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La Foudre

« Non, vraiment, je n'y crois pas, je n'ai aucun doute sur le fait qu'il s'agisse d'un homonyme. Alexandre Perin, c'est tout de même très commun. Et puis, ce genre d'histoire ne lui ressemble pas du tout. »

Je vous la fait courte. Julien berger du Haut Jura, qu’on pourrait qualifier de misanthrope, tombe sur un article relatant un homicide perpétré par Alexandre Perin, nom d’un ancien camarade de lycée. Il s’interroge, car il en le souvenir de quelqu’un de doux, et se décide à contacter la femme d’Alexandre, Nadia pour en avoir le cœur net.

"Je dis à Nadia que je viens d'apprendre pour Alexandre et que je suis stupéfait, c'est le mot que j'emploie, il ne convient peut-être pas très bien, mais j'ai du mal à trouver une formule adaptée. S'il était mort ou s'il avait subi un accident, ça viendrait facilement. On sait comment s'adresser à l'entourage des victimes, on sait quoi dire à ceux qui vont mal, à ceux qui souffrent. Mais qu'est-ce qu'on écrit à la femme d'un assassin."

De fil en aiguille, de visites en balades, les liens se nouent et Julien, qui avait pour projet d’aller s’installer à la Réunion avec sa compagne, repousse son départ pour assister au procès d’Alexandre. Ce qui aurait pu passer pour un thriller bascule alors en triangle amoureux, Julien redevient un adolescent passionné et fébrile.
Personnage emplit de doutes et de failles, il s’est construit par mimétisme, avec pour modèle son grand-père bourru John, au fort caractère, puis Alexandre plus sensible, allant jusqu’à emprunter son rire. Finira-t-il par prendre sa place dans son foyer auprès de sa femme et ses enfants ?

La Foudre est un roman sur l’amour de la nature, omniprésente et envoûtante, et sur la passion qui peut bouleverser une vie pourtant bien réglée. C’est également une réflexion sur la masculinité. Ce « héros » n’en est pas un, il ne sait pas où il va, il trimballe ses failles et ses doutes. On l’aime, puis on le déteste, on le comprend, mais on veut le secouer. Au final, le choix nous sera laissé, qu’adviendra-t-il de Julien ?
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Les Sorcières du phare

C.J Cooke où le retour fracassant d'une auteure de talent. Son point fort ? Nous produire un mélange de thématiques au sein d'un récit embarquant et nous en mettre plein les yeux! "Les sorcières du phare" ne déroge pas à la règle, j'ai adoré !

Inspirée par l'histoire des sorcières écossaises, C.J Cooke nous livre un roman ambitieux dans lequel se mélangent Histoire, Fantastique & sociologie. On y découvre tout un univers folklorique qu'il fait bon imaginer (ou pas), la toile se tisse et on se fait prendre au jeu en alternant les chapitres présent/passé. Certaines ficelles concernant un personnage en particulier sont un peu grosses mais il ne faut pas oublier le côté fantastique présent qui nous sort de notre réalité.

L'auteure rend bien évidemment un hommage aux femmes écossaises tuées suite à des accusations de sorcellerie, ces chasses aux sorcières qui ont donné lieu aux pires procès en sorcellerie de toute l'Europe. On y retrouve d'ailleurs certains noms dans le récit, dont Amy condamnée en 1662 sur l'île de Bute, île sur laquelle C.J Cooke a puisé son inspiration pour décrire, son île : Lòn Haven et ses personnages.
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Le Grand Feu

« La contemplation, c'est la joie d'Illaria. Écarquiller les yeux, et laisser les paysages, les visages entrer en elle. Comme maintenant, le canal qui la remplit d'eau, vaguelettes contre les parois de son corps, coups de rames sur sa peau, cris des gondoliers qui résonnent sur son thorax. »

Je ne suis pas une adepte de la musique baroque et Venise ne me fait plus rêver depuis longtemps, pourtant ce roman m'a enchantée sans aucune réserve.

A Venise au XVIII, la peste emporte tout. Illaria est confiée à sa naissance par ses parents à La Pieta, institution qui recueille les orphelines et les voue à la musique, elle y devient la copiste d'Antonio Vivaldi, oui Le Vivaldi.
Prudenza, fille d'une riche famille patricienne, qui vient prendre des cours de chant à la Pieta, est son unique lien avec l’extérieur. Car Illaria vit au cœur de Venise sans la connaître, elle étouffe et lorsque l’amour croisera son chemin elle se consumera, ce n'est pas rien de l'écrire!

