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EAN : 9782070128594
240 pages
Gallimard (11/03/2010)
3.6/5   25 notes
Résumé :
On retrouve dans ces neuf nouvelles la verve tour à tour truculente, sarcastique ou philosophique de Bartelt, son attention très fine aux êtres et à leurs misères. On y danse sur des musiques tristes La Samba des otaries ou le Quadrille des déménageurs trapus, on se suicide comme on plaisante, on rêve qu'on est ressuscité mais on meurt en se réveillant... Une fille parfaitement chaste a une réputation de lubricité qui enflamme tous les mâles du pays, un romancier se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Découvert par ce hasard qui fait souvent si bien les choses (le roman trainait dans les lectures paternelles piochées dans un des nombreux book-sharing que proposent les ex cabines téléphoniques, parfait recyclage d'un passé encore bien proche où la mobilité téléphonique n'existait pas), cette célèbre couverture couleur peau de la NRF, porteuse de si fréquentes promesses, avait titillé ma curiosité.
Neuf nouvelles.
On a tort de penser que, parce que c'est court, l'art de la nouvelle est un sous-genre, un pis-aller, une récréation. C'est, en revanche, un exercice difficile comme le faisait remarquer la marquise De Sévigné lorsqu'elle s'épanchait un peu trop dans ses correspondances « excusez-moi, je n'ai pas le temps de faire court ».
Il y a une élégance d'écriture chez Franz Bartelt. Des mots qui touchent, des phrases qui sonnent juste. Un plaisir dont on ne doit pas se priver. Toutes ces histoires sont de celles qu'on racontait à la veillée, au coin du feu, quand le vent du Nord se levait au-dehors et que le gel immobilisait les plus petits cours d'eau. Une lecture d'hiver. Un peu rugueuse, un tantinet rurale, parfois mal dégauchie, mais toujours morale. Un oeil sur la quatrième de couverture nous apprend que l'auteur vit dans les Ardennes. Je n'ai pas l'honneur de connaitre ce coin là, mais à priori, je parlerais de Cévennes du Nord. Non ?
Les deux premières nouvelles racontent la mort. Plus exactement un mort.
D'abord celui du frère du gars taiseux à qui le village ne parle pas, feint même d'ignorer l'existence, et qui va le rapprocher de ses congénères. Une intégration par le biais d'un cadavre. Réjouissant.
Ensuite, on partage les difficultés rencontrées par un mort de la veille qui se réveille le lendemain, frais comme un gardon. On lui reproche, sa femme en tête, de ne jamais savoir ce qu'il veut, qu'on ne peut pas compter sur lui, lui reprochant son inconstance. Truculent.
Il y a des filles, même pas très belles, qui aiguisent sans rien n'y faire la concupiscence des mâles. Sylvie Nourdier a un air vicieux, quoi qu'elle fasse. Et même les porcs (les vrais, ceux qui se meuvent sur quatre pattes) lui trouveront une mine de débauchée. Où l'on s'aperçoit que le vice n'existe que dans l'oeil de l'homme (ou de la bête).
On apprend également comment peut naitre l'inspiration chez un écrivain dénué d'imagination. Cela peut conduire à réduire son couple en miettes. Parfait.
Suivent une parfaite histoire d'amour entre deux personnes qui ne font pas les choses à moitié (un comique glaçant), de l'utilité des horoscopes (le pendant de la méthode Couée), de la bienveillance quant au confort des oeuvres d'art (divinement loufoque), l'attente érigée en oeuvre d'art (délicieusement absurde) et celle qui a ma préférence : comment bien réussir son suicide.
Bartelt a, de plus, le talent des phrases qui font mouche.
Florilège : « A défaut d'être de leur époque, ils sont toujours de leur saison » (pour les agriculteurs et, d'une manière générale, ceux qui ne sont pas coupés de leur environnement naturel).
« Les femmes se laissent souvent aveugler par la générosité de leur sentiment » et « Les rêves des femmes ont toujours quelque chose d'un projet » (ce qui me rappelle cet aphorisme : lorsqu'une femme drague, elle cherche un homme pour la vie, quand un homme drague, il cherche une femme pour la nuit).
