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Claude Porcell (Traducteur)Bernard Lortholary (Traducteur)
EAN : 9782020490672
357 pages
Seuil (03/03/2001)
3.61/5   51 notes
Résumé :
Poète, romancier, auteur dramatique, mais encore sculpteur et dessinateur, Günter Grass (né en 1927) est l'une des plus grandes figures intellectuelles allemandes du XXe siècle, récompensée par le prix Nobel de littérature en 1999. Un prix couronnant l'obstination, l'intensité et la richesse d'une œuvre. Avec Mon siècle, ce vingtième qu'il aura traversé aux deux tiers, Grass a pris le parti de raconter ce qu'a été pour les Allemands, à ses yeux, le XXe siècle. Ce so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a beaucoup de vies dans la centaine d'estampes de Mon siècle de Günter Grass, avec un récit pour chaque année. Il y a aussi beaucoup de sa vie, d'où le titre au possessif. Mais d'abord et avant tout, Mon siècle est un siècle allemand. Et c'est un siècle aussi passionnant que redoutable, narré par un prodigieux ventriloque.

D'une structure singulière et polyphonique, comme si chaque récit avait son autonomie, Mon siècle n'aborde pas L Histoire frontalement mais latéralement, donnant la parole aux témoins des évènements se déroulant en Allemagne ou ailleurs, multipliant les points de vue des narrateurs, depuis celui de gens ordinaires jusqu'à celui de personnalités célèbres jamais nommées (et on devine Jünger, Remarque, Adorno…) et certainement pas dans les grands moments de leur existence. L'ironie de Günter Grass sait à merveille décrire leurs petites combines intellectuelles et leurs grands arrangements avec L Histoire.
La complexité presque baroque de cette chorale narratrice du 20ème siècle est toujours écrite à la première personne ce qui permet à l'auteur une perspective en permanence critique. Ainsi rien n'est définitif, certain et stable dans l'analyse que l'on peut avoir du siècle de Günter Grass.

L'écriture de Mon siècle est elle aussi instable, à ne plus savoir ce qui relève de la fiction ou du vécu, passant du registre soigné au parler populaire, avec une mention spéciale pour l'année 1951, où une allemande rédige un courrier, "Chère société Volkswagen…" : un condensé inouï d'Histoire en trois pages, avec les souffrances de la guerre, de la reconstruction, de la partition de l'Allemagne, véritable prophétie de ce que les allemands de l'Est vont endurer d'oubli et de silence jusqu'à la réunification qui fut plutôt une annexion en bonne et due forme.

"La surdité grandit dans mon pays" écrivait Günter Grass à Kenzaburo Oé en 1995. Ainsi, Mon siècle nous rappelle que la seule infaillibilité de l'Histoire humaine, même immédiate, est l'égarement, et la seule certitude est que les idéologies ne meurent jamais, tout est question de sommeil. Et Mon siècle tente à sa manière de rester éveillé.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Günter Grass, Prix Nobel de littérature 1999. Belle occasion pour moi, amateur de littérature allemande de glisser ce bouquin dans le cadre du challenge Nobel...

Günter Grass nous fait son siècle, le XXème en l'occurrence, à sa manière... Il en résulte cent textes (un par année) que l'on pourrait qualifier de chroniques ou de souvenirs, ou de récits... ou pas qualifier du tout... pas toujours en rapport avec l'année en question ; et d'un intérêt parfois discutable.
C'est rare chez moi, mais j'ai dû stopper en 1935... pas possible d'aller plus loin... Hermann Hesse pourrait me raconter ce qu'il veut, j'accroche des les premières lignes, mais là, j'y vais à la rame...
Déçu...
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Bonsoir,

Lorsque j'ai lu Mon Siècle de Günther GRASS, j'ai jubilé.

