AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253028765
Le Livre de Poche (01/01/1981)
2.25/5   2 notes
Résumé :
Quand le cinéaste Rochel Foster fut enlevé, on crut d'abord à une longue fugue. Après une semaine, les journaux déclarèrent. que l'attentat était politique. Puis « crapuleux », quand une rançon fut demandée. Avec le temps et devant l'échec de toute enquête, on conclut que Rochel devait être mort. Personne n'osa penser qu'il pouvait être passé à l'ennemi, du côté de ses ravisseurs. Etre séquestré n'est pas toujours un triste sort, encore moins une question de serrure... >Voir plus
Que lire après Passage de la main d'orVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En plein Paris, le cinéaste Rochel Foster, 66 ans, se fait enlever et droguer. Ce Foster est, ce qu'on appelle communément, un cas ! Non seulement à cause de ses prestations cinématographiques spéciales, mais déjà rien que physiquement : 1,91 mètre et la figure d'un colosse monumental. Depuis ses 40 ans "il vécut pratiquement assis" et est devenu trop corpulent pour des rapports sexuels, pour lesquels "il aurait fallu trouver des postures compliquées". Un géant qui aime - décidément un peu trop - l'excellente cuisine française, le bourgogne, bourbon et cognac.

Cette description m'a fait penser à l'inimitable Orson Welles dans son rôle de Falstaff, son adaptation très personnelle de Shakespeare de 1965. Un grand moment de cinéma pour un homme aux multiples talents, encore davantage mis en valeur par la présence à ses côtés d'un autre talent exceptionnel, la regrettée Jeanne Moreau, décédée il n'y a même pas un an.
J'ignore si l'auteur, Michel Braudeau, s'est effectivement inspiré de ce colosse américain pour son "Passage de la main d'or", mais je n'en serais pas surpris le moins du monde.

Mais attention, Rochel Foster n'a pas toujours été ce personnage volumineux et caricatural, la rupture est intervenue, en fait, à ses 28 ans, au moment du suicide de la femme qu'il aimait et qu'il avait épousé. le "départ" brutal, sans le moindre adieu de son grand amour, la comédienne Claire Dumontt, la star de son film à succès "La femme écarlate" a donc totalement bouleversé sa vie. Il essaie, en vain, de spéculer sur ses motifs profonds et arrive à la conclusion finale que "les explications d'un suicide sont toujours injurieuses envers le mort". Belle tournure qui mérite mûre réflexion.

Avant de continuer le kidnapping de ce soixantenaire bien en chair, un mot sur son père spirituel.

Michel Braudeau est né en 1946 (quelques mois avant moi) à Niort, en Nouvelle-Aquitaine, où est née des années avant lui, Madame de Maintenon, favorite et épouse morganatique du roi Louis XIV, ainsi qu'un certain Joseph Fouché. Il est le voisin de Mathias Enard, Prix Goncourt il y a 3 ans, pour son remarquable roman "Boussole".
Il est romancier, auteur de 24 oeuvres en solo + 3 en collaboration, traducteur d'ouvrages anglais (entre autres de Noam Chomsky) et critique littéraire. Pendant 11 ans (1999-2011), il a été le rédacteur en chef de 'La Nouvelle Revue française". Son oeuvre la plus connue "Naissance d'une passion" a obtenu le Prix Médicis en 1985 et vient juste après celui-ci, paru en 1980.

Entretemps, notre Rochel Foster - qui s'appelait avant de partir à la conquête d'Hollywood plus prosaïquement Fostier et Rochel est un hommage à sa belle ville natale de la Rochelle - se trouve enfermé et ligoté sur un lit de camp, sans comprendre que dalle. À un certain moment, le chef du groupe qui se fait appeler "Mañana", le mystérieux Sabazio, qu'il a rencontré au Pérou et en Bolivie lors du tournage du film "La damnation de Faust", lui ordonne d'écrire une lettre à son frère jumeau, Victor, réclamant une rançon de 5 millions de francs, somme qu'il n'a tout bonnement pas. Les mois passent, sans que l'enquête du peu doué inspecteur Frédéric Soutre progresse d'un millimètre, ce qui permet à Rochel de réfléchir à quelques cas célèbres de séquestrés comme lui : Aldo Moro à Rome, Hanns-Martin Schleyer à Cologne (par la Fraction armée rouge), John Paul Getty III également à Rome et le baron belge Édouard-Jean Empain à Paris.

