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Maryla Laurent (Traducteur)Kamil Targosz (Illustrateur)
EAN : 9782882501653
86 pages
Noir sur blanc (19/01/2006)
3.88/5   8 notes
Résumé :

Les héros de ces cinq nouvelles vivent de peu de choses dans leur pauvre village de Pologne orientale, mais ils sont attachés à leur " ici et maintenant " dont ils supportent les imperfections avec une belle philosophie. Ces fragments de vie, saisis avec humour et fantaisie, tissent le tableau émouvant d'un monde où le présent s'écoule très lentement, et où les hommes semblent vivre aux frontières de l'&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Retrouver l'écriture d'Andrzej Stasiuk, c'est s'immerger dans un texte de sensations olfactives, auditives et visuelles.
Peu d'écrivains savent, comme lui, restituer les perceptions et bruits quotidiens dans les mots, les rendant à ce point réels. Peu d'écrivains savent à se point rendre perceptibles les petites choses que l'habitude d'être côtoyées rend invisibles. C'est comme si le "zoom" du regard se portait sur des êtres ou des choses qui restent souvent à l'écart chez les autres auteurs, sur ces choses qui se font si discrètes qu'elles en sont oubliées.
Tout comme peu d'écrivains parlent des gens modestes avec autant de bienveillance, autant d'attention, autant d'acuité.

Dans ses textes, il y a toujours des horizons contemplés, des paysages regorgeant de couleurs contrastées, des bruissements du vent dans les aulnes, des ciels annonciateurs de bouleversements, des éclats de lumière du soleil ou plus tamisés de la lune à travers les brumes d'hiver, il y a des senteurs, la terre qui exhale son humidité, le feu de bois qui enveloppe tout. On s'immerge par tous les sens dans le texte. Et tout devient palpable comme réel.
Les voitures sont toujours bringuebalantes, on croise toujours les déambulations de chiens qui errent ou alors qui sont à l'attache et on les entend aboyer. Ils sont toujours présents.

Cinq courtes nouvelles pour cinq histoires de vie, ou plutôt moments de vie car si leur existence passée est évoquée en quelques mots rapides, c'est surtout l'instant présent qui est célébré.
Les personnages de ces courts textes ont tous en commun d'habiter la solitude. Ils ont tous en commun de s'y blottir presque douillettement comme ils se blottissent dans leur vie réglée, pleins de rêves d'évasion ou de projets qu'ils ne réaliseront pas car il faudrait partir, changer... et ils ne le veulent pas. Ils s'immobilisent dans un quotidien qui ne leur promet aucune surprise.
Ce sont des "oubliés" qui vivent à la marge de la vie sociale, un jour là, un jour ailleurs, ils parlent peu, ils écoutent ou ils se parlent à eux-mêmes… Ils sont comme détachés du monde, ne vivant qu'en leur propre compagnie, leurs propres pensées et c'est en cela qu'ils sont seuls même si entourés d'autres personnages.
Et s'ils ne sont pas encore "oubliés" comme ce camelot qui fait les marchés, ou celui qui "vit" en déambulant dans la ville le jour du marché, justement, ils parlent de ceux qu'ils croisent, et qui, eux, le sont, "oubliés", leur vie s'étire, chaque jour semblable au précédent, rythmée par les habitudes, rythmées par l'obligation de vivre… Comme ils écoutent plus qu'ils ne parlent, ils s'incarnent dans les paroles entendues, ils imaginent une vie autre comme s'ils se racontaient un conte… et les contes ne se réalisent pas.

Oubliés dans leur existence, ils ne le seront pas dans nos pensées, un fois la dernière page tournée...
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Un petit recueil (84 pages) trouvé dans une déchèterie près de chez moi.
Un auteur polonais inconnu,que j'ai apprécié.
Cinq courtes nouvelles où les personnages nous sont décrits comme des rêveurs ,qui n'attendent rien de la vie ,et qui vivent chaque minute lentement, en prenant le temps d'imaginer, de rêver (cf la 1ère nouvelle : Pawel),en étant détaché au maximum de toute chose matérielle.
Pages de vie,où le concept de matérialisme est mis à mal .
Une autre façon de vivre ,une autre philosophie de vie ,beaucoup de poésie, Et si c'était cela la vie?
-Extrait du dernier chapitre de la nouvelle : L'hiver
《 Au village,tout finit par s'éteindre.L'obscurité des temps anciens descend lentement pour envelopper Edek ,Kaczmarek ,Hrynacz et les autres....Elle gomme les événements et fait disparaître les choses.Elle revigore les corps.Il en était ainsi au commencement du monde ,et il en sera ainsi pour que nous ne mourions pas de surabondance. ( Page 84).
À recommander.⭐⭐⭐⭐
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C'est un très court recueil de cinq nouvelles, sans vraiment de lien entre les récits, sauf qu'ils semblent tous se passer, sinon exactement au même endroit, au moins dans des endroits proches et similaires. Et les personnes décrites sont très proches aussi, l'inverse de gagnants, des gens que l'on peut voir dans les pubs dans tous les pays du monde. Ni jeunes, ni beaux, et surtout pas dynamiques. Des sortes de survivance d'un monde dans lequel le rythme est plus lent, les respirations n'ont pas le même tempo.