Le Grand Feu est un roman d'apprentissage résolument féministe, fait d'eau et de feu, d'émotions musicales et de passion amoureuse, où le désir d'émancipation imprègne les pages, et dans lequel le corps musicien prend vie sous nos yeux, crescendo et avec brio.
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Le plus court chemin

"Plus le temps passe, plus m'appellent les livres courts. J'aspire au moins, au peu. Le chemin de la fiction ne m'attire plus comme avant; c'est mon environnement direct qui m'appelle. Documenter les choses avant qu'elles ne s'effacent. M'enfoncer dans les bois, longer le Targnon, suivre le Wayai.
Marcher est une autre façon d'écrire. Il y a des mondes passés sous chaque pas. Sédiments. Ves-tiges. Voix. On marche pour entendre ce qu'il y a avant soi."

Comprendre l'homme adulte qu’il est devenu en se remémorant des fragments de son enfance voilà la proposition d’Antoine Wauters.
Il le fait à travers le récit intime de scènes brèves de sa vie quasi-insulaire dans un village au sud de la Belgique, où il a grandi au début des années 80.
Les petites choses du quotidien lui permettent de se réancrer dans le réel et sont une tentative de soigner la folie du futur par les souvenirs.
Dans ces instantanés de vie, la Nature et les figures tracent le chemin qui le mènera vers sa singularité, l’écriture sera le moyen pour continuer de dialoguer avec les disparus. Un texte poétique fait d’odeurs et de lieux, d’une grande douceur et de nostalgie, une réflexion sur ce monde qui va trop vite et sur ce que nous perdons en sortant de l’enfance.

‘La vérité de ma tristesse se trouvait sous mon sternum, et dedans, il y avait une malle pleine de mystères souffrant de ne pouvoir être dits. Dans cette malle, il y avait du feu, je le sentais. Autant de feu, de glace et de force vitale que de capacité à me détruire. Au gens comme nous, Maman disait que le monde ne convenait pas. Parce qu’il ne nous suffisait pas. Il nous fallait de la beauté, à nous. La beauté nous portait. Sans beauté, disait-elle, les gens de notre espèce s’auto-consument. C’est si vrai.’
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Veiller sur elle

Merci à @netgalleyfrance et @lizzie_livresaudio
pour le service presse.
#NetGalleyFrance
#VeillerSurElle

Superbe !
Art, amour, amitié et Histoire. Tout est réuni pour faire de ce roman d'une grande sensibilité un chef-d'œuvre.

Mimo et Viola ne sont pas du même monde. Lui est pauvre et de petite taille, elle est riche et belle. Tout devrait les opposer et pourtant rien ne pourra les séparer.
Mimo est un sculpteur d'un immense talent. Il sait donner vie à ses oeuvres. Viola est éprise de savoir et de liberté, ce qui ne convient pas à son milieu ni sa condition.
Deux êtres aux destins entremêlés.

La narration a deux voix suit la construction du roman. Lila Tamazit est le présent avec les dernières heures de Mimo, Léo Dussolier raconte l'histoire depuis son commencement.
Chacun apporte encore plus de délicatesse au texte. Leur ton est juste, leurs intonations expriment les émotions avec authenticité.

Alors que les bases du récit sont classiques, l'auteur a su le renouveler par son talent, l'élégance de sa plume et la puissance de ses personnages.

Ce roman fût un pur plaisir à écouter.
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Je suis leur silence

Eva est une jeune psy dynamique, effrontée et un peu déjantée. Elle a rendez-vous avec son psy, qui doit décider ou non de sa capacité à continuer à exercer son métier. Dans ce cabinet, elle va raconter les événements des jours passés. Accompagnée des voix des femmes de sa famille, elle va être embarquée dans la succession d’un riche homme d’affaire du milieu viticole, ainsi qu’un meurtre dans un Barcelone ultra coloré.
L’aventure va être parsemée de répliques bien senties et de personnages hauts en couleurs (la famille d’Eva est géniale).

