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EAN : 9782330177706
224 pages
Actes Sud (05/04/2023)
4.58/5   18 notes
Résumé :
Chalamov accomplit en écriture un voyage au bout de sa nuit et de celle de ses contemporains. […] Les Récits de la Kolyma opèrent comme œuvre de résistance à la désintégration de l’humain. Chalamov : corps usé et blessures à l’âme – “l’âme”, un mot qui revient souvent sous son crayon, une âme libre. Chalamov, ni dieu, ni maître, ne s’est plus rallié à aucun mouvement. C’est sous cet éclairage que s’est produite ma rencontre avec ses textes qui, au bout du voyage, di... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Réservé près de ma librairie de quartier dès sa sortie le 5 avril 2023

Plus qu' une pépite...un "diamant brut" de la Littérature et de l'universelle Humanité !


Noire flamboyance d'un ouvrage très exceptionnel sur l'écrivain-poète , Varlam Chalamov ( 1907-1982), déporté sous Staline, qui passa dix-sept années au Goulag de la Kolyma...

C'est curieux de se sentir aussi mal à l'aise, empêtré pour écrire une chronique sur un texte que l'on estime "essentiel" , précieux humainement comme littérairement, qui nous a transportés...Et pourtant c'est mon cas, présentement. Juste peur d'amoindrir la richesse de ce texte avec des mots qui paraissent " galvaudés " tant on est pris " aux tripes" et au coeur, alors que le TEXTE se suffit à lui-même!!!

Déjà deux semaines que j'ai achevé cet ouvrage...que j' hésite et "peine" à rédiger un billet afin de partager cette lecture unique, essentielle, indispensable...

Et, " miracle " ce matin, en écoutant et voyant un grand homme d'engagement et de droiture, que j'estime au plus haut point, sa présence combattive m'a positivement " bousculée "..
(.je laisse un peu de suspens...jusqu'à la fin de ces lignes, pour faire le lien avec cet " Homme de bien", comme un " frère spirituel" de Varlam Chalamov...)

En plus de mon enthousiasme et vif intérêt pour les écrits de Gisèle Bienne
( dont " La Ferme de Navarin" qui se trouve , selon l'expression d'un texte de H.Miller, dans " Les Livres de ma vie"), s'ajoutait également un immense " coup de coeur" pour un écrit de Chalamov,
" Mes Bibliothèques "....J 'attendais donc avec impatience ce "Livre- hommage " de Gisèle Bienne.

Et cela a été un total éblouissement car l'auteure, dans un style élégant et poétique nous restitue avec émotion et passion le parcours hors du commun de Chalamov, véritable survivant de l'horreur...qui s'est battu toute sa vie, par l'Écriture"" contre les forces du Mal...

Dans un même temps, Gisèle Bienne reconstitue le courage, la dignité et l'immense talent de tous ces écrivains, artistes, intellectuels , qui au péril ...et trop souvent, au prix de leur existence ont témoigné, écrit, résisté...les hommes comme les femmes !

Ainsi, parallèlement à l'oeuvre et à la vie de Chalamov, on visite ou "revisite" en détails l' Histoire de la Litterature russe du XX e siècle. Quelle épopée de sacrifices, de morts, de disparitions de talents , de poètes et poétesses qui se sont battus jusqu'à l'extrême limite...

Sans parler des échos bruyamment "assourdissants" de l'actualité et de la tragédie ukrainienne mais aussi celle du peuple russe, toujours broyé par un régime de la Peur et du Mensonge devenu une constante d'État...

Car là , on ne parle même pas de désinformation ou d'effacement de faits les plus barbares, mais bien d'une affabulation, d'une transformation délibérément " mensongère " des faits historiques dont cette " remise à l'honneur" depuis 2012 de Staline, criminel de guerre parmi les plus sanguinaires !

Terrifiante réalité que cette propagande et ces mensonges outranciers faussant L Histoire;récidives étatiques intolérables...

De tous ces constats basiques, ces
" Larmes de Chalamov" est un livre " indispensable ", " nécessaire "...et magnifiquement écrit...

