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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782246313915
135 pages
Grasset (16/09/1992)
4.39/5   32 notes
Résumé :
Les poèmes de Bukowski ont toujours révélé une voix âpre et particulière. Cet antipoète obsédé par l'absurde, la cruauté, la décomposition et la mort, mais toujours à l'affût d'éphémères instants de joie et de libération qui surviennent quand on les attends le moins, transcende avec " Jouer du Piano ivre comme d'un Instrument à Percussion jusqu'à ce que les Doigts signent un peu " la misère du réel : « Euphorie, solitude, ivresse, sourire de tristesse je vous aime. ... >Voir plus
Que lire après Jouer du piano ivre comme d'un instrument à percussion jusqu'à ce que les doigts saignent un peuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce recueil de poèmes de Charles Bukowski a été initialement publié en français en 1992. Cette traduction de chez Grasset est désormais épuisée depuis belle lurette et fait l'objet d'une abjecte spéculation sur le marché de l'occasion.

Quelques poèmes seulement, parmi la collection de soixante-quatre que compte l'ouvrage, se retrouvent dans la compilation intitulée Avec Les Damnés. Il y a donc un vide éditorial et c'est d'autant plus dommageable que c'est du bon, voire du très bon Bukowski. Il fait vraiment montre ici d'une grande dextérité pour l'écrit court. (La dénomination de " poème " est peut-être un peu trompeuse, mais je ne souhaite pas me lancer dans un débat sans fin à propos de ce qu'est ou de ce que n'est pas la poésie. Écrit court ne me semble pas péjoratif.)

On y retrouve Bukowski tel qu'en lui même : dépravé, délabré, ivrogne, libidineux, irrespectueux, jouisseur, pitoyable, et tout ce qu'en général ses détracteurs lui reprochent. Mais on le retrouve également extraordinairement lucide et sensible, avec toutes ses fissures qui le rendent magnifiquement humain. Selon moi, un vrai écrivain, quoi qu'en disent ou en pensent certains.

Bien évidemment, Charles Bukowski touche aux limites de quelque chose et donc, ne peut pas être grand public, ne peut pas plaire à tout le monde ; mais il a un côté authentique et très personnel dans lequel certains se retrouvent littérairement parlant. Personnellement, sans être une fan absolue, j'aime beaucoup et je continuerai à lire Bukowski.

Bien entendu, ceci n'est qu'un avis flûté utilisé comme un instrument à percussion, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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J'ai rien à dire sur ce livre si ce n'est que le titre est très bukowskien, si c'est lui qui l'a trouvé, bravo, si c'est son éditeur, je serai un peu déçue....
et si quelqu'un joue du piano comme Charles B., ça prouve qu'il a une âme slave et sur ces bonnes paroles, et comme je n'ai pas de piano, je vais vider quelques godets à la mémoire des grands hommes disparus.
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
on est sortis du bar au régime sec
parce qu'on était à sec
mais on avait deux ou trois bouteilles de vin
dans la chambre.

il était environ 4 heures de l'après-midi
et on est passés devant une caserne de pompiers
et elle a piqué sa
crise :

une CASERNE DE POMPIERS ! oh ! j'adore les
voitures de POMPIERS, elles sont si rouges et
tout ça ! on y va !

je l'ai suivie à
l'intérieur. DES VOITURES DE POMPIERS ! elle a gueulé
en tortillant son gros
cul.

elle grimpait déjà dans
une, la jupe retroussée jusqu'à la
taille, et essayait de sauter sur le
siège.

attendez, attendez, laissez-nous vous aider ! a crié un pompier
en accourant.

un deuxième s'est avancé vers
moi : nos concitoyens sont toujours les bienvenus,
il m'a
dit.

le premier était monté sur le siège à côté
d'elle. vous avez un de ces gros TRUCS ?
elle lui a demandé. oh, hahaha ! je veux dire un de
ces gros CASQUES !

j'ai aussi un gros casque, il lui a
dit.

oh, hahaha !

vous jouez aux cartes ? j'ai demandé à mon
pompier à moi. j'avais 43 cents en poche et tout
le temps.

venez derrière, il a
dit. naturellement, on ne joue pas.
c'est interdit par le
règlement.

je comprends, j'ai
fait.

mes 43 cents étaient devenus
un dollar quatre-vingt-dix
quand je l'ai vue monter avec
son pompier à elle.

il va me montrer leur
dortoir, elle m'a
dit.

je comprends, je lui ai
répondu.

quand son pompier s'est glissé le long du mât
dix minutes plus tard
je lui ai fait signe d'
approcher.

ça fera 5
dollars.

5 dollars pour
ça ?

nous ne tenons pas à provoquer un scandale,
n'est-ce pas ? nous pourrions tous deux perdre
notre boulot. naturellement, moi je ne
travaille pas.

il m'a donné les
5 dollars.

installez-vous, vous allez peut-être les
regagner.