Carton plein pour moi encore une fois avec les créations de Jordi Lafebre : scénario, dessins, couleurs, personnages...tout m’a plu. J’aimerai bien revoir Eva dans une autre aventure. 
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Les Insolents

« Pourquoi, pour changer, il faut toujours mourir un peu en dedans. Pourquoi une nouvelle chose demande toujours d'en laisser une autre. »

Ce pourrait être un énième récit prônant de quitter la ville pour aller faire pousser des carottes à la campagne en quête d’authenticité, indigeste image d’Épinal. Rassurez-vous, il n’en est rien. Ann Scott n’a rien à vous vendre, ni de leçon à vous donner, là n’est pas son propos, d’ailleurs, elle s’en défend. « Chacun fait ce qui lui plaît » comme disait la chanson. Si comme son personnage, Alex, elle a décidé de quitter la capitale et de s’installer dans une maison du Finistère où ce qui semble le plus s’agiter est l’océan, c’est pour son envie d’y vivre. Point. Un ras-le-bol de la ville dont elle n’attend plus rien, « la nuit est morte »,un ras-le-bol des voisins. Être enfin, là où elle a envie d'être.

Alex vieillit, mais pour autant, elle n’a pas peur que tout ne soit pas carré, qu’il faille faire avec. Elle reste punk dans l’âme et ne cherche toujours pas à entrer dans des cases.

"À Paris, aux mecs qui ne lui plaisaient pas, elle a toujours dit qu'elle était lesbienne pour avoir la paix, et aux filles qui ne l'attiraient pas non plus, qu'elle était hétéro. Mais elle n'en sait rien, finalement. Elle ne sait plus, et elle n'a pas besoin de savoir, contrairement à nombre de gens maintenant qui veulent tellement qu'on sache ce qu'ils sont qu'ils ajoutent des sous-catégories à l'intérieur d'autres sous-catégories au cas où ce ne serait pas assez précis."

Elle loue la maison sur photos, quelques meubles, un lit dans le salon, un crapaud pour compagnon. Alors bien sûr, il faut faire les courses en taxi, il fait un froid de canard, mais l’essentiel est que ça aille, pas que ce soit parfait. Et jouir de la quiétude, on en vient à l’envier. C’est aussi le récit de solitudes qui se croisent, de liens qui perdurent malgré la distance, de non-dits qui font souffrir. Une réflexion sur la manière de nous présenter à l’ Autre, ce qu’on offre et ce qu’on cache. Cette nouvelle vie, c’est aussi apprendre à n’avoir personne avec qui partager, apprivoiser le quotidien, s’en tenir à l’essentiel, comme ce récit apaisant qui tient en peu de pages, sans fioritures.

« J’ai, je l'espère le temps
Encore de me faire tuer
De me faire lentement tuer par la beauté
La beauté »
Dominique A
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Coup de pelle

Heureusement que je n ai pas lu les critiques avant d’ouvrir ce thriller. Je pense que je serais passée à côté de quelque chose. C est le premier livre de l auteure, on le ressent peut être mais pour ma part, j ai apprécié. Il y a peut être quelques moments où je me suis sentie perdue mais je ne me suis jamais ennuyée. J’ai eu vraiment envie de connaître le dénouement du meutre de la petite Louise. Charlie est un très bon personnage. Haute en couleur, libre et peu déjantée par moment. J’espère qu elle connaîtra d autres aventures.
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À pied d'oeuvre

« Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l'obscurité: il fait noir mais ce n'est pas encore la nuit. »

La précarité de l’emploi, ce n’est pas un sujet nouveau, ni très gai, mais il est rarement abordé par les artistes, préférant proposer une image Instagramable de leur vie pleine de paillettes, cocktails et paradis tropicaux. Avant d’entrer dans le monde de l'édition, Franck Courtès fût photographe indépendant pendant une vingtaine d'années et n’avait pas à s’inquiéter de ses fins de mois. Après ce qu’il analyse maintenant être un burn-out, il a rangé ses appareils et a tiré un trait sur un métier générant de plus en plus d'humiliations et de déceptions.

(...) j'avais rencontré le rédacteur en chef. L'homme, plutôt sympathique, m'avait dit alors sans sourciller qu'en réalité certaines factures ne se perdaient pas, mais qu'il choisissait de ne pas les payer. Il réglait celles des grandes agences, avec qui il ne voulait pas se fâcher, mais pas des indépendants."

