[Chronique de novembre 2011 pour l'ensemble de la saga des Reines de France]
Il y a maintenant des années, j'ai lu la saga des Reines de France de
Simone Bertière, que j'avais adorée et dont j'ai gardé un excellent souvenir. Ma mère et moi avons dévoré ces livres, qui comptent parmi les seuls qu'on ait toutes les deux aimés ! La chronique date pas mal donc (novembre 2001, et à ce moment-là j'avais déjà fini de les lire depuis plusieurs mois), mais j'espère que vous l'apprécierez.
J'aime particulièrement ces couvertures, car ce sont des tableaux, des portraits, qui permettent d'imaginer les personnages physiquement, car c'est parfois difficile à faire seulement avec des descriptions écrites. Au milieu de chaque livre se trouvent plusieurs pages de portraits, même de personnages beaucoup plus « secondaires » que les rois et reines. A la fin on trouve une bibliographie très complète des ouvrages et sources utilisés par l'auteure, ainsi qu'une chronologie détaillée à laquelle il faut se référer fréquemment si ‘on veut bien suivre le déroulement des événements, car si
Simone Bertière tente de suivre le temps, il est parfois plus pratique de consacrer un chapitre à un personnage particulier, quitte à faire pour cela des bonds en avant ou en arrière dans le temps.
La saga commence donc au XVIème siècle, avec le premier tome le beau XVIème siècle, avec une femme hors du commun : Anne de Bretagne (en portrait en train de prier sur la première couverture en haut à gauche). Duchesse de Bretagne, elle a été mariée à deux rois de France (Charles VIII et Louis XII) et lutta toute sa vie pour préserver l'indépendance de son duché, en tentant d'empêcher qu'il ne tombe dans le domaine royal. Avant son remariage avec Louis XII, celui-ci était marié à Jeanne de France. Il fit annuler son mariage avec celle-ci pour épouser Anne de Bretagne. Jeanne passa le reste de sa vie dans un ordre monastique qu'elle avait créé. Elle fut d'ailleurs béatifiée au XVIIIème siècle.
Après la mort d'Anne de Bretagne, Louis XII se maria en troisièmes noces avec Marie d'Angleterre, une Tudor qu'il laissa veuve après quelques mois de mariage. Elle refit sa vie sans marquer l'Histoire France. Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, récupéra le duché de sa mère et fut mariée au successeur de son père,
François Ier, dont le père était le cousin de Louis XII (faut suivre hein). Ni elle, ni Eléonore de Habsbourg qui épousa
François Ier en secondes noces ne laissèrent une grande trace car elles étaient des femmes effacées, soumises à leur rôle de mère des enfants royaux et de représentation. Cette condition des reines de France va commencer à changer par le choix de
François Ier pour l'épouse de son fils, le futur Henri II : Catherine de Médicis. La première partie de la vie de Catherine en France ressemble fort à quelque chose de désagréable : étrangère, elle est particulièrement mal acceptée à la cour en raison de ses origines (sa famille est issue des sphères financières et non pas vraiment de la noblesse) et toute l'attention est tournée vers l'extraordinaire favorite du roi, Diane de Poitiers. A sa mort, Catherine voit enfin l'occasion d'accéder au pouvoir, car Henri III va la laisser régente avec de nombreux enfants.
Le deuxième tome, Les Annés sanglantes, reprend donc avec Catherine de Médicis à la tête du Royaume. Elle est ce qu'on appelle une « reine-régente ». Ses trois fils vont se succéder tour à tour : François II, Charles IX et Henri III. François II épousa très jeune, avant même d'être roi, Marie Stuart d'Ecosse. Elle ne fut pas reine longtemps car François II ne vécut pas longtemps. Sa vie à elle fut longue et mouvementée : devenu veuve, elle retourne en Ecosse pour y régner, son père étant lui aussi décédé. Elle va se faire de nombreux ennemis, en particulier sa cousine Elisabeth Ière, reine d'Angleterre, qui finit par lui faire couper la tête. Sur sa vie, je vous conseille le très bon Secret d'Histoire qui a été fait à son sujet. Charles IX vit son règne marqué par les massacres de la Saint-Barthélémy, et il mourut fou. Son épouse fut Elisabeth de France, qui devint veuve à 19 ans. Comme Jeanne de France, elle termina sa vie dans un couvent. Elle meurt à trente-sept ans, en pleine dévotion. Henri III épousa Louise de Lorraine, qui se prit d'une réelle affection pour lui. Après son assassinat, elle resta inconsolable et mourut dans le chagrin.