Dans chacun de ses 100 courts récits, il détricote la pensée allemande, officielle ou commune tout en décrivant le quotidien de ses concitoyens. Chaque histoire est à la fois symptomatique de la manière d'être et de penser pour un allemand de l'année concernée. C'est une étude de caractères très bien ciselée et sans fards. de quoi scandaliser les plus orgueilleux, et Dieu sait que bien des Allemands ont de l'orgueil à revendre. le prix Nobel avait fait grincer des dents outre-Rhin. Pourtant, en ce qui me concerne, j'avais trouvé ce livre plutôt affectueux et tendre avec l'histoire du peuple allemand, tout juste ironique avec les travers. En tous cas j'y retrouvais ce que j'aimais chez eux.

Je me souviens de ces anciens de la Wehrmacht qui se retrouvent au Weinstube et n'ont toujours pour seul regret que d'avoir perdu la guerre, refaisant les batailles : et si on avait fait ceci ou cela, on n'aurait pas perdu la guerre...

J'ai travaillé en Allemagne dans un palace à Bühl Baden comme cuisinier et cet esprit frustré et revanchard je l'ai bien senti chez certains. En 1982, il restait aussi beaucoup de personnes bien placées durant la guerre. Ceux qui avaient été en situation de pouvoir entre 1935 et 1945 n'avaient guère que 75 à 85 ans. Je me souviens de la veuve Krupp, de ses gros diamants pendant aux oreilles, de son chauffeur décoré comme un sapin de Noël et de sa Cadillac rose dépassant du garage, cette femme même que Visconti, dans son film, fait périr empoisonnée à la fin de son film "Les Damnés". Dans la réalité, la famille Krupp a bien été indemnisée.

Je pourrais en raconter beaucoup plus, mais je souhaite principalement rendre hommage à tous les allemands qui m'ont aussi accueilli avec beaucoup d'amitié, et ce sont les plus nombreux. Tel ingénieur, lui catholique, marié à une protestante évangélique, vraiment très sympa. Tel prêtre en permanence à Notre Dame de Paris au titre de la réconciliation franco-allemande et qui m'a consolé aux heures noires de ma vie. Telle famille de viticulteurs avec lesquels nous entretenons toujours des relations et dont le père, à 18 ans, était prisonnier de guerre dans notre famille dans la poche de Saint-Nazaire. Et tous ces jeunes de Paderborn, dont le diocèse est jumelé avec celui du Mans, et tous les clients qui ensuite m'ont permis de vivre durant des années. Les jumelages ont été d'ailleurs une oeuvre des plus heureuses.

Bref, lisez cet ouvrage, un condensé bien sympathique et honnête de l'Allemagne. J'aime ce pays et je lui pardonne tous ses défauts.
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Ecrit en 1999 par Günter Grass, prix Nobel Allemand de littérature 1999.

Ce livre est un véritable tour de force de la part de l'auteur. Pour chaque année de son siècle, il écrit un court billet sur un évènement marquant du pays, et pour chaque billet, le style varie ! Il passe de la narration au dialogue, en passant par les réflexions et monologues. L'auteur fait (re)vivre avec talent des individus totalement différents les uns des autres dans des circonstances historiques à chaque fois différentes. Aucune répétition. Chaque billet est inventif, nouveau, intéressant et souvent amusant.

L'auteur montre aussi une grande connaissance historique. Bien sûr, tous les évènements ne sont pas connus au-delà des frontières de l'Allemagne, telle inauguration de pont par exemple ou tel champion sportif. Il aborde la misère des deux après-guerre, les courants politiques, la vie sportive, la mode, la vie à l'Est et les tentatives d'évasion, la première Love Parade, les cérémonies du souvenir, l'industrie automobile... L'humour y est aussi présent, comme pour l'invention de la "grosse Berta".

C'est un peu comme se plonger dans l'album photos de vos grands parents, mais avec les légendes uniquement et pas de photos.

Mon seul regret : on ne peut savourer réellement ce livre qu'en ayant vécu et grandi dans ce siècle en Allemagne, trop d'évènements m'étaient inconnus. Un auteur français devrait faire la même chose !