Ce récit égrène au fil des pages des anecdotes sur cette nouvelle vie, choisie et assumée, dans laquelle l’artiste qu’il était est devenu manœuvre, gagnant ses quelques euros quotidiens à la force de ses bras afin de dégager du temps pour ce qui le fait dorénavant vibrer : l'écriture.
Via La Plateforme, réseau en ligne, fruit du néolibéralisme où la concurrence est rude, il trouve des travaux à exécuter, s’improvisant chauffeur, jardinier, bricoleur, mais surtout y laissant sa santé. Il raconte les sans-papiers, la pauvreté au quotidien, les souffrances endurées, le regard des autres, l’incompréhension de ses proches.
Sur La Plateforme, on n’est qu’un prénom, telle une fille de joie dans un bordel, on vend son corps pour des travaux, on charrie des sacs de gravas tel un forçat. Franck Courtès, c'est un peu Aubenas chez les hommes à tout faire sans le retour à la vie « normale ».

Ne vous méprenez pas, aucun misérabilisme dans ces pages, mais un rappel de la valeur réelle de l’argent et une formidable démonstration de la nécessité d’écrire, au-delà de tout.
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Georgette

«Je sais ce qu'elle était pour moi. Je ne sais rien d'autre d'elle."

C’est un court récit autobiographique, construit sur des souvenirs et des films de famille, séquençant le livre, avec au fil des chapitres l’alternance du "je" et de scénario. Lorsqu’elle écrit ce livre, Dea Liane a 30 ans, l'âge qu’avait Georgette à son arrivée dans la famille, qu'elle suivra de la Syrie en France, de la France au Liban. De la chambre partagée, à la buanderie, puis au sous-sol, dernière étape avant la séparation, cette femme comblera les manques tout en restant discrète, sans jamais prendre la place de la mère avec qui elle forme un véritable duo.
Georgette est pour les petits une Martine Super heroine aux multiples aventures, toujours là pour les protéger, Georgette et le scorpion, Georgette et le serpent, Georgette à l'école. La mythologie créée par les yeux de l'enfance est contrebalancée par les descriptions des scènes filmées, où parfois son regard est las, où elle semble ailleurs. La mère est à la mise en scène, le père est producteur, financeur aux courtes apparitions, Georgette quant à elle est la doublure de la mère. Puis la famille devient plus aisée et les codes changent, la domesticité devient plus dessinée, les codes de classe plus marqués.

«Il faudrait abolir la domesticité traditionnelle. Nommer les rapports de domination. Oser parler d’esclavage. Je dois être impitoyable envers cette histoire. Je n’y arrive pas.»

A travers ces pages, Dea Liane cherche à nommer le lien qui l’unissait à Georgette, cette figure d’attachement pour l'enfant, lui qui n'a aucune conscience que ce lien entre la Syrienne et sa famille est avant tout l'argent.

"(...) c'est une domestique, nous l'avons payée pour ça. »

Ce livre est une belle reconnaissance pour la place qu’occupait cette femme au sein de la structure familiale. Des pages emplies de tendresse, une déclaration d’amour à celle qui se dévoua pendant plus d'une dizaine d’années, faisant passer ses besoins en arrière plan, sans jamais dévoiler son mystère.
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L'Affaire Mitford

"La politique est une affaire éminemment personnelle."

Et Dieu sait si elle est omniprésente chez les Mitford, famille issue de la vieille noblesse britannique. En poursuivant leurs aspirations politiques, les sœurs de la fratrie se sont retrouvées au cœur de la scène politique de l’entre deux guerres. Dans ce livre romançant leur histoire, Marie Benedict cherche à comprendre ce qui a conduit ces jeunes filles de bon rang, qui auraient pu se contenter de parader dans les bals et faire de beaux mariages, à se jeter à corps perdu dans des combats idéologiques, combats qui ne seront pas sans mettre à mal les liens familiaux.
Diana, divorcera de son riche mari pour épouser Oswald Mosley, le leader du mouvement fasciste britannique, Unity, partie vivre à Munich, sera soupçonnée d'être la maîtresse d’Hitler pour lequel elle a une dévotion absolue et Jessica s’engagera au Parti communiste.
Nancy, auteur de livres piochant largement dans l'histoire familiale, décidera quant à elle de se rapprocher de son cousin, Winston Churchill, devenu Premier ministre, et l'aidera à voir clair dans les relations entre ses sœurs et le régime nazi, faisant passer le patriotisme avant les liens du sang.

