J'ai hésité avant de publier cette critique. Pourquoi me direz-vous ? Mais parce que ce livre est mauvais, mauvais ! J'ai eu toutes les peines du monde à le terminer et je ne l'ai terminé que pour écrire cette critique car je ne voulais pas donner de jugement sans être allé au bout, et je peux dire que j'ai lu ce livre jusqu'à la lie.
Autant j'aime l'homme
François Cavanna, cofondateur de Hara-Kiri avec Georget Bernier (dit professeur Choron), magazine satirique (ô combien !), en 1960, et qui mettait un bon coup de pied dans la fourmilière d'une France gaullienne assez rigoriste aux idées poussiéreuses, autant je pense que
Cavanna aurait dû en rester là (je n'ai pas « encore » pas lu
les Ritals), car il n'est clairement ni écrivain, ni historien.
Et puis, pourquoi raconter des scènes de sexe à tout bout de champ, qui ne font pas avancer l'histoire d'un iota, et qui ne choquent plus personne depuis bien longtemps ?
Pourquoi utiliser un langage souvent grossier, parfois vulgaire, dans un roman historique dont l'intérêt n'est pas là ?
On a des personnages du début du Moyen-âge, presque barbares, qui jurent comme des charretiers en parlant cul les trois quarts de temps, et qui, d'un coup, parlent comme des professeurs d'université, mettant dans leurs raisonnements des réflexions du XX ème siècle, ou même des vers du Cid, (À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire), qui font juste pédant et non point savant.
Et puis on voit passer Lancelot du Lac, chevalier de « La ronde table », décrit comme un grand benêt qui ne sait point différencier le Saint Graal, qu'il recherche, de la Sainte Ampoule contenant le non moins Saint Chrême utilisé lors du sacre des rois de France leur conférant un droit divin.
Mais comment peut-on concentrer un tel flot d'âneries en un seul bouquin ?
Quand je lis un roman de
Cavanna, je n'attends pas une lecture de Hara-Kiri ou de
Charlie Hebdo, ce mélange des genres n'est pas du tout pertinent et fait d'un livre qui aurait pu être intéressant, un livre affreux à lire.
Et puis cette façon de nous sortir des mots savants tels que « scramasaxe (épée Viking) » ou bien « l'ergastule », c'est-à-dire une prison où les conditions de détention sont particulièrement pénibles, et bien d'autres, tout droits sortis de « Tout l'univers » ou au mieux, de « l'Encyclopaedia Universalis », les Wikipedia de l'époque, pour donner l'illusion qu'il s'agit d'un livre d'historien, mais qui ne fait rien d'autre que prétentieux ?
Vous imaginez Conan le Barbare disant à son ennemi : « je viens de m'évader de l'ergastule et me voici pour te passer mon scramasaxe de par le corps ». Ridicule au possible !
Non, si vous aimez les bons romans historiques, lisez le cycle « Fortune de France de
Robert Merle, «
La Pucelle » d'
Hubert Monteilhet, «
Les Rois maudits » » de
Maurice Druon (et associés dont
Françoise Chandernagor, excusez du peu) et de bien d'autres qui ont fait de l'Histoire leur métier.
Alexandre Dumas disait : « on peut violer l'Histoire si on lui fait de beaux enfants » ;
François Cavanna a violé l'Histoire, mais l'enfant qu'il lui a fait n'est vraiment pas beau. Dommage.