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sur 4823 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lettre d'excuse à Philippe Claudel

Cher Monsieur Claudel,
Est-ce la providence qui m'a fait éplucher les journaux de la semaine, justement le jour de votre passage ? Si j'avais lu l'article, à peine deux heures plus tard, je vous aurais manqué. L'annonce de votre venue dans une ville proche de la mienne, où j'étais persuadée que vous ne mettriez jamais les pieds, me précipite dans une espèce d'exaltation incrédule. Mon fatalisme tempère mon enthousiasme et ne croit pas qu'il peut vous rencontrer ni vous parler réellement. Sans mon consentement, il a érigé, par protection, une barrière invisible et infranchissable entre vous et moi.
Devant le miroir, je m'observe d'un oeil critique et décide de troquer ma tenue décontractée contre une robe plus habillée. Ma volonté de paraître de mon mieux devant vous est futile, mais le respect que je vous porte mérite un effort vestimentaire. Durant le trajet, une part de moi élabore des scénarios extravagants, tandis que l'autre tente de tempérer un enthousiasme à la limite de l'hystérie. Dans le cinéma, je calcule. Ne pas m'asseoir trop prêt ni trop loin de l'écran. Etablir une distance de sécurité et regretter un instant de ne pas avoir le cran de m'installer au premier rang pour vous voir mieux et baver malencontreusement sur vos chaussures.
A votre arrivée, je me place sur le bord de mon siège, suspendue à vos lèvres. Ma voisine trouve que vous faites trop de discours. Son ennui me paraît incongru. le film, oui, mais l'occasion de vous entendre en parler, c'est de l'or. L'oeuvre est accessible à tous mais l'auteur on le devine à peine derrière et lorsqu'on l'a devant soi, on a envie qu'il explique tout.
« Tous les soleils » commence et je vous oublie en faveur de votre oeuvre. J'avais préparé des mouchoirs, qui ne serviront pas. Vous me surprenez. En visionnant « Il y a longtemps que je t'aime » mes sanglots auraient rempli une bassine. Mais celui-là, c'est autre chose. Gai, sentimental, absurde, il frôle le tragique sans jamais y basculer. Pourtant, à la fin, lorsque les morts observent les vivants, je me surprends à verser une larme. Vous n'avez pas perdu la main.
Après le film, j'écoute les questions du public avec affliction. Il me semble que personne n'apprécie votre présence à sa juste valeur. L'un vous interroge sur votre patronyme. Vous répondez d'une boutade : « Je m'appelais Proust mais j'ai pris un pseudonyme ». Un autre vous confond avec le responsable de la distribution du film, tandis, qu'un dernier vous parle de son livre préféré, qu'il souhaite faire dédicacer s'il parvient à trouver un stylo. Vous répondez très cordialement. Mais, ma patience, contrairement à la vôtre, a des limites. Pourquoi personne ne parle du contenu du film ? Je rassemble mon courage et lève la main, vous m'apercevez et tendez votre bras vers moi pour que je prenne la parole. C'est mortifiant tout ce monde, je déteste parler en public. J'aurais voulu vous avoir en face de moi sans cet auditoire. Je vous pose une question sur le rapport entre les adultes et les enfants. La réponse, il me semble l'avoir perçue mais je cherche une confirmation de votre part. Vous développez le paradoxe, les enfants sont plus matures que les adultes. Une autre interrogation sur l'apparition des morts me vient à l'esprit, mais je n'ose la poser car elle me paraît trop métaphysique et je ne désire pas vous mettre dans l'embarras.
Alors que les gens sortent de la salle, je reste assise sur mon siège, un peu assommée. L'eau à la bouche d'une discussion, qui n'aura jamais lieu.
