AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070203857
220 pages
Gallimard (17/01/1930)
3.39/5   32 notes
Résumé :
En 1925, lors de son retour forcé à Dole, Marcel Aymé, pour occuper ses loisirs forcés, s'entendit proposer par sa sœur Camille d'écrire l'histoire de Brûlebois, ce doux ivrogne qui portait les bagages à la gare. […] Marcel Aymé accepta, prit un cahier d'écolier et commença la rédaction de son premier roman. Marcel Eugène Brûlebois était bien connu à Dole car, outre ses activités de porteur, il rendait de menus services aux uns et aux autres, quand il ne s'attardai... >Voir plus
Que lire après Brûlebois Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Brûlebois » est un trésor d'esprit et de drôlerie. le style est finement ciselé puisant aussi bien dans le registre argotique que dans la langue classique. L'intelligence est partout, aussi bien dans la description d'une société provinciale que dans le récit comique d'épisodes triviaux. J'y vois la pleine illustration de l'esprit français : une belle langue accouplée à une verve gauloise, un regard froid et pertinent et surtout, du sarcasme.

Et quel est le personnage principal d'une telle oeuvre? C'est un vieux pochard nommé Brûlebois. Ancien sous-préfet, une déception amoureuse l'a envoyé sur les quais d'une gare où il attend l'arrivée des trains pour porter des valises. Ses pourboires, il les utilise dans leur sens premier, pour boire. Il accepte son sort, « se laisse pénétrer par la vie sans se préoccuper des relations de cause à effet » et n'a d'autre souci que de choisir le rythme et la nature de ses consommations. Cette âme sans méchanceté va être chaperonnée par un autre marginal, la «Lune » qui mène une vie oisive consacrée à sa passion : la pêche. Ils vont côtoyer un autre fanatique de pêche : Charles Reboudin, fils d'un bourgeois frivole et neveu d'un excentrique qui cherche à révolutionner la métaphysique. Ces personnages cossus vont donner lieu à une satire politique et sociale cinglante. A chacun son taquet : les planqués de la Grande Guerre, la bourgeoisie étriquée de province, les coureuses de dot, les amateurs d'élucubrations politiques ou théologiques…

Un récit vif et comique d'une lecture réjouissante où Marcel Aymé exprime toute sa tendresse pour les hommes simples. Brûlebois est attachant par sa bonté, sa résignation et sa sagesse d'ivrogne. Je garderai en mémoire un échange particulièrement poignant entre Brûlebois et la Lune, une scène qui vous arrachera une petite larme.

