AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Yôko Ogawa (1423)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Petits oiseaux

La littérature japonaise se lit souvent comme une fable empreinte de tendresse, de légèreté, de délicatesse et a toujours sur moi un effet anesthésiant.

Celle-ci s'accompagne, en plus, de la douce mélodie des chants d'oiseaux qui imprègnent totalement l'univers de ce beau récit.

Une lecture qui oblige à la lenteur, au calme; qui se déguste du bout des lèvres.

L'histoire d'une solitude, d'un repli du temps sur soi, d'une sensibilité toute particulière aux trilles et aux staccati.

C'est aussi l'histoire d'amour de deux frères intimement liés par un langage mystérieux, à la fois joli, libre et inventif qui leur permet d'interprèter la ligne mélodique du très beau chant de l'oiseau à lunettes.

Il y a aussi des enfants, des livres, une bibliothécaire, des sucettes pawpaw, une pharmacienne, un grillon et un vieux monsieur...

Une vie immobile mais loin d'être vide puisque tout entière vouée à la gent ailée.

Vivre en marge de la société peut cependant s'avérer source de méfiance et mener à la méprise.

C'est un roman triste et pourtant empreint d'un bonheur simple parce qu'il se vit tout en perceptions.

Une histoire dont on reste spectateur, mais un spectateur ébloui par les multiples nuances d'une peinture fine et délicate qui mérite bien quelques heures de lecture contemplative.



Après Les tendres plaintes, Yôko Ogawa a su me séduire encore avec Petits oiseaux.

D'après les différents billets, il semble qu'habituellement son univers se porte d'avantage sur le fantastique.

Je pousserai donc la curiosité jusqu'au bout et continuerai à découvrir cette auteure qui sait me toucher.
Commenter  J’apprécie          3623
Le musée du silence

Un muséographe, une jeune fille, une vieille dame, un jardinier et sa femme, dans un vieux manoir.

Une canne, un almanach pour rythmer le temps et l'espace. Un couteau pour récolter l'objet soyeux. Une cicatrice en forme d'étoile comme souvenir d'un jour où le bruit a écrasé le silence. Un microscope, un roman pour préserver le passé et ne pas accepter le présent.

Un village étrange, un monastère du silence, où les prédicateurs recouverts d'une peau de bête recueillent les secrets, sans jugement ni regard. Un sentiment de vide, de dépouillement, d'inutilité.



Et le musée du silence...



Pour ne pas que les défunts du village soient oubliés, la vieille dame, puis le jeune muséographe collectent l‘objet qui les caractérise le mieux, en s'introduisant dans leurs maisons de manière illicite.



C'est angoissant, on a l'impression de s'enfoncer, de perdre l'équilibre. On pressent un danger. La neige recouvre tout. le silence règne, la vie étouffe.



Une histoire étrange sur la mort, l'accumulation d'objets gardant la mémoire du monde, le travail si délicat du muséographe, dont les trésors finiront un jour par être détruits, par le temps, le manque de place, le désintérêt, l'oubli. Comme les morts qu'on oublie et qui disparaissent une seconde fois du monde des vivants.



Un roman qui se lit tout doucement en laissant un goût de tristesse, de mélancolie poétique, d'impuissance.

C'est un endroit sur la bordure du monde où l'on risque de glisser dans le silence.





Commenter  J’apprécie          360
La Formule préférée du professeur

Sans le savoir en achetant ce livre, j’avais déjà lu Yoko Ogawa avec « Les lectures des otages » que j’avais beaucoup aimé. Je ne sais pas s’il est possible de se faire une idée d’un écrivain sur deux livres, mais il me semble que cette auteure est capable de se renouveler. Le seul point commun entre ces deux lectures est qu’il s’agit d’un sujet grave mais traité avec douceur et pudeur et quelques pointes d’humour.

Ici, il s’agit d’un professeur de mathématique. Que dis-je ! D’un génie des mathématiques, d’une tête pensante vivant dans ses sphères bien au-dessus de notre petit quotidien. En 1975, un accident de voiture lui fait perdre la mémoire à dater de ce jour. Tout ce qui précède l’accident, le professeur s’en souvient, mais chaque jour suivant, sa mémoire disparaît à jamais, au-delà d’un laps de temps de 80 minutes. Et c’est ainsi que tout est à recommencer quotidiennement et inlassablement. Une aide-ménagère et son fils de dix ans parviendront à apprivoiser le cerveau défaillant du professeur grâce à l’amour des mathématiques et… du base-ball.

Pudeur, respect, compréhension sont les maîtres mots de ce roman qui nous plonge au coeur d’un abîme humain qu’est la perte de mémoire. C’est très bien amené, avec douceur, ce qui n’empêche pas de se rendre compte du quotidien des personnes qui en souffrent et de leur entourage.

