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EAN : 9782246155348
238 pages
Grasset (06/11/2002)
3.79/5   38 notes
Résumé :

L'Escadron blanc fait revivre l'aventure exemplaire d'un bataillon de légionnaires à la poursuite d'un rezzou, en plein coeur du Sahara. On retrouvera dans ce beau roman épique, où la cruauté du désert évince les charmes de l'exotisme, l'illustration parfaite des drames coloniaux, tels qu'ils furent en vogue dans les années trente. Joseph Peyré, maître incontesté du genre, a su réunir magnifiquem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Joseph Peyré - L'escadron blanc - 1934 : Joseph Peyré fut parait-il le douanier Rousseau du désert. A priori il n'avait jamais vu ces régions ravagées par la sècheresse et la chaleur comme l'autre n'avait jamais connu les paysages représentées dans ses tableaux. Pourtant il écrivit dans les années 30 quelques romans sur le sujet d'une incroyable authenticité. Comme dans «Le Chef à l'étoile d'Argent» un autre grand roman saharien écrit de sa main, Joseph Peyré mettait en avant la figure de l'officier français. Mais loin des salons cossus des villes de garnison, ces hommes donnaient l'exemple de l'honneur en s'imposant dans l'exercice de leur mission les mêmes privations que leurs hommes. le Lieutenant Marcay la figure centrale de ce roman exerçait le commandement d'un poste fortifié sur la ligne de démarcation entre l'Algérie et le Maroc. Quand un groupe armé franchissait la frontière afin de rançonner les caravanes commerciales qui sillonnaient le désert, le chef rassemblait une colonne de Touaregs pour les poursuivre et les anéantir. Secondé par le lieutenant Kelmer tout juste débarqué de métropole et peu habitué à cette vie d'ascète, l'homme lançait son escouade sur la piste des ennemis. Rarement un écrivain su décrire avec autant de force le drame que vivait ces soldats et leurs supplétifs dans les longues courses à l'aveugle pour retrouver les éléments subversifs infiltrés dans ce vaste territoire inhospitalier. On avait là un roman d'hommes, les personnages féminins apparaissant dans un lointain contre-jour comme de simples instruments dédiés au repos du guerrier. Peut-être n'étaient-elles que de simples illusions ou comme les hallucinations passagères rencontrées en pleine chaleur par ces navigateurs sans mer un réconfort espéré mais jamais vraiment touché du doigt. Accablé lui-même par l'implacable soleil qui frappait les pages de cet ouvrage le lecteur ressentait les affres de la poursuite et les invraisemblables souffrances de ce voyage à dos de méharis. Pendant des jours les quatre-vingt militaires martyrisaient leur force pour atteindre la colonne maudite, insaisissable comme les futiles tourbillons de vent sec qui assoiffait les chameliers et leurs montures. À bout de force le lieutenant Kelmer rendait l'âme avec une bravoure qui forçait l'admiration des plus endurcis des berbères. Les fusils eux finissaient par parler dans ce silence accablant qui étreignait le Sahara transformé en brasier la journée et en banquise la nuit. Malgré l'épuisement l'instinct de la guerre donnait sa pleine mesure et le courage suppléant la fatigue permettait de mettre en déroute la troupe de pilleurs. Il ne faudra pas chercher dans ce roman la démonstration lyrique que beaucoup d'écrivains donnaient à certains faits d'armes car c'est dans sa sobriété et dans sa description sans fard d'un monde violent et quasiment monacale que se trouvait le plaisir du lecteur… d'une redoutable aridité
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C'est la fête quand l'escadron de méharas du lieutenant Marçay reçoit l'ordre d'intercepter une cohorte de pilleurs des sables.

La prose écrite en 1931 est superbe, d'incroyables détails rendent le texte visuel et crédible.

Peyré y met son amour du désert, son admiration pour les hommes qui y survivent. Que va devenir le jeune lieutenant Kermeur, fraîchement débarqué, isolé par ses hommes et après 40 jours de chasse épuisante, de mauvais coups du sort, le lieutenant Marçay arrivera-t-il à conserver l'ardeur de ses hommes pour un ultime combat?
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Comme il est bon de découvrir des écrits ensommeillés, qui raniment la flamme de l'esprit d'aventure chez le lecteur...L'Escadron blanc est un beau récit, un très bon roman, qui met en lumière le temps si particulier de l'aventure méhariste, l'épopée de la conquête et de la garde du désert. Flamboyance des burnous, teintes merveilleuses des aubes et des crépuscules du désert, odeur du cuir de selle, toutes les sonorités chantantes des habitants du désert sont inscrites dans ce texte puissant.

Joseph Peyré nous entraîne dans l'aventure ensablée d'une troupe combattante du désert, 80 hommes montés sur leur méhara, ces navires fabuleux du désert a l'apparente asymétrie, mais à la résistance farouche, au rythme de marche dansant et lancinant, qui sait si bien s'adapter aux paysages lunaires dessinés par les dunes du désert.