Une histoire familiale étroitement liée à l'Histoire, passionnante et singulière, qui éveillera probablement votre curiosité et vous incitera à aller découvrir les romans de Nancy Mitford, dont Charivari publié en 1935.

« Comment Diana et Unity ont-elles réussi à faire des Mitford les ambassadeurs de Hitler ? Si je n'avais pas écrit Charivari, auraient-elles tenté de m'entraîner moi aussi dans leur plan ?
Une partie de notre famille est devenue l'équivalent d'une plante invasive semée dans le sol anglais afin d'étouffer les espèces locales. Pour faire cesser sa prolifération, je n'ai d'autre choix que de me transformer en jardinier pour arracher ces mauvaises à la racine".
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Vierge

"Je scrute mon sexe qui se remet à pleurer aussitôt. Il dit, Je m'ennuie, je m'ennuie, je m'ennuie, c'est illégal comment je m'ennuie. Je ferme les yeux, serre les poings et secoue la tête avec frénésie comme pour me réveiller d'un cauchemar. Ma vulve me parle, comme le chandelier dans La Belle et la Bête, les animaux du Docteur Dolittle ou les jouets d'Andy dans Toy Story. J'ai l'impression d'être au cour d'un générateur de contes Pixar qui aurait dérapé."

Soyons honnête, j'ai eu envie d'arrêter la lecture très vite. Même avant que la vulve de Maxine se mette à parler. Mais je ne suis pas de celles qui laissent un livre en plan. Alors, je me suis laissée apprivoiser par Constance Rutherford et son héroïne de 25 ans, un peu perdue, pionne dans un lycée et mal dans son corps.

"Mes parents sont déçus. Ils aimeraient pouvoir répondre "prof d'anglais","infirmière" ou "avocate" à la question : "Que deviennent vos filles ?'. Des vrais métiers grâce auxquels on remplit son devoir moral, on paye des impôts et on participe à l'entretien de la force publique. Au lieu de ça, ils ont engendré un têtard immutable qui se regarde vivre et s'autoanalyse en permanence."

Maxine est vierge, la chasteté pour elle n'est pas un choix, mais un poids, et sa vulve lui donne un ultimatum, elle a 9 jours pour passer à l'acte.
De Paris à Amsterdam, de cours de théâtre en rencontres plus ou moins malheureuses, elle perdra une part d'innocence et cette virginité si encombrante, mais surtout, elle trouvera sa place.
Mention spéciale pour la fin toute poétique de ce livre original et attachant.
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Malgré toute ma rage

"À force de réprimer la violence qui nous constitue en grande partie, elle suinte de partout et sous diverses formes. L'histoire démontre sans cesse que dès que l'homme a la possibilité de répandre le mal à l'abri des lois, jamais il n'y renonce, toujours s'épanche."

Ça démarre sur les chapeaux de roues, un narrateur dont on ne connaît pas l'identité assassine une jeune fille sous nos yeux. L'emploi du "je" ne nous permets aucune distance avec ces pages noires et violentes. Je ne connaissais pas l'écriture de Jeremy Fel, je n'étais pas prête, mais j'ai été accrochée dès les premières lignes aussi choquantes soient elles. Les âmes sensibles peuvent rebrousser chemin, l'horreur ira crescendo.

Changement de ton brutal, dès le deuxième chapitre, Chloé prend la parole, on bascule dans le teen movie, nous sommes en Afrique du Sud avec ses 3 copines, une seule est majeure, pour des vacances loin des parents. A travers ses yeux, je m'ennuie un peu, je me demande ce que je fais là dans ses pages légères version spring break qui dénotent avec l'intensité dramatique des premières.
Mais ce mélange des genres ainsi que les points de vue multiples à la première personne, 7 chapitres pour 7 personnages, permettent la mise en place des pièces du puzzle de cette mise à mort initiale et la dissection du mécanisme qui mène à la violence.
Se dessine peu à peu une famille bourgeoise dysfonctionnelle et monstrueuse en marge des petits arrangements du monde de l'édition. Inceste, consanguinité, perversion, meurtre, ce roman est une tragédie grecque transposée en 2023, les Atrides chez Gregg Araki. Le mal se répand en famille, on plonge dans la noirceur des âmes avec un plaisir coupable, toujours plus loin dans l'abjection.