Même si plusieurs passages sont destinés à de vrais matheux (dont je ne fais pas partie), les personnages attachants et l’histoire émouvante écrite d’une belle plume m’ont procuré un réel plaisir de lecture.



Commenter  J’apprécie          3519
Le musée du silence

Cela fait longtemps que je tournais autour de cette auteure et de ce titre en particulier. Le lire a été pour moi un vif plaisir dû en partie à une surprise de taille : je plongeais dans un univers totalement inédit, ni policier, ni fantastique, une sorte de "Désert des Tartares" japonais... Et cette idée merveilleuse du musée d'objets de personnes venant de mourir : ou comment faire perdurer le souvenir des hommes par-delà la mort. Une collection non pas morbide mais au contraire pleine de la certitude que l'objet est chargé de l'âme de son possesseur. Un peu une continuation de l'adage proustien qui dit que l'on meurt deux fois, la deuxième est quand plus personne ne se souvient de vous. C'est alors dans ce très beau livre une conservation de ce qui fit les hommes et les femmes : leur histoire.
Commenter  J’apprécie          354
Les tendres plaintes

L'écriture incarnée et harmonieuse de Yoko Ogawa est un bonheur, coupé du temps, un échappatoire poétique et enivrant.

Ruriko, calligraphe et femme blessée, trompée, battue, désaimée, mal-aimée s'octroie une halte, une retraite en pleine forêt pour prendre du recul, apprécier le silence et la sérénité des lieux. Elle y rencontrera Nitta, un facteur de clavecin et Kaoru, son assistante. Elle y fera l'expérience d'un amour qui, conjugué à trois, s'avère impossible.

« Elle en avait peut-être besoin. De venir dans un endroit où elle ne connaît personne, où coupée du temps, sans être perturbée par des inquiétudes, des peurs ou des souvenirs intempestifs, elle peut vivre uniquement avec des sons invisibles. »

Les tendres plaintes, une mélodie empreinte d'amour, de tendresse et d'un soupçon amertume.



Un tendre et doux regard sur la vie, ses déboires, ses injustices, ses infidélités et maux amoureux. Solitude, brutalité, intimité, tristesse et grande taciturne imprègnent cette histoire, une histoire qui parle au coeur.



La musique comme langage du coeur, et "Les tendres plaintes" de Rameau écoutées au piano et au clavecin...un pur moment de tendresse.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          352
La Marche de Mina

Une tendre et douce plongée dans le Japon des années 70 ; dans la réalité de ce pays insulaire avec les Jeux de Munich de 72, le passage de la comète Giacobini, le suicide du Prix Nobel Monsieur Kawabata Yasunari... mais également, dans l'imaginaire de l'enfance, « dans l'univers d'une étoile flottant à trois milliards d'années-lumière. »



Une belle et profonde amitié entre deux cousines, sous une plume poétique, fluide, délicate.

De nombreux personnages secondaires tout aussi attachants.



Si votre humeur est à la sensibilité, à la tendresse, ne résistez pas une seconde aux pouvoirs apaisants de ce roman. Laissez vous prendre par les mots ; laissez vous porter par ce tapis volant des mots qui prête à la rêverie !

Un dernier petit conseil, « Si vos oreilles émettent un drôle de bruissement, ne les frottez pas trop fort. Parce que dans la plupart des cas, ce sont les anges qui recousent leurs ailes sur vos lobes. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          354
Les tendres plaintes

Comme elles ont résonné en moi, ces tendres plaintes! Un coup de coeur absolu pour cette histoire frémissante et subtile, d'une douceur ineffable.



Ruriko , blessée dans son corps par un mari qui la frappe et la trompe,décide de se réfugier dans le chalet, où enfant, elle allait passer ses vacances en famille.Elle y rencontre, habitant tout près, Nitta, facteur de clavecins et la jeune Kaoru , son assistante. Eux aussi ont leurs blessures...



Durant quelques saisons, ces trois personnages vont s'effleurer, se chercher, se trouver parfois, au sein d'une nature sereine, au rythme envoûtant de la musique, réconfortante et pourtant aussi source de tourments... Car Ruriko se sent souvent de trop, jalouse de cette entente secrète entre Nitta et Kaoru, réunis par leur travail de conception des instruments. Nitta l'attire tellement...



Sensualité, souffrance amoureuse, angoisses liées à des souvenirs difficiles, solitude, tout dans ce beau roman est transcrit avec pudeur et délicatesse. Et l'on tremble avec Ruriko, et on pleure avec elle.



Un monde singulier, celui de la création des clavecins, qui personnellement m'a séduite et passionnée. Des personnages magnifiques de sensibilité, qui touchent en nous cet accord fragile des notes, ce frisson mélodieux mais poignant, cette tendre plainte...qui me poursuit encore.
Commenter  J’apprécie          359
La Formule préférée du professeur

♬ J'ai la mémoire qui flanche

J'me souviens plus très bien... ♬



Aïe !