« Une phrase de romancier (…), de celles qu'on prononce avec l'orgueil de ceux qui de risquent pas d'être contredits » (forcément).
« Tu es prévisible, comme tous ces gens qui sont habitués à avoir raison » (beaux parleurs en tous genres).
« Il avait réponse à tout, comme souvent les gens qui sont convaincus qu'ils savent qu'ils savent tout » (parisianisme de pacotille).
A chaque fois, la chute tombe comme un couperet. Ca finit en queue de poisson aurait dit ma grand-mère. Papa prétend que ça n'a « ni queue ni tête ». Justement.
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Un recueil de 9 nouvelles. C'est plein d'humour, de truculence ce qui n'empêche pas, bien sûr, une certaine profondeur. Une écriture "jubilatoire" qui donne envie de lire des passages à son voisin, bref un véritable régal.
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Il y a des livres de nouvelles qui correspondent tout à fait à l'idée que l'on peut se faire d'elles. "La mort d'Edgar", sans conteste, truste à lui tout seul le cahier des charges d'un tel exercice : être dans le vif du sujet, des personnages campés sans fioritures, une plume précise et efficace, un scénario implacable, une histoire originale déroulée sur du velours, une fin surprenante. Tout y est.... (La SUITE)....

Lien : http://lirevoirentendre.blog..
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Sans queue ni tête. On ne perd ni l'une ni l'autre.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Je nous regardais, là, tout de suite, tous les deux, et je voyais quoi? Des fondus dans le désœuvrement bourgeois! On a le ventre plein! L'eau chaude au robinet! La douche à cinq pas du lit! On se ramollit! On se tombe dans le bide! On n'est plus que des chiques qui se déforment sous leur poids! On tourne purée! Des mous! Des loques! Alors que la vraie vie nous appelle dehors! Viens, passe tes fringues, on va se dépouiller une baraque à frittes rien que pour le plaisir, rien que pour le principe, rien que pour montrer qui c'est qui commande sous la lune! (Extrait de la nouvelle le meilleur des jours)
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Le portrait n’était pas très net, mais il semblait manifester qu’Edgar n’avait pas été gâté par la nature. C’était un garçon d’une laideur insupportable. Des petits yeux sombres et enfoncés profondément sous les arcades sourcilières, deux grosses narines à trous verticaux, un sourire saturé de dents espacées.
« La photo n’est pas très bonne », s’excusa Boadec.
Le village défila devant la tombe. Tout le monde jeta un coup d’œil à la photo. Les plus sensibles détournèrent le regard. D’autres maîtrisèrent mal une grimace. Une vieille, sourde comme un vase funéraire, dit trop fort à sa voisine :
« Il est mort jeune, mais il n’est pas mort beau ! »
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Il la fit mettre à genoux dans un coin de la pièce, sous un crucifix en bois des îles. Il l’aspergea d’eau bénite, en répétant qu’il voyait en elle une pauvre enfant. Puis il la confessa, lui posa des questions indiscrètes. Il voulait savoir comment elle s’y prenait avec les hommes, par quoi elle commençait. Il lui demanda aussi où elle plaçait ses mains, le soir, dans son lit. A quoi, Sylvie répondit, en ravalant un peu de salive : « Une devant, une derrière, pour qu’il n’y ait pas de courant d’air… »
L’évêque leva les yeux vers le Christ, l’enviant d’être de bois.
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« Vous n’êtes pas contents de me voir en bonne santé ?- bafouilla-t-il. Vous devriez être heureux que je ne sois pas mort. La mort, c’est quand même ce qu’il y a de plus triste dans la vie.
-On était tristes ! reprit Minet. Tous autant qu’on était, on était tristes. Mais on était tristes, parce qu’on croyait que tu étais mort.
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Elle n’eut d’autre solution que de se débattre. Le pantalon aux genoux, l’abbé lui promit le ciel, le paradis, les bannières du bonheur.
« C’est un péché, mon père ! s’écria Sylvie.
-Ni vu ni connu ! On se confesse après ! On se confesse après ! » bramait le prêtre.
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Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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