Ne vous attendez pas à un Happy Ending, je vous le dis tout de suite, il n'y en aura pas. Le final ne fera pas plus dans la gaudriole que l'introduction !

"The world is a vampire" Smashing Pumpkins
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M, les derniers jours de l'Europe

Années 38 à 40, Mussolini le Duce, grand inspirateur d'Hiltler, devient le suiveur. D'abord les lois raciales, surenchère nauséabonde vis à vis de la politique anti juive nazie. Puis, une sordide politique opportuniste qui conduira l'Italie à sa perte, et le monde à un conflit mondial, avec une déclaration de guerre aux démocraties française et anglaise dans la foulée des succès militaires de la Blitzkrieg germanique, en juin 40. Passionnante conclusion de 3 tomes relatant 20 ans de fascisme, et une éternelle remise en perspective avec les soubresauts passés et actuels de l'Histoire.
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Arrête de me chauffer, Nagatoro, tome 2

FACÉTIEUX À SOUHAIT ! X''-)...
Donnons une chance à ce Tome 2 de cette série qui avait un excellent potentiel. Et qui peut faire mieux ou "prend son temps" ça dépend des points de vues;

Nos personnages sont propulsés dans un monde MMORPG Médiéval Fantastique. Mais tout cela n'était bien sûr qu'un songe. Jusqu'à ce que Sempaï lui donne vie avec son crayon.

Nagamoto est candide, joyeuse et entrainante. C'est une tempête de positif comme on en voit rarement et il est facile de se laisser porter. Sans jamais toutefois aller jusqu'au bout car ce serait la fin du jeu. Et en même temps, c'est une vraie diablesse.

"Sempaï" vois les amies de Nagatoro telles des démones, villes tentatrices.

Le style est si bien retranscrit que j'en entend les personnages.

"Quelqu'un qui n'en fait jamais... Ne peut pas espérer en avoir en retour !!"

On poursuit le délire de Sempaï qui écrit sa propre Fan Fiction.

Si je fais un parallèle avec ma propre histoire effectivement en BEP une fille m'avait "Taquiné" (et plutôt jolie en plus!) mais je n'ai pas compris ce que ça voulait dire, à l'époque.

Nagatoro est un cauchemar et un rêve à la fois.

Faire "crac crac" c'est l'expression qu'utilisait ma première copine! Je l'avais jamais re entendu par la suite jusqu'à maintenant ; -) ... Je ne pensais pas la ré entendre encore.

Les passages colorés apportent vraiment quelque chose au récit.

Des chapitres bonus qui complétement agréablement le récit mais ne sont pas indispensables à la compréhension du corps de texte.

Bonne Lecture.

En bref____
Rien de transcendant. Nagatoro continue ses taquineries et se rapproche de plus en plus de son Sempaï. Cela dit si le fond est classique, la forme porte le récit;

Positif____
Frais, agréable, léger.
Curieux couple.
Drôle.
A contre courant des Shojo classiques.

Negatif____
Un peu la même chose que le T1.
'Se passe pas grand chose dans le Fond.

____
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Le Jour et l'Heure

"C'était pas un suicide assisté, non, pas du tout. Ce n'était pas une pulsion de mort, bien au contraire. C'était une leçon de liberté, oui, comme nous tous, elle a essayé d'être libre (...)"

Ils partent à 5 et rentreront à 6. Ce qui pourrait avoir l'air d'une escapade familiale, comme au bon vieux temps, est en fait un road trip vers une mort annoncée. Le voyage est certes mortifère mais joyeux, sans appitoiement. Le rythme est vif, les chapitres sont courts, l'humour est présent.
Chacun s'exprime, tour à tour, le père, les 3 sœurs et le fils, hormis Edith, ou indirectement. La parole est donnée à ceux qui resteront et qui doivent composer avec la décision de leur mère et épouse. Celle-ci a pris la liberté de partir dignement, de choisir le jour et l'heure, entourée des siens.

