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Michel Lederer (Traducteur)
EAN : 9782253146339
438 pages
Le Livre de Poche (01/04/1999)
4.09/5   110 notes
Résumé :
L’enfance, Los Angeles, le vin, les bistrots, la solitude, le sexe, les rêveries, la vie désaxée, chaotique, triviale, tour à tour comique et tragique : tels sont les thèmes que l’on retrouve dans ce livre, le dernier publié par l’auteur de Pulp et du Journal d’un vieux dégueulasse, mort en 1994.
Récits et nouvelles en prose alternent avec des poèmes aux rythmes saccadés. Les personnages sont les copains de saoulerie, les femmes, les serveuses, les employés, ... >Voir plus
Que lire après Le ragoût du septuagénaireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lire Bukowski est toujours rassurant. C'est rentrer dans un monde où on peut être soi-même, sans préjugés, sans convenances, en dehors de toute bienséance sociale. Où il est possible de s'extraire de tout conformisme, de toute obligation. La liberté, quoi ! de plus les choses sont simples, les plaisirs sont simples : l'alcool, les courses de chevaux, les putes. En rester aux fonctions animales, ingérer, excréter. Une virée en bagnole sur Hollywood blvd et c'est parti. Prendre le temps comme il vient. Envoyer tout et tout le monde chier. Se mettre en marge de tout. Refuser les petits arrangements ou les grands compromis avec la société. Ne plus vivre comme un automate. Se libérer de tout conditionnement. Se permettre de pouvoir refuser à peu près toutes les contraintes. Et même pour l'écrivain, de se moquer de perdre quelques lecteurs. Ce qui lui permet de pouvoir préserver un regard si aigu et lucide sur la société, sur l'humain. de l'extérieur. Une observation très fine de notre monde pourri, finissant. Des inégalités sociales, des rapports homme/femme, du travail, des dysfonctionnements de notre société, de l'inhumain… Il brise le rêve américain depuis les années 60. Il prend le parti des déshérités, des laissés pour compte. le seul refuge est alors de vivre avec ce qu'on veut bien lui laisser, à l'écart.
Ce recueil semble être le dernier publié de son vivant. Il y parle de sa vieillesse. Il se sent vieillir au fil des poèmes, un peu plus rejeté. L'ensemble est assez inégal. Quelques pépites mais aussi un sentiment de vide parfois, de pages alimentaires, comme il le dit lui-même.
J'ai eu une émotion particulière avec le récit intitulé « Histoire de fous ». Il y relate l'adaptation cinéma d'une de ses nouvelles par le cinéaste Marco Ferreri avec Ben Gazzara et Ornella Mutti dans les rôles principaux. Sans donner les noms réels, sous forme de récit, il dit tout le mal qu'il pense du film, Que Ben Gazzara ne parvient pas à l'imiter et qu'Ornella Muti est improbable en prostituée des bas-quartiers. Il a raison. Mais c'est que Ferreri réalise avec son cinéma une autre poésie, peut-être plus lisse, plus acceptable pour un maximum de spectateurs. Ce film, c'est « Conte de la folie ordinaire ». J'ai lu quelque part dans une interview que Ferreri préférait éluder sa rencontre avec Bukowski. Les deux génies n'ont pas les mêmes points de vue et la littérature ne transmet pas les mêmes émotions que le cinéma. Je me souviens pourtant d'une photo où l'on voit Bukowski, Ben Gazzara et Marco Ferreri complètement hilares, un verre à la main. Qu'importe !
Bukowski nous montre l'envers du décor. A travers ses récits, il nous montre la précarité de nos pauvres existences. Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec le livre que j'ai lu et critiqué juste avant : « Human psycho » de Sébastien Bohler. Où l'humanité s'éteindra comme n'importe quelle espèce avant elle, et la Terre s'en portera certainement mieux.
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Henry, Hank, Chinaski, peu importe le nom qu'on lui donne, on le reconnait entre mille ce vieux Bukowski, même au bout de la route, il ne lâche jamais l'affaire. Même célèbre, il a toujours les yeux vitreux, qui scintillent, à cause de l'alcool et de son air vicieux. Dans le ragoût du septuagénaire, le lecteur revoit tout ce qu'il a déjà vu. Plus tendre disent certains, le ragoût a longtemps mijoté, il est moins saignant, ça s'est sûr. Il y a même une ou deux nouvelle (par exemple, une journée) où Buko se prend d'empathie pour ses personnages, à tel point qu'on a le sentiment de lire Carver. Mais pour la plus grande partie, on retrouve la même rengaine, avec les mêmes vieux thèmes qu'on lui connait : les courses, le vin, les bistrots, la solitude, les femmes. Il y a quelques nouvelles qui m'ont rappelé Souvenirs d'un pas grand-chose, dans une autre, j'ai retrouvé une scène semblable à Hollywood, une rencontre dans une banlieue paumée, et une autre encore, Une nuit en ville, j'me demande même si je ne l'ai pas déjà lue à quelque part, dans l'un de ses contes.