Un livre écrit il y a quatre-vingt-dix ans, édité en poche il y a maintenant quarante ans, qui j'espère connaîtra prochainement une nouvelle vie.
Commenter  J’apprécie          313
Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Brûlebois publié en 1926 est le premier roman de l'écrivain.
Le roman débute le 11 novembre 1918 dans une petite ville de province jamais citée mais on peut facilement imaginer qu'il s'agit de Dole en Franche-Comté sans que ce soit très important. Marcel Aymé introduit les principaux personnages de son roman : Hector Reboudin, une figure locale considérée menant une vie aisée mais en conflit permanent avec son épouse ; ils ont un fils, Charles, un adolescent ; Beudot cousin jovial d'Hector et Rodolphe, autre cousin, illuminé délirant mystique ayant créé une nouvelle religion encore discrète. Et puis il y a la Lune, « notoirement pauvre, il passait ses journées à la pêche » il vit dans « un immeuble lépreux, une espèce de cave divisée en deux compartiments » et enfin Brûlebois, jadis sous-préfet, tombé en déchéance suite à une rivalité amoureuse avec un plus puissant que lui, aujourd'hui « il le sait bien qu'il est un ivrogne, un saoulot, un déclassé, un propre à rien » qui n'a qu'une idée en tête, gratter trois sous comme porteur de bagages à la gare pour se payer ses litres de vins.
Si ce premier roman est très fréquentable, ça reste un premier roman et même si j'en ai aimé la lecture, j'ai trouvé sa composition étrange. le ton est à l'humour discret bien que le sujet ne soit pas particulièrement amusant, un pochetron pathétique dont on suit les derniers jours de sa vie ! Et autour de ce thème, les acteurs précédemment cités vivent leurs petites vies, elles-mêmes pas franchement désopilantes, les Reboudin en viennent à se haïr et dans un final carrément comique (?) vont se livrer à un sprint au coude à coude dans une guerre de l'asthme, à celui qui va mourir le premier pour avoir le dernier mot ! Quant au fiston, il va se lancer dans une liaison vouée à l'échec avec une jeune voisine néanmoins déjà veuve deux fois… Restent Brûlebois et son ami la Lune qui le soutiendra jusqu'à la fin, compagnons de misère, et cette belle scène finale où notre héros mourant à l'hôpital quémande une bouteille au prêtre venu lui apporter les derniers sacrements.
Conclusion, si la construction m'a un peu dérouté, ce roman propose de savoureux portraits de personnages secondaires, les prémices de ce que l'on retrouvera souvent dans les autres romans de Marcel Aymé, des déclassés, indésirables mais néanmoins sympathiques, assumant pleinement leur mode de vie.
Commenter  J’apprécie          50
Malgré la gravité du propos, la mort, la maladie, la folie... l'humour affleure à chaque page, tour à tour ironique, mordant, cruel, bouffon mais toujours très juste. L'intrigue et la construction manque de fermeté et ne cherchez pas là une belle histoire bien troussée. Par contre, venez découvrir une galerie de portraits d'une grande variété qui n'ont en commun que le pathétique. Mais la bienveillance de l'auteur vis à vis de ses personnages lui évite toujours la misanthropie. Et surtout, savourez la langue, le style, l'écriture... merveille de précision, jubilation dans la lecture. Et ce n'est "seulement" qu'un premier roman !
Lien : https://www.tristan-pichard...
Commenter  J’apprécie          100
Édité en 1930 ce roman est le premier de Marcel Aymé, il nous conte l'histoire de Brûlebois un doux vagabond.
On trouve déjà dans ce roman le style inimitable qui lui vaudra la reconnaissance avec "la table aux crevés" prix Renaudot et surtout avec "la jument verte" immense succès de librairie.
C'est un un excellent roman, agréable, intelligent, fin et écrit d'une plume ionique, tendre et élégante.

Commenter  J’apprécie          52
Le premier roman de Marcel Aymé narre les derniers mois de la vie de Brûlebois, clochard céleste et sympathique biturin. Autour de lui s'agite toute une faune d'énergumènes : gentils fainéants, fantasques bourgeois ou improbables siphonnés.

Cette plongée dans une petite ville de province, des années d'après-guerre (celle de 14), fleure bon le guignolet kirsch, les Gauloises Caporal, les bistrots pittoresques et l'accent gouailleur. Si l'histoire n'est guère palpitante c'est la plume goguenarde de l'écrivain qui retient l'attention. Doué pour les vacheries, il croque ses excentriques avec truculence, soulignant leurs ridicules con leggerezza et c'est un sourire à chaque page.

Chaque figure du récit évoque la silhouette ou la voix de l'un des seconds couteaux du cinéma français des années trente (le pêcheur à la ligne La Lune ? Jean Tissier pour sûr, le cousin Rodolphe ? Robert le Vigan évidemment, la mère Reboudin ? Jeanne Fusier-Gir peut-être et Brûlebois ? Raymond Aimos, pourquoi pas !) et le réalisme décalé de Marcel Aymé amuse à défaut de convaincre.

