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Régis Boyer (Traducteur)
EAN : 9782080708052
339 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.82/5   98 notes
Résumé :
Le fantasque, le hâbleur, le lâche mais séduisant Peer Gynt, tout droit sorti du folklore norvégien et immortalisé par Edward Grieg, mène une vie insensée.
Mauvais garçon, marchand d'esclaves ou prophète, riche ou manant, il parcourt le monde des trolles et le continent africain, rencontre le Vieux de Dovre, le fondeur de boutons et la femme en vert, rêve de gloire et de richesse, connaît l'échec et le malheur. Mais l'amour sauve Peer Gynt à la fin de cette l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Personnage peu recommandable, véritable tête à claques, menteur, violent, peu ami avec la morale (il n'hésite pas à séduire une future mariée la veille de son mariage, jeune femme à la morale peu rigide elle aussi puisqu'elle ne dit pas non) visiblement détaché des réalités du monde, ayant certainement hérité cette fantaisie d'un père disparu après avoir dilapidé la fortune de la famille; élevé par une mère qui l'adore (heureusement) mais dont il se moque gentiment. Il est jeune, bien bâti, plutôt joli garçon. Au début. Coureur de filles donc hâbleur, ce monsieur Gynt fabule, pille les traditions orales pour s'approprier les faits ou les inventions tout aussi illusoires des anciennes légendes sans même se rendre compte qu'il n'est pas le seul à les connaître. Tente-t-il d'injecter dans la réalité terne des bigots de son temps un peu de merveilleux ou mérite-t-il qu'on lui taille sur mesure une camisole de force ? Sa mythomanie irrite ses contemporains qui sont toujours à deux doigts (et souvent moins encore) de le bastonner ou de le rosser. Véritable extraterrestre dans ce milieu campagnard ( fond sonore entre Pierre Vassiliu : "Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga" et Jacques Brell : " Et c'est en sortant vers minuit, Monsieur le Commissaire - Que tous les soirs, de chez la Montalant - de jeunes peigne-culs nous montrent leur derrière - En nous chantant..."), il se pose comme l'image d'une jeunesse inconsciente et pleine de vie, menant une drôle de barque entre des illusions enthousiastes et une réalité désespérément vide d'espoir . Son voyage sous la montagne est-il un pur délire ou un rêve éveillé ? le vrai et le faux se mélangent ou plutôt s'inversent dans cette première partie de la pièce. Pour que le spectateur ne se trompe pas sur la chose, le fait est souligné par la femme en vert : "Eh bien, il y a une chose qu'il faut te rappeler. Telle est la coutume des gens des Rondane. Tout ce que nous possédons a un double aspect. Si tu viens au domaine de mon père, il peut se faire facilement que tu sois tenté de croire que tu te trouves dans le plus affreux des tas de pierres." Je pencherais pour le rêve tout court car ce sont les cloches qui le sauvent des projets sadiques (il est question de couper, de trancher, de remodeler le corps à grands coups de couteau) du roi des trolls en le réveillant . Dans ce rêve, voie royale de l'inconscient selon Freud, il se présente lui-même comme prince, discute avec un roi et, d'un simple regard de désir, rend grosse la femme en vert, fille du vieux de Drove, donc princesse trolls qui lui apparaît sous la forme d'une vache; la zoophilie n'est pas loin. Peer Gynt, serait-il un pervers polymorphe ? Là s'achève la partie vraiment débridée de la pièce. Dans la seconde, le personnage soliloque souvent quand il n'est pas en train d'échanger quelques banalités avec des personnage symboliques (un français, un allemand, un anglais qui se sont gentiment partagés le monde et lui voleront son bateau en le laissant sur une plage), une femme issue du monde musulman mais assez terne (à la description peu ragoutante une fois que le costume des mille et une nuits est tombé, ceci dit) prétendument sans âme et préférant des bijoux ("diamonds are the best girl's friends") à l'éventualité d'être dotée de cette condition indispensable (avoir une âme donc) à la considération divine. Tantôt d'une naïveté désarmante, tantôt citant à la manière de Sancho Panza des chapelets de proverbe et des lieux communs à n'en plus finir, sa vie de marchand d'esclave, d'esclavagiste même, de pourvoyeur d'idole (il ne fait qu'en parler), en font un héros (ou plutôt un antihéros) ayant dépassé la force de l'âge mais bien ennuyeux. La dernière partie renoue avec les songes et les mythes mais le personnage reste toujours aussi médiocre et misérable. Naufragé, devant la mort, seule compte la survie. Ainsi souhaite-il la disparition de cet autre qui s'est accroché aux restes de l'épave du navire. Entre lui et le cuisinier, seuls rescapés, qui prétend avoir femme et enfants, il n'y a que des mots. Ces mots qui depuis le début de l'ouvrage ne font que mentir. C'est leur principales fonction, semble-t-il. Les mots qui rapportent les faits du temps jadis le sont tout autant : Peer Gynt revenu dans sa patrie se découvre poète dans le souvenir de ceux qui parlent encore de lui. Les perspectives ont bien changé. de même les péchés d'autrefois ne sont plus grand chose au regard de la mort qui approche encore une fois (le fondeur de bouton).

