AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Milena Agus (660)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Prends garde

Pour une fois dans l'œuvre de Milena Agus ce roman ne se déroule pas en Sardaigne mais dans les Pouilles. Cette originalité pour L'auteure est doublée par le fait que ce livre offre aux lecteurs une double lecture. Il y a le roman, et si l'on retourne le livre,on découvre un documentaire très complet écrit par Luciana Castellina, journaliste et écrivaine " figure de la gauche italienne". J'ai choisi de commencer par le documentaire pour bien m'imprégner du climat social et politique de cette région d'Italie en 1946 et avoir ainsi des éléments objectifs sur l'évènement qui fait l'objet du roman. Mais,chacun son choix! Tout est possible. Ainsi que le souligne M.Agus,la complexité de cette période où se mêlent les cicatrices de la guerre,la déception de ce qui en suit, la pauvreté extrême du peuple, l'émergence d'une révolte paysanne face aux propriétaires terriens,aurait pu donner matière à mille sujets de fiction. Elle a choisi l'intime en se penchant sur le microcosme des sœurs Porro,presqu'imperméables au chaos social qui les entoure. La narratrice est l'amie ambiguë de ces soeurs. Elle fait la chronique d'un drame prévisible... Bien qu'elle interroge l'injustice et la violence tout autant que les normes ridicules et alienantes, Milena Agus, à travers cette femme,prend plaisir une fois encore , à mettre en valeur un personnage à la marge qui vit davantage de ses rêves que dans l'acceptation d'un monde qui ne lui correspond pas. Lorsque le drame arrivé,il agit comme un révélateur pour cette femme : il faut agir,il n'est pas tolérable d'être simple spectateur,on doit contribuer à changer le monde.

Commenter  J’apprécie          260
Une saison douce

Des migrants arrivent dans un petit hameau oublié de Sardaigne où les habitants vivotent de la culture de l’artichaut. Les jeunes sont partis à la ville, les autochtones vieillissent dans l’ennui et laissent les choses aller. L’arrivée de ces « envahisseurs » les bouleverse et remet leur quotidien en branle. Les envahisseurs, eux aussi, sont mécontents. Ce n’est pas dans un village qu’ils souhaitent vivre après tout le mal qu’ils se sont donnés pour venir jusqu’en Europe. Voilà recréé le microcosme de notre société. Les jours passent et chacun apprivoise l’autre petit à petit jusqu’à créer une nouvelle communauté, solidaire. Jusqu’au jour où « les envahisseurs » peuvent repartir vers un nouvel horizon, peut-être plus propice à leurs voeux. Dommage, on aurait presque aimé que le conte finisse bien. En tous les cas, merci à Milena Agus d’avoir écrit ce roman du réveil de la solidarité. Tout le temps de ma lecture, j’ai eu l’impression de vivre au milieu de tous ses personnages très attachants.
Commenter  J’apprécie          10
Une saison douce

La vie d'un village délaissé du sud de la Sardaigne est perturbée par l'arrivée d'un groupe de migrants. D'abord méfiantes vis à vis des envihasseurs, les femmes du village tissent progressivement un lien privilégié avec ces nouveaux arrivants.

J'ai bien aimé ce roman qui est assez drôle malgré le sujet de départ, et évite tout pathos. J'étais un peu gênée par la redondance du "nous" utilisé par la narratrice, mais c'est en fait ce qui permet de mettre l'accent sur les personnalités individuelles des réfugiés et de renverser le point de vue.
Commenter  J’apprécie          60
Une saison douce

A partir d'un sujet dramatique et polémique, faisant un pas de côté, l'auteure nous offre une fable, un conte, un moment de lecture doux et malicieux à la fois !

