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EAN : 9782370210043
80 pages
Raconter la vie (04/09/2014)
3.4/5   40 notes
Résumé :
Comment continuer à aimer son métier lorsque l’institution à laquelle on a été attaché se transforme si profondément ?

"Avec la cruauté réglementaire de l’existence, il n’y a pas de position médiane. Il faut la fuir ou la prendre en main. Elle la prendra en main. C’est ça qu’elle fera. A travers chaque patient, c’est son père un peu qu’elle soulagera."

Isabelle est infirmière au service de chirurgie du Centre hospitalier de Figeac, aprè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Le moindre mal, de François Begaudeau, fait partie des témoignages recueillis dans le cadre de la série "Raconter la vie" "le roman vrai de la société française"des Editions du Seuil.

Ce petit ouvrage bleu, de 73 pages, écrit très simpement se lit tout aussi rapidement. Il est écrit en deux temps : il nous raconte la vie d'Isabelle Pacitti, infirmière, l'histoire de sa famille, la maladie de son père qui a été déterminante dans le choix de sa profession, puis dépeint une journée complète de la vie professionnelle d'Isabelle dans un service de chirurgie indifférenciée à l'hôpital de Figeac.

Bien sûr, tout ce que nous raconte ce livre, nous le savons déjà, nous avons tous lu des articles de journaux sur les mouvements de grève des infirmières liées à leurs conditions de travail difficiles.

Mais tout le mérite de ce livre réside dans le témoignage : il donne un nom, un visage, à l'une de ces infirmières, il raconte dans le détail l'histoire d'une vie, et une journée de travail. Il met à jour tout ce que l'on devinait, que l'on soupçonnait.

Dès les premières pages, le ton est donné : "Pour les cas désespérés, soigner se limite à prendre soin. Viser le moindre mal". Mais quel est ce "moindre mal" qui donne son titre à l'ouvrage ?

A travers l'exemple d'Isabelle, François Begaudeau décrit la mutation du monde de l'hôpital, qui doit pratiquer la tarification à l'activité, depuis l'application du Plan Hôpital en 2007. Son application a entraîné la necessité d'économiser, d'où la multiplication des fusions, la multiplication des actes, et la compression directe de personnel

La charge de travail ne cesse d'augmenter. A travers la description minutieuse d'une journée dans la vie d'Isabelle, le 11 juin 2013, nous mesurons les difficultés auxquelles l'infirmière est confrontée - nombre de malades, manque de moyens, difficulté d'exercice de la profession, fatigue chronique... le témoignage met aussi en lumière le divorce qui existe entre le monde des médecins et celui des infirmières.

Isabelle, de même que toutes ses collègues infirmières, fait de son mieux. Elles sont seules, elles exercent une profession qui ressemble fort à une vocation. Elles manquent de reconnaissance mais non de force et de détermination.

La seconde partie de l'ouvrage, la description quasi "clinique" de la journée de l'infirmière, est rédigée dans un style rapide, original, qui donne l'impression de suivre le regard de l'infirmière. Curieusement, l'auteur s'efface, donnant peu à peu la parole à Isabelle.

La conclusion, qui tient en quelques phrases, est particulièrement émouvante. Isabelle évoque sa lecture "en cours", L'Enfant de Jules Vallès. "Je me souviens avoir eu des moments comme ça dans mon enfance. Je m'en souviens parce que finalement c'est rare les moments où on se sent bien. J'ai lu et relu le passage et oui c'était exactement la même sensation. de toute façon toutes les pages de ce roman me plaisent. Je freine la lecture, j'aimerais ne jamais le finir. du coup j'en ai plein d'autres lâchés en route qui attendent au pied du lit. Certains je ne suis pas si pressée de les rouvrir. Ca dépend ce que ça raconte et comment. Et puis des fois j'ai pas du tout envie de lire. Plutôt de me préparer des petits dessers gourmands ou regarder un DVD. Ou carrément ne rien faire. Oui ne rien faire c'est bien aussi".

C'est sur cette dernière phrase que se termine le petit ouvrage. Ces quelques mots, simples, s'opposent à l'activité incessante d'Isabelle tout au long de sa journée. Ils concluent de manière optimiste un témoignage bouleversant qui nous interpelle.