Il y aurait encore mille choses à en dire...toutefois je préfère laisser " les derniers mots" à Gisèle Bienne, exprimant, au plus juste

l'" Exceptionnel absolu " de l'Oeuvre de Chalamov (*** je vous demande à tous et toutes,de l'indulgence pour l'abus présent de "Majuscules"...dans ce billet !)

"(...)L'éclat miroir qu'il a conservé porte-il chance, se demandait Chamalov, ou ne reflète t-il pas les rayons du Mal qui l'empêche de se diluer dans le flot humain, là où personne ne connaît ni la Kolyma, ni l'ingénieur Kipreïev.(...)
Dix-sept années de camp dans l'extrême-Nord.
Dix-sept années d'écriture dans la chambre dont plusieurs auprès de Moukka (** son chat)

Parcelles de temps imbriquées dans une mosaïque conçue et agencée de manière aussi rigoureuse que mystérieuse, un paysage immense et complexe.
Nous y sommes pris, minuscules lecteurs, sans savoir très précisément où nous sommes tant les camps staliniens sont extensibles, mobiles, camps volants, installations s'emparant d'une colline, d'un coin de taïga, d'une montagne puis d'une autre.Fragments de texte cousus les uns aux autres à la façon des
" bourki" que se fabriquaient des " zeks", ces bottes en bouts de tissu.Ainsi chaussé le lecteur s'approche des cercles où ces hommes ont évolué dans l'illimité anonyme de la Kolyma.Les
" Récits": paysages enchevêtrés à l'intérieur et à l'extérieur des barbelés, sauvés de l'oubli, une écriture qui ne se compare à aucune autre, un grand livre de la littérature russe du XXe siècle, de la littérature universelle."


*** Un colossal MERCI à Gisèle Bienne pour ce " trésor de livre" qu'elle nous offert, sans omettre l'expression d'une immense gratitude pour le travail des éditions Verdier et Interférences, qui nous permettent aujourd'hui de lire les oeuvres de Chalamov, mais aussi de tous ces écrivains dissidents ayant payé de leur vie ou par des années d'atroces souffrances la Liberté dûe à chaque humain, de s'exprimer. La Littérature, outil de résistance, résilience , de Mémoire et d'espoir !


****J'allais oublier de vous dévoiler le nom de cet homme de bien , de talent et de conviction dont je vous parlais précédemment : il s'agit d' un vieux monsieur de 95 ans, toujours sur le front..., l' auteur d' " Idriss", qui vient de
co- publier un essai " Vladimir Poutine, l'accusation " ( Fayard, avril 2023)...Monsieur Robert Badinter !



