Ultime oeuvre de Broch, ce roman raconte comment Marius Ratti, vagabond charismatique, pronant la haine des machines, de la radio, des étrangers, des citadins, pronant le patriarcat, l'abstinence sexuelle au profit de l'amitié, de la camaraderie, arrive à séduire, à fanatiser meme les habitants d'un petit village de montagne autrichien.
Il va réveiller en eux les souvenirs ancestraux d'un culte de la Terre et du sang. Cette hystérie collective culminera dans le sacrifice d'une jeune vierge, Irmgard, sacrifice visant à réconcilier l'homme et la Terre, souillée par les machines ; et sa parodie, le coursier Wentchy, martyrisé par Wenzel et sa bande.
Son influence maléfique sera combattue par le narrateur, médecin qui a quitté
la ville , mais aussi par Mère Gisson, allégorie de la Terre et du matriarcat.
C'est un roman à la fois mythologique, poétique, politique, philosophique et religieux. C'est une
parabole de l'arrivée d'Hitler au pouvoir, et du processus de fanatisation des foules. Une des
oeuvres préférées de
Freud, et Broch a également trouvé une source d'inspiration dans l'oeuvre de
Nietzsche
Comme toujours chez Broch, il exige beaucoup de son lecteur, (mais reste plus lisible que "la mort de
Virgile", mais la fascination par l'écriture et l'ampleur des thèmes, qui font l'objet de chapitres précis, comme l'Or, les reves, l'infini, la haine, la solitude, la rédemption,....), est au rendez vous!
Remarquables descriptions de la Nature et de ses manifestations, et après avoir lu les pages 336/337 , quand vous caresserez votre chien, vous verrez cela d'une façon philosophique!
Après la lecture des 4 romans de Broch,je classe cet auteur parmi mon firmament personnel des romanciers, en compagnie de Dostoievsky,
Faulkner et
Proust.