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EAN : 9782070374458
160 pages
Gallimard (03/03/1983)
3.73/5   35 notes
Résumé :
Rond de cuir doux et besogneux, marié à une femme laide, Justin Galuchey découvre la médiocrité de sa vie.
Il veut se libérer. Il se coupe les moustaches, et sa volonté s'affirme. Il devient tout d'un coup chef de service, élégant, spirituel, et il est aimé. A lui les ivresses du pouvoir, les charmes des belles étoffes et les troubles de l'amour délicat que lui porte la belle et fière Raymonde.
Mais l'oncle de Justin, avare et sceptique, saura mettre f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Et soudain Justin Galuchey prit conscience de la médiocrité de son existence. Qu'y a-t-il de pire que ces moments de lucidité où nous posons sur nous-même un regard froid et détaché, crevant le voile de semi-conscience qui entoure nos vies. Galuchey se voit tel qu'il est : un employé laborieux qui subit avec abnégation les ires de son responsable et le mépris de ses collègues. Ses maigres revenus lui servent à entretenir une femme laide, souffreteuse et stupide. Il faut veiller toujours à ne pas trop dépenser. Alors « tonnerre de Dieu ! », il décide de changer, de s'affranchir de sa médiocrité. Il commence par mentir à sa femme, s'achète un complet à carreaux et une casquette de sport et lui le lâche, il s'interpose dans une bagarre... Sa nouvelle résolution va d'abord lui réussir. Il prend une assurance qui déconcerte tant son chef de service que ce dernier démissionne et Galuchey est amené à prendre sa place. Son coeur aussi est en fête, il rencontre la belle Raymonde chez son oncle et décide de la courtiser. Après tout, puisque rien ne lui résiste. Pauvre Galuchey, il vient de se lancer dans une véritable fuite en avant.

Parenthèse enchantée ou véritable métamorphose ? A vous de le découvrir. Marcel Aymé nous offre une superbe leçon de sagesse. le bonheur, oui, mais pas à n'importe quelles conditions ; il est vain de poursuivre l'inaccessible. le texte est plein d'intelligence, mais je n'y ai pas retrouvé la saveur qui fait la singularité des romans de Marcel Aymé. J'ai parfois eu l'impression de lire un roman à thèse. L'ironie et la grivoiserie sont moins présentes dans ce récit même si deux personnages nous réchauffent le coeur avec leur argot du peuple de Paris.
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Marcel Aymé (1902-1967) est un écrivain, dramaturge, nouvelliste, scénariste et essayiste français. Ecrivain prolifique, il a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre, plus de cent soixante articles et des contes. Il a également écrit de nombreux scénarios et traduit des auteurs américains importants : Arthur Miller (Les Sorcières de Salem), Tennessee Williams (La Nuit de l'iguane). Second roman de l'écrivain, Aller retour a été publié en 1927.
Justin Galuchey, provincial d'origine paysanne, époux d'Apolline une payse ni attirante ni intelligente, mène une vie de petit employé de bureau à Paris, « Ils s'aidaient mutuellement à s'enliser dans une demi-inconscience de toutes choses. » Une existence faite des moqueries perpétuelles de ses collègues et de soumission devant ses supérieurs. Pourtant l'homme a des rêves, un bel appartement, une garçonnière pour recevoir une maîtresse… Aussi inattendu que brutal, un jour il s'en prend à sa femme et sort s'aérer l'esprit, une intrépidité qui va modifier le cours de sa vie : pris dans une rixe dans un bistrot il écope d'un cocard et décide de rompre avec son passé, nouveau costume, cravates à la mode, il prend de l'assurance à la grande surprise de ses collègues, ce qui lui vaut une promotion, il devient chef de service. Dans la foulée il fait la connaissance de Raymonde, une jeune fille d'un ami de son oncle qui lui laisse espérer de nouvelles folies…
Un roman dans lequel Marcel Aymé nous interroge, peut-on échapper à sa condition quand le bonheur est si fragile, tenant à peu de choses.
Avec Raymonde, Justin s'extraie de son train-train mortel, avec elle ce sont les champs de courses hippiques, les cercles de jeux, ces rapprochements deviennent plus pressants, il envisage le divorce, loue une garçonnière où il se prépare à recevoir Raymonde ; l'argent lui file entre les mains, qu'importe… Mais quand il pense atteindre son but, l'oncle qui ne voit pas d'un bon oeil la liaison entre Justin et Raymonde, d'un geste banal et fortuit – à première vue – ridiculise Justin sous les yeux de Raymonde qui s'esclaffe et le condamne à un retour peu glorieux vers son ancienne vie.
Aller retour n'est pas un roman majeur de l'écrivain mais il ne manque pas de charme. Les personnages secondaires sont pittoresques : travers de chacun de ses collègues de bureau, le chef sur une estrade pour surveiller ses subalternes ; le Bombé, un bossu vendeur à la sauvette qui dégotte un job dans un cercle de jeux, où les clients touchent sa bosse pour se porter chance…
Et dans les rôles principaux, Justin dont on suit l'évolution psychologique et physique, Apolline l'épouse soumise qui ne comprend rien à ce qui se passe, Raymonde une jeunette qui fréquente mollement la Faculté de droit et plus les lieux où l'on claque son argent et s'imagine un roman avec Justin, enfin l'oncle, il a roulé sa bosse et fait fortune à l'étranger, pas dupe des manigances et projets de Justin, il va casser son beau rêve. Non pas qu'il réprouve moralement la liaison adultère entre les deux, il n'en a que faire, mais parce qu'au final ce serait chez lui et à cause de lui que cette situation aurait pris corps et sa réputation en souffrirait !
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Justin Galuchey est un employé modèle , modèle de soumission , avec une vie morne et triste et une femme plutôt laide .
Il est temps de changer tout ça , c'est décidé , à lui les beaux costumes , moustache rasée et vie de patachon ...et pour sa femme , le divorce est en vue depuis qu'il a rencontré la jeune et belle Raymonde avec qui il est comme un adolescent amouraché ,jusqu'à être infâme avec sa compagne Apolline ...
Mais son oncle va tout faire pour remédier à cette amourette illusoire ...