La question que je me pose, après cette lecture, et toutes les autres, c'est pourquoi j'aime tant ce vieux dégueulasse. Pourquoi je le suis depuis sa tendre enfance, lorsqu'il se faisait taper dessus par son père, pour un gazon mal coupé, et encore lorsqu'il devienne célèbre, avec sa BMW, et qu'on le paye pour ses lectures et pour adapter ses nouvelles au cinéma ? Pourquoi l'avoir suivi comme postier, ou dans ses longues journées au champ de course, au ring de boxe, et à la toute fin au stade de baseball ? Dans son attachement pour Céline, Hemingway, Fante, et Sherhood Anderson et que dire de toutes ses histoires de femmes, d'alcool, d'écrivains célèbres, et j'en passe.

Il y a le style, court, décapant, que l'essentiel. L'humour. le je-m'en foutiste. Ses obsessions. C'est certainement un tout, un bon dosage, mais il a quelque chose d'autre. C'est difficile à bien cerner, mais il a surement son manque d'ambition et sa capacité à encaisser, jamais s'esquiver. On le sait, même si la vie ne l'a pas épargné, il n'a jamais eu l'idée de faire payer quelqu'un d'autre à sa place. Une sorte de dignité dans la dèche.

Bukowski, c'est le boxer qui encaisse, ne frappe jamais très fort, mais qui aime bien se moquer de son adversaire, lui lancer quelques insultes, jusqu'à parvenir à semer le doute dans son esprit. Après avoir été quelques fois mis au tapis, il se relève encore, et n'abandonne jamais. Il tient les 10 ou 12 rounds contre des bien plus costauds que lui. Il n'a pas peur.

Si Bukowski était un pur sang alors, avant même d'entrer dans le stalle, il aurait été celui qui chercherait à mordre, qui aurait agité la tête, le sang dans les yeux. Il commencerait la course avec un trot qui ne donnerait pas confiance pour celui qui aurait mis 2€ sur sa tête. Il serait effacé. À l'intérieur, pour s'économiser. C'est seulement à la fin du premier mile que l'on remarquerait son allure. Gracieux, léger. Les autres auraient l'air de faire du surplace, d'être arrêtés. À l'arrivée, le cheval-Bukowski serait toujours derrière (ce n'est pas un cheval gagnant ! ), mais il continuerait à courir, encore plus vite, sur le deuxième tour, lorsque ça ne compte plus, pour nous faire comprendre que toutes ses règles sont arbitraires.
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Le résumé de l'éditeur exprime parfaitement les thématiques du livre mais il ne dit pas tout comme toujours. Charles Bukowski, le personnage Chinaski que l'on croise dans "Sur la route" de jack Kerouack. Quel plaisir de le retrouver ici et d'en découvrir davantage sur cet homme si singulier. Il prend les traits de l'écrivain Chinaski mais aussi ceux de henry, de Hank ou encore de Larry. On le reconnait toujours. Clochard une bonne partie de sa vie, alcoolique et écrivain. Une enfance douloureuse dont il ne confie qu'un chapitre dans ce livre mais on apprend beaucoup sur sa vie, ses aspirations, son caractère tranquille, son quotidien, ses aventures en tant que border-line. Un récit présenté sous forme de nouvelles donc et entrecoupé de poésies. le lecteur ne s'ennuie jamais et a toujours envie de lire la suite. La galerie des personnages est humaine avec ses défauts et ses qualités, dans une écriture, qui ne prend pas de pincettes, précise, qui décrit ce qui n'est pas beau ni enchanteur mais réel dans le monde de Bukowski et d'autres.
Bertrand Leclair a dit de ce roman dans Les Inrockuptibles : "Ce ragoût pourrait bienêtre le meilleur livre de Bukowski en ce qu'on n'a pas souvenir de l'avoir jamais lu aussi sincère et précis dans son écriture aussi radicalement asociale".
Pour ma part, j'ai aimé la recette. Savouré les 446 pages en 2 jours en prenant mon temps. Un ami me la ventait, je l'en remercie. Il me décrivait le personnage peu ragoûtant (alcoolique, asocial, vie chaotique et désaxée, seul, ..) et j'étais pas très enthousiaste au début ... Comme quoi, Adopté.
Son style tranquille, son humour, même dans les situations les pires font qu'on s'attache à ce personnage déjanté et hors normes au grand coeur. Lorsqu'il n'a plus un sous en poches mais donne quand même ses dernières pièces à deux clochards ou encore lorsque Diana appelle au milieu de la nuit Harry pour lui gueuler dessus car elle est tombée en panne et là, il va aller de galère en galère pour elle mais ne va jamais la laisser tomber malgré ses angoisses et va assurer pour elle et gérer chaque problème les uns après les autres. Un homme qui est heureux d'un rien et pour peu nous donnerait des leçons de vie.
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Un bon Bukowsky comme on les aime du crade, du sale, de l'immoral mais tant de poésie.
Tu lui file une grosse, un paquet de clopes et un cubi de rouge il en fait un chef d'oeuvre
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Ce que j'ai lu de meilleur de Bukowski, ses nouvelle largement auto biographique parle plus d'écriture que d'alcool comme dans ses contes par exemple
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La cause et l’effet

