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EAN : 9782246857709
224 pages
Grasset (13/05/2015)
  Existe en édition audio
3.08/5   298 notes
Résumé :
[LIVRE AUDIO]

En 1992, à Milan, un groupe de journalistes, cinq hommes et une jeune femme, sont embauchés pour créer un nouveau quotidien qu’on leur promet dédié à la recherche de la vérité, mais qui se révèle un pur instrument de calomnie et de chantage.
Ils fouillent dans le passé pour mettre en page leur « numéro zéro », et c’est le présent qui leur saute au visage…
« L’ombre de Mussolini, donné pour mort, domine tous les événements i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (75) Voir plus Ajouter une critique
3,08

sur 298 notes
Longtemps après la lecture du Nom de la Rose et du Pendule de Foucault,
Horus Fonck goûta du dernier roman d' Umberto Eco.
Désabusé mais toujours malicieux, l'immense auteur emmenait son lecteur conquis dans le tourbillon d'un journal en création.
Démons de l'histoire et actualité glauque forment un nouveau labyrinthe pour le visiteur tâtonnant et halluciné... Avec Mussolini comme obsession ultime.
Mais tout cela en vaut-il la peine?
La fin est proche pour le magicien d'italie qui livre ses dernières pétillances.
Puis, le voila parti rejoindre Collodi, Calvino, Manganelli, Fellini et toute la parade du génie transalpin.
Merci, encore et toujours merci, Monsieur Eco de qui j'ai encore tant à lire et à m'émerveiller!
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1992. Colonna est recruté avec quatre autres hommes et une femme par un journal. Ils doivent travailler ensemble à la rédaction d'un nouveau quotidien au tirage très limité supervisé par le Commandeur Vimercate, un homme que personne ne rencontre jamais. En parallèle, son collègue Braggadocio est obsédé par une thèse complotiste sur la mort de Mussolini (conduisant probablement à son assassinat).
Pour son dernier roman, Umberto Eco s'attaque au journalisme, un milieu pour lequel il a travaillé. Il nous dépeint une société de désinformation et de manipulation où tous les coups sont permis. Avoir choisi la date de 1992 pour situer ce roman n'est pas anodin. Mais n'étant pas férue d'histoire intérieure italienne, les références m'ont malheureusement souvent fait défaut.
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Un pamphlet sur la presse écrite italienne (mais qui aurait pu etre mondiale puisque les meme manipulations doivent etre faite partout).

Le but est d'accrocher le lecteur du journal, que l'infos soit vraie ou édulcorrée peut importe. Il ne faut pas non plus déplaire aux "patrons" du journal. le politiquement correct plutot que la vérité.
J'ai assez aimé ce livre qui m'a fait sourire plusieurs fois, par l'humour et parfois le cynisme de umberto Eco. Je me suis régalée avec les retranscriptions des annonces matrimoniales.....
Mais si la presse "sérieuse" en prend pour son grade , elle n'est pas la seule, la presse people et la télé réalité ne sont pas épargnées (et heureusement !!)

Par contre, mes connaissances en histoire et politique Italienne étant assez limitées, je pense ne pas avoir pu apprécier ce livre a sa jute valeur.
Je suis aussi de l'avis de nombreux lecteurs, Umberto Eco n'a fait qu'effleurer le sujet , il aurait pu pousser son idée plus loin.

Un livre un peu court à mon gout, mais l'écriture d'Umberto eco fait toujours merveille chez moi .
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Sommes-nous manipulés, n'est même plus une question. La presse un contre pouvoir ? Voyez ses actionnaires de référence ! L'art de la mystification des foules n'a rien de nouveau : les pharaons fils de Amon-Ra, le récit de la guerre des gaules par Jules César, la chanson de Roland et Charlemagne à la barbe fleurie, l'affaire Dreyfus, les armes de destruction massives ne sont que quelques pâles exemples de ce qui n'est pas repris dans le Numéro zéro.

Umberto Eco, non comptant de démonter les tours de passe-passe de la presse (principalement la presse écrite), a pris un très malin (et à mon avis un très grand) plaisir à les utiliser sans vergogne dans ce court roman. Exemple parmi bien d'autres p. 197 "Et si, hier encore, je pensais que c'était un mythomane, sa mort lui conférait à présent une certaine crédibilité." L'écriture volontairement et inhabituellement simple est un signe discret au lecteur attentif pour le mettre en garde.