A l'entrée, je vous aperçois, seul. Vous paraissez si accessible que je n'hésite pas à me planter devant vous. La volonté de vous remercier est plus forte que mon embarras. Peut-être aurais-je dû y réfléchir à deux fois, peut-être, aurais-je dû préparer quelque chose car me voilà complètement désemparée. « Je voulais vous dire merci… » je commence, mais, ensuite, il ne vient à mes lèvres qu'une pluie de clichés : « J'ai lu tous vos livres… » Vous semblez poliment flatté. J'enchaîne avec un compliment ridicule vous comparant à un Dieu vivant descendu du ciel. Je ne suis pas certaine que ma métaphore vous enchante. « Il ne faut rien exagérer » vous tremperez. J'acquiesce. Evidemment j'en fais trop, mais je ne trouve par d'autres mots pour vous faire comprendre l'importance de cette rencontre. Toute la discussion, je m'égare et vous parle de moi alors que je désirais vous parler de vous et de votre écriture.
Je vous explique mon sentiment de m'être fait bernée lors de la lecture de la petite fille de Monsieur Linh. « La scène où l'obus tombe sur la poupée au lieu de la petite fille, je me suis sentie soulagée, quelle chance que ce ne soit pas l'inverse... » Vous m'aidez : « Plus tard, on apprend que c'est le contraire… » Je continue sur ma lancée : « Oui, vous arrivez toujours à me surprendre. Pourtant, je le sais et je me méfie de vous. » Vous riez : « Oui vous avez raison de vous méfier. » J'insiste : « Mais vous réussissez toujours à me mener en bateau. » Quelques secondes de silence. Je me sens complètement stupide. Il me semble que je suis passée à côté de l'essentiel. J'aurais pu développer mon propos, vous dire que j'étais si impressionnée, que j'ai relu le livre une deuxième fois, à l'affût de tous les indices manqués et troublée par ce nouvel éclairage à la fois touchant et cruel. Pourtant, je conclus. C'est trop difficile, votre présence me paralyse. « Merci. » je répète. Alors que je fais mine de m'en aller, vous me tendez votre main. A la fois, étonnée et reconnaissante, je la sers entre la mienne.
Dans la rue, le regret m'envahit de n'avoir pas su transmettre la joie que j'ai de lire vos livres. J'aurais dû souligner la musicalité parfaite de votre écriture. Combien cette douce mélodie de mots que vous parvenez à composer, apparemment sans effort, me régale. Je n'ai pas su vous parler de vos personnages et de leurs failles, qui révèlent toute la complexité de l'humanité. Un équilibre parfait d'ombre et de lumière, qui coexiste à l'intérieur de chaque être. J'aurais voulu vous dire que votre écriture respire la bonté et que cette qualité, je la suppose vôtre. J'aurais voulu vous faire comprendre combien vous m'avez fait rire, pleurer, combien vous m'avez choquée, aussi, parfois. Savoir vous parler de votre façon si simple et si juste de retranscrire les sentiments d'amour, d'amitié, d'espoir mais aussi de violence et d'intolérance. J'aurais voulu vous faire comprendre combien ce que vous faites est important. J'aurais voulu vous écouter, mais je n'ai pas osé me taire et laisser s'installer le silence. Coupable de brièveté, je vous écris cette lettre d'excuse.
Mais peut-être avez-vous déjà entendu ces paroles un milliard de fois. Peut-être que mon simple « merci » n'était pas si dérisoire et que vous avez perçu dans mes non-dits, plus de sens, que dans mes paroles...
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Quelques heures !
A peine quelques heures pour être pénétrée de cet ouvrage de plus ou moins deux cents pages .
Sortir de cette histoire , le coeur brisé .
Sentir sur mon visage les larmes couler .