L'Escadron, bras armé de la France en cette terre désolée mais superbe, est conduit par deux officiers, certes différents, mais que l'épreuve fatidique du désert va rapprocher. Figure du chef par excellence, Marçay, le Légionnaire au visage et au coeur buriné, dont l'âme ne s'anime qu'avec la promesse d'une course, d'une chasse, doute tout d'abord de Kermeur, le Spahi, jeune et fringant officier, ignorant tout du désert, mais qui saura se montrer, jusqu'à ses ultimes limites, digne de ses illustres prédécesseurs.

A ces hommes qui ont choisi de servir au pays du vent, Il est donné de vivre ce pour quoi leur compagnie montée a été conçue : partir traquer et anéantir le Rezzou. Pour cela, il faut couper la route de ces derniers nomades du désert, pour livrer enfin l'ultime combat qui doit décider de leur survie.

On est transporté par ce récit flamboyant, où l'on voit le désert menacer d'ensevelir peu à peu les hommes au burnous, en même temps qu'il paraît ensevelir les derniers espoirs du chef d'exception. Mais il n'y a pas de renoncement, car il n'y a pas de retour en arrière possible.

Joseph Peyré nous entraîne dans une course contre le temps et les éléments qui prend, au fil des jours et des kilomètres avalés, une dimension tragique. Les longues et terribles journées de marche, rythmées par le battement des guerbas et les récriminations gutturales des dromadaires épuisent tous les hommes, et les plus vigoureux ne sont pas épargnés par la loi implacable du désert. le soleil assomme les hommes sous les chèches, tandis que les guides et leur chef tentent de deviner l'itinéraire du Rezzou. Pas de faiblesse chez ces hommes rudes et sauvages, disciplinés sous le drapeau français, qui restent confiants dans l'aura du chef et la promesse du raid, l'appel du sang, l'espoir de la razzia.

