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3,85

sur 441 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Captivant !
Un roman fleuve virtuose qui s'attache notamment à la personnalité fascinante d'Athanase Kircher, jésuite allemand du 17e siècle qui travailla sur les mathématiques, l'hébreu, la Chine, les hiéroglyphes et inventa la lanterne magique. Quelques siècles plus tard, au Brésil, le correspondant de presse Eléazard von Wogau enquête sur le jésuite. Une enquête qui aura des conséquences sur sa vie.
Jean-Marie Blas de Roblès est un conteur talentueux qui sait transmettre son immense érudition sans en étouffer le lecteur.
Lien : https://shot-de-culture.fr/r..
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"La main dans la main, à l'aventure et lentement, à travers l'Eden, ils cheminèrent seuls."
(J. Milton, "Le Paradis perdu")

Nostalgie baroque, quand tu nous tiens !
Les épreuves du roman "Là où les tigres sont chez eux" n'ont enchanté aucun éditeur. S'ils n'étaient pas perplexes devant le long pseudonyme archaïsant choisi par l'auteur (Roblès a vraiment quelque peu arrangé son nom, en hommage au premier éditeur/imprimeur de "Don Quichotte" de Cervantès), ils étaient ensuite déstabilisés par le pavé irrésumable de presque mille pages, dédié primairement à l'excentrique et aujourd'hui oublié jésuite Athanase Kircher (1601-1680).
Roblès a mis dix ans à écrire son roman, et il en a fallu dix autres avant que les éditions Zulma ne tentent l'aventure... pour le plus grand bonheur des lecteurs.

Un grand nombre de bons romans peuvent être qualifiés d'"irrésumables", sans pourtant être "illisibles", et c'est bien le cas de ces réjouissants "Tigres". Roblès nous propose un gracieux mélange de roman historique et de roman d'aventure, de fable philosophique et de roman psychologique, d'aphorismes, de folklore et de savoir encyclopédique, agrémenté encore par un zeste de cette étrange atmosphère typique pour les auteurs latinoaméricains. Afin que les feuillets de ce brouillon expérimental ne se dispersent pas aux quatre vents, il a fallu trouver une agrafe symbolique pour les retenir : le personnage de Kircher.

Ce "dernier homme de la Renaissance", ou "le Léonard baroque", qui englobe à lui seul tout le savoir de l'époque, mais dont les théories mégalomanes se révélaient systématiquement toutes fausses, rappelle l'émouvante et pathétique figure de Don Quichotte. Ses expériences - déchiffrage rapide des hiéroglyphes égyptiens, ballet exploratif sur un volcan en éruption, calculs des dimensions exactes de l'arche de Noé, machines volantes, miroirs ardents, orgues à chats, culture de toutes sortes d'organismes sur son propre corps - ne sont que des excursions dans les impasses du savoir, pour annoncer à ses successeurs : "Non, les amis, le chemin ne passe pas par là !". Sans le savoir, Kircher était doté de l'aptitude géniale à l'erreur, mais sa curiosité sans borne en fait, paradoxalement, une sorte de fondateur de la véritable science, et un précurseur des futurs Pasteurs et Champollions.
Mais l'aventure de la science moderne et les réflexions sur les chemins tortueux de la connaissance humaine ne sont qu'une des nombreuses dimensions du roman. le plus souvent, Roblès revient vers des questions philosophiques et métaphysiques que se pose son infatigable jésuite. Les destins des autres protagonistes font écho aux méditations de Kircher sur le sens de la vie, la place de l'homme dans le monde et la recherche des Paradis perdus.