Partir !
Quitter son pays en proie à la folie de la guerre .
Savoir ne pas y revenir .
Emporter quelques affaires dont un peu de terre et une photo jaunie .
Serrer dans ses bras , le seul être qui lui reste et qui lui est si cher : une toute petite .

La vieillesse a-t-elle besoin de tant de tourments , n'a-t-il pas eu son lot de misères et si peu de bons moments .
Lui , Monsieur Linh , qui va le pousser à affronter une autre vie , loin de ses rizières et du chant de ses rivières , si loin à l'Ouest .
Qui est-il dans ce pays aux odeurs inconnues , où la foule grouillante se croise et s'entrecroise et jamais ne se salue .

Son désir le plus fou est de sauver " Sang Diû " , son rayon de soleil , la fille de son fils tué avec le reste de sa famille .
Mais , dans ce monde qui bouge , qui court , il se sent démuni .

Les nuages se retirent doucement de ses pensées lorsqu'il rencontre , sur un banc , un gros monsieur aux doigts colorés par la nicotine .
Monsieur Bark lui sourit généreusement . Ses paroles sont curieuses , il ne les comprend pas , ce n'est pas grave .
Ils se revoient souvent sur ce banc .
le vieil homme se réconcilie avec la vie .
" Grâce à Monsieur Bark , le pays nouveau a un visage , une façon de marcher , un poids , une fatigue et un sourire , un parfum aussi , celui de la fumée des cigarettes .
Le gros homme a donné tout cela à Monsieur Linh , sans le savoir . " P. 84

Ils vont pourtant se perdre de vue .
Monsieur Linh est envoyé dans un home pour personnes âgées , heureusement avec son bien le plus précieux : le bébé .

Se retrouveront-ils ?
" le soleil brille toujours après une nuit sombre "
( Ngugi Wa Thiong 'o)

Philippe Claudel nous offre une mélopée où les répétitions d'état d'âme du vieux monsieur , sont un chant d'amour à l'Asie et ses mystères , à ses rites ancestraux , à sa famille .
Sa plume , si légère , si noble , effleure notre esprit avec tellement de délicatesse mais aussi de détresse qu'il sublime Monsieur Linh et son courage .











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Ce que j'ai ressenti:
Je l'ai pris juste comme ça, pour me donner envie, juste pour le commencer…160 pages plus tard…Je l'ai fini…On peut dire que j'adore vraiment la plume de Philippe Claudel, et encore une fois, il a réussi à me captiver avec une histoire douce/amère qui nous parle d'un vieil homme condamné à l'exil, avec pour seule richesse, un enfant dans les bras…La petite fille de Monsieur Linh.

« Toujours il y a le matin
Toujours revient la lumière
Toujours il y a un lendemain
Un jour c'est toi qui seras mère. »

C'est un roman immensément touchant. Il nous parle de déracinement, de souffrances et d'espoir. Ce Monsieur Linh porte ses années et ses souvenirs, son sang et sa culture avec le peu de souffle qu'il lui reste. Il est conscient qu'une partie de ce qu'il a à transmettre va s'effondrer, alors il lutte contre la vieillesse pour voir sa petite fille, bien tranquille dans ses bras, s'épanouir devant ses yeux…

« La nuit a fait éclore dans la ville des milliers de lumières qui scintillent et paraissent se déplacer. On dirait des étoiles tombées à terre et qui cherchent à s'envoler de nouveau vers le ciel. Mais elles ne peuvent le faire. On ne peut jamais s'envoler vers ce qu'on a perdu. »

Avec beaucoup de pudeur et de bienveillance, Philippe Claudel nous raconte les péripéties d'un homme fragile qui va se lier d'amitié avec un autre homme sur cette nouvelle terre, à mille lieux de son pays d'origine…Une amitié où seule la bonté des âmes arrive à se comprendre, une amitié qui va enrichir leurs quotidiens solitaires, une amitié qui dépasse toutes les entraves que le destin peut mettre sur leurs chemins…

« Ainsi, songe-t-il, ce peut être aussi cela l'existence ! Des miracles parfois, de l'or et des rires, et de nouveau l'espoir quand on croit que tout autour de soi n'est que saccage et silence ! »

C'est une bien belle histoire encore que Philippe Claudel nous conte, où les blessures sont dissimulées derrière un voile de poésie, et c'est juste délicieux de se laisser envoûter par cet écrivain…



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Rencontre émouvante entre deux personnages que tout semble opposer et qui pourtant partagent les mêmes douleurs. L'un est grand et costaud, l'autre est petit, vieux et rachitique.

Monsieur Linh a du subir l'exil avec sa petite fille Sang Diû, dont le prénom signifie Matin doux .Il se rattache à ce petit être qui représente tout ce qui lui reste de sa vie, son unique raison de vivre. Fuyant son pays en guerre il se retrouve dans ce pays "sans odeur" , à manger de la soupe à "la saveur muette".