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Blog de Jean-Claude Lebrun
TERRITOIRES ROMANESQUES 2023
Gisèle Bienne
A la liste des écrivains soviétiques célèbres victimes à divers titres des répressions stalinienne et poststalinienne (Boris Pasternak et Alexandre Soljenitsyne ostracisés et incarcérés, Ossip Mandelstam persécuté et mort en 1938 du côté de Vladivostok sur la route de la déportation au Goulag de la Kolyma…), on omet trop souvent d'ajouter Varlam Chalamov, qui passa dix-neuf années de sa vie en prison et dans les camps. Gisèle Bienne lui rend aujourd'hui hommage, dans un récit aussi rigoureux que bouleversant
Les derniers livres de l'auteure rémoise, « La Malchimie » (2019) et « L'Homme-frère » (2020), évoquaient d'une part les ravages, sur les sols comme sur les humains, des pratiques de l'agriculture productiviste et d'autre part les dégâts, certes peu visibles mais non moins dévastateurs, provoqués dans les familles paysannes par la tradition du « salaire différé. » Cependant qu'un autre sujet déjà la requérait, qui n'avait guère cessé de l'accompagner au long des années : Gisèle Bienne était restée sous le choc des « Récits de la Kolyma » de Varlam Chalamov, dont une première version fut publiés en français en 1969. Une fresque en forme de mosaïque, composée entre 1954 et 1962 et constituée de 143 textes de différentes natures, prose romanesque, prose poétique, ou encore réflexions. L'écrivain y abordait ce qu'il considérait comme « la question principale de notre temps : la destruction de l'homme avec l'aide de l'Etat. » Gisèle Bienne a pareillement opté pour le fragment, afin de restituer l'itinéraire cruel et tumultueux de celui qui contre toute attente survécut au Goulag et mourut à Moscou en 1982, à l'âge de 74 ans. Les trente-deux chapitres de son livre se présentent en effet comme autant d'éclairages portés sur sa vie et celle d'autres réprouvés de son temps.
Le réel froidement reconstitué dans sa brutalité et sa trivialité, « le vif de la vie »
« Les Larmes de Chalamov » s'ouvre sur deux citations placées en épigraphe. La première de Chalamov lui-même, sur la souffrance revécue au moment de l'écriture : « Je crie, je menace, je pleure. Rien n'arrêtera mes larmes. » La seconde tirée d'une chanson anonyme : «Kolyma, Kolyma, ô planète enchantée. L'hiver a douze mois. Tout le reste, c'est l'été… » le « zek » Chalamov avait passé plus de quatorze ans, de 1937 à 1951, en Sibérie orientale dans la région de la Kolyma, cette rivière au nom devenu sinistre, cet « ultime cercle de l'enfer. » Lorsqu'il entreprend la rédaction des « Récits de la Kolyma », il entend non seulement restituer un vécu de bagnard en constante proximité avec la négation de l'humain et la mort, mais dire une résistance à cette entreprise de néantisation de l'être. Gisèle Bienne se propose dans son livre, non pas de refaire le parcours du militant trotskiste en butte à la répression stalinienne, mais d'en donner à voir des instantanés. Des scènes de sa vie d'homme, de mari répudié par son épouse et de père rejeté par sa fille obstinément fidèle à la ligne. Des moments de sa vie d'écrivain, sa poésie engagée, sa prose opposée à toute affèterie, sa recherche de formes nouvelles, ses lectures et sa correspondance avec Pasternak, Soljenitsyne ou encore Nadejda l'épouse de Mandelstam (on relira, sur le poète mort d'épuisement, « L'Hirondelle avant l'orage », de Robert Littell, Editions Baker Street, 2009), Enfin des souvenirs de sa vie de détenu, le réel froidement reconstitué dans sa brutalité et sa trivialité, « le vif de la vie », au long de pages saisissantes à la hauteur du texte de Chalamov.
Son récit est celui d'une espérance et d'une exigence déçues
Dans son deuxième chapitre intitulé « La cause », Gisèle Bienne raconte son propre dessillement, en 1978, lors d'un voyage d'écrivains français à Moscou, la ville « idéalisée » par elle. Elle ne connaissait pas encore Chalamov, mais elle eut alors l'intuition, face à des fonctionnaires de la culture en ce temps de regel brejnévien, de ce qui s'était joué d'atroce dans les décennies qui avaient précédé. Ce qu'elle apparente à une manière de « voyage au bout de la nuit. » Elle découvrirait ensuite les destinées tragiques d'Anna Akhmatova et de Marina Tsvetaïeva ainsi que celles de leurs proches. Elle ferait le rapprochement avec Margarete Buber-Neumann réfugiée en URSS avec son compagnon Heinz, qui en 1937 serait exécuté sans autre forme de procès, tandis qu'elle-même serait déportée à Karaganda avant d'être cyniquement renvoyée par Staline aux nazis qui à leur tour l'expédieraient à Ravensbrück. Ce second chapitre constitue une manière de pivot du livre de Gisèle Bienne. Car son récit est celui d'une espérance et d'une exigence déçues. L'évocation de l'univers concentrationnaire de la Kolyma, celle du retour à Moscou en 1956 et de l'existence de réprouvé qui s'ensuivit, se lisent à la lumière de ce qui se présente comme la déchirante révision d'un système de valeurs et d'une conception du monde, dans ce grand texte de lucidité et de sincérité. A coup sûr, en résonance avec une certaine actualité, l'une des lectures indispensables de ce début d'année.
« Les Larmes de Chalamov », de Gisèle Bienne, Actes Sud, 224 pages, 22,50 €/16,99 (numérique)
06/04/2023 – 1653 – W34
jclebrun