à quoi vous jouez ?
au blackjack.

les jeux d'argent sont interdits par le
règlement.

comme tout ce qui est intéressant. et puis
vous voyez de l'argent sur la
table ?
il s'est assis.

maintenant on était
cinq.

comment c'était, Harry ? a demandé
quelqu'un.

pas mal, pas
mal.

l'autre est
monté.

ils jouaient vraiment mal.
ils ne se donnaient pas la peine de retenir
les cartes. ils ne savaient pas lesquelles
restaient. et d'une façon générale ils visaient trop haut
et dépassaient
vingt et un.

quand le type est redescendu,
il m'a filé
5 dollars.

comment c'était, Marty ?
pas mal. elle a… des beaux
mouvements.

carte ! j'ai demandé. brave fille et propre. je me
la fais moi-même.

personne n'a rien
dit.

des beaux incendies, ces derniers temps ? j'ai
demandé.

non. pas
grand-chose.

vous avez besoin d'exercice,
les gars. encore une
carte !

un jeune rouquin qui astiquait un
camion
a abandonné son chiffon et
il est monté.

en redescendant, il m'a balancé
5 dollars.

quand le quatrième mec est redescendu, je lui ai donné
trois billets de cinq dollars contre un
de vingt.

je ne sais pas combien il y avait de pompiers dans la caserne ni où ils
étaient. je pensais que quelques-uns s'étaient défilés
mais j'étais beau
joueur.

il commençait à faire nuit dehors
quand la sirène a
retenti.

ils se sont mis à courir.
des types se sont laissés glisser le long du
mât.

puis elle s'est laissée glisser à son
tour. elle se débrouillait bien avec le
mât. une vraie femme. rien que des tripes
et un
cul.

on y va, je lui ai
dit.

elle a agité la main pour dire au revoir
aux pompiers mais ils ne semblaient plus
faire très attention
à elle.

on retourne au
bar, je lui ai
dit.

oh, t'as de
l'argent ?

j'en ai retrouvé au fond de mes
poches…

on s'est assis au bout du bar
devant un whisky et de la bière
pour faire descendre.
ça, je dormirais
bien, elle a dit.

ouais, mon petit, t'as besoin d'une bonne nuit
de sommeil.

regarde ce marin comment il me regarde !
il doit croire que je suis une… une…

mais non, il croit pas ça. calme-toi, t'as de la
classe, de la super classe. des fois tu me rappelles une
chanteuse d'opéra. tu sais, une de ces prima donna.
tu transpires la classe de
partout. finis ton
verre.

j'en ai recommandé deux
autres.

tu sais, papa, t'es le seul homme que j'
AIME ! que j'AIME… vraiment.
t'sais ?

sûr que je sais. des fois je pense que je suis un roi
malgré moi.

ouais, ouais. c'est ça que j'veux dire, quéque chose comme
ça.

il fallait que j'aille pisser. à mon retour
le marin était assis à ma
place. elle avait collé sa jambe contre la sienne et
il parlait.

j'ai été faire une partie de fléchettes avec
Harry le Cheval et le vendeur de journaux du
coin de la rue.

LA CASERNE DE POMPIERS.
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je meurs de tristesse et d'alcool
me dit-il devant une bouteille
par un doux jeudi après-midi
dans la chambre d'un vieil hôtel près de la gare.

je me suis trahi, poursuit-il, par
la croyance, je me suis abusé par l'amour
je me suis dupé par le sexe.

la bouteille est vachement fidèle, dit-il,
la bouteille ne ment pas.

comme on coupe les roses on coupe sa viande
les hommes meurent comme des chiens
l'amour meurt comme meurent les chiens,
dit-il.

écoute, Ronny, dis-je,
prête-moi cinq dollars.

l'amour a besoin qu'on s'occupe de lui, dit-il.
la haine prend soin d'elle-même.

juste cinq dollars, Ronny.

la haine renferme la vérité. la beauté est une façade.

je te rembourserai la semaine prochaine.

contente-toi des épines
contente-toi de la bouteille
contente-toi des voix des vieux dans les chambres d'hôtel.

j'ai pas fait un repas décent, Ronny, depuis
deux jours.

contente-toi du rire et de l'horreur de la mort
renonce à la crème
sois mince, sois prêt.

j'ai du cran, Ronny, j'arriverai
à l'affronter.

mourir seul, préparé et sans surprise,
c'est ça le truc.

Ronny, écoute…

ces augustes pleurs
ne sont pas pour
nous.

je suppose que non, Ronny.

les mensonges des siècles, les mensonges de l'amour
les mensonges de Socrate, de Blake et du Christ
seront nos compagnons de lit et nos pierres tombales
dans une mort éternelle.

