas être "vraiment en Europe" ; ils sont accompagnés d'humanitaires un peu farfelus.

Tous, habitants, migrants, accompagnants vont devoir vivre dans le même village et s'habituer les uns aux autres ; et c'est la façon qu'a l'écrivaine sarde Milena Agus de raconter cette habituation qui est à la fois triste et comique !

Triste parce que la situation qui se révèle au fil des pages est terrible : tous ces déplacés ont fui un régime totalitaire, un dictateur, le manque de liberté, le risque d'être emprisonné ou tué, un pays pauvre et sans travail, et ont eu affaire à des passeurs...

Drôle, parce que les mots employés par l'autrice montrent qu'il y a toujours un côté cocasse même dans une situation dramatique.



Les humanitaires sont plutôt étonnants dans ce texte : une "tantine" qui fait avec un neveu, au téléphone, ses devoirs de grec ancien, un ingénieur machiste, un professeur de math dont toutes les élèves sont amoureuses, un vendeur de sex-shop à l'affût d'aventures sexuelles, et une évangélique donneuse de leçons.



Les changements ne se font pas attendre bien longtemps : plusieurs villageoises curieuses visitent les "envahisseurs" installés dans une vieille maison surnommée La Ruine, et sont reçues dans la plus belle maison du village où elles n'avaient jamais pénétré ; bientôt, les villageois qui n'avaient plus beaucoup d'entrain avant l'arrivée des étrangers se remirent à faire des projets...



L'histoire est racontée par une narratrice qui fait partie du choeur des villageoises ; il y a aussi leurs maris et puis les "envahisseurs" qui vont être nommés au fur et à mesure qu'ils cesseront d'être des étrangers pour devenir des personnes connues, même "l'enfant le plus antipathique du monde"...



En plus de nous raconter l'histoire d'un village moche et délaissé "assailli" par des migrants, cet écrit est un prétexte pour parler de grandes choses sérieuses tout en utilisant un ton plutôt naïf et fantaisiste : Dieu, Allah, les relations hommes/femmes, la famille, la politique, les réfugiés, les amitiés et l'exil et ses espoirs bien sûr.



Premières phrases : " Les jours d'avant, debout devant nos armoires, nous avions interverti nos garde-robes, celles d'été au-dessus, celles d'hiver en dessous. Cette tâche accomplie, nous éprouvâmes la satisfaction de voir chaque chose à sa place, alors que bientôt, plus rien ne le serait. Les envahisseurs débarquèrent et nous prirent par surprise.
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Mal de pierres

C'est drôle comme certains livres nous poussent vers d'autres livres... Dans un roman que j'ai lu il y a peu de temps, un homme offre à une femme ce livre, Mal de Pierres, et la promesse d'une villa en Italie. Rien de tel pour m'intriguer ! Je décide de lire ce roman, et je tombe sur une jolie histoire pleine d'émotions, qui se lit facilement et qui sent bon la Sardaigne. Un petit plaisir !
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Terres promises

J'ai été saisie par la simplicité apparente de ce roman, la bonté, douceur, humanité qui émanent de Félicita, fille de Raffaele et Ester, amante de Sisternes, mère de Gregorio, amie de Mariana, de Gabriele. Entourée de personnes en quête de Terre promise que ce soit une destination, une ville, une femme, la musique, Felicita, si proche des autres, attend que l'homme qu'elle aime l'aime en retour. Elle vit, se lie d'amitié avec ses voisines, avec un homme rencontré sur la plage, elle élève son fils, et a l'art de transformer la vie en quelque chose de beau, comme les objets qu'elle fabrique à partir de déchets, et qui sont son gagne-pain. Née à Milan, où son père avait migré en quête de travail, elle retourne avec ses parents dans leur Sardaigne d'origine où elle restera, à l'exception d'un séjour à New York pour soutenir son fils, musicien de jazz, triste d'un chagrin d'amour. Je ne connaissais pas Milena Agus, cette lecture fait du bien par la sérénité qui s'en dégage.
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Quand le requin dort

Carnet intime d'une famille dévorée par la vie ( le requin) et ses méandres. Lorsqu'il dort, la bouche entrouverte alors on se faufile vers la beauté, la poésie et de l'espoir...

Mais peut- on réellement échapper à son destin ?

Est-ce que l'on ne retourne pas inlassablement vers les endroits, les êtres qui nous ont façonnés ?

Quant à Mila Agus, elle n'arrive pas à solliciter l'empathie, me concernant...