J'ai aimé les personnages extravagants, fantaisistes, me rappelant un peu ceux d' « Amélie Poulain »,

et le regard à la fois sarcastique et plein d'indulgence porté sur tous leurs travers,

J'ai aimé le message d'acceptation des différences entre générations, entre origines géographiques ou sociales,

J'ai aimé le discours décalé et rafraichissant sur les religions

Le tout amené au fil des pages avec un ton impertinent et espiègle qui m'a souvent fait sourire

Un peu de douceur dans un monde de brutes, même le temps d'une saison, je ne dis jamais non…
Commenter  J’apprécie          20
Une saison douce

Des "envahisseurs" arrivent à la nuit tombée dans un village reclus de Sardaigne spécialisé dans la culture de l'artichaut et de la biomasse.

Après la méfiance et le rejet, quelques femmes entre deux âges se rapprochent de ces migrants et de leurs humanitaires.

Une aide s'organise, d'abord sommaire puis plus conséquente. Des liens se tissent, d'autres Sardes, les hommes, se dérident et s'investissent.



Ces villageois atones, abandonnés de leurs enfants partis au loin, vont sortir de leur léthargie et de leur monoculture, pour découvrir une autre réalité, bien plus tragique que la leur. Une réalité qui va bousculer leurs préjugés et leurs croyances.



C'est un roman plein d'humanité, mais le style bavard et détaché, le choix narratif (utilisation du "nous les femmes"), m'ont un peu laissée en marge de cette histoire et de ces personnages.

Sans tomber dans le larmoyant dégoulinant, j'aime un peu plus d'émotion. Question de gout…


Lien : https://carpentersracontent...
Commenter  J’apprécie          81
Une saison douce

Une de mes autrices chouchous ! Livre après livre elle construit une œuvre très intéressante. J’aime son humour et les portraits qu’elle fait, notamment ceux des femmes sardes. Elle a un talent de conteuse.

Un petit village perdu en Sardaigne voit débarquer un groupe de migrants accompagné d’humanitaires. On les installe dans une maison en ruine. On les observe. On les regarde de travers. Très vite il va y avoir deux camps, les villageois qui les côtoient et les aident, et les villageois qui ne veulent pas d’eux. Sorte de huis-clos où tous les deux camps mais aussi les migrants et les humanitaires s’observent et trouvent la situation de l’autre absurde.

Milena Agus ne donne pas de détails sur leur vie d’avant, on sait juste qu’ils veulent aller en Europe et que pour eux la Sardaigne ne ressemble pas à l’Europe.

Un groupe de femmes du village prend « les envahisseurs » en affection. Tous les jours elles viennent les voir, leur apportent des objets et les aident pour rénover la maison, commencer un jardin. Un quotidien, des habitudes se mettent en place. Ce sont elles qui nous raconte l’arrivée des « envahisseurs » et les réactions des uns et des autres. Ils essayent de fêter Noël ensemble alors qu’ils n’ont pas la même religion, culture. Les jeunes ayant désertés le village, les sardes se sentent seuls. Que se passera-t-il le jour où les migrants repartiront ?

Un roman truculent !

Si vous ne connaissez pas ses romans, je vous conseille de commencer par un autre que celui-ci. Lisez d’abord « Mal de pierre ».
Lien : https://joellebooks.fr/2021/..
Commenter  J’apprécie          50
Battement d'ailes

Je continue ma découverte de Milena Agus par ce " Battement d'ailes" qui me confirme la soif de liberté que ses personnages incarnent, mais aussi leur soif d'amour toujours associée à une profonde tristesse exprimée de bien diverses façons. L'entraide,le respect de la différence,le sentiment de marginalité,voire d'exclusion transparaissent toujours également dans ses histoires. Quant au décors,nous sommes sous le soleil,les senteurs et couleurs de la Sardaigne,terre natale de L'auteure. Sa plume est légère comme le regard simple et pur ( et non simpliste!) de ses personnages, poétique et sensuelle et parfois même crue,car le plaisir charnel fait partie de l'amour de 7 à 77 ans,de Cagliari à Paris !