Parce que c'est capital la mémoire.

Quand on prononce ce mot, on pense souvent à ces personnes surdouées capables de retenir des quantités extravagantes de choses, mais la mémoire nous concerne tous. Elle joue un rôle capital dans notre vie quotidienne.

La mémoire est indispensable. Lorsque je descends à la cave, je me souviens de ce que je suis venue y chercher ; lorsque je croise quelqu'un que je connais, je le reconnais.

C'est aussi grâce à ma mémoire que je peux rouvrir le livre que j'avais lu la veille et en reprendre la lecture sans problème. C'est important, non ?



Vous comprendrez alors aisément que la situation du professeur n'a rien d'enviable puisque depuis un accident de voiture sa mémoire est défaillante. Il a gardé les souvenirs du passé, mais ne parvient plus à enregistrer.

Son autonomie est réduite à quatre-vingt minutes : au-delà de ce délai, il oublie tout, un peu comme une bande de vidéosurveillance qui se réinitialise à intervalles réguliers.



Sur ce point de départ très original, Yoko Ogawa a construit un texte singulier qui mélange avec bonheur différents ingrédients.

Voici, en gros, la recette.

Prenez une bonne dose d'humanité, incarnée par trois personnages attachants : le mystérieux "professeur", jamais nommé autrement, son aide-ménagère fine et dévouée, et le fils de cette dernière.

Assaisonnez avec la passion du base-ball qui va rapprocher le vieux monsieur et le jeune garçon, puis liez le tout avec un peu de mathématiques qui vont les réunir tous les trois.

Vous obtenez un bien joli roman.



Yoko Ogaxa traite le thème de la mémoire, mais son livre recèle bien d'autres richesses.

J'ai été touchée par cet improbable trio, par la façon dont chacun prend soin des autres, par l'attention dont tous font preuve les uns envers les autres.

J'ai aimé découvrir le base-ball, auquel je ne connais rien.

J'ai aimé que l'auteur mette en valeur les mathématiques en les présentant sous un jour positif : une matière intrigante, éveillant la curiosité. Une source de découvertes et de plaisir. Une belle conception de l'esprit humain pour l'esprit humain.

J'ai apprécié la finesse de pensée et la délicatesse de l'écriture de Yoko Ogawa.



Aussi vrai que deux et deux font quatre, voilà un roman subtil, empli de générosité et de poésie.
Commenter  J’apprécie          3411
Petites boîtes

Ranger de grandes pertes dans de petites boîtes : c'est la proposition que nous fait cette auteure japonaise dans son nouveau roman, nimbé d'une poésie étrange et merveilleuse.



Il m'a suffit d'en lire seulement quelques pages pour savoir que je tenais là mon 1er coup de coeur littéraire de l'année. Et me retrouver projetée dans un ailleurs singulier et obsédant, jamais sinistre, mais parfois inquiétant comme pouvait l'être celui d'Alice au pays des merveilles ou de Boucle d'or.



Mon esprit et mes sens résonnent encore de tous les rituels imaginés par l'écrivaine - flirtant avec le splendide et l'incongru - à l'instar des « concerts de soi à soi » qu'organisent les habitants de cette ville où les enfants brillent par leur absence avec force, dans un monde complexe en équilibre entre le visible et l'invisible, l'audible et l'inaudible.



En espérant vous en avoir dit suffisamment, mais pas trop, pour que vous ayez vous aussi envie de découvrir cette histoire unique à bien des titres.
Commenter  J’apprécie          341
L'annulaire

Un tout petit roman au charme certain bien que très étrange.

Tout y semble à la fois réel mais aussi sorti tout droit d’un rêve.

Une jeune fille va tomber sous la coupe de son nouvel employeur, un homme qui prépare des spécimens, sans qu’on sache bien ce que cela signifie.

Le mystère de l’endroit, un ancien foyer de jeunes filles transformé en laboratoire désert, ajouté à la personnalité déconcertante du maitre des lieux donne un côté presque fantastique à cette histoire qui met mal à l’aise mais fascine également.

Commenter  J’apprécie          340
La Formule préférée du professeur

"La délicatesse"...Voilà comment pourrait s'intituler ce roman ! Un vieux professeur de math ne disposant plus que de 80 minutes de mémoire, apprend à un enfant à aimer les maths, tout simplement en lui faisant partager sa passion avec enthousiasme, respect et ...délicatesse!

Même la narratrice, la mère de l'enfant, simple femme de ménage, est "contaminée" et les maths deviennent son passe-temps favori!