les meilleurs meurent souvent de leur propre main
juste pour se libérer
et ceux qui restent
ne comprennent jamais vraiment
pourquoi
on voudrait
se libérer
d’eux
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ma meilleure amie traînant une valise de carton au son de la marche des rats du meublé

il faisait toujours trop chaud ou trop froid

à se les geler et les jeunes filles étaient amoureuses des combattants du dollar et je traînais ma valise en carton

à travers le Texas,l'Arizona,,la Louisiane, la Géorgie,la Floride,la Caroline du Sud j'étais cinglé

j'étais malade incapable d'affronter l'évidence et je finissais à picoler du gin sur les matelas crasseux de nulle part

à rendre les punaises alcooliques elles aussi je faisais des projets de suicide qui

échouaient, et je finissais avec des petits boulots fastidieux les heures comme des cibles réduites en bouillie par quelqu'un qui s'en foutait quelqu'un de plus intelligent que moi.

je ne pouvais pas demander à Dieu de me sortir de là

mais dieu que je vidais de bouteilles des centaines et des centaines de bouteilles emportées par les fleuves de nulle part et on peut dire ce qu'on veut des méfaits de la boisson mais sans elle je n'aurais jamais pu affronter ces contremaîtres aux yeux de rat et au front

étroit ces ouvriers qui se contentaient de leurs vacances et de leur assurance sociale le véritable esclavage humain de ces hommes qui ne savaient pas qu'ils étaient des esclaves et qui se croyaient les

élus c'était la bouteille et seulement la bouteille et toutes les bouteilles qui me permettaient de vivre

ça.

chaque jour

à rêver du soir où je serais de retour dans ma chambre allongé sur le lit dans le noir sans chaussures

à déboucher la bouteille et à boire avec délices la première gorgée pour chasser la pourriture la décrépitude

à allumer une cigarette et

à aimer les murs et la clarté de la lune

à travers la fenêtre j'inhalais le monde pourri et je l'exhalais juste comme

ça puis je reprenais la bouteille non pas faible mais fort:

une grande lampée reposant la bouteille:

chacun lutte

à

sa manière.
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Je la suis en regardant son cul qui tournoie, tourbillonne et chante, et qui ne demande qu'à se libérer de cette jupe et à libérer l'électricité des glandes de l'Homme - cette répugnante électricité qui ne cesse de propulser la laideur de l'espèce à travers la vanité des siècles. Je suis donc son cul comme d'autres l'ont fait avant moi.
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Tous je suppose, ont
leurs bizarreries
mais dans leurs efforts pour paraître
normal
aux yeux du
monde
Ils les dominent
et ainsi
étouffent leur
originalité.

J'ai gardé la mienne
et je pense sincèrement qu'elle
a généreusement contribué à mon
existence.
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Harry lança un regard sur les conducteurs des voitures. Ils paraissaient malheureux. Le monde était malheureux. Les gens étaient dans le noir. Terrifiés et déçus. Pris au piège. Sur les nerfs et sur la défensive. Ils avaient le sentiment d'avoir gâché leur vie. Et ils avaient raison.
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Ségolène Alunni nous parle du Docu-BD "Bukowski de liqueur et d'encre" dans sa chronique matinale dans l'émission "Le 6/9" sur LCI
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