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Mal de pierres

J'ai tout fait à l'envers avec ce livre publié il y a déjà quelques années. Il était dans ma bibliothèque mais je ne me souvenais pas l'avoir lu alors qu'il avait rencontré un certain succès, notamment lors de la sortie du film éponyme. J'ai lu, il y a peu, "Une saison douce" de la même auteure et j'ai beaucoup aimé. Du coup j'ai lu (ou relu ?) "Mal de pierres" et j'ai retrouvé la même sensibilité, une écriture à la fois légère et profonde, des personnages en léger décalage avec le monde réel et pourtant tellement présents. Il y a vraiment un style Milena Agus qui me touche et m'émeut.
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Mon voisin

Lui, a peur de mourir,

assiégé par l'hypocondrie...

Elle, rêve de transformer son suicide

en accident domestique ..

Un mur entre les deux,

hérissé de tessons de bouteilles

qui disparaissent petit à petit.

Deux petits garçons qui n'ont pas vraiment

de place dans cette histoire ..

Milena Agus vous tricote

un récit comme elle sait si bien le faire..

Collection Piccolo de Liana Levi (3 €)

un petit livre précieux, avec des ailes

pour vous emporter en Sardaigne.





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Mon voisin

C'est un petit livre grand par sa force évocatrice. Il donne envie de prendre un aller simple pour la Sardaigne. Les émotions, mes évènements, les surprises, les facéties de chacun sont dépeintes à merveille. J'ai aimé ce livre pour sa poésie, son soleil, ses citrons et son enfance.
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Prends garde

L'originalité de ce livre réside dans sa double entrée. Deux auteures italiennes ont travaillé sur un sujet commun, un fait divers ayant eu lieu dans les Pouilles en 1946. L'une est romancière, l'autre journaliste et figure de la gauche italienne. Il est possible de retourner le livre et de choisir par quelle partie l'on souhaite débuter sa lecture. Personnellement, j'ai commencé par le roman de Milena Agus car c'est son nom qui m'a fait acheté ce livre.



La partie de Milena Agus m'a vraiment emballée. L'ambiance du roman m'a beaucoup plu. Basé sur un fait réel que l'auteure a alimenté par son imagination, nous entrons dans la demeure des sœurs Porro située à Andria dans les Pouilles. Le récit retrace le portrait de quatre sœurs cinquantenaires et sexagénaires. Luisa, Vincenza et Carolina sont restées ce que l'on appelait des "vieilles filles". Seule leur soeur Stefania fait figure d'exception en s'étant mariée sur le tard. Les quatres sœurs ne disent jamais de mal des autres, elles sont très à cheval sur la bienséance, charitables avec leur église, mais ne s'intéressent pas le moins du monde à ce qui se passe en dehors de leur villa.



Pourtant, l'Italie du sud est dévastée. Les soldats démobilisés meurent de faim dans les vignes des Pouilles et sur la place Catúma, chaque jour se dresse un véritable "marché de bras" où les journaliers s'amassent pour espérer trouver un travail à la journée. Un autre personnage féminin est présent dans le quotidien bien rangé des sœurs Porro. "Elle" leur rend visite régulièrement, ce sont ses amies. Mais "elle" a des convictions, elle est révoltée bien qu'elle n'agisse pas.



Le 7 mars 1946, sur la place d'Andria, un coup de feu est tiré alors que l'on attend le discours de Giuseppe di Vittorio, ouvrier agricole devenu secrétaire général de la CGIL (Confederazione italiana del lavoro). Tout semble indiquer que le coup de feu a été tiré de la villa des Porro. La partie de Lucia Castellina inscrit ce fait divers dans l'histoire générale de cette région italienne. Elle parle de guerre civile dans les Pouilles dès 1943 évoquant les différents conflits sociaux. Puis, elle nous informe sur les arrestations et sur le procès qui eut lieu deux ans plus tard en 1948. Plus d'une centaine de personnes arrêtées, pour la plupart analphabètes. L'exposé de Lucia Castellina était intéressant mais plus difficile d'accès pour moi, notamment en ce qui concerne la gauche et les différents événements politiques.



Pour résumer, j'ai beaucoup apprécié la première partie : le roman. Mon intérêt a ensuite été éveillé par l'explication qui replace dans le contexte historique général de l'époque. Mais ce passage purement historique m'a un peu perdue faute de connaissances personnelles sur le sujet.