Joseph Peyré, qui n'a pas connu les affres de la vie du nomade du désert, a pour autant ici écrit des pages superbes, et décrit avec une authenticité rare, l'âme méhariste. Voici une lecture qui en appelle d'autres, il est bien regrettable que de si beaux écrits ne soient pas réédités.
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Après la Première Guerre Mondiale, les Français avaient besoin de se changer les idées, un souffle d'aventure et d'exotisme était nécessaire pour effacer les années atroces qui venaient de s'écouler. Quelques auteurs choisirent ce créneau porteur – et n'eurent pas à s'en plaindre : Pierre Benoit et Joseph Peyré sont les plus connus, mais on peut citer aussi Maurice Dekobra ou Claude Farrère, ou dans des genres voisins Pierre MacOrlan ou Roger Vercel.
Joseph Peyré, comme Pierre Benoit, eut son heure de gloire et peu à peu, comme son confrère et ami, tomba dans un oubli injustifié. Pourtant tous deux ont des qualités littéraires évidentes : excellents prosateurs, ils troussent des romans ou l'exotisme et la romance se mêlent à l'aventure, faciles à lire, et d'une bonne tenue littéraire qui les met largement au-dessus des « romans de gare » ou des « romans féminins » (ce terme aujourd'hui suspect désignait alors les productions – très courues – de Delly et Max du Veuzit, entre autres).
Joseph Peyré, (1892-1968), à la différence de Pierre Benoit, s'est cantonné dans trois domaines d'exploration : le Sahara (« L'Escadron blanc » - 1931, « le Chef à l'étoile d'argent » - 1933, « Sous l'étendard vert » - 1934, « Croix du Sud » - 1942, « La Légende du goumier Saïd » – 1950) ; l'Espagne (« Sang et lumières » - 1935, « L'Homme de Choc » - 1936, « Roc-Gibraltar » - 1937, « Guadalquivir » - 1952, « Une fille de Saragosse » - 1957) et la haute montagne (« Matterhorn » - 1939, « Mont-Everest » - 1942), plus quelques hommages appuyés au Béarn et au Pays basque, terroirs de son enfance (« Jean le Basque » – 1953, « le Puits et la maison » - 1955)
« L'Escadron blanc » (1931) raconte l'épopée héroïque d'une troupe de légionnaires, partis dans le désert à la chasse de pillards. Nous vivons le quotidien de ces hommes à la fois terriblement humains et héros par la force des choses. Parce que c'est bel et bien de l'héroïsme que d'affronter le désert dans ces conditions : par lui-même le Sahara constitue une menace : la chaleur, la soif, les points d'eau éloignés, la maladie, l'épuisement ; l'ennemi invisible, qui peut attaquer à n'importe quel moment (cette attente angoissante rappelle « le Rivage des Syrtes » de Julien Gracq, ou « le Désert des Tartares » de Dino Buzzati) ; il ne faut pas moins que la volonté des chefs et une certaine notion de l'Honneur militaire pour les aider à tenir le coup.
Bien entendu, nous sommes en plein Empire Colonial. le discours se veut patriotique, et c'est assez dans l'air du temps. D'ailleurs, le Sahara et l'armée d'Afrique sont attractifs pour les romanciers (on pense à « L'Atlantide », de Pierre Benoit). Mais chez Joseph Peyré, plus encore que chez Pierre Benoit, la description du quotidien contribue à la sensation d'étouffement et de chaleur : les burnous, les dromadaires au pas chaloupé et aux blatèrements de crécelles, les odeurs corporelles, animales, et ces couleurs criardes où dominent le jaune le blanc et le bleu, l'auteur nous fait physiquement ressentir ce que ressentent ces hommes. du grand art.
Un grand roman à redécouvrir. Un grand auteur à remettre au goût du jour.
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Il est heureux que les lecteurs de Babelio se souviennent de Joseph Peyré, alors que le Petit Larousse l'ignore.... C'est un conteur merveilleux, sachant décrire les lieux et les sensations humaines avec une justesse et une sensibilité extrêmes, ceci dans une langue de qualité, porteuse d'un vocabulaire riche et précis (que, là encore, nos dictionnaires modernes ignorent souvent....).
L'Escadron blanc (livre publié en 1930) nous raconte la poursuite, dans le désert du sud Algérien, d'un "rezzou" de Berabers, par un corps expéditionnaire français de 80 hommes. Nous saurons tout du désert, des difficultés terribles rencontrées par ces hommes et leurs chameaux pour progresser sous des chaleurs accablantes, les points d'eau étant espacés parfois de plus de cent kilomètres. Et ce livre est surtout celui de l'attente: on poursuit un ennemi invisible, et chaque jour, on croit l'avoir rattrapé, mais il n'est pas là. Cette attente du choc, de la confrontation (dont on sait pourtant qu'elle ne se fera pas sans pertes humaines, qui s'ajouteront à celles que le désert torride aura déjà causées) est l'élément essentiel du récit: entre impatience et inquiétude, les sentiments humains se contrarient. N'est-ce pas un peu ce que l'on a retrouvé plus tard dans le Rivage des Syrtes? La guerre est terrible; l'attente de la guerre aussi. Et les militaires ont besoin du combat, qui est la justification de leur engagement. Joseph Peyré maîtrise tout cela: le récit, de vocabulaire, le sens des formules, la description de la rude amitié entre des hommes emportés dans une aventure qui les soude mais où la mort est forcément présente. Qui périra? Qui survivra? Demain, plus tard? Ce que ressentent les hommes face à ce terrible et irréversible suspens nous est narré avec talent. Ne faisons pas comme les rédacteurs de nos dictionnaires: n'oublions pas Joseph Peyré.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Escadron blanc, déjà largué comme un vaisseau, aucune voix n'en parvenait plus à la terre. A peine si, de loin en loin, le silence du soleil laissait la plainte d'une bête venir frapper les murs, éveiller un écho aussitôt éteint.
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Enfin, le cavalier fut là, prit le pli, serra la main de son chef et monta en voltige sur son méhari déjà lancé. Comme doit le faire un courrier en mission, il se mit au galop. Une seconde, son burnous blanc flotta dans la nuit, et les jambes de sa monture fouettèrent le sable mat, aussitôt fauchées par l'ombre.
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Pour Kermeur, mieux valait qu'il ne vît pas cette victoire. Son espoir de soldat aurait été déçu. Il ne savait pas l'exigence du désert, sa route aride, sa misère et l'âpre mesure de ses joies.
des hommes exténués.
- Sihira bouch...
La Croix du Sud montait à l'horizon.
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Marçay fit un effort pour penser à la bataille. La situation était aussi claire qu'au soleil. Sur le cif de la grande dune, à sept kilomètres environ, les éclaireurs du rezzou. Sur les puits de Tadjenout, sur les oglat, le camps des pillards, avec ses sentinelles doubles, son carré d'abris hérissés de carabines à tir rapide.
Sept autres de leur méharas forcés, les Berabers n'avaient pas pu aller plus loin. Mais savaient-ils qu'ils auraient à combattre contre des hommes traqués par la soif ? Contre des hommes, qui, même après la mort de tous leurs chefs, ne fuiraient pas, qu'il faudrait, s'ils étaient vaincus, finir de tuer l'un après l'autre, et qui feraient leurs derniers pas vers les trous d'eau ?
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Adghar s'était vidé. Le Kabyle lui-même avait fermé son café maure pour venir assister aux préparatifs de la grande course. La foule inutile des sédentaires, à l'odeur si grasse qu'elle stagne entre les murs de terre comme une huile lourde, des femmes en costumes de fête, raidies par leurs bijoux pesants et leurs volants superposés de soie orange, rose et verte, et laissant derrière elles des pistes de musc et de parfumeries confites, des négresses drapées de bleu, les cheveux tressés sur la nuque en paillassons piqués de coraux et de coquillages, refluait sur la place où le soleil et le fer rouge du sable auraient à pareille heure dû chasser toute vie.
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