Ici, c'est à partir du regard d'une adolescente de 14ans que nous partons à la rencontre de " Madame", personnage principal du roman. Une belle personne comme Milena Agus sait donner vie. Suffisamment affirmée pour tenir tête aux promoteurs et refuser une richesse financière qui viendrait détruire ses valeurs , mais aussi vulnérable au point d'être l'objet des hommes en qui elle recherche désespérément l'amour.

Elle a ce petit grain de folie,pas toujours facile à assumer mais qui offre de la magie à la vie et qui finit par faire croire aux miracles. Autour d'elle chaque personnage se dévoile avec ses rêves,ses fragilités,ses forces qui transforment progressivement l'image réductrice qu'on pouvait avoir d'eux initialement. Avec singularité et absence totale de niaiserie , c'est une fois encore une magnifique leçon d'humanité dont nous fait cadeau Milena Agus.
Commenter  J’apprécie          272
Une saison douce

Que représente la vie des autres à nos yeux d'occidentaux?

Milena Agus nous fait partager avec "Une saison douce" une période transitoire d'un village abandonné de Sardaigne.

Des migrants et leurs humanitaires viennent s'installer dans le hameau délaissé par la jeunesse.

Les premiers contacts seront ceux des femmes sardes qui désirent apporter du confort aux malheureux africains en guenilles.

Puis peu à peu La Ruine, lieu de séjour pour les réfugiés va devenir une plaque tournante d'échanges réciproques.

La restauration de bâtiments, la création d'un potager, la réhabilitation du terrain de foot vont amener les villageois à ouvrir les yeux sur leurs négligence devant des hommes dépourvus de tout. La réciprocité fera revivre le hameau et un espoir de vie nouvelle pour les migrants.

Avec la galerie de portraits, Milena Agus mêle avec talent les différentes cultures et mentalités qui font la richesse de l'humanité.

Une histoire positive qui présente une autre réalité que celle des médias à l'heure actuelle.
Commenter  J’apprécie          250
Quand le requin dort

"Quand le requin dort" est ma première lecture de Milena Agus et c'est aussi son premier roman alors je vais lui donner des circonstances atténuantes pour son manque d'intérêt car j'ai trouvé ce livre très mauvais.

La narratrice est la fille d'une famille sarde, les Sevilla-Mendoza dont chaque membre peine à vivre. J'ai l'impression que Milena Angus veut parler d'amour à travers des personnes qui ne savent pas aimer mais elle s'y prend très mal.

Le père abandonne sa famille, la mère se suicide, la tante collectionne les échecs amoureux... et surtout la narratrice vit une expérience sadomasochiste dont les descriptions sont assez écœurantes. Je ne comprends pas pourquoi elle insiste sur la description de scènes de torture et d'humiliation. Aucune sensualité dans tout ça comme c'est indiqué sur la quatrième de couverture, rien que de la violence gratuite et je n'aime pas ça.

Et puis cette référence permanente à Dieu qui est génial ou qui n'existe pas est très agaçante.

Je trouve que rien ne fonctionne dans ce roman et que sa construction est bancale. Sous couvert d'originalité, Milena Agus raconte n'importe quoi dans une grande confusion.

J'ai réussi à lire ce roman jusqu'au bout parce qu'il est court, espérant un rebondissement sur la métaphore du requin qui emprisonne l'existence et la narratrice qui veut se faufiler entre ses dents quand il dort pour découvrir que le monde est beau. Espoir déçu car ce livre ne renvoie que de la laideur.