Stasiuk célèbre à sa façon ces personnes, leur mode de vie, leur façon d'aborder le monde, tellement à contre courant. Dans une écriture d'une beauté éblouissante, presque en opposition avec la banalité de ce qu'il décrit. Il ennoblit d'une certaine façon ses personnages par la grâce de son écriture, et aussi les objets, qui ont beaucoup d'importance dans ce livre, mais là aussi pas n'importe quels objets, il parle dans une nouvelle par exemple d'un type qui vend des vêtements usagés, et il y a des descriptions d'une grande beauté et poésie sur ces vêtements, d'un lyrisme certain.

J'ai plongé avec délice dans ce petit livre, et même si j'étais en terrain connu, le style, le décor et les personnages ressemblent à bien des choses déjà écrites ailleurs, j'ai pris énormément de plaisir à cette lecture.
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Andrzej Stasiuk « L'Hiver » traduit par Maryla Laurent (2006, Noir sur Blanc, 86 p.), cinq nouvelles de la vie villageoise en Pologne. « Au village, tout finit par s'éteindre. L'obscurité des temps anciens descend lentement pour envelopper Edek, Kaczmarek, Hrynacz et les autres… Elle gomme les événements et fait disparaître les choses. Elle revigore les corps. Il en était ainsi au commencement du monde, et il en sera ainsi pour que nous ne mourions pas de surabondance». Tout a fini par se déglinguer et tomber dans une infinie ressemblance. « Aujourd'hui, c'est l'écologie avant tout. le café sans caféine, la bière sans mousse, le cirque sans lions, le son sans image ». Est-ce que les gens sont plus heureux ? « La peur s'installe dans les coeurs parce que, au bout du compte, l'histoire de l'humanité est celle de notre victoire sur la solitude ».
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le regard de Pawel va de l'un à l'autre de ces deux hommes. Ses yeux bleus semblent transparents, immatériels, tant pour lui les récits se transforment en tableaux. Ils pénètrent en lui sans qu'il leur oppose la moindre résistance, ils éclairent son âme. En lui, les images s'agencent de façons étranges et compliquées, jusqu'à ce qu'il soit impossible de savoir si Pawel écoute, s'il se livre à une observation du monde ou s'il regarde en lui-même, en un point unique de sa propre tête.
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Je voudrais toujours commencer mes récits ainsi, par les corps et les choses parce que je manque de foi pour les ressusciter. A supposer que la résurrection des corps advienne, que feront ces corps sans le reste, sans tout ce qui constitue leur monde ? Comment se retrouveront-ils dans l'espace, si tant est que celui-ci soit ? Que feront-ils sans leur chien, leur maison, et sans les variations du temps ? Cette angoisse me saisit chaque fois que je parviens à croire que quelqu'un me reconstituera un jour, qu'il me remettra sur pied, qu'il me donnera une tape dans le dos et me dira : "Allez, va !" Ne demanderai-je pas alors : "Allez où ? Comment ?
A quelle fin ? " Devant moi n'y aura-t-il pas très certainement qu'un vide parfait inscrit dans l'éternité ?
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MIETEK

Il est manifestement seul ,et cela même avec d'autres garçons. Et c'est visible parce qu'un peu plus tard, les autres restent tandis que lui regagne sa maison.Pour se faire,il,traverse quatre kilomètres d'espace découvert où le vent s'en donne à coeur joie; ce n'est qu'après avoir dépassé l'arrêt d'autocar isolé que Mietek pénètre dans la vallée étroite où tout se tait brusquement,où même les jours de grand soleil règne une ombre étrange qui est en fait un manque de lumière, une humidité du sol ,une brume chargée de terre que la canicule des longues journées de juin ,elle non plus n'assèche pas.( Page 27).
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Par une nuit silencieuse comme celle-ci, on entend vieillir le monde. Les ampoules électriques grillent, les transistors s'épuisent, la rouille agresse les mécanismes, le bois se consume plus vite dans l'âtre qu'il ne pousse en forêt, nos vêtements se fragilisent et s'étiolent à l'humidité ambiante, le plein devient vide et se brise, la cigarette termine seule son existence dans le cendrier, les images et les sons s'évaporent des bandes magnétiques, l'encre descend dans les Bic, le papier s'effrite comme de l'hostie, et le royaume artificiel des matières plastiques, lui aussi succombe. Le monde est alors véritablement voué à l'amour puisque l'ombre ténébreuse de la perte de toute chose, tel l'épervier au-dessus de sa proie, plane sur lui.
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L'HIVER

C'est la nuit,de nouveau .L'éclat doré de la lune traverse difficilement les nuages.Immense voile derrière lequel une lointaine lampe jaune serait allumée, la neige tombe dru et droit dans l'air immobile.Le monde rappelle la pièce démesurément vaste d'une maison inconnue qu'un voyageur observerait à travers une vitre.( Page 69).
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Video de Andrzej Stasiuk (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrzej Stasiuk
Le jeudi 25 octobre 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr) recevait Hélène Gaudy en qualité de libraire invité.
Elle nous présentait sept livres qui lui tiennent particulièrement à c?ur :
1. Georges-Arthur Goldschmidt, La traversée des fleuves (02:05) 2. Andrzej Stasiuk, Un vague sentiment de perte (12:15) 3. Jakuta Alikavazovic, L'avancée de la nuit (20:40) 4. Sylvain Prudhomme, Là, avait dit Bahi (32:26) 5. Jean-Christophe Bailly, Description d'Olonne (42:16) 6. Georges Perec, W ou le souvenir d'enfance (48:10) 7. Gwenaëlle Aubry, Personne (54:40)
En fin de rencontre, Charybde 7 évoquait chaleureusement plusieurs ouvrages d'Hélène Gaudy (1:00:30)
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