En fait, je suis un peu déçu de la lecture de cette pièce qui était présentée comme flamboyante. Sur une scène de théâtre avec les décors et les jeux d'espace, le ton des acteurs il doit se passer quelque chose de plus dynamique qui m'a échappé dans le texte brut. Autre déception, la figure de Solveig qui croise le triste personnage au tout début de sa vie et passe tout le reste à l'attendre. Un signe d'espoir pour les pauvres types mais peu reluisant pour cette malheureuse enfant qui n'aura vécu qu'au travers d'une illusion qui en fin de compte ne profite qu'au pseudo héros de l'histoire. Ben, c'est pas juste. Allez, je réajuste ma coquille de Caliméro mal embouché et je me penche sur une autre lecture.
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Je me suis lancée dans Peer Gynt parce que :

1- j'adore la musique de Grieg, et notamment la Chanson de Solveig, qui me fait pleurer chaque fois que je l'écoute
2 - j'adore la fantasy, les mythes, les folklore, et une pièce où on rencontre des trolls, forcément, c'était tentant.

Du coup, j'ai dû vraiment m'accrocher pour lire la pièce jusqu'au bout.

Parce que les trolls et le côté un peu fantastique, c'est un peu l'arbre qui cache la forêt, en fait, un saupoudrage, un prétexte.

Après avoir fait tout et n'importe quoi, Peer Gynt, égoïste vieillissant, décide de redorer un peu son blason pour échapper à l'enfer, et se pique de quelques actes de charité.

De retour au pays, il va rencontrer la mort sous les traits d'un Fondeur de Boutons à différents carrefours, qui lui annonce une bien triste nouvelle : il est destiné à l'anéantissement. S'il avait été plus méchant, il serait allé en enfer, mais là, comme les boutons qui présentent un défaut, la seule solution est de le fondre et d'en faire un autre. Peer Gynt change alors de tactique, et profite du sursis qui lui est accordé pour chercher des témoins qui pourront l'aider à prouver sa méchanceté, lui permettant ainsi d'aller en enfer plutôt que d'être anéanti.

Et c'est ainsi que Peer retrouve Solveig, qu'il avait abandonnée jadis, et désormais aveugle. Mais Solveig, qui aurait toutes les raisons de le blâmer, l'aime toujours et s'avère incapable de se plaindre de lui. le Fondeur de Boutons, les voyant réunis, ému par elle lui chantant sa chanson, décide de laisser un dernier sursis.

La pièce s'achève ainsi, sans qu'on sache vraiment ce qui adviendra de Peer Gynt. Quant au Fondeur de Boutons, on sait qu'enfant, il s'agissait d'une de ses occupations, et que la cuiller qu'il utilisait pour cette tâche est un symbole de sa légende.

La pièce, d'après l'introduction, n'a pas été écrite pour être jouée, ce qui est assez bizarre en soi, et ce qui explique peut-être que les actes ne soient pas sous-découpés en scènes. Les trois premiers actes se lisent facilement et sont assez plaisants. le quatrième est long et ponctué de grands monologues de Peer Gynt. le cinquième traite de son retour au pays, et de sa fin prochaine négociée avec le Fondeur de Boutons.

Une pièce que j'ai trouvée opaque, et ardue à lire. Je pense relire prochainement l'acte IV, car il n'est pas impossible que des éléments importants m'aient échappés : je me suis réellement ennuyée dans cette partie.