Ronny, mes poèmes ont été renvoyés par le
New York Quarterly.

c'est pour ça qu'ils pleurent
sans savoir.

pour ça qu'on fait tout ce bruit, dis-je,
bon dieu merde.

CINQ DOLLARS.
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aie toujours un carnet sur toi
où que tu ailles, dit-il,
et ne bois pas trop, boire émousse
la sensibilité,
assiste aux lectures, note les respirations,
et quand c'est toi qui lis
reste toujours un ton en dessous
minimise, le public est plus intelligent que
tu l'imagines,
et quand tu écris quelque chose
ne l'envoie pas tout de suite
range-le deux semaines dans un tiroir,
puis ressors-le et
relis-le, et révise-le, révise-le
RÉVISE-LE encore et encore,
resserre ton texte comme les boulons qui tiennent les travées
d'un pont long de cinq miles,
aie un carnet à côté de ton lit,
il te viendra des idées la nuit
et ces idées disparaîtront et seront perdues
si tu ne les notes pas.
et ne bois pas, n'importe quel imbécile peut
boire, nous, nous sommes des hommes de
lettres.

pour un type absolument incapable d'écrire,
il était à peu près comme les
autres : ça, il en
parlait
bien.

RIEN N'EST AUSSI EFFICACE QUE LA DÉFAITE.
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Les mouches sont des petits bouts de vie pleins
de colère ;
pourquoi sont-elles si en colère ?
on dirait qu'elles en veulent plus,
on dirait presque qu'elles sont
en colère
d'être des mouches ;
ce n'est pas ma faute ;
je suis assis dans la chambre
avec elles
et elles me reprochent
leurs souffrances ;
comme si c'étaient des
morceaux d'âme
détachés de quelque part ;
j'essaye de lire un journal
mais elles ne me laissent pas
exister ;
l'une semble décrire des demi-cercles
en haut du mur
en émettant un son lamentable
au-dessus de ma tête ;
l'autre, la plus petite,
reste là et taquine ma main,
sans rien dire,
se soulève, retombe,
rampe ;
quel dieu a lâché sur moi
ces créatures perdues ?
certains souffrent des diktats
d'un empire, d'un amour tragique…
moi, je souffre
d'insectes…
je chasse la petite,
ce qui paraît seulement ranimer
sa volonté de me défier :
elle tourne plus vite,
plus près, fait même
un bruit de mouche,
et celle d'en haut,
consciente de cette nouvelle
animation, à son tour, excitée,
accélère,
pique brusquement
avec comme un sifflement
et elles tournent ensemble
au-dessus de ma main,
cognent contre
l'abat-jour
jusqu'à ce que quelque chose d'humain
en moi
n'accepte plus ce
sacrilège
et je frappe
avec le journal roulé —
et rate ! —
frappe,
frappe,
elles rompent leur harmonie,
le message entre elles ne passe plus,
et j'ai la grosse
d'abord, qui est sur le dos
et agite les pattes
comme une putain en colère,
et j'abats de nouveau
mon journal matraque
et ce n'est plus que de la bouillie
d'horreur de mouche ;
la petite vole haut
maintenant, silencieuse et vive,
presque invisible ;
elle ne s'approche plus de
ma main ;
elle est domptée et
inaccessible ; je la laisse
exister, elle me laisse
exister ;
le journal, naturellement,
est foutu ;
quelque chose est arrivé,
quelque chose a entaché ma
journée,
quelquefois ça n'a pas
besoin d'être un homme
ou une femme,
simplement quelque chose de vivant ;
je reste assis et j'observe
la petite ;
nous sommes unis
dans l'atmosphère
et dans la vie ;
il est tard
pour nous deux.

DEUX MOUCHES.
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parfaitement en accord
avec le chant d'un poisson
je suis dans la cuisine
à mi-chemin de la folie
et je rêve de l'Espagne de
Hemingway.
il fait lourd, comme on dit,
je n'arrive pas à respirer
ai chié et
lu la page des sports,
ouvert le frigo
regardé un bout de viande
violet
l'ai remis
dedans.

on trouve le milieu
au bord
ce martèlement dans le ciel
n'est qu'une canalisation d'eau
qui vibre.

des choses terribles rampent dans les
murs ; des fleurs cancéreuses poussent
sur la véranda ; mon chat blanc a
un œil arraché
et il ne reste que sept jours
de courses avant la fin du
meeting d'été.

la danseuse n'est jamais venue du
Club Normandy
et Jimmy n'a pas amené la
pute,
mais il y a une carte postale
d'Arkansas
et un emballage de Food King :
10 séjours gratuits à Hawaï,
je n'ai qu'à
remplir le formulaire.
mais je ne veux pas aller à
Hawaï.

je veux la pute aux yeux pélican
au nombril cuivre
et
au cœur ivoire.

Je sors le bout de viande
violet
le jette dans la
poêle.

LE FATIGUÉ BIENHEUREUX.
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