Challenge Plumes féminines 2021

Challenge Riquiqui 2021

Challenge Cœur d'artichaut 2021

Commenter  J’apprécie          110
Une saison douce

« Une saison douce » : Milena Agus (Liana Levi, 165 p)

Dubitatif… Je ne sais pas trop quoi en penser, ni même ce que je ressens précisément…

Un groupe de migrants subsahariens et syriens débarque un beau jour, accompagné de quelques humanitaires, dans un petit village pauvre et qui se meurt lentement, en Sardaigne, après un périple dont on imagine les horreurs. Ils sont d’emblée perçus comme des envahisseurs, et nommés comme tels, y compris par la narratrice qui parle au nom d’un groupe de femmes (Milena Agus évoque en exergue le « chœur des villageoises »). Mais, ensemble, d’abord par curiosité, elles vont dompter leur peur, à l’étonnement ou la colère de leurs maris et d’autres habitants qui se barricadent dans un rejet épidermique. Puis s’approchant de plus en plus de la ruine qui a été accordée par les autorités locales dans l’attente d’une assignation à un autre lieu « ailleurs en Europe », elles aident comme elles peuvent, partageant du temps, des moments de vie dans cette communauté rurale qui se meurt si tristement depuis que toute jeunesse a fui. Pendant des mois, des pauvres accueillent ainsi des plus pauvres et plus meurtris qu’elles, tous fabricant ensemble de la joie et du lien, même si toute méfiance ou incompréhension ne s’estompe pas totalement dans chaque camp.

C’est une belle fable, simple comme un conte de Noel pour enfants sages, optimiste, généreuse, et tout et tout. Mais cette historiette, malgré toute son incontestable et bienveillante magnanimité, (et donc que, au vu du thème, j’ai lu moi aussi avec une certaine bienveillance jusqu’au bout, pour voir où elle allait nous amener), ne m’a guère emballé, ni même vraiment ému. L’histoire est somme toute assez lisse, et l’écriture assez fade, sans trouvaille ni originalité, sans véritable poésie. Je n’ai pas retrouvé la magie des premiers textes de Milena Agus (« Mal de pierres », « Battements d’ailes », « Quand le requin dort »…) Comme si la source à laquelle puisait l’auteure s’était tarie ?

Commenter  J’apprécie          40
Battement d'ailes

Ce livre traîne dans ma PAL depuis très longtemps, je l’ai sans doute acheté dans la foulée de la lecture de Mal de pierres. Sa couverture me plaît beaucoup et je me suis rendu compte que Milena Agus me l’a signé : aucun souvenir et aucune date… c’était peut-être au Salon du livre de Paris ou à la Foire du livre de Bruxelles. Elle a écrit en italien : « Tant de magie et rien ne fait peur. »



Nous sommes en Sardaigne, dans la propriété de Madame, qui résiste envers et contre tout aux promoteurs immobiliers qui veulent acheter ce dernier morceau de maquis du coin pour y construire un village de vacances en béton. « Notre position est 39°9’ au nord de l’équateur et 9°34’ à l’est du méridien de Greenwich. Ici, le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d’odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés au maquis qu’on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le printemps resplendit du blanc des fleurs d’amandiers, l’été du rouge des tomates et l’hiver de l’éclat des citrons. « Malgré l’âpreté des éléments et la difficulté de vivre parfois, Madame vit, Madame se préoccupe des autres, de ses voisins aux nombreux enfants, de ses amants qu’elle tente de retenir. Madame, cet être fantasque et original, cherche à être aimée, elle cherche le bonheur et glisse un rituel de magie dans tous les actes de son quotidien.



Madame subjugue la narratrice, une adolescente de quatorze ans, dont le père est parti et la mère malade. Son grand-père est le meilleur ami de Madame et la raccroche sans doute à la terre quand ses rêves d’amour se fracassent. La nuit, la jeune fille sent autour un battement d’ailes, la présence mystérieuse de son père disparu.