Pas une lecture divertissante, donc, et à réserver à un public averti : on n'est pas dans le monde du Roi Arthur, ni dans celui d'Ulysse, de Thor ou de Till l'Espiègle. Malgré les apparences, on est dans un tout autre registre.
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Cette pièce d'Ibsen s'apparente davantage à un conte et à une farce qu'à un drame traditionnel et Peer Gynt à un anti-héros à la fois rêveur et cupide, repoussant et sympathique, peut-être parce qu'il nous ressemble avec sa quête effrénée et parfois délirante . Ibsen a semble-t-il beaucoup emprunté au folklore populaire en créant son personnage, lequel vit balloté au milieu de forces qui le dépassent et qui restent le plus souvent étranges. Peer Gynt, simple paysan hâbleur et misérable, part à la conquête du monde, se retrouve magnat, prophète. Ruiné, il revient vers la terre qui l'a vu naitre et une femme qui lui était restée fidèle.
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Cette pièce est souvent considérée comme l'oeuvre fondamentale d'Ibsen, écrite à partir de contes norvégiens. Mais c'est une pièce d'aventures avant tout, celles d'un homme, Peer Gynt, à la recherche de sa propre identité.
Ce que j'en ai pensé

Il est difficile de dire exactement ce que j'ai pensé de cette pièce. Pour une fois, dire “je l'ai aimé”, “je ne l'ai pas aimé”, n'aurait pas vraiment de sens. Elle fait partie de cette littérature universelle où l'on se dit “oui c'est vrai”, de celle qui change une vie de lecteur, qui fait voir la vie autrement.

Dans cette histoire fantastique, le personnage principal, Peer Gynt, n'est pas accepté par la société où il se trouve : on se moque de lui, de ses mensonges et de ses extravagances. Certes, son comportement n'arrange pas les choses : il a la mauvaise habitude de raconter ses aventures en réutilisant de vieux mythes qu'inéluctablement ses auditeurs reconnaissent à la fin … Mais on a l'impression qu'il est simplement inadapté à son environnement. C'est un doux rêveur. D'ailleurs il est bien plus à l'aise dans les aventures féériques qu'il vit, ou dit vivre … Cependant, son caractère prétentieux empêche réellement le lecteur d'être peiné pour lui, de s'y attacher. Mais au final, c'est bien de la pitié, et un certain malaise que l'on ressent lorsque l'on prend conscience qu'il a parcouru le monde entier à la recherche de son identité … Une quête qui s'avère vaine, puisqu'il persiste à fuir la réalité et à vivre dans son propre univers, rempli de mensonges.

“Sais-tu ce que c'est de vivre ? [...] C'est se laisser porter par le fleuve du Temps sans se mouiller les pieds, et sans se perdre soi-même.”

Je ne vous dévoilerai pas la fin, mais je peux vous dire qu'elle m'a profondément bouleversée et m'a poussé à relire ce texte … Un classique à découvrir.
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La première pièce que j'ai lu de Henrik Ibsen est Une Maison de Poupée, qui m'avait beaucoup plu, et qui se rapprochait d'une ambiance classique autant que moderne. J'ai toujours connu l'oeuvre d'Edvard Grieg, Peer Gynt et ses très célèbres ‘Au matin', ‘Dans l'antre du roi de la montagne' ou encore ‘La chanson de Solveig' (un de mes morceaux préférés, chanté par Anna Netrebko notamment). Mais je n'ai découvert que bien plus tard qu'en effet toutes ces pièces musicales servaient à être jouées par-dessus une prestation théâtrale de la pièce en question ; j'ai alors découvert Peer Gynt d'Henrik Ibsen, pour découvrir l'oeuvre que je connaissais sans la connaître réellement.

Dans cette pièce, nous allons suivre le personnage de Peer Gynt, un jeune norvégien issu d'un milieu modeste. Elevé par une mère protectrice mais souvent fatiguée des bêtises que fait son fils, Peer est simplet et ne réfléchis pas toujours à ce qu'il fait. Un jour, lors d'un mariage auquel il assistera, il se décide de kidnapper la mariée, Ingrid, et de se réfugier avec elle dans les montagnes. Alors que tout le monde part à sa recherche, lui entamera une odyssée qui lui fera parcourir les mondes.