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Mon voisin

Une femme divorcée avec son enfant de deux ans élabore des idées de suicide

Son voisin est "beau" et peu à peu un rapprochement va s'opérer lui plus dans la vie, l'idée de se laisser une chance elle plus dans les angoisses, un inconfort.

Ecriture moyenne, très atmosphérique et en même temps simple pour une histoire qui est dans le même goût.

Cependant ça reste très couru d'avance, mièvre et peu élaboré.

Déçu donc.
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Mal de pierres

(avril 2007)



L'Histoire commence par "Grand-mère connut le Rescapé à l'automne 1950. C'était la première fois qu'elle quittait Cagliari pour aller sur le Continent."



J'ai aimé le décor de ce livre comme j'aime la Sardaigne. Une île au Sud pourtant rattachée à l'Italie du Nord. Une île méconnue qui déroule ses heures chaudes à l'ombre touristique de Majorque, de la Corse et de la Sicile. Une terre aride, paléolithique. D'ailleurs, Milena Agus, l'auteur italienne, aime dire de sa famille qu'ils sont "sardes depuis le paléolithique". J'en profite pour souligner ici le remarquable chapitre où l'héroïne villageoise découvre la grande ville de Milan. Tellement inimaginable, tellement toute fraîchement arrivée de son village sarde, elle découvre qu'au détour de ruelles – non ici, ce sont d'immenses avenues ! - la ville n'offre aucune rencontre …. Il est encore plus difficile d'être quelqu'un en ville …



J'ai aimé l'héroïne de ce livre. En ces temps et lieux reculés, on suppose que la sensualité est intime. La femme se tait et exécute. Et l'héroïne va trouver son échappatoire, elle devient fantasque …. On la marie quand même. Elle n'aime pas son mari, tourment répandu. Lui fidèle des maisons closes, elle économe, il lui apprend les "prestations". Tout cela est sans importance, tout cela est insignifiant et factuel quand, comme elle, on attend l'Amour ….. Et elle va le trouver !



Vous l'aimerez aussi …

Ce livre est mince et dense comme la vie qu'on rêve d'avoir. Il est un Hymne à la vie intérieure. Il est un hommage à la construction de notre modeste et court passage ici bas. Il est un rappel de notre ignorance des autres, ceux-là mêmes qui marquent leur temps quotidien. Car, que pouvons-nous savoir, vraiment, même des personnes les plus proches ?



Et si les bilans intermédiaires de la vie n'avaient aucun sens …. Menteries, boniments, idées reçues, chacun y va de son point de vue, sauf peut-être la petite-fille de l'héroïne. Elle veut en savoir plus. Et nous découvrons avec elle, et nous ne comprenons cette course folle qu'à la fin du roman, qu'à la fin de sa vie ….



A quelles autres œuvres cela me fait-il penser ?

Sur la transformation intérieure de la solitude, j'ai pensé à Sur la route de Madison, Robert James Waller.



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Une saison douce

Milena Agus est pétrie d’une tendresse bougonne. C’est ce qui fait son charme. Toute son écriture est sarde et le sarde, par définition, est un être à part, renfrogné. Nous plongeons, au cœur d’un village, qui se meurt d’amour, d’attente et qui sombre dans une immarcescible torpeur : les jeunes sont partis et ne reviendront plus. Restent les vieux et les vielles. Même les maisons s’étiolent comme l’amour de ces mères qui espèrent le retour de leurs « petits ». Il va bien y avoir un débarquement, des arrivées, de nouvelles têtes. Pas celles espérées. Milena prend le parti d’évoquer l’invasion des migrants. Et je trouve cette démarche assez courageuse. De l’immigration émerge toujours une évolution insoupçonnée : un essor, des idées, de fulgurantes initiatives, on retravaille notre part d’humanité en acceptant ou en excluant l’étranger. Dans ce village, quasi abandonné, on va à nouveau cultiver la terre, restaurer des maisons, voir des hommes et des femmes s’aimer. Or, que ces nouveaux venus soient noirs ou blancs, sardes ou kurdes, chrétiens ou musulmans, est-ce vraiment l’essentiel ? N’est-ce pas vivre et être heureux qui compte ? Milena Agus se questionne et tente à travers cette émouvante histoire, non pas d’apporter une réponse mais nous confie une solidarité nouvelle qui me laisse sans voix.
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Mal de pierres

A travers le prisme du regard de sa petite fille, nous voyageons en Sardaigne, et découvrons, ce que fût la vie de

sa grand-mère, alors jeune Sarde étrange et mystérieuse pour certains avec un grain de folie pour d'autres.