Du vin de table...
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Allongé sur l'herbe, au fond du jardin, Charles méditait mélancoliquement. Cédant aux instances de sa mère, il s'était purgé le matin et il se sentait l'esprit léger. C'était justement de quoi il s'attristait. La pensée que l'état de ses intestins pût influer aussi directement sur son état d'âme l'offensait comme une preuve de la prépondérance de la matière sur l'esprit.
Commenter  J’apprécie          160
Prendre l'air? Oui, il sait ; il y a des gens qui sortent pour prendre l'air, des gens qui ont de l'argent placé et un habit du dimanche. Lui, Brûlebois, il sort pour prendre un verre. Prendre un verre, c'est une réalité plutôt facile à apprécier, tandis que "prendre l'air", ce serait plutôt une (...) locution résumant les joies inconnues de ces hommes à l'air gêné qui se dandinent au bras de leur épouse, en surveillant (...) une progéniture qui s'ennuie dans des costumes neufs (...).
Commenter  J’apprécie          100
Prière de l'ivrogne:

"Mon Dieu, je suis un dévoyé et un soûlot, mais vous exaucerez sûrement quand je vous aurai tout dit J'ai été paresseux toute ma vie, ça c'est vrai, mon Dieu, mais je n'ai jamais fait de mal à quiconque. Aux pierres du matin, aux ronces du chemin, mes pieds ont saigné, mais je n'en ai jamais eu de souci, parce que je ne regardais que les églantines, qui étaient belles dans les buissons d'épine. J'ai toujours espéré, Mon Dieu, et les enfants m'aimaient. J'ai passé mon temps à flâner, j'ai bu tant que j'ai pu, mais je n'ai rien fait qu'aimer et mes mains ne savent pas les couteaux. Tenez, Mon Dieu, voilà mon cœur, je vous le tends, il n'y point de fiel pour ainsi dire. Je n'ai été qu'un pauvre purotin et j'ai vu sans envie des hommes qui sont riches. Je ne les ai même pas méprisés. Les gens qui me rencontrent disaient:" C'est Brûlebois!" Et ils riaient, et moi, de leur rire, je me suis fait une belle parure pour entrer chez vous, Mon Dieu. J'avais souhaité m'endormir dans un rêve de vin, sous l'acacia devant la sortie des voyageurs et vous ne l'avez pas voulu. C'est bien probable que vous avez vos raisons, Mon Dieu, et je ne discute pas. Mais maintenant que je vous ai livré mon cœur, je vous demande de faire une place au paradis,et, sans vous commander, je serais content si vous mettiez un tonneau en perce pour quand c'est que j'arriverai; du rouge, Mon Dieu, si ça ne vous fait rien..."p166/167
Commenter  J’apprécie          20
Ce fut ainsi qu'il fit la connaissance de Brûlebois, qui habitait avec La Lune depuis leur rencontre, vieille d'un an, de la place du Jet d'Eau.
Du cœur noueux de La Lune, une source vive avait jailli d'affection maternelle pour l'être de douceur qu'était Brûlebois. Tendresse inquiète, admirative, agressive aussi, qui s'irritait de la fantaisie de Brûlebois, dont l'humeur instable se dérobait inconsciemment à ses velléités d'accaparement jaloux. Il l'entourait de soins vigilants et le morigénait comme un enfant, un vieil enfant alcoolique, mais il lui échappait sans cesse.
Le métier assez mal défini de Brûlebois, commissionnaire, porteur de valises, le retenait tout le jour à la gare, cette gare perfide et tentaculaire avec sa demi-collerette de cinq bistrots qui lui faisaient vis-à-vis. Aussi, quelles alarmes pour La Lune lorsque à la fin de la journée, il attendait dans sa cave l'ivrogne impénitent attardé à quelque zinc...
(extrait du chapitre III)
Commenter  J’apprécie          30
Un instant, il essaie de ne plus sentir sa souffrance pour voir quel effet ça lui fait de savoir qu'il va mourir.
Eh bien voilà ! C'est pénible de s'en aller quand il y a tant à boire par le monde.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
+ Lire la suite
autres livres classés : alcoolismeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (64) Voir plus



Quiz Voir plus

Marcel Aymé

En quelle année est né Marcel Aymé?

1880
1897
1902
1910

10 questions
60 lecteurs ont répondu
Thème : Marcel AyméCréer un quiz sur ce livre

{* *}