Il y a de la magie, voire de l’ésotérisme, un mélange aussi d’érotisme et de rudesse, une nature qui ne vous donne qu’une envie, celle de goûter au soleil et à la mer sur la côte sarde, limite d’accepter de porter des robes frustes pour goûter les tomates de Madame. Il y a aussi la transmission d’un héritage immatériel fait de nature et de vent, de murets en pierre et de sel de mer, un goût de résistance et de naturel qui vous apaise. Et il est bon de goûter à de tels moments.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          120
Mon voisin - Comme une funambule

Mon voisin suivi de Comme une funambule - Milena Agus - Nouvelles - Éditions Liana Levi Piccolo - Lu en mai 2021



Un petit mot sur l'autrice, Milena Agus, cette inconnue sarde, enthousiasme le public français en 2007 avec "Mal de pierres". le succès se propage en Italie et lui confère la notoriété dans la trentaine de pays où elle est aujourd'hui traduite. En 2008 elle publie "Battement d'ailes", en 2010 "Quand le requin dort, en 2012 "La Comtesse de Ricotta" et en 2015 "Prends garde"



Mon voisin est traduit par Françoise Brun et Comme une funambule est traduit par Dominique Vittoz



La photo de couverture est de Denis Hoch, une superbe photo dans des tons bleutés et verts représentant des branches d'olivier.



Mon voisin



La Sardaigne, le village de Cagliari, la chaleur écrasante, une maison de l'autre côté du mur, un jardin, un appartement dont le balcon jouxte le mur.



Dans l'appartement, une femme, belle, et son petit garçon de deux ans, muet



Dans la maison, un homme, le voisin, et son petit garçon, plus âgé que le bambin de l'appartement.



Le décor et les personnages sont plantés.

Nous ne connaîtrons pas leurs noms ni leurs prénoms.

C'est simplement "le père et son fils" et "la maman et son fils"



Une rencontre improbable entre ces quatre personnages, la maman est la narratrice.



Elle, ne songeant qu'au suicide parfait, parfait dans le sens où il passerait pour un accident.



Lui, ne songeant qu'à survivre aux multiples maladies qu'il a peur d'attraper.



Deux enfants totalement différents, l'un, petit bonhomme qui à 2 ans ne parle pas ni ne marche. L'autre, gamin hyperactif, envahissant, sans gêne, un feu follet.



Ce petit monde va se croiser, se rencontrer, se parler, s'échanger leurs pensées. le petit garçon va-t-il parler et marcher ? Que va-t-il se passer dans ce couple étrange ? La maman va-t-elle mettre son projet à exécution ?



Cette courte nouvelle dans laquelle Milena Agus raconte ces 4 êtres en recherche d'amour, ces 4 êtres avec leurs fragilités, chacun d'entre eux plongés dans leurs doux délires avec une plume haute en couleur, où l'humour côtoie la tendresse, la sensualité, le chagrin, le tout se mêlant pour en faire une histoire de tous les jours sous la chaleur de la Sardaigne.



J'ai franchement aimé me balader dans le monde entre rêve et réalité de Milena Agus.



Comme une funambule



Milena Agus nous confie d'une manière tout à fait sincère et en toute simplicité son avis sur ses talents d'écrivaine, sur son impatience dans l'écriture, sur sa préférence pour les nouvelles, sur la gratitude qu'elle a envers ceux qui s'intéressent à elle, sur son rapport avec l'argent, sur sa timidité, sur le succès qui ne l'intéresse pas, quelle n'attend pas.



Milena Agus ouvre son coeur aux lecteurs-trices, ce qui me l'a rendue très sympathique de par l'honnêteté de ses propos désarmants.



J'ai vraiment aimé ce moment intime avec Milena Agus.



Commenter  J’apprécie          12520
Une saison douce

Un village de modestes paysans, des réfugiés échoués par erreur sur les côtes de la Sardaigne, des humanitaires sans grands moyens d’assistance...

Mélangez tout cela pour observer un microcosme bigarré et hétéroclite qui va trouver un équilibre dans la chaleur amicale de quelques mois, où chacun apprend à se connaître.



De la thématique des migrants, Milena Agus fait un conte contemporain qui, par petites scénettes de vie, touche à l’humanité des êtres dans le dénuement, le partage, l’entraide, l’ingéniosité pour survivre et la curiosité à se comprendre.