De plus, la mère et le fils traitent le handicap du professeur avec gentillesse, et encore...délicatesse. Oui, dans ce monde de brutes, ce roman fait du bien ! J'en veux encore !
Commenter  J’apprécie          341
La grossesse

A l’instar du Goncourt chez nous, le prix Akutagawa au Japon n’est pas décerné qu’à des chefs-d’œuvre, loin s’en faut. Mais là, force est de constater que le prix 1990 fut un sacré bon cru, consacrant Ogawa Yôkô comme une auteure de talent, talent qui n’a fait que se confirmer et s’amplifier par la suite.



La narratrice tient un journal consacré quasi-exclusivement à la période de grossesse de sa sœur. Elle vit de boulots d’intérim et habite chez sa sœur et son beau-frère. Au début, les deux femmes ont l’air assez détachées et peu émues par cette situation nouvelle, l’enfant apparaît encore comme un être futur assez théorique. Et puis les premières semaines marquent la période des nausées…La sœur enceinte est écoeurée par la moindre odeur, réelle ou peut-être imaginaire, au point que la narratrice s’installe les soirs de mars dans le jardin pour faire la cuisine, cuire le riz ou manger du poisson, pendant que le couple reste à l’étage. Elle n’en est pas dérangée, goûtant ainsi à une certaine solitude dont elle se délecte. Elle s’amuse aussi de la psychothérapie foireuse que suit sa sœur, depuis bien dix ans, avec un thérapeute pour qui elle se pomponne à en rendre jaloux son mari, et qui la raccompagne à la maison, l’air bien effaré pour un thérapeute censé l’aider à combattre le stress du quotidien…Bientôt vient la phase inverse de la boulimie, durant laquelle la sœur se goinfre, ce qui lui coûtera de prendre treize kilos sur la balance, excédant largement les six kilos supplémentaires maxi recommandés.



Toujours, la narratrice nous croque le comportement de sa sœur avec un souci du détail, un hyper-réalisme chargé d’humour, non dénué d’un sentiment plus ambigu de femme qui n’a pas d’empathie, pas de joie pour sa sœur, peut-être même jalouse, voir malveillante en puissance ?

La narratrice fait par deux fois diversion, et nous fait sourire, lorsqu’en employée de supérette elle fait goûter des échantillons de crème dessert aux clients, puis lorsqu’elle nous relate sa première rencontre avec son beau-frère, en tant que patiente alors qu’il est prothésiste dentaire, un homme sans consistance, dont elle se demande bien s’il a une quelconque responsabilité dans la grossesse de sa sœur !



Et puis un jour, au supermarché lui vient une envie d’achat de pamplemousses, de bons gros pamplemousses américains, dont on dit que le produit chimique de traitement serait hyper-toxique pour les chromosomes humains…Dès lors, elle va passer son temps à en faire des confitures, dont sa sœur se régale, encore fumantes à même la bassine…Alors la narratrice continue…



Cette longue nouvelle est vraiment un bijou d’humour sur ce qu’est la période de grossesse, avec toutes ces incongruités, ces lubies et ces phénomènes de transformation bien réelles. Avec son ton détaché et sa précision clinique, ce regard acéré et impitoyable, la narratrice ne ressent aucune joie pour sa sœur, qui elle-même ne déborde pas d’enthousiasme. Le fœtus est comme une chenille extra-terrestre implantée dans le ventre en passager clandestin, on ne peut pas dire qu’il fasse envie.



Ogawa scanne le monde qui nous entoure avec la précision d’un microscope, d’un scalpel ou d’un robot comme on en voit un peu partout au Japon désormais. Elle mêle l’incongru à un humour qui confère à l’ironie voire au cynisme. Sa narratrice aime la solitude, n’aime pas les enfants, ni sa sœur, n’éprouve pas d’empathie pour les autres, on se demande si elle est dotée d’une personnalité propre, quand elle se contente de répéter avec discipline aux clients le message de son employeur lorsqu’elle fait goûter les échantillons…Peut-être pour illustrer le comportement des Japonais ? Il y a aussi de la cruauté pour sa sœur, et peut-être finalement une réflexion froide destinée à lui nuire.



Cette nouvelle est un coup de maître très emblématique de l’œuvre d’Ogawa, toute en nuances, en subtilités, en mise en valeur des sens, exacerbés ou au contraire annihilés. La noirceur, voire le crime s’invitent dans nos têtes, mais n’est-ce pas juste le fruit de l’imagination du lecteur, bien travaillée en approche par Ogawa ? L’écriture est simple, mais les impressions d’une complexité et d’une richesse formidables, on ne sait pas sur quel pied danser, la fin est ouverte.



A l’époque, une récompense et une notoriété naissante méritées !