Pourtant, tout n'est pas misère et désolation, car il y a dans l'équipe Mañana la séduisante Soledad (=solitude), qui se montre très coopérative physiquement avec notre prisonnier. Aussi bien qu'il oublie sa femme Betty (en fait Bérénice), son fils toubib Arthur et sa fille mannequin Marie-Virginie. J'avoue avoir quelques difficultés à comprendre cette relation entre la "guapa" (beauté) latino-américaine et notre gros héros qui est loin d'être un Adonis. Mais qui suis-je pour saisir les méandres parfois bizarres du coeur humain, n'est-ce pas ? En plus, le pain sec et l'eau gazeuse lui ont fait perdre en 2 mois près de 20 kilos, mais tout de même... de là à ressembler à Alain Delon il faudrait une autre sacrée diète, je présume !

Si l'argent de la rançon est réuni, si l'inspecteur Soutre finit par progresser, si le duo continue leur badinage étonnant, ce que Sabazio va imaginer et ce qui arrive à la fin du conte à Rochel Foster à vous de découvrir !

Ce petit epos (222 pages en édition Livre de Poche) de Michel Braudeau n'est sûrement pas son meilleur, pour cela il y a un peu trop d'invraisemblances à mon goût que ne compensent, hélas, pas quelques fines trouvailles et charmantes formulations.
Commenter  J’apprécie          360
Je me suis ennuyé du début à la fin de ce livre. Heureusement il ne fait que 220 pages.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il se comportait en fait comme un écrivain, n’admettant pas volontiers que les comédiens ne fussent pas aussi malléables que des personnages de roman, qu’ils pussent tomber malades, être en retard. Ne concevant pas qu’un chef opérateur, ou un preneur de son, pût un instant faire obstacle au déroulement de son travail, pas plus qu’un stylo à la plume indocile que l’on remplace sans même y penser. Ni qu’un film dût, par économie, se priver d’une seule image (dût-elle coûter des millions), pas plus qu’un romancier ne s’embarrasse du temps, de l’espace, de l’argent, quand il glisse dans une même page d’un paysage l’autre et file la métaphore sans regarder à la dépense.
Commenter  J’apprécie          00
« Si étrange que cela soit, il est de plus en plus évident que c’est entre trente et quarante ans que Rochel Foster a connu sa période de maturité créatrice. L’exagération dans laquelle il verse aujourd’hui relève d’un baroquisme plutôt puéril, pour ne pas dire carrément rococo. Déjà son précédent film, La Doublure-Lumière, étonnant de bout en bout, admirable par certains aspects qui pouvaient nous faire espérer un retour au meilleur style de La Femme écarlate, témoignait d’incompréhensibles faiblesses maniéristes, de ruptures de ton tout à fait inutiles, d’une volonté délibérée d’ouvrir des trappes sous chaque pas du spectateur… »
Commenter  J’apprécie          00
Le métier de comédienne (un psychologue le suggéra) avait-il sapé les dernières ressources narcissiques par lesquelles elle se défendait contre l’angoisse ? Peut-être. Mais les explications d’un suicide sont toujours injurieuses envers le mort. On ne doit pas chercher à réduire le sens inépuisable de ce geste, ni tenter d’apprivoiser les photos des suicidés : elles sont intolérables, clouées au mur entre la glace et la fenêtre (des deux, laquelle choisir pour s’y jeter et les rejoindre ? Qui fournira le passe ?). Quand Claire Dumontt disparut, ils n’avaient eu aucun enfant ensemble.
Commenter  J’apprécie          00
Seuls ses yeux étaient vraiment remarquables, changeants comme la mer, imprévisibles comme elle. Leur couleur entre vert et bleu, l’intensité de leur lumière étaient aussi peu contrôlables qu’un élément naturel, un caprice météorologique, dont Rochel n’aurait maîtrisé la bonace ni la tempête. Un de ces tyrans de cinéma, donc, comme le cinéma les représente volontiers dans sa mythologie, traitant âprement des affaires d’argent, lamentablement des histoires de cœur, et rien dans son comportement ne laissait deviner les flottements de sa conscience.
Commenter  J’apprécie          00
Bien que je sois la seule personne habilitée à écrire l’histoire de la vie de Rochel, je ne dispose pas de tous les éléments qui pourraient me permettre, dans tout autre cas de roman, d’avoir le dernier mot à son sujet. Il n’y a plus de dernier mot, le genre dernier-mot a même disparu sous sa forme écrite, à supposer qu’il ait existé autrement que par imposture.
Commenter  J’apprécie          00

Lire un extrait
Video de Michel Braudeau (2) Voir plusAjouter une vidéo

Michel BRAUDEAU : La non-personne
Devant des journaux ouverts à la Bibliothèque Publique d'Information du Centre Beaubourg, Olivier BARROT présente le livre "La non personne" de Michel BRAUDEAU paru chez GALLIMARD
autres livres classés : séquéstrationVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2875 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}