Entre le monde moribond de la paysannerie de la Sardaigne qui a vu partir tant de ses enfants vers d’autres pays, et des étrangers en quête d’un Eden possible, l’équilibre se crée par un dynamisme commun et le bonheur des petites choses.

Raconté par quelques femmes sardes, pestiférées de leur village pour oser pactiser avec les envahisseurs, le quotidien se raconte en confrontant les modes de vie, les épreuves vécues, et les croyances religieuses de chaque camp. Avec un humour décalé et un œil légèrement caustique se glisse une petite pointe de réflexion philosophique pragmatique.



L’intelligence du cœur est présente dans chaque page, constituant un récit doux-amer qui se lit avec grand plaisir.

Un roman empli de bienveillance dans le partage, qui évite le piège du pathos tout en se faisant discrètement militant.

Commenter  J’apprécie          220
Mon voisin

Ce texte est très court, l’histoire évolue lentement, sous le soleil de Cagliari. Les lieux et le climat ensoleillé sont bien rendus, et la chaleur de l’été va bien au rythme du récit. Le sujet, c’est la rencontre de deux être très différents, une jeune mère célibataire qui songe au suicide et un père divorcé à tendance hypocondriaque. Peu à peu un complicité se crée, leur état d’esprit évolue, une histoire d’amour s’installe en douceur, à l’opposé du coup de foudre. Ce récit repose sur beaucoup d’implicite, il n’y a pas beaucoup d’éléments sur le contexte dans lequel vivent ces deux personnages. Cela donne un certain charme, mais c’est peut-être aussi le point faible. Je ne connaissais pas cet auteur, et en tout cas cela donne envie de découvrir d’autres textes d’elle.
Commenter  J’apprécie          100
La comtesse de Ricotta

J'avais beaucoup aimé « Mal de pierres », ce beau souvenir restait en moi et m'a amenée à renouer avec la prose de Milena Agus.



« La comtesse de ricotta » nous conte, dans une atmosphère remplie de nostalgie mélancolique, avec délicatesse la splendeur passée d'une grande famille de Cagliari dont le palazzo se délabre.



Les trois sœurs vivent différemment la perte de la splendeur familiale, les appartements ont été vendus pour ne pas sombre financièrement, elles vivent dans les trois appartements dont elles sont toujours propriétaires.



Noémi, avocate de renom, s'accroche à l'idée de renouer avec le passé et espère pouvoir racheter ce qui a été vendu. Elle vit seule, célibataire, avec l'espoir de rencontrer l'amour de sa vie.



Maddalena est mariée, coud merveilleusement bien et ne vit que pour enfanter un jour. Les plaisirs charnels n'ont qu'un seul but : être enceinte. Elle ne ménage pas ses efforts et entoure de sensualité son époux.



Puis on rencontre la benjamine dite la comtesse de Ricotta, si fragile qu'elle ne va jamais au bout de ses projets. Tout lui échappe des mains, la catastrophe n'est jamais bien loin. Elle élève seule son petit garçon Carlino, avec lequel personne ne veut jouer parce qu'il est décalé et étrange. On pourrait le croire simplet mais on sait qu'il ne l'est pas. Il est simplement différent comme sa maman la Comtesse de Ricotta. Toute petite elle s'intéressait aux misérables, aux contrefaits, à ceux qui vivent aux lisières du monde. Plus tard elle gardait les enfants des femmes pauvres pour qu'elles puissent travailler, la Comtesse de Ricotta devenait alors nounou gratuite au grand désespoir de ses sœurs. Fragile, maladroite, empathique et désespérée de n'arriver à rien.



Pourtant l'espoir demeure : de l'autre côté du mur le voisin, sans se montrer, communique avec Carlino et sa mère. L'amour se trouve-t-il derrière ce mur ?







Milena Agus nous fait glisser, mine de rien, dans un récit au charme incroyable : en quelques phrases, nous sommes dans un autre monde, celui d'un palazzo nobiliaire qui s'effrite dans la mélancolie. La Sardaigne est flamboyante dans les descriptions des paysages que l'on peut admirer depuis la colline du Castello, quartier médiéval où se dresse le palazzo des comtesses. La Sardaigne revêt le voile nostalgie d'un passé révolu quand nous suivons les méandres des sentiments et pensées des trois sœurs.



