Après avoir été subjugué par le roman
le rapport de Brodeck, et comme chaque fois qu'un auteur ou une autrice me touche, je tiens à continuer mon exploration de l'oeuvre. Ici c'est «
La petite-fille de Monsieur Linh », et je poursuivrai par «
Les âmes grises ».
J'ai lu quasiment d'une seule traite ce roman court, certes, mais d'une telle intensité, d'une telle humanité. Cette sorte de conte, si fort, si percutant, si beau, m'a ému.
Un vieil homme, Monsieur Linh, dans un pays de l'Asie qui n'est pas nommé, mais qu'on imagine le Vietnam lors de la guerre des années 1960-1970, découvre avec horreur son fils et sa belle-fille tués par un bombardement, mais découvre aussi leur fille et donc sa petite-fille, un nouveau-né, qui a échappé miraculeusement à la mort. Il décide de quitter son village en grande partie détruit, village qui fut aussi celui de ses parents et de ses ancêtres.
Le voilà parti avec sa petite Sang Diu, et après un long voyage en bateau, le voilà arrivé dans un grand port d'un pays qu'on imagine être la France.
Dans ce pays dit d'accueil, un accueil vraiment minimaliste, qui se révèlera même, plus tard, coercitif, il s'efforce de tenir le coup, malgré le barrage de la langue, ayant pour seul objectif de s'occuper du bien-être de sa petite fille.
Il va trouver réconfort et amitié en la personne de Bark, un homme terriblement affecté par la mort récente de sa femme.
Je ne vous dévoile pas la suite, faite de douleur mais aussi de chaleur humaine, et. au final de bonheur.
Ce livre, d'une écriture fluide et belle, nous fait saisir sans mièvrerie l'horreur de la guerre, le déracinement des exilés, l'absence d'empathie, voire l'animosité à l'égard d'un migrant, l'inhumanité des grandes villes, mais aussi que ce qui sauve c'est le regard chaleureux d'un homme, et que l'amour humain n'a pas besoin de mots pour se nouer.
« Celui qui sauve une vie sauve l'univers tout entier »
En conclusion, pas besoin forcément d'un millier de pages pour faire un roman d'exception.
Encore une belle découverte d'un Claudel qui vaut bien mieux que le Paul, enfin c'est mon avis, et je le partage.