Excellent roman de
Pearl Buck, prix Nobel de littérature 1938.
L'auteur maîtrise parfaitement son sujet et nous fait le récit d'une famille chinoise partagée entre les Etats-Unis et la Chine à la fin des années 1950, à l'époque du "Grand Bond en avant" (et de la famine qui s'ensuivit).
C'est par petite touches et à travers l'histoire de Mme Liang et de ses filles, dont d'eux d'entre elles reviennent en Chine après avoir fait leurs études aux Etats-Unis, que l'auteure nous fait découvrir le communisme de cette époque, avec son totalitarisme, ses suspicions, sa surveillance constante, son endoctrinement, et les camps de rééducation forcée. Mais elle nous raconte également la foi du peuple en Mao, l'élan patriotique, les anciennes coutumes qui ont du mal à disparaître, la volonté de sortir de l'individualisme pour le bien du pays.
Après l'enthousiasme des débuts, Mercy et son mari vont déchanter quand leurs destinées seront prises en mains par les autorités en dépit de leurs projets personnels. le mari se rebellera, refusera de travailler sur les armes chimiques et sera envoyé en camp de rééducation. Après son décès tragique, Mercy s'enfuira aux Etats-Unis.
Pendant ce temps, Grace, médecin occidentale, s'initie à la médecine chinoise (sujet très intéressant que l'auteure a l'air de bien connaître) et tombera amoureuse de son collègue (très beau portrait par l'auteur du caractère ombrageux de cet homme chinois patriotique qui hésite à se déclarer). Elle défend le régime communiste, devient patriote et restera en Chine.
Mme Liang, qui se débrouille adroitement dans ce nouveau régime, attend que les temp changent et relit
Confucius en cachette (très beaux passages cités par l'auteur). Malheureusement elle finira victime des émeutes qui ont essaimé dans le pays.
Le roman se termine avant la Révolution culturelle, j'aurais aimé que
Pearl Buck puisse en faire un autre roman aussi réussi que celui-ci !
"Le président a tout prévu. Il dirige avec une habilité consommée la politique agraire de notre pays. D'abord les grands propriétaires terriens, puis les riches paysans et finalement les paysans assez fortunés ont été éliminés. Les paysans sont ses enfants, il est leur père."