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Une sorte de documentaire un peu froid
sur le quotidien d'une infirmière toute aussi froide.
Isabelle est une technicienne du soin,
elle aime perfectionner son savoir faire.
On ne la sent pas vibrer pour quoique ce soit .
Ses conditions de travail
sont une répétition terrible de gestes
qu'il faut multiplier encore, du fait des sous effectifs.
Pas d'état d'âme, elle devient une machine à soigner.
Elle s'arrête quand les lumbagos l'immobilisent.
La désorganisation du service hospitalier
a été signée Kouchner; suppression des maternités
qui assurent moins de 300 accouchements par an...
Certaines femmes desormais sont à plus
d'une heure de route quand le bébé s'annonce ...
Puis Bachelot parle de rentabiliser les services de santé..
Le résultat on le connaît.
Ce livre est froid comme la réalité
du quotidien hospitalier des soignants et des soignés .
Démonstration rapide et efficace.

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Je n'ai pas compris ce livre particulièrement mal écrit. Je n'y ai pas trouvé d'intérêt. Bégaudeau voulait être au plus près du geste médical, en effet, c'est le cas avec ses flopées d'actes et de mots techniques, rendant le texte indigeste et le métier d'infirmière sans humanité.
Il dit faire le portrait d'une "femme animée par la passion du soin", du soin ? de l'acte technique plutôt. Et cette femme d'ailleurs, qui est-elle, qu'aime-t-elle dans la vie ? A-t-elle des passions ? est-elle mariée ? des enfants ? Des détails qui pourraient donner un peu de chair à cette infirmière mais non, rien de tout ça. Par contre des digressions en tout genre dont l'intérêt m'échappe totalement, 1/2 page qui retranscrit la démonstration d'un représentant, 1/2 page sur un passage d'un livre qu'aime une collègue...
A croire qu'il n'arrivait même pas à écrire 70 pages sur ce métier si riche !
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Description réaliste d'un métier, celui d'infirmière au travers de l'histoire d'Isabelle. Un portrait simple et bien fait, qui pose les réalités et les difficultés d'un métier utile mais parfois mal considéré.
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Ce livre très court, à la frontière du roman et du récit, nous fait partager des tranches de vie d'une infirmière, isabelle, avec un peu de l'histoire de sa famille, la naissance de sa vocation et l'exercice de son métier, d'abord en région parisienne, puis à l'hôpital de Figeac.

Isabelle recherche les soins les plus délicats, les patients les plus atteints, au lieu de la routine des actes simples. Elle est donc ainsi confrontée à la douleur, la souffrance morale, les cas désespérés.

En peu de pages, l'auteur parvient à évoquer les prérogatives des médecins, un peu de harcèlement sexuel inabouti et même la grève des infirmières pour de meilleures conditions de travail.

C'est tellement court que l'on peut regretter que ne soient pas approfondis tous les sentiments et relations d'Isabelle. Ils sont à peine effleurés et, pour ma part, j'aurais apprécié davantage de structure et de développements.