A Henri III succéda Henri IV, marié lors de son accession au trône à la soeur de son prédécesseur, Marguerite de France. Elle ne fit rien « d'historique » mais était une femme de lettres, très intelligente et une grande mécène.
Alexandre Dumas en fit «
la reine Margot ». Son mariage avec Henri IV fut annulé car elle ne lui avait pas donné d'héritier légitime.
Le troisième tome, Les deux régentes, commence avec la seconde épousée d'Henri IV : Marie de Médicis. Je me souviens de ne pas l'avoir aimée du tout, cette reine-là ! Son caractère, ses manières, tout me fit horreur. A mon humble avis, beaucoup des soucis de Louis XIII, son fils, furent de son fait. Comment un enfant peut-il se construire en adulte et en roi avec un mère qui complote dans son dos, lui fait la guerre et lui préfère son frère (Gaston d'Orléans) ? Elle fut régente un long moment, puisque Henri IV est mort lorsque Louis XIII était tout petit. C'est Marie de Médicis qui choisit l'épouse du petit roi, en l'infante Anne d'Autriche. Elisabeth de France, soeur de Louis XIII, fut dans le même temps mariée au frère d'Anne, l'infant Philippe. le règne de Louis XIII fut marqué par les actions de Richelieu. Quand tous deux furent morts, Anne d'Autriche devint régente pour
Louis XIV. Elle se fit aider du cardinal de Mazarin, qui continua à exercer le pouvoir bien au-delà de la majorité de
Louis XIV (la majorité était fixée à 13 ans!). Mazarin mourut en 1661 et
Louis XIV décida alors d'exercer le pouvoir seul. Sa relation privilégiée avec sa mère en pâtit un peu mais ils restèrent très proches, car il était son préféré, au détriment cette fois de Philippe de France, le cadet. Anne d'Autriche mourut en 1666.
Le tome quatre est consacré aux Femmes du Roi-Soleil, et elles furent nombreuses, car on y compte non seulement ses épouses, ses maîtresses, mais aussi toutes les femmes qui l'entourèrent au quotidien, filles, brus, nièces… En 1660,
Louis XIV épousa
Marie-Thérèse d'Autriche (sa cousine germaine puisque c'était la fille d'Elisabeth de France et du roi d'Espagne Philippe IV). Elle fut une reine plate, sans aucune envergure, qui ne réussit jamais à s'attacher à la France. Elle parlait d'ailleurs très mal le français, même après des années passées à la Cour. Ses maîtresses furent si nombreuses qu'on ne peut toutes les dénommer et les retrouver. Il en aima certaines, d'autres ne furent que des occasions de plaisirs et de fêtes.
Simone Bertière consacre des pages, voire des chapitres, à chacune des plus importantes :
Marie Mancini (une nièce de Mazarin),
Louise de la Vallière (qui se repentit beaucoup de cette liaison mais continua très longtemps d'aimer le roi), Madame de Montespan (Françoise-Athénaïs de Rochechouart de Mortemoart) et
Madame de Maintenon (Françoise d'Aubigné, veuve Scarron), que le roi épousa secrètement en secondes noces. C'était une femme vraiment très spéciale, son caractère, ses pensées sont très difficiles à saisir. Dans les autres femmes qui marquèrent plus ou moins le règne du Roi-Soleil, je me rappelle aussi Henriette d'Angleterre, « Madame », l'épouse de « Monsieur », le frère du Roi, et de sa seconde épouse, la princesse Palatine qui avait beaucoup de mordant ! Il y en a d'autres bien sûr, mais je les ai oubliées.