Carole Fives entre dans les détails du processus du suicide assisté, sans que le texte ne devienne voyeur ou larmoyant, sans y accorder trop de pages. On est ici pour célébrer la liberté de cette femme, son acte d'amour pour son mari, à qui elle ne veut pas imposer la vision de sa dégénérescence inéluctable.

Un livre d'une grande humanité et une réflexion sur le rôle du corps médical. La famille est d'autant plus impliquée qu'une seule des filles n'en fait pas partie ayant choisi une autre voie professionnelle. Edith elle-même fut infirmière avant d'embraser une carrière d'avocat.

"Lorsqu'on est médecin, on n'est pas préparé à la mort des gens. Notre mission, c'est de les tenir en vie coûte que coûte, en dépit de leur liberté. La mort, ce n'est pas notre sujet. Notre société est comme ça, elle ne veut pas regarder la mort en face. Et pourtant, j'ai lu dernièrement de très belles choses des philosophes grecs. Philosopher, c'est apprendre à mourir, pensaient-ils. Et si soigner, c'était aussi apprendre à mourir ?"

Comment apprendre à vivre avec le temps qu'il reste une fois la date fatidique déterminée ? Un sujet traité de façon pudique, sans tomber dans l'écueil du pathos lacrymal.
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L'épaisseur d'un cheveu

"(...) Étienne ressentit l'effroi qu'il n'y ait peut-être plus d'occasion où l'on dresse une belle table en disposant en son centre les bougies blanches et dorées."

Ce pourrait être la chronique d'un fait divers d'une banalité affligeante. Au bout de dix ans de mariage, Viv est tuée de 37 coups de couteau par son mari, Etienne Lechevallier, qui n'en a que le nom.

Ce n'est pas une histoire de violence conjugale, il n'y a pas eu d'antécédents, ceci est la description des jours précédents la bascule.
Ce n'est pas non plus un féminicide, Claire Berest l'a souligné dans diverses interviews, cet homme ne tue pas UNE femme, il tue SA femme. (Veut-elle par là se singulariser parmi tous les livres sortis récemment à ce sujet ?)

Tout le long du roman, nous sommes dans la tête du mari, de l'agresseur, un homme banal, certes obsessionnel dans son travail. Comme lui dans son quotidien, on s'ennuie parfois en lisant les pages qui lui sont exclusivement consacrées. Cet homme qui ne s'intéresse réellement qu'à sa propre petite personne, en devient caricatural.
Dans cette vie bien réglée, ponctuée de rituels, les concerts de musique classique, l'Italie, tout ne tient qu'à un fil, à l'épaisseur d'un cheveu. (Cheveux qui seront l'amorce de la bascule et qui seront coupés au couteau de cuisine.)
Il sent que sa femme lui échappe et ne peut le supporter. Il la détruit pour ne pas la perdre. Soit.
Mais alors pourquoi n'est-il pas passé à l'acte lorsqu'elle est déjà partie 3 ans plus tôt ? Parce que cette fois il la soupçonne d'adultère ? Soit.
Parsemer le roman de procès-verbaux n'a pas suffit à me le rendre crédible, se placer dans le cerveau du tueur n'a pas suffit à le rendre original. Contrairement à certains, emballés par cette histoire, elle n'est pour moi qu'une énième redite des "violences faites aux femmes" sans rien apporter de réellement pertinent.
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Salicornia, tome 1 : L'Ordre du Vampire

Fin avril début mai, j’ai lu le livre 1 de “Salicornia - L’ordre du vampire” de Fabien Clavel. Ce roman Young Adult convient bien à catégorie de lecture “Foire itinérante” pour les mots-clé “créature(s) hors-norme(s) du mois de la Fantasy.

J’aime que dans la fantasy urbaine, la féerie et les créatures magiques soient dissimulées aux humains. J’aimerais lire plus souvent des histoires avec des valeurs chères à mon cœur et à ce genre. Les combats manichéens, la sagesse, la volonté, tout ça me parle !

A la pension Salicornes, l’oni, l’hobgobelin(e), la vampire, l'elfe et l’ange sont extraordinaires dans tous les sens du terme. Ils cherchent quelles que soient les circonstances, à créer une atmosphère de confiance, de respect malgré leurs différences, avant de s’embarquer dans une aventure haute en couleur.