Pour ceux qui ne seraient pas convaincus par ce trop court exemple, en voici un second p 200 qui à lui seul résume magnifiquement ce roman :
"- Et le Vatican ? Même si l'histoire n'était pas vraie, que l'Eglise n'a pas protégé la fuite du Duce presque cinquante ans, elle finira dans les journaux. Ajouté à tous les ennuis qu'ils ont avec Sindona, Calvi, Marcinkus et compagnie, avant qu'ils aient pu démontrer que l'affaire Mussolini est de l'intox, le scandale aura éclaté dans toute la presse internationale. Ne vous fiez à personne, ..."

C'est extrêmement subtil ! Bonne lecture
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Un petit groupe de pigistes paumés sont rassemblés pour une mission particulière : créer un nouveau quotidien qui ne sortira jamais. En effet, ce journal est financé par une personnalité importante de la vie italienne, qui veut s'ouvrir de nouvelles portes : en démontrant sa capacité à sortir des affaires gênantes, il espère que les potentiels accusés l'accueilleront à bras ouverts, comme l'un des leurs, pour le faire taire. Aucun des employés, mis à part le narrateur, n'est cependant au courant de la situation.

Le journalisme est décrit de manière particulièrement cynique dans ce petit roman : les journalistes passent plus de temps à chercher si telle affaire risque de nuire à leur employeur, ou à se demander, avec une bonne dose de mépris, ce que souhaite lire le « lecteur moyen », qu'à présenter des faits objectifs.

Certaines enquêtes semblent également auto-réalisatrices : si un employé, adepte de théories du complot, parle de faits couverts par les services secrets, il semble que les services en question se disent qu'en effet, si ces faits existent, il serait de leur devoir de les couvrir, et commencent à prendre des mesures dans ce sens alors que rien n'existait auparavant. On baigne ainsi dans une ambiance un peu paranoïaque, sans savoir où s'arrête la réalité et où commence la fiction.

Le roman est un peu trop bavard à mon goût : à plusieurs endroits dans l'histoire, on est noyé sous les faits, les dates, les noms des personnages… sans forcément comprendre en quoi cela va servir l'intrigue. J'apprécie beaucoup l'érudition d'Umberto Eco, mais il lui faut plus de place pour s'exprimer : en 200 pages, ça paraît seulement indigeste. La fin est toutefois très réussie, donc ça vaut la peine de s'accrocher jusqu'au bout !
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critiques presse (7)
LaPresse
29 juillet 2015
Non, ce n'est pas le roman le plus érudit d'Umberto Eco. Mais c'est sans doute l'un de ses plus cruels, éclairants et pertinents.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
29 juin 2015
En dénonçant les mauvaises pratiques journalistiques, cette satire sociale nous incite à réfléchir sur l’influence des médias, qui formatent hélas beaucoup trop souvent la plupart de nos idées.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaLibreBelgique
02 juin 2015
Umberto Eco décortique l’évolution inquiétante des médias dans une caricature ironique.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LesEchos
27 mai 2015
Au début, on redoute l'exercice convenu. Mais l'écrivain sémiologue a l'art de s'emparer d'un genre populaire - le thriller politique - pour le détourner et faire passer un propos fort et dérangeant.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeFigaro
22 mai 2015
Le sémiologue et romancier italien s'attaque avec vigueur et humour aux tares du journalisme à scandale.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Liberation
18 mai 2015
Journalisme à scandale, complot et meurtre dans le nouveau roman du sémiologue italien.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeSoir
02 avril 2015
Avec «Numéro Zéro» le romancier italien traite de la mutation du journalisme à l’ère d’internet.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (87) Voir plus Ajouter une citation
Bonjour, présentons nous à tour de rôle. Voici le dottor Colonna, homme de grande expérience journalistique. Il travaillera à mes côtés - ce pour quoi nous le qualifierons d'assistant de direction ; sa tâche principale consistera à revoir tous vos articles. Chacun arrive avec ses propres expériences, c'est une chose d'avoir travaillé pour un journal d'extrême gauche et une autre d'avoir collaboré, disons, à La voix de l'égout, et comme (vous le voyez) nous sommes spartiatement peu nombreux, celui qui a toujours travaillé à la nécro devra peut-être écrire un article de fond sur la crise du gouvernement. il s'agit donc d'uniformiser le style et, si quelqu'un avait la faiblesse d'écrire palingénésie, Colonna vous dirait qu'il ne faut pas et il vous proposerait une alternative.