Un mariage sans amour, qui durera, et sera, lui, un étrange mélange d'ignorance de l'autre et de sensualité partagée

dans les secrets de l'alcôve.



Une belle histoire d'amour, lors d'une cure, avec le Rescapé qui lui laissera un souvenir indélébile.



Et ce fils inespéré, qui deviendra un pianiste de renommée mondiale et donnera à cette grand-mère, cette petite fille avec qui un lien très fort se nouera pour toujours.



Cette petite fille nous la raconte et c'est beau, fort et empreint de tendresse.

Un regard d'amour inconditionnel.



Une question reste posée, cependant ;

Sait-on jamais tout de quelqu'un, si proche soit-il ?



Raphaëlle Rérolle, du Journal le Monde, a dit ceci qui résume à la perfection ce livre :

"Un beau récit tout empreint de mystère et de passion, un style sobre et poétique, concentré, sans ornement, semblable aux murs de granit des maisons sardes".



J'avais déjà lu "Battement d'ailes" de cette auteure que

j'apprécie beaucoup.
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Une saison douce

Drôle de livre, à la fois fable utopiste, conte moral, roman social. Drôle de livre que j’ai dévoré tant j’ai aimé cette façon d’écrire notre monde avec distance et précision, poésie et réalisme, humanité sans mièvrerie. Et s’il s’agit a priori d’une histoire sur les migrants c’est en fait de tous les oubliés de la terre dont nous parle Milena Agus, ceux qui ne connaissent pas l’abondance, la course aux profits, ceux qui regardent le monde tourner sans pouvoir monter dans le manège
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Mal de pierres

Ce court roman dévoile une écriture soignée, ciselée, profonde et concise. L'autrice déploie un récit simple et accidenté. Un parcours de femmes à travers les âges, l'Italie, la Sardaigne, les dominations, l'amour... La forme de la fresque familiale à travers les âges est rigoureusement bien suivie, tout en l'ouvrant sur d'autres champs : la musique, les scènes érotiques, l'évolution de la situation politique et sociale... Ce que j'aime dans ce livre, c'est que tout est lié et pourtant chaque chose se perçoit, se décrypte, se goûte en tant que tel. La sensibilité de l'écriture, la puissance des descriptions et la force des caractères des personnages ; font de ce court roman un moment privilégié avec le lecteur. L'autrice nous montre qu'il est possible de faire "court" sans générer de frustration. L'essentiel est de savoir ce que l'on a à raconter. Cette histoire nous touche, nous questionne, nous révolte, nous confronte aux contradictions de cette humanité mouvante. Une telle littérature lui donne un éclat, une vibration et un supplément d'âme sans pareil.
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Une saison douce

Très beau livre ,si doux, comme son titre . Mais ne vous y trompez pas ! Milena Agus fait de petits livres qui traitent de sujets très forts .

Une petite ville Sarde , endormie dans son passé ,voit débarquer un groupe de migrants et leurs humanitaires . La peur de l'inconnu va tout d'abord engendrer le rejet. Petit à petit une partie des habitants va faire le premier pas vers ce groupe venu d"ailleurs". L'aide va s'organiser . Bon coeur, curiosité, ennui,autant de facteurs qui vont pousser une partie du village à aller voir de plus près qui sont ces étrangers . Des liens vont se créer ,chacun apprenant de l'autre. Mais tout n'est pas rose . Ce bouleversement va faire surgir tous les problèmes que le village avait "avant" . Les jeunes sont partis faire leur vie ailleurs ,fuyant leur propre misère,les vieux sont restés ,oubliant leurs coutumes . Si beaucoup de choses changent pendant cette "douce saison "qu'en restera t'il après le départ des migrants .
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Battement d'ailes

Pour le moment, ce roman s'avère être mon préféré de Milena Agus. Comme toujours, on y retrouve le décor sarde dépaysant et une patte particulière, propre à l'auteure. Trois foyers sont au cœur de cette histoire : la famille de la jeune narratrice dont le grand-père n'a pas sa langue dans sa poche, celle des voisins, nombreuse et pieuse, et la fantasque Madame et ses habits faits mains qui vit seule et tient une maison d'hôtes.