Lien : https://jclebrun.eu/log/somm..
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Varlam Chalamov, déporté à la Kolyma dans l'extrême est sibérien sous Staline, a échappé par un concours de circonstances improbables au front de taille de la mine d'or où il a travaillé pendant plusieurs années — et c'est échapper à la mort. Enfant, Varlam avait refusé de chasser et de pêcher, il trayait des chèvres, dessinait, jouait au football, récitait des poèmes. Chez ses parents comme au camp, « il a veillé sur la vie, aimé la vie sauvage dans le corps de l'animal. »
Plusieurs livres de Gisèle Bienne montrent des êtres dans des situations de résistance : Katherine Mansfield atteinte de la tuberculose (Actes Sud, 2011), Cendrars et les rescapés de la Première Guerre mondiale (La Ferme de Navarin, Gallimard, 2008 et Les fous dans la mansarde, Actes Sud, 2017), les malades et victimes des produits phytosanitaires (La Malchimie, Actes Sud, 2019).
Ici, elle fait entendre la voix du zek Chalamov « cette voix de l'auteur forçat et poète qui a su aussi regarder l'herbe, les fleurs, les arbres, les montagnes, le ciel, les bêtes de la Kolyma, et qui pense aux hommes honnêtes rencontrés en chemin. » Il est revenu d'un l'enfer peuplé d'hommes affamés, épuisés, de « crevards », de bourreaux sadiques, de truands fourbes et cruels.
Gisèle Bienne déroule ainsi un fil à travers les récits labyrinthiques de Chalamov. Les lecteurs qui les découvrent, comme ceux qui sont familiers de son oeuvre, en percevront la justesse et la force poétique. Ils écouteront aussi le duo, subtil et intense, entre le poète et l'autrice : « Les Récits opèrent comme oeuvre de résistance à la désintégration de l'humain. Chalamov : corps usé et blessures à l'âme – l'âme, un mot qui revient souvent sous son crayon, une âme libre. Chalamov, ni dieu ni maître, ne s'est plus rallié à aucun mouvement. C'est sous cet éclairage que s'est produite ma rencontre avec ses textes qui, au bout du voyage, disent la victoire d'un homme bon sur les forces tentaculaires du Mal. »
Accompagner Chalamov avec Gisèle Bienne éclaire la réalité du système russe d'aujourd'hui et surtout nous aide à défendre un humanisme vital.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un hommage d'une grande force pour cet homme qui a eu le malheur de naître au mauvais endroit et dans la mauvaise période. Comme beaucoup d'artistes, Chalamov s'est retrouvé dans les camps. Il a perdu un temps le goût de vivre et d'écrire. Un jour le soleil est revenu et a éclairci son horizon jusqu'à lors rempli de travaux, d'ordres et d'inhumanité.

Les mots l'ont sauvé. Quand il est sorti de cet enfer pourtant, les non dits sur les camps de l'enfer enferme ses écrits. Quand il est sorti des camps, le lecteur se dit qu'enfin, il va être libre et retrouver le chemin de la vie. L'enfer est toujours là pourtant imprégné de son être. On ne sort jamais vraiment des camps même si on lui ordonne de reprendre une vie normale. Il aurait fallu un écrin de douceur pour tous ces hommes et ces femmes sortis de l'enfer. Mais il n'en ai rien.

Ce récit parle principalement de Chalamov mais l'auteure n'a pas oublié toutes les autres intincelles qui ont cessé de briller dans la nuit qu'a été la seconde guerre mondiale.

Le devoir de mémoire infuse chacun des mots de ce livre.