Leur quête est identique bien qu'elle emprunte des chemins différents, accordant autant de désillusions que d'espoirs. Parfois la tentation est forte de tout laisser tomber et de disparaître dans le bleu de la mer ou le vide de l'oubli. Souvent la vie et ses inattendus redonnent des couleurs au récit, à cette histoire désarmante qu'il nous est impossible de voir triste.



L'idéal n'existe pas sauf dans les contes. Sa quête ne peut apporter de plénitude puisque jamais la satisfaction n'est au rendez-vous. L'amour idéal est un leurre dont le voile obstrue le champ de vision : tant que nous sommes à sa recherche, nous errons sans fin, nous accommodant, peu ou prou, de petits arrangements avec la réalité. Noemi se retrouve confrontée à cela lorsqu'elle rencontre le neveu de leur ancienne gouvernante qui restaurera la façade de la cour intérieure du palazzo.







« La comtesse de Ricotta » se lit et se découvre entre les mots, dans ces espaces silencieux où la rêverie du lecteur est accueillie à bras ouverts. Chacun a une part « ricotta » en soi, une fragilité intrinsèque à assumer ou à dissimuler.



La poésie est présente, elle rythme le récit et lui apporte une lumière tendre et émouvante. Nous naviguons sur cette part merveilleuse laissée au rêve et ce n'est que joie en ces temps qui en manquent beaucoup.
Lien : https://chatperlipopette.blo..
Commenter  J’apprécie          40
Terres promises

De terre promise en terre promise, Milena Agus suit les déplacements d'une famille qui, partie de Sardaigne, passée par Milan, revenue au village natal, reparti à Cagliari et exilée à New York, cherche le périmètre de son bonheur. Dans Terres promises, le roman familial se construit sur les errements de personnages en quête de leur zone de quiétude dans une Sardaigne qui, coincée entre archaïsmes, traditions et superstitions, s'ouvre à la modernité au fil des époques. Malgré un sujet universel, Agus, avec ce texte magnifique, continue d'explorer l'âme sarde
Commenter  J’apprécie          10
Mal de pierres

Dans ce roman il me semble que la narratrice, tout en lui rendant hommage, réhabilite sa grand-mère aux yeux de la société. Une femme que tout le monde tient pour folle et qui se trouve juste être une femme passionnée et déterminée à vivre sa vie comme elle l’entend.
Commenter  J’apprécie          00
Mal de pierres

J'ai été agréablement surpris par le style d'écriture et le mode de narration. La lecture n'est pas toujours fluide ni facile, mais une atmosphère originale se dégage de ce court roman. Beaucoup de liberté par rapport aux codes classiques des romans d'amour et des romans labellisés "Italie-pauvre".

Ce texte m'a fait penser aux livres de Goliarda Sapienza, L'art de la joie en particulier.

Très bien rendu par le beau film de Nicole Garcia.

Dans la postface "Comme une funambule" M.Agus décrit sa relation à l'écriture, d'une façon que j'ai trouvée attachante.
Commenter  J’apprécie          70
Une saison douce

C'est une étrange fable que nous conte Milena Agus dans Une saison douce. Un huis clos se déroulant dans un petit village sinistré de Sardaigne, avec un arrière-plan de fantômes. Les ombres mouvantes, qui se déplacent en silence comme derrière un écran de fond de scène, sont les « envahisseurs », des Subsahariens, de ceux qu'on nomme habituellement les migrants. Seuls quelques-uns passeront de l'autre côté et deviendront, un tant soit peu, protagonistes de cette histoire. D'eux, on ne saura pas grand-chose. Sauf exception, telle cette jeune femme, violée sur le chemin, qui donne naissance à un enfant métis. Mais cela reste aimable, au détour d'une phrase. Elle a subi des coups durs mais reste gaie, nous dit-on. Comme un autre Noir, qui s'occupe du jardin. Il a été séparé de ses enfants. Il les cherchera dès que ce sera possible. La narratrice doute qu'il les retrouve un jour. de cette dernière, comme des autres villageoises, on ne sait pas grand-chose non plus, c'est un magma indifférencié d'où émergent à peine quelques têtes.