Commenter  J’apprécie          330
Le petit joueur d'échecs

Yôko Ogawa livre avec le petit joueur d’échec un de ses romans les plus longs. Et pourtant, il a tout l’air d’un conte. Son thème se déploie sur la base d’un fait authentique, que personnellement j’ignorais absolument, l’existence d’un Turc mécanique, un automate enrubanné créé en 1770 par un baron hongrois qui va durant 84 ans faire perdurer le mystère, jouant des parties d’échecs contre des personnages illustres tels que Napoléon, Catherine II de Russie, Benjamin Franklin ou Edgar Allan Poe. La supercherie sera tardivement découverte, un humain manipulant l’automate, caché à l’arrière du meuble soutenant l’échiquier, et actionnant un jeu complexe de rouages et poulies. C’est assez bluffant !



Le roman de Yôko est clairement constitué de trois phases. Le petit joueur d’échec est un enfant qui est né avec les lèvres scellées. Opéré, on lui a greffé sur les lèvres un peu de peau d’une jambe, et depuis il a du duvet sur les lèvres. Perdant très tôt sa mère, il rêvasse à l’histoire de l’éléphante Indira qui serait morte sur le toit d’un grand magasin dont elle était la mascotte, et sur le sort d’un homme qu’il découvre noyé à la surface d’une piscine. Il rencontre un jour un gardien d’usine, très gros monsieur qui vit avec son chat dans un bus désaffecté, et se trouve, en plus de cuisiner et manger des gâteaux, être un maître d’échecs. L’enfant va y être initié, et révéler un grand potentiel à ce jeu qui devient une passion. Dans une curieuse habitude, il se cache sous le jeu pour deviner les coups joués par son adversaire. S’essayant dans un club, il en est chassé par sa manie jugée non réglementaire de se cacher sous le jeu. Un jour, un drame se produit qui l’oblige à voler de ses propres ailes. Il est admis dans le club mystérieux « du fond des mers », qui tolère sa façon de jouer. Mais décidément, il préfère se retrancher aux yeux des hommes et se réfugier derrière une marionnette dont il tirera les ficelles au jeu, « Little Alekhine », en référence à un grand maître d’échecs, Alexandre Alekhine (qui a réellement existé, russe puis français, 1892-1946). Little Alekhine y rencontre des joueurs de talent, parfois de grands maîtres, la vieille demoiselle qui deviendra une fidèle partenaire de jeu, aidé par l’élue de son cœur, la frêle Miira, qui transcrit les parties (véritable travail journalistique écrit relatant les coups successifs qui ont été joués durant la partie). Et puis un jour, il part sans alerter Miira, pour une prendre de la hauteur, dans une sorte de résidence sénior de montagne où il va apporter du réconfort à des personnes âgées amatrices d’échecs, se liant à de nouvelles figures comme l’infirmière en chef, dont l’embonpoint et le goût pour les pâtisseries rappelle étrangement son ancien maître. Il renouera aussi une correspondance avec Miira, à travers une longue partie d’échecs à distance, épistolaire…jusqu’à l’heure fatidique où le rêve prendra fin.



Si le petit joueur d’échec évolue dans l’amour de sa famille « terrienne », ses grands-parents et son petit frère, ces moments sont finalement secondaires au regard de l’aventure permanente de toute sa vie dédiée aux échecs. Elle se déroule comme dans un rêve, où il est littéralement immergé dans « l’océan des échecs » : 64 cases à l’échelle de l’univers, son univers où lui / Little Alekhine a ses amis fidèles, Miira et sa colombe perchée à l’épaule, Indira l’éléphante, le chat de son ancien maître, la vieille demoiselle à qui il devra réapprendre le jeu lorsque la mémoire l’aura abandonnée, alors que son corps d’adulte à lui reste celui de l’enfant de onze ans qui l’a vu naître à sa passion.



Ce roman est assurément marquant dans la production d’Ogawa, et traite à nouveau de ses thèmes chers que sont l’anormalité des sens (amputation ou extra-sensibilité), la différence, la solitude, la frontière floue entre rêve et réalité, une sensualité un peu étrange…Son originalité est d’être entièrement dédiée aux échecs. Cela pourrait être difficile de capter son public, et pourtant, elle y parvient plutôt bien, en revisitant à sa manière cette histoire incroyable de Turc mécanique. Car nul besoin d’être amateur d’échecs, ni même de savoir jouer, pour apprécier cette lecture dont on sort à la fois admiratif pour ce petit génie, et triste pour lui, prisonnier intérieur et un peu autiste du fait de son défaut de naissance.



Pour être honnête, je lui ai toutefois trouvé quelques longueurs en milieu de parcours, après avoir particulièrement apprécié les débuts du petit joueur, auprès de son improbable maître, cet obèse au destin tragiquement prévisible. Le petit joueur d’échec a tout d’un conte, et tel un conte, il se serait davantage accommodé d’un format plus ramassé, pour concentrer son intérêt.