Cette enquête merveilleuse et intelligente se déroule principalement dans un univers parallèle. On va de rebondissement en rebondissement. Cette mission est menée dans l’urgence.g L’organisation des événements constituant l’action du récit ne suit pas toujours l’ordre du temps. Ce choix de l’auteur a bien failli me faire perdre le fil de l’intrigue.

Je recommande la lecture de ce texte qui accorde de l'intérêt à la culture populaire et qui a pour vocation de nous faire rire. Alors que les références qu’il contient m’ont donné envie de retourner dans le passé.

Le livre II : “Le chant des banshees” m’a été envoyé gratuitement par https://gulfstream.fr/. Il fera donc partie de mes lectures mensuelles.
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Ne réveille pas les enfants

"24 mars 2022
Cinq personnes issues d'une même famille française sont tombées d'un immeuble, ce jeudi matin à Montreux (...)."

Pas de cris. Les uns après les autres. Pour seul témoin une caméra de surveillance. Seul l'adolescent âgé de 15 ans ne décèdera pas sur le coup. Ce drame s'est déroulé sans intervention extérieure, les autopsies ont révélé qu'ils n'étaient pas non plus sous l'emprise de stupéfiants...
Le souvenir des suicidés du Temple Solaire plane encore sur Montreux et les autorités sont peu enclines à communiquer.

L'enquête menée par @ariane_chemin dans le passé des protagonistes nous ramène à la guerre d'Algérie qui sera le fil conducteur du livre pour tenter de comprendre leurs motivations. Car les cinq semblent avoir sauté dans le vide selon un plan établi. L'histoire familiale serait-elle la clé ?

"(la paranoïa) Elle contamine comme une tache d'huile. Le paranoïaque a une grande force de persuasion. Elle est capable de convertir des personnes, même les plus intelligentes. Au début, il y a un peu de résistance, mais le paranoïaque finit par pénétrer de manière implacable la logique des autres. Pendant la pandémie, le complotisme s'est développé dans les couples : on a vu beaucoup de cas de ce qu'on nomme les "délires à deux". La paranoïa peut aussi se développer dans le cercle familial. Elle devient alors très dangereuse si elle est assortie d'un délire de persécution. On peut se supprimer et supprimer sa famille pour éviter d'être supprimé par l'autre."

Nul besoin de fiction pour faire d'un livre un page turner, nul besoin de voyeurisme pour relater un fait divers. Tout comme Sambre d' @geraud.alice l'an dernier, Ne réveille pas les enfants m'a happée jusqu'au point final.

"On ne sait pas tout. On ne saura pas tout. On ne pourra pas tout savoir. Il y a une partie de cette histoire et de cette journée pour laquelle on n'aura pas de réponse. Il faut juste admettre que dans ce genre de situations, il y a des secrets qu'on ne connaît jamais. L'être humain n'aime pas ne pas savoir, mais voilà. Il y a des choses qui appartiennent à cette famille."
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La Librairie Morisaki

"Mon oncle m'a presque arraché ma valise des mains et m'a invitée à le suivre à l'intérieur. Une odeur de moisi m'a aussitôt prise à la gorge.
- Ça pue la moisissure ! ai-je laissé échapper.
- Je préférerais que tu dises que l'air est aussi humide qu'un matin après la pluie, a-t-il répliqué en riant."

Takako démissionne de son travail lorsque celui qu'elle pensait être son petit ami lui annonce son prochain mariage avec une autre. Son oncle, qu'elle n'a pas vu depuis des années, lui demande alors de venir l'aider dans sa boutique de livres située dans "le plus grand quartier de bouquinistes du monde" Jinbôchô, à Tokyo. Takako, en pleine dépression finira par se relever peu à peu, grâce aux livres et aux rencontres qu'elle fera dans ce petit quartier où l'on peut se lier d'amitié autour d'un café.

"Il arrive parfois qu'un événement imprévu ouvre une porte dont on ignorait l'existence."

Un livre tout en douceur, une tranche de vie où l'héroïne apprendra à faire le deuil d'une relation amoureuse au milieu de personnages secondaires eux-mêmes en souffrance. C'est en partageant peu à peu leurs histoires qu'ils avanceront et trouveront le chemin de la guérison.
Une lecture apaisante comme sait si bien le faire la littérature japonaise.
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