AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Yôko Ogawa (1406)


- Si on fait le calcul, le nombre de transcriptions ( de parties d'échecs ) possible est de 10 puissances 123. Il y en a plus que le nombre de particules qui forment l'univers.
- C'est vrai ?
Apparemment surprise, Miira leva les yeux vers le ciel. Derrière la cime des arbres quelques étoiles étaient encore allumées.
- Alors, jouer aux échecs, c'est peut-être comme si on marchait en voyageant d'étoile en étoile, tu ne crois pas ?
Commenter  J’apprécie          230
- Conserver les choses, c'est beaucoup plus compliqué que je ne l'imaginais.
- C'est normal. En général, si on les néglige, elles finissent par tomber en poussière. Les insectes, les moisissures, la chaleur, l'eau, l'air, le sel, la lumière, tout est néfaste. Tout tend à la décomposition du monde. Rien n'est immuable.
Commenter  J’apprécie          230
-On peut exprimer les nombres parfaits comme la somme d'une suite de nombres naturels.
6=1+2+3
28=1+2+3+4+5+6+7
496=1+2+3+4+5+6+7+8+9+10+11+12+13+14+15+16+17+18+19+20+21+22+23+24+25+26+27+28+29+30+31
Il tendait son bras au maximum pour écrire la longue addition. La ligne s'étirait, simple et conforme aux règles. Il n'y avait aucun gaspillage, elle débordait d'un tension aiguisée et pure qui engourdissait. Les formules obscures de la conjecture d'Artin et l'addition qui suivait les diviseurs de 28, le tout fondu ensemble nous encerclait. Chaque chiffre formait un des points qui, reliés l'un à l'autre, constituaient la délicate dentelle qui nous entourait. Je n'osais pas bouger, de peur qu'un mouvement d'inattention de mes pieds n'effaçât un seul de ces chiffres.
On aurait dit alors, que le secret de l'univers se révélait à nos yeux. Le carnet de Dieu était ouvert à nos pieds.
Commenter  J’apprécie          230
Il n'était déjà plus un vieil homme fragile, ni un savant abîmé dans ses réflexions, mais le protecteur légitime d'un petit être. Leurs profils se rapprochaient, se superposaient, formaient une seule ligne continue.
Commenter  J’apprécie          220
C'était notre première excursion à deux avec l'intention de passer une nuit à l'extérieur, mais malheureusement, on ne peut pas dire que ce fut un voyage romantique. En cours de route, elle a été victime du mal des transports et je n'ai pas cessé de lui frotter le dos, à tel point que ma main droite en était tout engourdie.
Commenter  J’apprécie          222
Si elle est supérieure, on parle de nombre abondant, de nombre déficient si elle est inférieure.
Vous ne trouvez pas que ce sont des appellations réellement lumineuses ? Pour 18, c'est 1 + 2 + 3 +6 + 9 = 21, alors c'est un nombre abondant.
Pour 14, c’est 1 + 2 + 7 = 10, c'est donc un nombre déficient.
J'imaginai 18 et 14. Après avoir écouté les explications du professeur, ils n'étaient déjà plus de simples nombres. 18 portait en secret un lourd fardeau, 14 se tenait immobile devant le vide créé par le manque.
Commenter  J’apprécie          220
Il règne toujours la même odeur dans les patinoires, questionnais-je, cette odeur de lac qui vient tout juste de geler, le calme étant revenu à la surface après le passage d'un vent invisible?
Commenter  J’apprécie          220
Malgré le long voyage que j'avais fait, le gouffre de sa disparition était toujours là. Immobile, silencieux, comme rempli de l'eau stagnante de l'absence. (...)
Mon moi sanglotait à l'extérieur,, alors que dans mon coeur j'étais tout simplement perdue, immobile au bord du gouffre. (p. 80)
Commenter  J’apprécie          221
Le hasard n'est jamais un allié. Même les rencontres pour lesquelles on pense avoir eu de la chance ne sont pas dues à un hasard tombé du ciel, mais à la propre force du joueur. Sur l'échiquier apparaît tout du caractère de celui qui déplace les pièces, dit le maître du ton docte de celui qui lit un serment. Sa philosophie, ses émotions, son éducation, sa morale, son ego, ses désirs, sa mémoire, son avenir, tout. On ne peut rien dissimuler. Les échecs sont un miroir qui donne une idée de ce qu'est l'homme.
Commenter  J’apprécie          220
La voix chaude du violoncelle semblait flotter vers moi comme s'il me serrait dans ses bras. Peut-être à cause du vent qui soufflait, de temps en temps le son se mettait à trembler comme s'il était sur le point de disparaître, sans que pour autant l'archet arrêtât de glisser sur les cordes.
Tout autour et jusqu'à l'horizon, il n'y avait rien d'autre que le rouge des coquelicots. Les tiges se courbaient et les pétales oscillaient au rythme de la musique.
Commenter  J’apprécie          220
- Toi, évidemment, tu as l'odeur de quelqu'un qui écrit.
- C'est désagréable ?
- Non, au contraire. À la base, il y a le papier. Des cahiers remplis de mots qui se bousculent. D'épais dossiers conservés dans un coin de bibliothèque. Une librairie presque déserte en fin d'après-midi. Avec un mélange de gomme et de mine de crayon.