Deux héros du roman sont directement liés à Kircher. Il s'agit d'Eléazard von Wogau, correspondant brésilien pour un journal français, qui prépare un article sur une curieuse biographie du jésuite, écrite prétendument par son élève et admirateur enthousiaste Caspar Schott. En même temps, son ex-femme Elaine, paléontologue de renom, prépare une expédition dans la jungle à la recherche de fossiles uniques. Expédition malheureuse, qui ne frôlera que trop près les Paradis perdus, quand sa seule chance de survie deviendra une tribu primitive de la forêt vierge, dont les rites confus sont encore liés à... Kircher !
Le destin des deux autres protagonistes - Moéma, la fille d'Eléazard, qui noie ses rêves naïfs sur le Brésil précolombien dans l'alcool et la drogue, et Nelson, petit truand handicapé qui tisse, dans la misère infinie des favelas, des projets fous sur l'assassinat du gouverneur de l'état de Maranho - sont liés à Kircher seulement par des allusions. D'autant plus amusante est la tâche du lecteur, de chercher des analogies entre les passages du journal de Schott et l'histoire qui se passe au Brésil actuel.

Le jeu de Roblès avec l'attention de son lecteur, concrètement les variations diverses sur le "texte dans le texte", fait un peu penser au "Manuscrit" de Potocki ou à la tradition de L'Oulipo. Il suffit de regarder, par exemple, "L'Idolâtre", le poème préféré de Kircher : la fin du roman révèle (ou pas !) que cette méditation spirituelle n'est pas vraiment ce qu'elle semble être, tout comme Kircher lui-même, et tout comme les élans vertueux des protagonistes principaux.
Avec ses jeux littéraires, ses illusions théâtrales et sa logique presque détective, ce livre "baroque" nous entraîne lentement dans le tourbillon des aventures les plus incroyables du corps et de l'esprit.
Le Brésil de Roblès, à la fois beau et cruel, n'est pas seulement une image hyperbolique du monde actuel, ce "trou noir qui s'effondre à l'intérieur de lui-même". C'est une métaphore qui se réfère à la citation de Goethe qui ouvre le roman, mais aussi à Borges, et à son image de la vérité comme un tigre : un être discret qui évite la lumière crue de toutes les idéologies univoques, capable de vivre seulement dans le clair-obscur ambigu de la jungle sauvage. Ce n'est que là où ces tigres peuvent être vraiment "chez eux". 4,5/5
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Un bonbon de 900 pages. Que dire sinon qu'on a l'impression de lire un Umberto Eco avec une teinte tout à fait différente. J'ai aimé la tendresse, la cruauté, l'humour et la vraisemblance des multiples situations où nous plonge l'auteur. On a l'impression de redécouvrir le monde derrière les yeux des personnages qui sont pour le moins fantasques.

Je n'ai rien lu d'autre de cet l'auteur pour l'instant mais je vais voir ce qu'il a en magasin.
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Mais dans quel but Jean Marie Blas de Roblès a t'il écrit ce livre ? Ce n'est pas que je n'ai pas aimé puisque je suis allée au bout des 880 pages en poche. Mais pourquoi cet Athanase Kircher européen du XVIIème, à côté de ces personnages de la fin du XXème vivant au Brésil ?
Le lien c'est la biographie rédigée par le père Kaspar Schott sur laquelle travaille Eléazar von Wogau. Les personnages sont d'ailleurs reliés les uns aux autres ou le deviennent. Il y a sa femme dont il est séparé, Elaine scientifique qui part en mission dans la forêt amazonienne avec entre autres Mauro, fils de Moreira gouverneur corrompu et de son épouse Carlotta. Il y a aussi sa fille Moema toxicomane idéaliste, son amie et amante Thaïs qui font connaissance de Roetgen collègue de Mauro. Et puis Nelson jeune orphelin handicapé et l'Oncle Zé qui vivent dans une favela et dont on se demande longtemps quel est leur rapport avec les autres. Autour d'eux quelques autres personnages, Soledade gouvernante d'Eléazar, Loredana italienne dont il tombe amoureux, son ami Euclides, Hermann ancien nazi dans le bateau duquel l'expédition amazonienne a pris place... et l'on passe d'un groupe à l'autre. de la science, de la sorcellerie, de l'aventure, de la violence, il y a tout cela et plus encore dans ce roman.
Ce portrait du Brésil contemporain n'est guère flatteur mais je suppose qu'il est juste.