Pour autant, il faut encore saluer l’inventivité de l’auteure, qui est décidément la figure incontournable de la littérature japonaise contemporaine.

Commenter  J’apprécie          331
Petites boîtes

Sans que l'on en connaisse la raison,la narratrice vit dans une ancienne école maternelle et son corps comme son esprit se sont adaptés à ce monde miniature sans n'y rien changer. L'école renferme,entre autres, une salle dans laquelle sont entreposées des boîtes de verres qui servaient autrefois à protéger des vestiges du musée d'histoire locale. Désormais elles sont le réceptacle de souvenirs d'enfants morts.le thème de ce roman est certainement l'importance de la mémoire,la peur d'oublier et peut-être même la peur d'exister en dehors du passé. Cette nécessité prend cependant toute la place au point de vivre en permanence dans le déni de la réalité.

Si Yoko Ogawa nous offre toujours la même plume poétique et une sensibilité à fleur de peau qui m'ont donné des frissons notamment lors des concerts de soi à soi où chaque participant porte à son oreille un minuscule instrument de musique qui contient des cheveux de l'enfant perdu, je suis passée à côté du roman. Je l'ai trouvé redondant,sans élan et même ennuyant. Même si je sais qu'au Japon il existe des rituels très différents des nôtres autour de la mort et que de nombreuses maisons ont leur autel privé pour honorer au quotidien les disparus, ce roman va bien au delà et m'a apporté un réel malaise car le déni bloque toute énergie de vie.

C'est la première fois que je referme un livre de Yoko Ogawa avec cette insatisfaction..
Commenter  J’apprécie          330
Le musée du silence

Un roman étrange et lancinant, comme une chanson qui vous trotte dans la tête.

Un jeune homme, muséographe de formation, va devoir créer un musée pour une vieille japonaise, et ce, dans son manoir reculé.

Dans ce lieu isolé, il n’y a que peu d’habitants et les objets qui seront exposés sont pour le moins originaux, ce sont des objets volés à des personnes qui venaient de mourir.

J’ai été happée par cette histoire originale et par l’ambiance à la fois malsaine et bizarrement hypnotique.

Un roman court mais qui nous reste longtemps en mémoire, tant l’atmosphère qui est singulière.
Commenter  J’apprécie          330
La Formule préférée du professeur

Une histoire d'amitié et de filiation touchante entre un vieux et éminent professeur de mathématiques, une aide-ménagère attentionnée, généreuse patiente et pleine d'empathie et son fils passionné de baseball. Le professeur leur transmettra son amour des chiffres, conviant ainsi le lecteur dans une belle aventure dans le monde des chiffres. La signification de la racine carrée, les nombres premiers jumeaux, les nombres parfaites, les nombres amis, les nombres triangulaires, les nombres entiers naturels, les nombrés déficients, les nombres abondants, la conjecture d'Artin, la paire Ruth-Aaaron, la fameuse identité d'Euler, ... n'auront plus de secret pour vous ;-)



« L'intuition, c'est important. On attrape les mathématiques avec l'intuition, comme un martin-pêcheur fond soudainement sur l'eau par réflexe, dès qu'il aperçoit l'éclat d'une nageoire dorsale dans la lumière. »



La relation entre ces trois personnages n'est pas simple, elle se construit au fil des pages, avec des hauts et des bas, le professeur étant handicapé par une amnésie qui limite sa mémoire à quatre-vingts minutes. Des petits billets accrochés à sa veste lui permettent de ce souvenir "ma mémoire ne dure que 80 minutes". Chaque matin, il recevait une cruelle déclaration en lisant ce papier : son moi de la veille était tombé dans un gouffre du temps dont il ne remonterait jamais.



« Pour le professeur dont la mémoire s’éteignait au bout de quatre-vingt minutes, lorsque j’apparaissais dans l’entrée j’étais toujours quelqu’un qu’il rencontrait pour la première fois »



Douceur et délicatesse, poésie et amour imprègnent cette histoire, on s'attache aux personnages, et le désir de connaissances qui s'emparent de la mère et du fils, s'empare du lecteur à son tour.

Un professeur aimant, qui étonne, amuse et rend heureux.



« Il traitait Root comme un nombre premier. De la même manière que pour lui les nombres premiers constituaient la base sur laquelle s'appuyaient tous les nombres naturels, il pensait que les enfants étaient un élément indispensable pour nous, les adultes. Il croyait que c'était grâce aux enfants qu'il existait ici et maintenant. »



La recherche mathématique à la poursuite de la beauté.

Une lecture intéressante, originale et profondément humaine.