- Tu connais tout de suite le métier des gens que tu rencontres pour la première fois ?
- Ça dépend. [...]
- On dirait un diseur de bonne aventure.
- Mais non. Je ne peux pas prédire l'avenir. Le parfum est toujours dans le passé, vois-tu.
Commenter  J’apprécie          220
Regardez cette merveilleuse suite de nombres. La somme des diviseurs de 220 est égale à 284. La somme des diviseurs de 284 est égale à 220. Ce sont des nombres amis. C’est une combinaison très rare. Fermat ou Descartes n’ont réussi à en trouver qu’une paire chacun. Ces nombres sont liés par la grâce d’un arrangement divin.
Commenter  J’apprécie          220
Une autre merveille de l'enseignement du professeur était l'utilisation généreuse qu'il faisait de l'expression de ne pas savoir. Ne pas savoir n'était pas honteux, car cela permettait d'aller dans une autre direction à la recherche de la vérité. Et pour lui, enseigner la réalité qu'il y avait là des possibilités intactes était presque aussi important que d'enseigner des théorèmes déjà démontrés.
Commenter  J’apprécie          212
J'eus l'impression qu'ils étaient enlacés. Ils étaient plongés dans un profond bonheur, très éloigné du lieu auquel lui et moi avions eu accès. Ils n'avaient pas besoin de plaisir physique. Et cruellement, en un instant ils venaient de me le faire comprendre. Je me sentais misérable d'être arrivée par hasard en pleine célébration secrète.
Commenter  J’apprécie          210
Quand j'ai entendu dans mes écouteurs la lecture des otages, le flot qu'elle évoquait en moi était le vert de la procession des fourmis coupeuses de feuilles. A l'instant où j'ai perçu la résonance de la langue japonaise, la silhouette des trois visiteurs que j'avais complètement oubliés me revint avec fraîcheur, pendant que le cortège des fourmis coupeuses de feuilles se mettait en route.
Tout en transportant quelque chose qui dépassait largement leurs corps, elles ne manifestaient pas la moindre souffrance, au contraire : non, tout va bien, je vous en prie, ne vous inquiétez pas, avaient-elles l'air de dire tout en avançant. Aucune ne faisait mine de regarder ailleurs, de vouloir se vanter ou devancer les autres. Elles savaient toutes que c'étaient naturellement leur rôle. Au fond d'une forêt fermée par les arbres, un flot vert ininterrompu s'écoulait sans bruit et sans repos. Chacune portait vers un point déterminé l'offrande dont elle était chargée.
C'est ainsi que les otages ont lu chacun leur propre histoire.
Commenter  J’apprécie          210
Tous les pétales sans exception arrivèrent jusqu'à la mer et furent entraînés vers le large. Même s'ils avaient rempli la rivière, dans le vaste océan ils ne faisaient pas le poids, et ils disparurent aussitôt avalés par les vagues.
Commenter  J’apprécie          210
J'en suis au point où je suis incapable de faire la différence entre l'envie de te voir au plus vite et celle de continuer à t'attendre indéfiniment.
Commenter  J’apprécie          210
- La particularité du jasmin n'est pas dans ses fleurs ni dans ses feuilles, mais dans son parfum. Et en plus, pas dans la senteur elle-même mais dans la manière dont il sent.
- La manière dont il sent ?
- Oui. On ne peut le sentir que chaque soir à une heure déterminée. En général à partir de huit heures et pendant à peine une heure. On peut toujours avoir envie de le sentir dans la journée, c'est impossible.
- Il y a les belles-de-nuit qui ne sont odoriférantes que la nuit, les belles-de lune qui ne fleurissent que les nuits de lune, c'est mystérieux que les odeurs sachent l'heure, n'est-ce pas ?
Commenter  J’apprécie          210
Alors qu'elle jouait juste sous mes yeux, j'avais l'impression que le son me parvenait d'un endroit extrêmement lointain. On aurait dit qu'il contenait la mémoire d'un temps illimité auquel personne n'avait touché. Le tranchant et la douceur, la magnificence et la grâce, la pureté et l'ombre, des impressions contradictoires jaillissaient ainsi en même temps pour se fondre aussitôt en une seule.
Commenter  J’apprécie          204
Maman n'a jamais essayé de voyager. elle n'a jamais visité de pays inconnus, ne s'est jamais extasiée devant des paysages peu communs, n'a pas non plus dormi dans des hôtels de luxe. Et pourtant, jour après jour, elle a affaire à des voyageurs au coeur joyeux. Elle marche en leur montrant des choses, leur dit au revoir lorsqu'ils partent pour une autre ville, accueille de nouveaux clients et recommence. Et nous qui restons, finalement, nous ne sommes jamais allés nulle part. (p. 115)
Commenter  J’apprécie          200



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yôko Ogawa Voir plus

Quiz Voir plus

Yôko Ogawa

Dans quelle maison d'édition française sont édités les livres de Yôko Ogawa?

Les Editions de Minuit
Actes Sud
Le Seuil
Stock

10 questions
122 lecteurs ont répondu
Thème : Yôko OgawaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}