- Une profonde renaissance morale, avais-je dit.

- Voilà. Et si quelqu'un, pour qualifier une situation dramatique, écrit que nous sommes dans "l'œil du cyclone", j'imagine que le dottor Colonna sera assez avisé pour vous rappeler que, d'après tous les manuels scientifiques, l'œil du cyclone est le seul endroit où règne le calme, alors que le cyclone se développe tout autour de lui.

- Non, dottor Simei, suis-je intervenu, en ce cas je dirais qu'il faut précisément employer œil du cyclone car peu importe ce que dit la science, le lecteur l'ignore, et c'est précisément l'œil du cyclone qui lui donne l'idée qu'on se trouve en pleine tempête. C'est ce qu'il a appris par la presse et la télévision...

- Excellente idée, dottor Colonna, il faut parler le langage du lecteur, pas celui des intellectuels qui disent "oblitérer" le titre de transport. D'ailleurs, il paraît que notre éditeur a proclamé une fois que les spectateurs de ses chaînes de télévision ont une moyenne d'âge (je parle de l'âge mental) de douze ans. Les nôtres, non, mais il est toujours utile d'assigner un âge à ses propres lecteurs : les nôtres devraient avoir plus de cinquante ans, être de bons et honnêtes bourgeois partisans de la loi et de l'ordre, mais friands de cancans et de révélations sur les désordres en tout genre. Nous partirons du principe qu'ils ne sont pas ce qu'on appelle des lecteurs assidus, la plupart d'entre eux ne doivent pas avoir un seul livre chez eux, même si, à l'occasion, on parlera du grand roman qui se vend à des millions d'exemplaires à travers le monde. Nôtre lecteur ne lit pas de livres mais le fait qu'il existe de grands artistes bizarres et milliardaires lui plaît, de même qu'il ne verra jamais de près la diva à longues cuisses et pourtant il voudra tout savoir de ses amours secrètes...
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Pour le moment, les téléphones portables ne sont utiles qu'aux adultes qui souhaitent éviter d'utiliser le téléphone de la maison, et peut-être aux plombiers, qui sont susceptibles d'être appelés à tout instant quand ils sont en déplacement. Qui d'autre ? Pour nos lecteurs, qui en majorité n'en possèdent pas, le sujet n'a aucun intérêt, et pour ceux qui en ont un, peu nombreux, ça ne leur ferait ni chaud ni froid, pire : ils nous prendraient pour des snobs, des radicaux chics.
— Pas seulement, étais-je intervenu, prenez Rockefeller, Agnelli, ou le président des États-Unis, ils n'en ont pas besoin, ils ont une armée de secrétaires, hommes et femmes, qui s'occupent d'eux. D'ici peu, on s'apercevra que seuls les minables l'utilisent, les pauvres types qui doivent être joignables par leur banquier pour s'entendre signifier qu'ils sont dans le rouge, ou par leur chef qui contrôle ce qu'ils sont en train de faire. Ainsi, le téléphone portable deviendra un symbole d'infériorité sociale, et personne n'en voudra plus.
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Regardez les grands journaux anglo-saxons. S’ils décrivent, que sais-je, un incendie ou un accident d’automobile, ils ne peuvent évidemment pas dire ce qu’ils en pensent, eux. Et alors ils insèrent dans l’article, entre guillemets, les déclarations d’un témoin, un homme de la rue, un représentant de l’opinion publique. Une fois les guillemets mis, ces affirmations deviennent des faits, car c’est un fait qu’un tel a exprimé telle opinion. On pourrait cependant supposer que le journalisme n’a donné la parole qu’à quelqu’un qui pense comme lui. C’est pourquoi il faudra deux déclarations, contradictoires, pour démontrer qu’il y a sur une même affaire des opinions divergentes – et le journal rend compte de ce fait incontestable. L’astuce, c’est de mettre entre guillemets d’abord une opinion banale, puis une autre opinion, plus raisonnée, qui reflète celle du journalisme. Ainsi le lecteur a l’impression d’avoir été informé sur deux faits, mais il est amené à accepter une seule opinion comme la plus convaincante.