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critiques presse (2)
Bibliobs
15 décembre 2014
A François Bégaudeau, l'auteur de « la Blessure la vraie », l'infirmière ne raconte pas seulement sa vie quotidienne, elle la lui montre, et il la restitue avec une grande probité. C'est ainsi qu'entre les murs de l'hôpital se dessine le destin banal d'une femme d'exception.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
12 décembre 2014
A François Bégaudeau, l'auteur de « la Blessure la vraie », l'infirmière ne raconte pas seulement sa vie quotidienne, elle la lui montre, et il la restitue avec une grande probité. C'est ainsi qu'entre les murs de l'hôpital se dessine le destin banal d'une femme d'exception.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Dans la pratique il existe un diagnostic infirmier, lequel détermine la nature du soin infirmier à prodiguer. Le repérage d'une anxiété motive la mise en place de plages d'écoute ou de massages, un risque de constipation appelle des précautions spécifiques, etc. Autant de symptômes qui s'observent et s'analysent sans consulter le médecin. Au cas où l'initiative lui est rapportée, il valide sous réserve que son inférieure ne prétende pas établir un diagnostic, car le diagnostic est la prérogative du médecin.
Au fil des années, la pratique a fait jurisprudence, et certains actes médicaux sont passés dans le domaine de compétence des infirmières. Par exemple les gaz du sang, qui quantifient le taux d'oxygène. Comme les infirmières ne sont pas habilitées à piquer dans les artères, il a fallu que cette pratique se développe et que les médecins débordés souhaitent s'en décharger sur les infirmières dès lors habilitées à piquer dans les artères. Reste que la plupart des actes infirmiers ne sont pas actés. C'est-à-dire quantifiés. C'est-à-dire pris en compte dans la rémunération. Ils relèvent du zèle désintéressé et admirable. De l'immémorial esprit de sacrifice des femmes. C'est le passif bénévole d'une fonction pour laquelle les premières formations diplomantes datent des années 1940, pas avant. Jusqu'à récemment, le personnel soignant était essentiellement composé de bonnes soeurs. C'est resté dans la tête des gens. L'épicier a un crayon sur l'oreille et l'infirmière des cornettes.
Comme des nurses.
Nourrices, en français.
Peut-être que la représentation collective changera avec la hausse prévisible du nombre d'hommes dans les rangs infirmiers. L'enseignement et d'autres professions se sont déclassés en se féminisant ; elle est permis de parier sur le mouvement inverse dans les métiers du soin.
D'ici là les infirmières en grève continueront à écrire "ni bonnes ni connes ni nonnes" sur leurs banderoles. Et martèleront que leur métier n'est pas un sacerdoce mais un métier, avec des compétences, une expertise, des gestes quantifiables qui méritent salaire. Rétribuées en bonté divine, les bonnes soeurs ne comptent pas leurs efforts. Prosaïquement payée en euros, Isabelle les compte.
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Avec la cruauté réglementaire de l'existence, il n'y a pas de position médiane. Il faut la fuir ou la prendre en main. Elle la prendra en main. C'est ça qu'elle fera. A travers chaque patient, c'est son père un peu qu'elle soulagera.
Orientée dans le milieu hospitalier par une cousine secrétaire, elle s'inscrit au concours d'entrée en institut de formation en soins infirmiers. A l'oral on l'invite à traiter le sujet : comment intégrer la notion de dignité humaine dans notre vie quoditienne. Elle le traite.
Son rang parmi les 600 admis lui permet d'obtenir son premier voeu : l'IFSI qui dépend de l'hôpital Paul Brousse, à Villejuif. Isabelle s'y plaît mieux qu'en fac et c'est peu dire. L'effectif de moins de cent élèves humanise les cours, et pour le coup elle a soif d'apprendre. Dans le domaine, tout l'intéresse. Faire une toilette, prendre une tension, bouger un hémiplégique, changer un pansement, poser une sonde naso-gastrique. Des gestes pour soigner et parfois guérir. Tout lui va, rien ne la rebute. La sensation inédite d'être à sa place lui fait tout drôle. Les stages successifs l'aident à mieux circonscrire son lieu de plénitude...
Au fil des années, elle se découvrira peu bavarde avec les patients. Les écoutera s'ils se confient, mais d'une oreille seulement, concentrée sur ses gestes, à rebours de certaines aides-soignantes douées pour alimenter la conversation mais plus lentes dans l'exécution des protocoles techniques. Isabelle pense qu'on fait bien ce métier si on a le sens des priorités. Les mains avant la bouche.
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Isabelle a connu des répartitions de service stables: matin et soir, jamais les deux en alternance. Sauf lors de ses passages dans le privé, où les deux-huit sont la norme.
Puisque décidément le privé est l'avant-garde des nécessaires réformes structurelles de notre pays conservateur, le public a fini par adopter le système deux-huit. On y gagne en souplesse dans les remplacements au pied levé.
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En ce moment je lis l'Enfant de Jules Vallès. Hier je suis arrivée au passage où il se sent heureux pour la première fois. "Le temps est superbe, et je descends dès 9 heures en ville, libre, et craquant du bonheur d'être libre, je me sens gai, je me sens fort, je marche en battant la terre de mes talons et en avalant des yeux tout ce qui se passe: la nue dans le ciel, le soldat dans la rue; je rôde à travers le marché, je longe la mairie, je vais au Treuil flâner, les mains derrière le dos, en chassant quelque caillou du bout de mon soulier. Il n'y a pas de devoirs, pas de pensums, ni père, ni mère, personne, rien ! Il m'a fallu seulement un mois de vacances avec la vache à conduire, les courses dans les champs, les promenades seul, pour m'ouvrir les idées et le coeur !" Je me souviens avoir eu des moments comme ça dans mon enfance. Je m'en souviens parce que finalement c'est rare les moments où on se sent bien.
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C'est ça qu'elle fera. A travers chaque patient, c'est son père un peu qu'elle soulagera (...) Des gestes pour soigner et parfois guérir. Tout lui va, rien ne la rebute. La sensation inédite d'être à sa place lui fait tout drôle.
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Videos de François Bégaudeau (89) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de François Bégaudeau
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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