Un roman très érudit que j'ai trouvé un peu étrange mais que j'ai aimé. A lire si vous ne l'avez pas déjà fait.
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Un roman magnifique, qui nous entraîne au Brésil sans le côté artificiellement chamarré de certains auteurs y compris sud-américains (García Marquez, Jorge Amado…) au rythme d'une prose superbe, poétique sans mièvrerie, sans afféterie, bref, sans que ce soit chiant ! Certaines descriptions sont proprement saisissantes (l'auteur est moins bon dans les dialogues). L'intrigue, multiple, est très bien maîtrisée, à part la fin, un peu abrupte.
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Gros morceau, découvert au cours d'une discussion improbable dans un bar paumé. Mais bon, ça parlait du Brésil, alors j'ai tiqué. Ce gros pavé est longtemps resté sur mon étagère, et puis je me suis lancée. Il faut dire qu'en ce moment, entre Merle, Giebel, Delfino, et Jaworsky, je suis dans ma période auteurs français qui écrivent en bon français. Les traductions pourries amenuisent notre langage et en tant que traductrice, ça me blesse et ça me désole. Donc les tigres. En cette période d'élections, ils ne pouvaient pas mieux tomber. Même si la structure du livre m'a un peu déstabilisée au début, beaucoup de personnages, de lieux, et d'informations, mais au final, ça a fait passer la pilule. Tout plein de petites histoires dans l'immensité de l'oeuvre. Dans tous les sens du terme. Drogue, corruption, nature flamboyante, et religion. Chacun son style. Mais hey ! Quel joli portrait du Brésil ! Au moins, celui-là à l'honnêteté de ne pas se cacher derrière le foot et la samba. C'est un livre violent, par sa richesse et par les sentiments qu'il provoque, mais de cette rare violence qui fait du bien. Je n'en dirai pas plus. c'est une histoire d'émotions. Il y a des missionnaires, des indiens, des universitaires exaltés, des jeunes paumés, des politiciens pourris, mais ils ne jouent pas forcément le rôle qu'on leur attribuerait en Europe. le Brésil est là. Toutes griffes dehors.
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Excellent , brillant
Une épopée au Brésil
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Le roman fleuve par excellence. Récits parfaitement entremêlés, portraits croisés, exotisme, art et société.
J'ai offert ce roman plusieurs fois à des personnes qui aiment rêver et voyager. de l'Italie au Brésil, embarquez dans la belle langue et les qualités de conteur de Bals de Roblès.
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Je ne voudrais effrayer personne - parce que la connaissance du latin n'est en rien indispensable pour lire et apprécier ce roman fleuve et les nombreux méandres de sa construction - mais quand la situation devient un peu graveleuse quelques fois dans leur moitié de roman, les personnages Kircher et Schott passent au latin, par pudeur.
En tant que parfait cuistre anatolefrancien, je dis fraîcheur, je dis plaisir, je dis joie, je dis merci.
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Là où les tigres sont chez eux est un roman qui cartonne en librairie, même dans les milieux dits défavorisés. Pourquoi ? Jean-Marie Blas de Roblès va au-delà de la condition de ses personnages issus des milieux universitaires ou pauvres. Il a écrit un roman initiatique universel divertissant, passionné, passionnant, philosophique, agréable à lire et à la portée de tous.

[...]

Là où les tigres sont chez eux est un véritable coup de coeur. Longtemps resté dans ma liseuse, j'avais oublié son existence jusqu'à ce que je retombe sur le roman en librairie. La couverture m'a tout de suite parlé. Après une centaine de pages, j'ai su que j'avais déjà adopté le livre. Roman de longue haleine, j'ai su apprécier le roman pour ses qualités universitaires mais avant tout pour ses jeux littéraires en sachant rester simple. Jean-Marie Blas de Roblès a très bien intégré les codes contemporains des films et des romans d'aventures et nous a pondu un roman monde génial. La fin brutale laisse sous-entendre une nouvelle vie en devenir. Elle est en cohésion avec le destin de chaque personnage qui aura vécu quelque chose à 100 km de ce qu'ils auront déjà vécu.
Lien : http://biblio.anassete.org/2..
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