Il va faire la rencontre de Bark sur un banc, dans une rue. Ce banc deviendra un rituel pour ces deux hommes, partageant chacun une grande souffrance.
Chacun parlant dans une langue inconnue de l'autre, ils vont se comprendre par les gestes, les regards, le son de leur voix, triste ou rassurante. Tout à coup Monsieur Linh va se retrouver réconforter par l'odeur de cet homme, celle de ses cigarettes. L'amitié sera sa terre d'accueil. de son côté, Bark va trouver du réconfort dans la voix du vieux monsieur qui le berce avec sa comptine enfantine.

La fin est remarquable, émouvante et cruelle. Elle nous révèle un événement inattendu qui va nous éclairer sur certains faits.
C'est un récit incroyablement bien écrit, où l'on retrouve les thèmes de l'auteur; les blessures profondes de la guerre, de la mort. Tout cela écrit dans un style fluide et poétique.
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Voilà que je redécouvre ce roman lu lorsque j'étais môme et l'émotion est là, plus mâture aussi. De nombreux thèmes sont abordés ici: l'exil, la solitude, la vieillesse, c'est un peu la vie en somme.
Ou de l'absurde comme le laissait à croire Camus. Monsieur Linh doit fuir son pays en guerre. Il découvre des terres d'asile : le dortoir-le banc-le mouroir.
Assis sur le banc, Monsieur Bark et Monsieur Linh s'apprivoisent comme seule langue commune, celle de l'émotion, du sentiment à être bien accompagné. Monsieur Bark est tout cabossé. Sa femme est morte. Il fume cigarette sur cigarette. On en finira plus vite. Il pleure aussi d'avoir été soldat dans le pays de Monsieur Linh.
Monsieur Linh n'a plus que ses souvenirs lorsqu'il regarde la mer tout au loin. Plus rien n'a de saveur ici.
Si ce n'est la compagnie de Monsieur Bark et bien sur sa petite fille qui sera tout le long du roman sa véritable raison de vivre et d'avancer.

Merveilleux roman habillé de grâce et de poésie.
Tout fait sens dans un monde souvent insensé.
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Les challenges littéraires me permettent souvent de sortir des livres qui trainent dans ma PAL depuis très longtemps, des livres que j'ai parfois acheté sur un coup de tête et dont je repousse toujours la lecture. Et une fois la lecture achevée, on se demande toujours pourquoi on ne l'a pas lu plus tôt !

La petite fille de monsieur Linh est un roman magnifique pour lequel j'ai eu un vrai coup de coeur. On y fait la connaissance d'un vieil homme qui quitte son pays en guerre avec sa petite fille. Il veut lui offrir une vie meilleure, loin de tous ses dangers. Ils embarquent donc tous deux dans un bateau pour un pays qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne parlent pas la langue et ou tout leur est étranger. « Il n'oubliera jamais la saveur muette de cette première soupe, avalée sans coeur, alors qu'il vient de débarquer, qu'au-dehors il fait si froid, et qu'au-dehors, ce n'est pas son pays, c'est un pays étranger, et qui le restera toujours pour lui, malgré le temps qui passera, malgré la distance toujours plus grande entre les souvenirs et le présent. »

C'est un magnifique roman, très court mais pourtant tellement puissant. C'est avec beaucoup de pudeur que ce monsieur Linh se confie à nous, nous raconte sa vie dans son pays où il a perdu sa femme, son fils et sa belle-fille. Il nous raconte également sa nouvelle vie dans ce pays qui lui semble étrange. « Il demande ensuite à la jeune fille son prénom. "Sara", répond-elle. Monsieur Linh fronce les sourcils. Il ne connaît pas ce prénom. "Et que veut-il dire, ton prénom ?" s'inquiète-t-il. "Il veut dire Sara, Oncle, c'est tout. Rien d'autre". le vieil homme hoche la tête. Il se dit qu'un pays où les prénoms ne signifient rien est un bien curieux pays. »