« [...] il y avait là une sorte de quiétude que je n'avais jamais ressentie jusqu'alors. Une quiétude qui n'était pas simplement absence de bruit, mais une accumulation des couches du silence qui remplissait le cœur du professeur lorsqu'il errait dans la forêt des nombres, un silence inviolé par les cheveux ou les moisissures. Un silence limpide, comme un lac dissimulé au fond d'une forêt. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          333
Une parfaite chambre de malade, suivi de

Étrange, fragile, parfois même un peu pervers, tel est le monde que Yôko Ogawa nous décrit dans ce recueil composé de deux courtes nouvelles : "Une parfaite chambre de malade" suivi de "La Désagrégation du papillon".



Dans ces deux nouvelles, nous retrouvons un même mode de narration, monocorde, qui apporte à chacun des récits une tonalité intimiste (habituelle chez l'autrice). Deux jeunes femmes dont l'identité ne nous est pas dévoilée se réfugient dans un univers qui leur est propre, un univers de douce folie comme pour échapper à une réalité trop difficile à affronter.



Yôko Ogawa mélange avec brio la beauté et la laideur pour mieux faire apparaître les fêlures, les blessures psychologiques de ses deux personnages féminins et l'espace d'un instant elle nous oblige à entrevoir la face sombre de la nature humaine.



Dans la première nouvelle "Une parfaite chambre de malade", la narratrice se remémore les derniers mois passés auprès de son frère cadet atteint d'une maladie grave et incurable. Elle entretient avec la chambre dans laquelle celui-ci est hospitalisé, une relation des plus étranges. Une chambre blanche, immaculée, aseptisée, dans laquelle elle se sent protégée et apaisée.

Obsessions morbides de la propreté, traumatismes d'une enfance marquée par une mère atteinte de maladie mentale, dans cette parfaite chambre de malade, le passé douloureux de la narratrice va progressivement remonter à la surface.



Dans la deuxième nouvelle "La Désagrégation du papillon", la narratrice s'occupe de sa grand-mère paternelle (Sae) qui l'a élevée depuis son enfance et qui est atteinte de démence sénile liée à l'âge. Elle se voit contrainte de la placer dans un établissement spécialisé "Le Nouveau Monde". L'absence et le vide laissés par la vieille femme vont peu à peu désorienter la narratrice, la déconnecter de la réalité et faire émerger, comme dans la première nouvelle, les souvenirs d'un passé troublé par l'absence d'une mère.



Deux nouvelles aux récits introspectifs et métaphoriques, riches de détails et de descriptions, dans lesquelles les couleurs et les sonorités foisonnent pour mieux nous emmener dans l'imaginaire de l'autrice.

Deux nouvelles dont j'ai personnellement apprécié la lecture mais qui pourraient déconcerter certains lecteurs de part une morbidité très présente et un rapport au corps et à la chair exacerbé mais qui soulèvent une thématique lourde de sens comme l'accompagnement en fin de vie, la capacité à faire son deuil, l'absence d'une mère, d'un frère, d'une grand-mère...



La lecture de ce recueil peut s'avérer très intéressante pour les lecteurs qui souhaiteraient découvrir l'autrice toutefois (et j'insiste) si vous êtes sous antidépresseurs ou en proie à des problèmes avec votre "moi" profond, il sera préférable de passer votre chemin et de vous diriger vers des romans longs comme "Instantanés d'Ambre" ou "Petits oiseaux" dans lesquels vous y trouverez une dimension plus poétique et somme toute moins tourmentée.
Commenter  J’apprécie          335
Le petit joueur d'échecs



Dans les livres de Yoko Ogawa, tout est transformé en beau. Absolument tout : les pensées, les actes, la mort, les personnes, les animaux, les objets, et même ce qui ne s’est pas réalisé. Elle ne va pas gommer un vieux banc rouillé de son tableau littéraire, le vieux banc va amener sa propre poésie pour contribuer à l’œuvre.



La nostalgie a une place particulière dans son œuvre : les moments de bonheur passent, et ne peuvent pas revenir, sauf sous la forme de souvenirs.



J’ai retrouvé avec plaisir des thèmes qui lui sont chers : le travail du bois, des morceaux de corps, l’attachement à l’âme des objets reliés aux souvenirs, la transmission du savoir grâce à des rencontres particulières…



Beaucoup de critiques évoquent le fait qu’il ne soit pas nécessaire de savoir jouer aux échecs pour lire ce livre. Effectivement, ce n’est pas NECESSAIRE, mais enfin, la lecture est quand même plus savoureuse si on a déjà pratiqué un peu. Dans tous les cas, joueurs ou pas, la lecture de ce livre va vous donner une puissante envie d’apprendre ou de rejouer !



Le petit jour d’échecs explique bien pourquoi j’adore jouer aux échecs, mais pourquoi je me débrouille si mal aux échecs en ligne. Pour lui, ce qui compte, ce n’est pas un coup fort, une stratégie, ni la victoire. Ce qui est importante, c’est la beauté des coups, des transcriptions, le poème dessiné sur l’échiquier par la danse des pièces.