Le lecteur ne comprend ce qui se passe que si on dit stratégie de la corde raide, le gouvernement annonce des larmes et du sang, le chemin n’est qu’une aride montée, le Quirinal est prêt à la guerre(…) nous avons le couteau sous la gorge, autrement dit nous sommes dans l’œil du cyclone. (…) Et les forces de l’ordre ont agi avec professionnalisme.
(...)
Une coupure dit qu’untel a écopé d’une amende il y a des années pour excès de vitesse, une autre que le mois passé il a visité un camp de scouts, que la veille il a été vu dans une discothèque. On peut très bien partir de là pour suggérer qu’il s’agit d’un casse-cou qui viole le code de la route pour se rendre dans un lieu où on boit, et que, peut-être, je dis bien peut-être, mais c’est clair, il aime les petits garçons.
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- Excellent les rumeurs, avec quelques détails piquants, comme si ce n’était qu’un billet d’humeur, exotique. Mais il y a aussi une manière de suggérer des noms. Vous pouvez dire, par exemple, que l’endroit est tout à fait respectable parce qu’il est fréquenté par des personnages très comme il faut, et ici vous balancez sept ou huit noms d’écrivains, journalistes et sénateurs au-dessus de tout soupçon. Sauf que, parmi les noms, vous en glissez un ou deux qui sont bel et bien des pédés. On ne pourra pas dire que nous calomnions quelqu’un, parce que ces noms apparaissent précisément comme des exemples de personnes fiables. Mieux, ajoutez quelqu’un qui est connu comme queutard à temps plein et dont on sait même le prénom de la maîtresse. Et, mine de rien, nous avons fait parvenir un message subliminal, comprend qui veut, avec nos informations nous pourrions en écrire bien d’avantage.
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"Colonna, expliquez un peu à nos amis comment on peut observer, ou faire semblant d'observer, un principe fondamental du journalisme démocratique: séparer les faits des opinions. (…)"
"Très simple, avais-je répondu. Regardez les grands journaux anglo-saxons. S'ils décrivent, que sais-je, un incendie ou un accident d'automobile, ils ne peuvent évidemment pas dire ce qu'ils en pensent, eux. Et alors ils insèrent dans l'article, entre guillemets, les déclarations d'un témoin, un homme de la rue, un représentant de l'opinion publique. Une fois les guillemets mis, ces affirmations deviennent des faits, car c'est un fait qu'untel a exprimé telle opinion. On pourrait cependant supposer que le journaliste n'a donné la parole qu'à quelqu'un qui pense comme lui. C'est pourquoi il faudra deux déclarations, contradictoires, pour démontrer qu'il y a sur une même affaire des opinions divergentes -et le journal rend compte de ce fait incontestable. L'astuce, c'est de mettre entre guillemets d'abord une opinion banale, puis une autre opinion, plus raisonnée, qui reflète celle du journaliste. Ainsi le lecteur a l'impression d'avoir été informé sur deux faits, mais il est amené à accepter une seule opinion comme la plus convaincante. Donnons un exemple: un viaduc s'est effondré, un camion a basculé dans le vide et le chauffeur est mort. Le texte, après avoir relaté rigoureusement les faits, dira: nous avons entendu monsieur Rossi, 42 ans, qui tient un kiosque à journaux au coin de la rue. Que voulez-vous, c'est la fatalité, a-t-il dit, je regrette pour ce pauvre homme, mais le destin, c'est le destin. Sitôt après, un monsieur Bianchi, 34 ans, maçon qui travaille sur un chantier tout à côté, dira: C'est la faute de la mairie, on le savait depuis longtemps que ce viaduc avait des problèmes. A qui s'identifiera le lecteur? Qui incrimine-t-il? Qui pointe-t-il du doigt? C'est clair? Le problème ce sont les guillemets -où et quand les mettre."
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