Cette pièce se situerait à la limite de ce que j'appellerais une « pièce-monde ». On suit le personnage principal dans sa région natale, un évènement se produit, et suite à cela un pèlerinage apparait. C'est une pièce d'une très grande perplexité narrative et scénique également – car elle se lit comme un roman, ce doit être immensément difficile à mettre en scène ! A travers les actes, Peer Gynt devient de plus en plus âgé : d'un jeune homme au premier acte à un vieillard dans le cinquième et dernier acte. On le suit à travers différentes parties du monde : son pays natal, les montagnes des trolls, le Maroc, les mers… Cette pièce ne respecte aucunement les règles de bienséance servant à la bonne compréhension et la bonne réalisation d'une pièce de théâtre classique. Elle est très complexe scéniquement, de façon à retenir le nombre incalculable de personnages, mais également d'un point de vue narratif, où les contes et légendes folklorique norvégiens font partie intégrante des discours des personnages, ou encore des lieux visités.

L'oeuvre d'Ibsen nous présente le personnage de Peer Gynt comme le parfait anti-héros. Benêt, irréfléchi, irresponsable, buté, menteur, manipulateur, opportuniste et j'en passe. Il a tout du personnage pénible et lourd à suivre, et ce pendant une longue partie de la pièce. Mais à force de suivre le personnage, à force de le voir évoluer, l'oeuvre elle-même évolue, jusqu'à devenir peut-être une sorte d'oeuvre initiatique. le personnage ment, et se ment à soi-même, c'est probablement le fil rouge de toute cette histoire.

Ce texte tient rôle d‘un superbe poème dramatique qui devient ensuite poème/récit épique. Un texte tragique aux multitudes de personnages, dont on ne comprend pas toujours les messages, parfois implicites seulement, parfois symboliques ; tout cela se veut d'une drôlerie qui prend des teintes différentes au fil des actes et « scènes ». Une pièce poétique qui se veut suivre tout un monde, tout un univers, autant réel qu'onirique, autant onirique que fantastique… Je pense qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de lire le texte, l'auteur lui-même ne savait que déduire de son oeuvre : pour nombre de lectures, il y aura nombre d'interprétations, et nombre d'aventures.

C'est un monde plein d'onirisme, de folklore nordique, de légendes, dans lequel nous plongeons. C'est un monde où les trolls se marient avec des humains, où des humains se transforment en troll. C'est un monde dans lequel le sphynx parle et où les déserts se font amusants. C'est un monde où le vent parle, la rosée chante, les foins meuglent et les herbes débattent. C'est un monde où la mort prend forme humaine et traite d'une sacrée métaphore que le fait de mourir est comme la refonte d'un bouton. le monde de Peer Gynt est fou, l'auteur lui-même a dit que cette pièce de théâtre est ce qu'il a écrit de plus fou : les mondes s'entremêlent et passent devant nos yeux.

Le récit se voudrait presque cyclique et sans fin, avec ces différents retours au pays natal, ces différents voyages dans le monde entier – et même les mondes légendaires –, avec ces différentes retrouvailles de personnages… Aussi, les allers-retours face à la mort donnent l'impression d'une vie sans cesse retrouvée et jamais terminée ?

Cette pièce apporte un puissant message sur l'importance du soi en tant qu'individu. Que l'individualisme doive parfois se réaliser pour que l'on puisse se retrouver. Il y a une puissante affirmation dans la pièce qui nous dit de façon inversée que si l'on se perd afin de trouver le monde, nous sommes en réalité perdus. L'importance de notre spécificité rentre en première ligne de la vie pure que nous devrions vivre. Peer Gynt n'évolue pas dans un sens où il passe d'antihéros à un homme bon et sain, mais ce personnage évolue car il arrive à un stade où il finit par savoir qui il est, et que cela résoudra toutes les questions de son existence. le personnage de Peer Gynt est très humain, il ne devient pas nécessairement vertueux et sage, mais il apprend à se connaître ; c'est probablement la plus claire des affirmations philosophiques que contient cette pièce magistrale.