Jouer aux échecs avec quelqu’un, c’est rencontrer l’essence d’une personne, c’est une manière de communiquer forte et qui dépasse la parole, un peu comme quand on joue de la musique en duo avec quelqu’un. Toute la personnalité, les forces et les blessures d’une personne sont là sur l’échiquier.



Une lecture très émouvante, comme toujours avec Yoko Ogawa. J’aimerai voir un film adapté de ce livre !

Commenter  J’apprécie          3313
Petits oiseaux

En gros, c'est une famille de dingues. Le père s'isole dès qu'il peut, se suicide probablement un mois avant sa retraite, le fils aîné est un genre d'autiste, le cadet est juste coincé et maniaque.

Pendant la première partie j'ai eu un peu peur. Ce n'est pas que les bons maniaques font nécessairement de la mauvaise littérature, les contre-exemples abondent, mais tout paraissait tellement plat et lisse.

Et puis, je ne sais pas comment, j'ai commencé à m'intéresser aux personnages, décrits de loin, par leurs actions et non par leurs pensées. Attachants bien qu'ils paraissent si simples.

Et petit à petit, le roman m'a semblé se transformer en poésie. Tout est calme, rempli de petits oiseaux, de taiseux, quoi qu'aussi d'autres maniaques. Le cadet, que les enfants appellent Le monsieur aux petits oiseaux semble indifférent à tout, sauf à son frère et aux oiseaux. Dans sa nonchalance, arrivera-t-il à trouver l'amour, à échapper aux rumeurs qui le jugent gravement coupable ? Finalement, son empathie magnifique vis-à-vis des petits oiseaux lui suffira-t-elle ou le mènera-t-elle vers les autres ?

Contrastant avec son apathie, le Japon dit par Yôko Ogawa ressemble à un état policier : dénonciation du plus minuscule abus de bien social, crainte de l'inhabituel qui va jusqu'aux plus noirs soupçons...

Malgré mes réticences initiales, j'ai été séduit par mon premier contact avec l'auteure, par le charme tranquille et triste de ses personnages et de ses scènes, sans parler d'un aspect linguistique que je vous laisse découvrir.
Commenter  J’apprécie          331
La Formule préférée du professeur

Après deux livres d’une noirceur extrême, quel bonheur de lire ce roman assez court d’Yôko OGAWA « La formule préférée du professeur ».



Une aide-ménagère est embauchée chez un vieux professeur de mathématiques, victime d’un accident de voiture et dont la mémoire est restée bloquée en 1975. A la suite de cet accident, celle-ci a une autonomie de seulement quatre-vingts minutes. Ainsi, tous les matins lorsque la femme se présente sur le lieu de son travail, le professeur lui demande qui elle est, ayant oublié son existence d’un jour à l’autre.

Dans son univers seulement deux choses illuminent sa vie : les chiffres et le base-ball.

Mais au fil des semaines, grâce à sa patience, sa gentillesse et à l’attention qu’elle lui porte, l’aide-ménagère gagne la confiance du vieil homme et une certaine complicité se noue entre eux au point qu’il lui demande même de lui présenter son fils âgé de 10 ans.



Une relation particulière et un véritable échange vont alors naitre entre le professeur de mathématiques et ce petit garçon qu’il appelle Root, parce que « le sommet de son crâne est aussi plat que le signe de la racine carrée » : un partage va s’instaurer entre eux à travers la transmission du savoir immense du vieux monsieur et un attachement affectueux réel de l’enfant envers le professeur.



Premier roman que je lis de cet auteur, je me suis laissé emporter par la magie et la poésie qui s’en dégage. C’est un livre qui déborde d’émotion, de tendresse et d’amour à travers la relation extraordinaire que nouent ces trois personnes de trois générations différentes, relation qui se définie dans un plaisir total de transmettre. A travers cette formidable connaissance des mathématiques, l’auteur nous en fait découvrir la beauté, en particulier des chiffres qui permettent « de lire le carnet de Dieu ». Avec des professeurs aussi sensibles que ce vieux monsieur, les mathématiques deviendraient la joie de tous les élèves !



Vous l’aurez compris, je vous conseille vivement la lecture de ce livre car un peu de douceur dans ce monde de brut ne fait de mal à personne .



En ce qui me concerne, je commence à prendre de plus en plus de plaisir à lire cette littérature japonaise.



Commenter  J’apprécie          335




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yôko Ogawa Voir plus

Quiz Voir plus

Yôko Ogawa

Dans quelle maison d'édition française sont édités les livres de Yôko Ogawa?

Les Editions de Minuit
Actes Sud
Le Seuil
Stock

10 questions
122 lecteurs ont répondu
Thème : Yôko OgawaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}