Les promoteurs immobiliers guettent l'occasion de se saisir de cet endroit pour en faire un espace attractif pour les touristes. Mais Madame refuse de vendre, et puisque son terrain est le plus avantageux, le projet bétonné ne peut voir le jour. La jeune fille a beaucoup d'affection pour Madame. A vrai dire en tant que lectrice, je ne suis pas non plus restée insensible à la personnalité de cette femme qui apparaît comme une personne empreinte de gentillesse mais manquant cruellement de respect pour elle-même. Et cela, les hommes l'ont bien compris. Qu'il s'agisse de l'amant 1, de l'amant 2, ou du blessé, tous l'utilisent mais aucun ne veut d'une relation stable avec elle. Madame fait tout pour que l'on l'aime sans y parvenir.



J'ai aimé l'univers dépeint dans ce livre, les personnages fantasques, les touches poétiques de réflexions sur la vie, la chance, l'amour ou la mort. Un bon moment de lecture avec ce roman auquel l'originalité ne fait pas défaut : passages amusants, sensibles, empreints de superstitions, avec des personnages secondaires attachants, tels le fils des voisins, musicien de jazz vivant à Paris ou le grand-père de la narratrice qui dès que quelqu'un l'agace s'exclame qu'il n'en voudrait même pas comme voisine de caveau ! A lire si vous aimez les romans qui sortent un peu de l'ordinaire.
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Une saison douce

Des “envahisseurs” vont permettre à un village sarde qui a perdu son âme de la retrouver. Des tranches de vie et des portrait tendres de personnages divers : de villageois, de migrants et des humanitaires qui les accompagnent. J’ai été très émue par ces portraits, l’autrice ne donne pas de leçon de morale mais elle nous laisse percevoir toute l’humanité de ces personnages très attachants, parfois drôles.
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Battement d'ailes

Milena Agus est surtout connue pour son beau roman « Mal de pierre » dont l'intrigue romanesque a été portée à l'écran avec Marion Cotillard dans le premier rôle. Cette romancière est aussi connue pour faire admirer son ile la Sardaigne.



En l'espèce, « Battements d'ailes » nous donne un aperçu de la beauté de la côte sarde et ce, dès la première page. Je cite « Ici le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d'odeurs […] le printemps resplendit du blanc des fleurs d'amandiers, l'été du rouge des tomates et l'hiver de l'éclat des citrons ».



Ce roman est donc d'abord une ode à la beauté des paysages sauvages qu'il faut protéger à tout prix de la rapacité des promoteurs qui, pour de l'argent, sont prêts à bétonner et enlaidir leur pays.

L'héroïne du livre dite « Madame » est une femme d'environ cinquante ans, propriétaire d'une vaste parcelle idéalement située face à la mer, vivant chichement grâce à sa petite maison d'hôtes. Harcelée par les promoteurs qui lui promettent des sommes faramineuses qui lui permettraient de vivre dans le luxe, elle refuse de leur vendre son coin de paradis. Les deux familles possédant les terrains adjacents campent aussi dans la même position du refus.



C'est une collégienne curieuse et espiègle, voisine et amie de madame, qui nous raconte la vie sur ce bout de terre splendide ravi aux promoteurs. Son récit qui ressemble à un journal ne manque vraiment pas de sel. C'est surtout le personnage de « Madame » qui fascine la jeune narratrice : vieillissante mais encore belle, Madame plait aux hommes et leur donne volontiers son corps sans jamais se faire aimer d'eux, elle est généreuse mais souffre pourtant d'un terrible manque d'amour.



La vie est plutôt âpre pour les personnages de cette histoire mais la jeune narratrice en donne une version rafraichissante, souvent truculente. Très observatrice mais aussi imaginative (elle voit des fantômes dont celui de son père portant des ailes !), déjà consciente du tragique de la vie, elle livre surtout un magnifique portrait de Madame, femme blessée par la vie et les hommes, fantasque et anti conformiste. La jeune narratrice est elle-même est très attachante ainsi que tous les personnages qui gravitent autour d'elle (la tante célibataire universitaire spécialiste de Leibniz, le grand-père philosophe figure rassurante et forte, le charmant petit Pietrino et son grand frère musicien de jazz à Paris…).



Le lecteur prend plaisir à suivre ce récit adolescent à la fois candide et lucide au ton enlevé, souvent caustique, avec une touche de magie très surprenante.



Et l'air de rien, des thèmes importants sont abordés : la solitude, le vieillissement, le deuil, la difficulté d'assumer sa différence, la préservation de la beauté des paysages dans un monde où l'argent est roi.



Je recommande ce livre original, lumineux, dépaysant, au style très inventif dont la fin porte une belle lueur d'espoir en l'Homme.

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