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EAN : 9782221123195
420 pages
Robert Laffont (17/03/2011)
4.03/5   18 notes
Résumé :
« A quoi pense-t-on quand on ne pense à rien ? » se demandait Jean Paulhan. Ce livre de Dino Buzzati répond pour sa part à la question : « Qu'écrit un écrivain quand il n'écrit pas ? » II en ressort qu'un écrivain jette sur les pages de ses carnets tous ces fragments de vie qui, plus tard, serviront de terreau à ses romans ou à ses essais. Chez Buzzati, on le devine, le noir va dominer. Les notes, les réflexions, les histoires brèves consignées ici portent sur ce qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette sorte de journal qui n'en est pas vraiment un, cet ouvrage tient tout à la fois du recueil de pensées et du carnet où l'écrivain consigne une idée qui passe.
Ces courtes notes permettent néanmoins d'approcher d'un peu plus près Dino Buzzati et, peut-être, de mieux cerner certaines de ses autres histoires, nouvelle ou roman.
On y retrouve naturellement la noirceur et la mélancolie qui l'habitent et toute l'angoisse qui en découle.
La lecture de Buzzati n'en est pas pour autant anxiogène, elle ouvre au contraire les portes d'un univers toujours teinté de fantastique et d'onirisme.
Un repère à connaître si on veut mieux connaître Buzzati.
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On parle souvent des romans, des poèmes et du théâtre mais qu'en est-il des nouvelles ? Ce genre si riche qui peut, en quelques phrases emporter le lecteur dans l'univers de l'auteur. Univers qui semblait auparavant si fermé, étriqué. Laissons là cette idée germer et attaquons nous à « A ce moment précis ».
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Recueil de nouvelles rédigé par ce maître du Temps qu'est Buzzati, vu comme un journal plutôt qu'un recueil à proprement dit, nous voici plongés dans les thématiques si chères à l'auteur : le Temps qui passe, l'ennui, l'évolution sociétale d'une Italie ravagée d'après guerre, ou encore, l'absurde. Thématiques finement traitées tout du long à l'aide d'un verbe concis mais très riche.
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Fort en figure de styles, ce journal d'un autre temps emportera le lecteur dans des univers proche du rêve, mettant en scène des situations inexplicables aux solutions inextricables. Mais à quoi bon chercher le rationnel quand il n'est même plus envisageable ? Bien sûr, là ce ne sont que des interprétations de ma part et en bon auteur de l'absurde, Buzzati se fera un plaisir de raconter la simplicité et la sobriété de situations, ma foi, sommes toutes très banales. Mais c'est en celà que résonnera tout le talent du raconteur.
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Florilège de nouvelles toutes plus riches les unes que les autres, « A ce moment précis » souffre tout de même de quelques défauts, notamment celui de traiter de sujets très ennuyant et même s'il s'agit là de l'essence du roman, on regrettera un manque d'homogénéité dans les thèmes proposés.
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L'ennui c'est un peu cette activité que tu t'interdis par peur de perdre du temps. A ce moment précis pose toi et réfléchis à l'ennui, parce que lui, il ne t'attendra pas pour te faire perdre ton temps.
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Livre dans mon top 10. Courtes nouvelles, réflexions, sorte de journal, idées et sensations qui s'emparent de l'auteur et qu'il semble coucher immédiatement sur le papier, ce livre est une mine d'or révélatrice de l'angoisse de l'auteur sur le temps qui passe, sur l'absurdité de nos conditions, sur la solitude viscérale et incurable de l'être humain, son désir d'amour, mais ce n'est pas tout : son imaginaire se déploie, flirtant avec la poésie et le lyrisme où couve un appel permanent vers l'autre, illusoire et pathétique.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
On a coutume de dire : " Ah ! cet homme est sûrement bon ! Quelqu'un qui aime tant les enfants ne peut pas être méchant. " Foutaise ! Il existe des charognes puantes - nous en avons connu personnellement plus d'une - dont on dirait à les voir avec leurs enfants, le dimanche, qu'ils ont le coeur sur la main, que ce sont des saints. C'est trop facile d'être affectueux avec les enfants. Les enfants sont agréables à regarder, leur jugement ne préoccupe pas, leur peau est douce et lisse. Les enfants servent et les vieux non, d'un enfant on peut tirer un commerçant, un excellent ouvrier, un médecin, un ingénieur, capables de gagner des millions. Mais d'un vieux ? que peut-on attendre au contraire ? Les enfants ont l'incommensurable avantage d'avoir été mis au monde par vous. C'est vous qui les avez nourris, habillés, amusés, vous êtes en sommes leurs créditeurs, tandis que les vieux ont le tort impardonnable d'avoir dépensé leur vie pour vous, tout pour vous, travail, sacrifices, amour, dans la mélancolique illusion qu'un jour, on leur rendrait un peu de ce bien.
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Alors on commence à comprendre que tant de souvenirs, enfouis dans la substance vive de l'âme, soutiens désormais de notre vie, ne sont pour les autres, pour tous les autres sans exception, que des fantasmes vides, des mots, encore des mots. Pourtant ce sont des gens qui nous aiment bien, des amis authentiques, prêts à se sacrifier pour nous. Mais ils se fichent de nos histoires, ils ne savent que faire de ce trésor. Et c'est ainsi, brusquement, que nous constatons combien nous sommes seuls au monde.
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Qui ma mémoire abandonnera-t-elle en premier ? Qui le premier sortira de la scène encore si vivante et grouillante de personnages ? Je ne m'en apercevrai sans doute pas. La nuit, pendant mon sommeil, choses et hommes glisseront, s'esquiveront hors de moi un à un, et je n'en saurai rien. Seulement des mois ou des années après, un soir, pris de nostalgie, je ferai une sorte d'appel. Qui répondra ? Oh, peu, très peu. La solitude de l'homme se réalise ainsi.
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LA FORMULE. De quoi as-tu peur, imbécile ? Des gens qui sont en train de te regarder ? ou de la postérité, par hasard ? Il suffirait d’un rien ; réussir à être toi-même, avec toutes tes faibles inhérentes, mais authentique, indiscutable. La sincérité absolue serait en soi un tel document ! Qui pourrait soulever des objections ? Voilà l’homme en question ! Un parmi tant d’autres si vous voulez, mais Un ! Pour l’éternité les autres seraient obligés d’en tenir compte, stupéfaits.
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Non, je pense aux nombreuses fois où, sans le vouloir, sans le plus petit soupçon, nous semons parmi les hommes - aussi bien de vieux amis, des parents aimés à qui nous ne souhaitons que du bien - nous semons avec nos paroles, que nous croyons innocentes, des larmes et des peines secrètes ; et puis nous poursuivons notre chemin, nous ne nous retournons pas pour voir, nous n'avons pas de remords, et nous ne connaîtrons jamais le mal que nous avons fait.
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Avez-vous déjà eu l'impression que votre vie se passait à attendre ? Attendre l'amour fou, attendre le poste de vos rêves, attendre le prochain voyage, attendre, au fond, que la vraie vie commence enfin ?
« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.
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