L'écriture de l'auteur est magnifique et le roman tellement touchant. La fin m'a surprise, je ne m'y attendais pas et justement malgré la tristesse de l'histoire j'ai aimé cette chute totalement inattendue. Ce n'était pas ma première rencontre avec Philippe Claudel mais ce n'est sans doute pas la dernière.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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Magnifique et époustouflant ! Ce roman écrit avec une grande sensibilité à la manière d'un conte, est immuable, suspendu dans le temps : ni dates, ni lieux, et qui nous relate la poignante histoire d'un réfugié… Un vieil homme qui a tout perdu là-bas, dans son pays aux mille parfums à cause de la guerre, et qui se retrouve seul, accompagné uniquement de sa petite fille, et égaré dans un pays froid et hostile dont il ne parle pas la langue.
Le déroulement du récit dépeint avec admiration sa solitude, ses souvenirs, sa nostalgie, son deuil, sa tristesse infinie pour les siens mais jamais son désespoir. Pour lui l'espoir fait vivre par l'attachement et l'amour profond d'un grand-père envers sa petite fille et, aussi par la naissance d'une grande amitié, aux bonheurs simples et attentionnés, entre un vieillard et un vétéran qui ne parlent pas la même langue et se comprennent au-delà des mots. On se laisse prendre par la singularité des personnages et on finit par se passionner pour cette étrange amitié.
C'est un récit plein de poésie, riche en métaphores. le déroulement final est inattendu ; ce qui fait la force et la volonté de l'auteur de terminer son oeuvre par un dénouement pour le moins surprenant………
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En commençant la lecture de ce court roman, je ne pensais vraiment pas être prise par tant d'émotions... mais quelle surprise !! Plus j'ai avancé dans la lecture et plus je me suis attachée au personnage de Monsieur Linh : un vieil homme qui se retrouve en exil dans un pays dont il ne parle pas la langue pour échapper à la guerre dans son pays. Dans ses bras, sa petite fille qui l'accompagne partout et qui lui donne l'espoir et la force de continuer.
Sa rencontre avec Monsieur Bark dans cette nouvelle ville inconnue de lui est également très forte et très émouvante.
De plus, l'auteur a écrit cette histoire avec beaucoup de poésie, ce qui fait de ce livre une véritable oeuvre. J'ai adoré.
Je le recommande vivement car il est tout simplement : MAGNIFIQUE !
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Rares sont les récits d'une telle envergure qu'il m'ait été donné de lire en si peu de pages. Je viens de découvrir la plume de Philippe Claudel, et n'ayons pas peur des mots, La petite fille de Monsieur Linh est un chef d'oeuvre dans le genre. Une histoire simple avec des mots simples certes, mais pas que...
Pourquoi en tirer de telles éloges me direz vous ? Il faut l'avoir lu pour comprendre, enfin je le crois...
Une rencontre : Deux hommes échorchés par la vie ; Monsieur Linh ayant fuit son pays en guerre, emportant avec lui la seule personne qui lui reste à chérir, sa petite fille Sang Diû et Monsieur Jack, désespérément seul depuis le décès de sa femme, lambinant sa solitude comme on traîne une valise trop lourde.
Au cours de leur sortie journalière au jardin public, la rencontre de ces deux protagonistes, ne parlant pas la même langue, va bouleverser le cours de leur existence. Cette amitié timidement naissante va très vite leur devenir aussi indispensable que l'air qu'ils respirent.
On pourrait reprocher à l'auteur le silence de la petite Sang Diû qui, tout au long de la lecture semble presque trop sage. Mais passé outre ce détail, voila une très belle description de l'amitié entre deux êtres qui, perdus dans un monde lancinant, n'auront de cesse de se retrouver envers et malgré tous les obstacles.
Philippe Claudel nous livre un magnifique message de fraternité. L'émotion gagne le lecteur et ce, jusqu'à la dernière page où l'on tremble...
Un récit court, simple, bouleversant, tendre et brutal à la fois, poétique et tellement humain, de ceux que l'on n'oublie pas...
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Le paradoxe est là : une histoire simple, peu de personnages, on se laisse emmener, souriant, attendri ; et puis le sourire, peu à peu, se transforme en grimace et on pleure.
La description de M. Linh et son ami, est extraordinaire de précision, de subtilité.
Le style est agréable, doux, fluide. Ce roman se lit d'une traite, sans effort... mais il secoue !
Un vrai chef d'oeuvre qui émeut, fait réfléchir, change notre vision sur pas mal de choses.
Bref, un petit bijou d'humanité et un hymne à l'amitié
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