Cette pièce, assez méconnue du corpus théâtral classique, mais tout de même connaissable grâce à la pièce musicale d'Edvard Grieg, prend des tournures de « pièce-monde » au coeur du folklore norvégien afin de nos donner des clés philosophiques sur l'importance du ‘soi' et de l'auto-connaissance. Nous partons dans un monde onirique, magique et fou, à la recherche de nous-même. {17}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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critiques presse (1)
BDGest
10 février 2021
Peer Gynt est l'adaptation en deux tomes d'une pièce de théâtre d'Henrik Ibsen. Cet opus adapte les actes I, II et III, le second, les actes IV et V. Antoine Carrion propose une relecture inspirée par le romantisme du XIXe siècle afin d'en épouser les reliefs dramatiques.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La FEMME EN VERT : As-tu d'autres vêtements que ces haillons-là ?
PEER GYNT : Ouh ! il faudrait que tu voies mes habits du dimanche !
LA FEMME EN VERT : Pour tous les jours, je porte de l'or et de la soie.
PEER GYNT : Ça a plutôt l'air d'étoupe et de tiges d'herbes !
LA FEMME EN VERT : Eh bien, il y a une chose qu'il faut te rappeler. Telle est la coutume des gens des Ronsdane. Tout ce que nous possédons a un double aspect. Si tu viens au domaine de mon père, il peut se faire facilement que tu sois tenté de croire que tu te trouves dans le plus affreux des tas de pierres.
PEER GYNT : Eh bien, chez nous, n'est-ce pas exactement pareil? Tout notre or te paraîtra poussière et nielle du blé. Et peut-être croiras-tu que chaque vitre scintillante est un paquet t de vieux bas et de chiffons.
LA FEMME EN VERT : Le noir paraît blanc, et l'affreux paraît charmant.
PEER GYNT : Le grand paraît petit, et le crasseux paraît propre.
LA FEMME EN VERT, qui lui saute au cou : Oui, Peer, alors je vois que nous allons bien ensemble tous les deux !

Deuxième acte

Traduction : Régis Boyer
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LA FEMME EN VERT

Eh bien, il y a une chose qu’il faut te rappeler. Telle est la coutume des gens des Rondane. Tout ce que nous possédons a un double aspect. Si tu viens au domaine de mon père, il peut se faire facilement que tu sois tenté de croire que tu te trouves dans le plus affreux des tas de pierres.

PEER GYNT

Bon, et chez nous, n’est-ce pas exactement pareil ?
Tout notre or te paraitra poussiere et nielle. Et peut-être croiras-tu que chaque vitre scintillante est un paquet de vieux bas et de chiffons.

LA FEMME EN VERT

Le noir parait blanc et l’affreux parait charmant.

PEER GYNT

Le grand parait petit et le crasseux parait propre.

LA FEMME EN VERT
(qui lui saute au cou)

Oui, Peer, alors je vois que nous allons bien ensemble tous les deux !
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Nous ne sommes plus au temps d'Élisabeth et des tréteaux shakespeariens, et nos imaginations séniles ont besoin, pour être soutenues, de machineries savantes et compliquées.

(M. Prozon, traducteur de l'édition de 1899)
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Peer Gynt:
[...] Peux tu dire où Peer Gynt a été depuis la dernière fois?
Solveig:
Eté?
Peer Gynt:
Portant le signe du destin sur le front. Où il a été, tout comme il surgit de la pensée de Dieu! Peux tu me le dire? Sinon, il faut que je rentre... que je sombre aux pays brumeux.
Solveig:
Oh! Cette énigme est facile.
Peer Gynt:
Alors dis ce que tu sais! Où étais-je moi même, l'intégral, le vrai? Où étais-je le sceau de Dieu sur le front?
Solveig:
Dans ma foi, dans mon espérance et dans mon amour.
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Souvenez-vous qu’il y a deux manières d’être soi-même, l’envers et l’endroit. Vous connaissez la nouvelle découverte qui nous vient de Paris, l’art de se faire portraicturer par le soleil. Il résulte deux sortes d’épreuves, la positive et la négative. Celle-ci montre des ombres en place de lumière, et vice versa. L’œil profane la jugé ratée. Eh bien, non ! la figure y est, seulement il faut savoir la faire ressortir. Ainsi des âmes. Il y en a dont la vie a produit des épreuves négatives. Ce n’est pas une raison pour détruire le cliché, — il suffit de me l’envoyer, et je continue l’opération. Je connais les réactifs, soufre et autres substances, dont il faut se servir. Je baigne, brûle, vaporise, et bientôt la transfiguration s’opère ; l’image paraît telle qu’elle doit être. De négative elle devient positive, à moins qu’elle ne soit, comme chez vous, à moitié effacée. En ce cas, rien ne sert, ni soufre, ni potasse. [trad. Maurice Prozor]
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