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Voilà un magnifique roman , bien écrit avec une histoire très réaliste que l'on peut avoir rencontrée dans son entourage .
Peut - on être autre chose que ce que nous sommes ? C'est ce que va croire Justin , mais la réalité de la vie nous rattrape toujours ...
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Justin Galuchey, petit employé de bureau, est le souffre-douleur de ses collègues. Il mène une existence terne, monotone et sans surprise. Il en a assez de cet homme médiocre, marié à une femme laide.
Il veut devenir un autre justin Galuchey. Sa rencontre avec Raymonde va lui donner des ailes : le petit employé de bureau devient chef de service. Il sait faire preuve d'autorité, lui qui était la risée de ses collègues. Il se sent quelqu'un d'important et tout lui paraît possible, jusqu'à divorcer de sa femme, pour se marier avec Raymonde.
On éprouve beaucoup de sympathie envers ce personnage malheureux qui a crû un instant que sa vie pouvait changer.
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Que voulez-vous, je suis charmé par Marcel Aymé. Toujours.

Évidemment, ce roman des débuts n'a pas la maestria d'Uranus (indépassable), mais on y trouve déjà une plume alerte à brosser des portraits en deux phrases pleines de drôlerie. On y trouve déjà de petite gens en proie à de petit hybris, et il n'y a bien que l'ami Marcel pour s'offrir le luxe d'un tel oxymore.

"Justin" est "juste un" con et il le reste, comme nous tous, non ? Un pauvre type au milieu des pauvres types et des pauvresses typesses qui ne valent guère mieux. Mais il veut se la péter plus haut que ne le permet son trou du cul, il n'est pas le seul . Ça vous arrive à vous aussi, non ? Ne rougissez pas, nous avons tous les mêmes défauts. Au rayon de la vanité et des ambitions illusoires tout le monde peut se servir.

Et en plus, l'ambiance parisienne d'entre deux guerres, un autre monde, celui que l'on croise aussi chez Simenon. Mais l'entomologie Simenonnienne à quelque chose de plus chaleureux (tout en étant plus cruelle), même si les salles de jeux, les hippodromes et les gargotes sont les mêmes.

Mention spéciale à l'oncle Suprême (ce nom déjà, quelle trouvaille) et à sa bio aussi expéditive que comique. Un passage de quelques pages jubilatoires chez les picaros avant de retrouver l'univers des ronds de cuir parisien.

Vite, un autre Aymé !

Lien : https://www.tristan-pichard...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Sur le monument aux morts, il épela les noms de quelques amis d'enfance, mais leur souvenir ne vivait pas là. L'égoïsme, l'appétit de vivre avaient solidement bouché les vides. Le village n'était pas solidaire de ses morts, il n'avait pas besoin d'eux.
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(...) devenue pâle subitement, elle serra le bras de son mari et dit très haut :
" Je digère mal mon dîner."
D'un même mouvement, les huit personnes qui stationnaient là tournèrent la tête, examinant avec une sympathie reconnaissante la victime qui offrait à leur attente une si heureuse diversion.
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Mince et pâle, un jeune homme, aux cheveux longs et pendants sous le feutre noir, lui faisait face. Justin songea avec respect qu'il devait être un artiste et que cela était beau, car tout le monde sait bien que les artistes ne mangent pour ainsi dire pas et vivent maritalement avec les filles du péché.
Un homme ventru lui donna un peu d'envie et Justin le regarda sans bienveillance, curieux toutefois des raisons de cette antipathie. Après réflexion, il lui vint que le ventre de cet inconnu avait bien de l'insolence...
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Dans le métro qui l'emportait chez l'Oncle Suprême, le Bombé se chauffait l'âme, presque oublieux des soucis matériels qui l'avaient assailli rue des Vertus. Il aimait bien prendre le métro. C'est le privilège des pauvres de n'être pas offensé par l'odeur de l'humanité. La puanteur des foules avoue la misère animale des hommes et c'est un peu de solidarité qui est aux gueux."p.29
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Lorsque Justin, au coin de la rue Réaumur, eut définitivement tourné le dos à sa femme, une foie forte entra dans ses poumons à se sentir maître de quelques heures d'une liberté qu'il désirait pour la première fois.
Je lui ai envoyé un sacré bobard, je lui ai envoyé un bobard, là, vlan !
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Videos de Marcel Aymé (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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