L'avant-dernier tome, La Reine et la favorite, est consacré à Marie Leszczynska, épouse de Louis XV, et à sa principale favorite, Madame de Pompadour. J'ai beaucoup aimé ce tome-là, je crois que c'est mon préféré. Louis XV est très intéressant (et je trouve qu'il était très beau étant jeune !), toute la vie à Versailles fut transformée par son règne, car si de nombreux codes louisquatorzien y subsistent, Louis XV n'est pas comme son arrière-grand-père, il aime être en comité restreint, les pièces de petite taille et tenter d'échapper au rôle de roi qui lui colle mal à la peau. Il devint roi dans un climat de mort, orphelin et seul. Il fut très malheureux lorsque sa « nourrice » fut renvoyée. Aux premiers temps de son mariage, il était fou de sa femme, plus mûre que lui (elle était plus âgée que lui de plusieurs années). Il adorait également sa famille, et notamment sa flopée de filles, qui si mon souvenir est bon, ne se sont pas mariées à l'exception des deux aînées. Il eut aussi de très nombreuses maîtresses. Parmi les premières se trouvaient les soeurs de Nesle (oui, toutes). Sa favorite la plus marquante est bien entendu Jeanne-Antoinette Poisson, mariée le Normant d'Etiolles, marquise de Pompadour. Une femme fascinante, j'étais très triste lorsqu'elle est morte (jeune en plus). Femme intelligente, cultivée, courtisée par tous car elle était la favorite, mais très seule au final car peu de personnes l'appréciaient réellement. Peu portée sur les plaisirs de la chair, elle ruina sa santé en essayant d'augmenter sa libido. Elle et le Roi étaient réellement attachés l'un à l'autre, alors pour satisfaire les appétits sexuels du Roi tout en gardant son affection, elle organisa « les plaisirs » du Roi en lui fournissant des maîtresses d'un soir. Après sa mort, Louis XV se consola avec Madame du Barry (qui n'était pas du tout comme la présente Sofia Coppola dans son film
Marie-Antoinette, que j'ai trouvé très bon par d'autres aspects). Ses fils moururent avant lui, il s'occupa alors de marier son petit fils Louis-Auguste de France appelé à lui succéder. La future reine, c'est
Marie-Antoinette.
Marie-Antoinette l'insoumise est un très bon titre. Ce qualificatif décrit très bien la dernière reine de France de l'Ancien Régime. Elle avait de très bons côtés mais aussi des côtés parfaitement détestables.
Louis XVI était un homme très touchant je trouve, je l'ai beaucoup plaint ce pauvre chéri. Cependant, il ne fit pas face aux difficultés comme Louis XV. Il n'aimait pas la chair, ni
Marie-Antoinette. Leurs premières années de mariage furent d'ailleurs grandement compliquées par cette répulsion partagée. Ils eurent tout de même quatre enfants, dont deux moururent en bas-âge, leur causant de très grandes peines. Je ne vais pas développer plus, ce dernier tome fait plus de neuf cents pages !
Ces livres sont extrêmement bien écrits, très prenants, documentés à merveille. On plonge sans retenue dans la vie des personnes qui défilent sous nos yeux à travers les pages de
Simone Bertière. Ce sont des livres d'Histoire (et non des romans historiques), pourtant je les ai lus comme des romans, un véritable délice. de longues pauses entre les différents tomes ne sont pas un problème. Pour tous les intéressés de l'Histoire de France ou même de l'Europe, n'hésitez pas !
Simone Bertière a écrit d'autres ouvrages d'Histoire, notamment sur le Prince de Condé, sur le cardinal de Retz et sur Mazarin, que je n'ai pas encore eu le plaisir de lire. J'adore également ses interventions télévisées, je reste pendue à ses lèvres à chaque fois !
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