Il y a le « nous » des femmes du village, qui se décident à aider ceux qui ont été posés là, il y a le « eux », indifférencié, des envahisseurs. Et entre les deux groupes, se trouvent les « humanitaires », ceux qui ont les contours les plus nets ; ceux qui se meuvent individuellement, avec leurs émotions et leurs rêves, dans ce brouillard essentialisé. Les histoires qui vont se croiser ici sont celles qui adviennent entre ces derniers. Ou entre les villageoises et eux, dans un temps suspendu qui réveille ces femmes que leurs enfants, partis depuis longtemps, ne viennent plus voir. Tandis que quelque part, en zone limitrophe, se meuvent des « Blancs » hybrides, un homme syrien que les femmes sardes trouvent « beau comme Omar Sharif » – il s'exprime, son corps est animé, sa compagne existe dans son prolongement –, ainsi que son neveu et un gosse arabe rétif, et la jeune Noire à l'enfant. Ces six-là, contrairement aux autres, ont des prénoms. Puis il y a les « autres », ceux qui rejettent, qui sabotent le jardin et voudraient bouter dehors les envahisseurs, dont on ne sait rien.

(...)

Les choses se tissent donc entre Sardes. Ceux qui vivent dans le village et les humanitaires qui s'occupent des migrants. On pourrait le croire, en tout cas. Mais, finalement, se tisse-t-il vraiment quelque chose ? Quand lesdits envahisseurs, transbahutés comme des ballots, seront transférés, les humanitaires partiront avec eux. Que feront alors les villageoises, prises dans ce même magma, à peine plus différencié, ce même abandon ? Celles dont on apprend au détour d'une phrase que leurs maris préfèrent les belles africaines ? Redeviendront-elles des « ombres les unes pour les autres » ?

« L'arrivée des envahisseurs nous avait changées : nous avions besoin d'horizons plus vastes et les collines alentour, malgré leurs courbes douces, nous firent soudain l'effet de murailles. »

Oui, Milena Angus signe une étrange fable. Et on se dit en refermant le livre qu'il faut que les humains aient la mémoire bien courte pour que les habitants de la Sardaigne, île qui a vu se succéder tant d'oppresseurs et de tyrans au cours des siècles, qui a subi tant de razzias, de saccages et de massacres, pour que les gens de France et d'Europe qui, croyait-on, gardaient souvenance du bruit des bottes nazies, de la terreur et des camps de la mort, en viennent à laisser mourir femmes, hommes, enfants en mer et nommer envahisseurs des survivants qui demandent le statut de réfugiés.



Kits Hilaire pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/une-..
Commenter  J’apprécie          1075
Mal de pierres

J'ignore si ce roman possède une once d'histoire familiale mais le style est tellement agréable qu'on plonge avec passion dans la vie de cette famille sarde, étrange et envoutante. La grand mère malade depuis toujours, un peu folle aux dires de la famille, le grand père homme torturé mais si tendre avec sa femme dont on dit qu'il l'a épousée par devoir, le fils virtuose du piano et la petite fille réceptacle des confidences de sa grand mère... on finit par tous les aimer, différemment, passionnément. Jusqu'au dénouement si étonnant !
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Milena Agus Voir plus

Quiz Voir plus

François le bossu de la Comtesse de Ségur

Comment s'appelle la cousine de Christine ?

Françoise
Gabrielle
Christine
Bérangère

10 questions
17 lecteurs ont répondu
Thème : François le bossu de Comtesse de SégurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}