Merci Gisèle Biennne et Actes Sud.
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critiques presse (2)
LaTribuneDeGeneve
13 février 2024
L’écrivain russe avec qui Soljenitsyne avait envisagé de collaborer est décédé en 1982, pauvre, malade et interné de force dans un hôpital psychiatrique de Moscou. Son témoignage unique sur le goulag continue pourtant d’intéresser auteurs et éditeurs.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
LeMonde
11 avril 2023
Les Larmes de Chalamov invite tout simplement à lire ou à relire les Récits de la Kolyma, à prendre la mesure de ce qu’une telle expérience fait au langage et à la pensée.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le Labyrinthe


(...)L'éclat miroir qu'il a conservé porte-il chance, se demandait Chamalov, ou ne reflète t-il pas les rayons du Mal qui l'empêche de se diluer dans le flot humain, là où personne ne connaît ni la Kolyma, ni l'ingénieur Kipreïev.(...)
Dix-sept années de camp dans l'extrême-Nord.
Dix-sept années d'écriture dans la chambre dont plusieurs auprès de Moukka (** son chat)

Parcelles de temps imbriquées dans une mosaïque conçue et agencée de manière aussi rigoureuse que mystérieuse, un paysage immense et complexe.
Nous y sommes pris, minuscules lecteurs, sans savoir très précisément où nous sommes tant les camps staliniens sont extensibles, mobiles, camps volants, installations s'emparant d'une colline, d'un coin de taïga, d'une montagne puis d'une autre.Fragments de texte cousus les uns aux autres à la façon des
" bourki" que se fabriquaient des " zeks", ces bottes en bouts de tissu.Ainsi chaussé le lecteur s'approche des cercles où ces hommes ont évolué dans l'illimité anonyme de la Kolyma.Les " Récits": paysages enchevêtrés à l'intérieur et à l'extérieur des barbelés, sauvés de l'oubli, une écriture qui ne se compare à aucune autre, un grand livre de la littérature russe du XXe siècle, de la littérature universelle.

( p.211)
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Aujourd'hui, depuis 2012 surtout, Staline est à l'honneur en Russie, on révise l'histoire, on la récrit. Le cas de Iouri Dmitriev en est un douloureux exemple. Archéologue et historien spécialiste des crimes commis sous l'ère stalinienne, Dimitriev, injustement accusé et emprisonné, aurait dû être libéré en novembre 2020.On l'avait condamné à treize ans de camp à régime sévère. Fin décembre 2021, le jugement définitif est rendu: quinze ans de réclusion criminelle.Son crime ? La recherche de la vérité historique.

( p.111 )
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Début janvier 1972.Chalamov est à l'hospice (...)

Il paie le camp où écrire des vers était un des pires crimes.Des peines infligées pour seule activité littéraire , il en a bien vu, connu deux, si ce n'est davantage.il l'a dit, écrit, la peur d'un bout de crayon et d'un morceau de papier, tout le pays l'avait connue mais à la Kolyma si on écrivait pour se souvenir, on le faisait avec la peur d'être fusillé
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Arrêté et déporté deux fois.

(...) Chalamov accomplit en écriture un voyage au bout de sa nuit et de celle de ses contemporains. (...)

L'histoire est dure, mais la lecture des " Récits" est stimulante, bienfaisante, là est le paradoxe.Les " Récits " opèrent comme oeuvre de résistance à la désintégration de l'humain.(...)
Chalamov, ni dieu ni maître, ne s'est plus rallié à aucun mouvement.
C'est sous cet éclairage que s'est produite ma rencontre avec ses textes qui, au bout du voyage, disent la victoire d'un homme bon sur les forces tentaculaires du mal.
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Il compose poème sur poème. Sur des bouts de journaux, sur des cahiers déchirés, au bord du ruisseau, partout, il griffonne des poèmes. Le froid et la faim le font encore souffrir, ses doigts douloureux lui obéissent mal mais réussir à former des mots l'enchante. Il voit avec bonheur les lettres courir sur la page du cahier, le monde se colore avec les mots qui lui reviennent et les mots sont impatients.

( p.147)
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Videos de Gisèle Bienne (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gisèle Bienne
Dans ses "Récits de la Kolyma", un recueil de nouvelles écrites après sa libération, l'écrivain russe Varlam Chalamov témoigne de l'enfer des goulags staliniens, auquel il a survécu après une vingtaine d'années de pénitence. L'histoire de Varlam Chalamov a été source d'inspiration pour Gisèle Bienne et Michaël Prazan, invités de Nicolas Herbeaux pour transmettre ce témoignage marquant et essentiel.
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