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Les lecteurs qui ont déjà lu un livre de Günter Grass savent que l'histoire de l'Allemagne a toujours peuplé ses romans. Avec "Mon Siècle", l'auteur nous donne une vision - très personnelle et plutôt réjouissante - de son 20ème Siècle.Dans ce drôle d'ouvrage, Günter Grass a choisi de mettre en scène la grande et la petite l'histoire en cent textes courts couvrant l'ensemble du siècle. Un texte par année pour évoquer - tour à tour - un événement déterminant, marquant ou dérisoire, raconté par différents narrateurs, connus ou inconnus, servis par la plume cynique de l'auteur. Grâce à "Mon Siècle", on apprend que l'Allemagne a vécu une histoire tout à la fois riche, intense, complexe et pas toujours douloureuse. Ce livre, Günter Grass l'a voulu comme une sorte de Comédie humaine, bouffonne et réaliste à la fois.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Mais la photo qui est devenue célèbre après la guerre, c'est celle qui montre des femmes et des enfants les mains en l'air. (...) Et au premier plan un mignon petit gamin juif, avec ses chaussettes et sa grande casquette de travers. Vous connaissez sûrement cette photo. Elle a été reproduite des milliers de fois. En Allemagne et à l'étranger. Même sur des couvertures de livres. Un vrai culte, autour de cette photo, et qui dure toujours. Naturellement, sans le nom du photographe, jamais... Ça ne me rapporte pas un pfennig... Pas le moindre mark... Droit d'auteur, tu parles!... Pas le moindre honoraire... J'ai fait le calcul un jour... Si j'avais touché cinquante marks par reproduction, j'aurais sur mon compte, pour cette seule photo.... Non, je n'ai pas tiré un seul coup de feu. Pourtant, toujours en première ligne. Vous connaissez ça. Il n'y a que des photos... Et les légendes manuscrites, naturellement... D'une écriture tout à fait démodée, ancienne... Des documents extrêmement importants, on le sait aujourd'hui...
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Et pourtant, dit M. Jünger, il y avait en nous tous un élément que la sauvagerie de la guerre soulignait et spiritualisait, le goût tout simple du danger, l'élan chevaleresque portant à affronter un combat. Là, M. Remarque a ri au nez de son vis-à-vis. Ces malheureux bidasses aux chaussures trop grandes et aux cœurs enfouis dans la boue, on en a fait des bêtes.
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Donc nous assiégions les pissotières. Cela ne se déroulait pas sans quelques compromis car les profs qui nous surveillaient instauraient des trêves, afin de permettre aux collégiens neutres, et même aux combattants, de faire au moins pipi.
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Je faisais le commerce du disque et je savais bien qu'il ne fallait pas rester élitiste, parce que seule la masse rapporte.
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[...] cette pensée s'insinue de temps à autre en moi : que serait devenu le football allemand si l'arbitre, quand Puskás a tiré, n'avait pas sifflé une touche, que nous ayons été dominés jusqu'aux prolongations ou ayons perdu ensuite aux tirs au but, et que nous soyons sortis du stade non pas comme champions, mais encore une fois comme vaincus...

1954

p179
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Videos de Günter Grass (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Günter Grass
En 1979, une romancière a été nommée présidente du jury. Une première dans l'histoire du Festival de Cannes qui convie les littéraires à siéger dans ce comité exclusivement composé d'hommes et de femmes de cinéma. Françoise Sagan ouvre le bal des délibérations. Pourquoi inviter des romanciers à présider ? Une cérémonie particulièrement symbolique qui a sacré deux films arrivés ex aequo avec "Apocalypse Now" et "Le Tambour" adapté du roman de Günter Grass, grâce à Françoise Sagan. Laurent Delmas et Christine Masson nous révèlent quelques anecdotes peu reluisantes de cette 32ème édition du Festival, théâtre d'une polémique entre la romancière et l'institution du cinéma. 
Georges Simenon, le père des "Maigret", Henry Miller, l'auteur américain le plus impertinents et insolents qui soit… Qui sont ces membres du jury qui ont marqué le Festival de Cannes ? 
François Busnel et ses invités remontent le temps, quand les écrivains et grands noms de la littérature se sont retrouvés au Festival de Cannes.

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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