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EAN : 978B08QC7RX8Z
799 pages
Omnibus (07/01/2021)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Jeunesse - 1898
Le miroir de la mer - 1906
Le nègre du "Narcisse" - 1897
Lord Jim - 1900
Le Frère-de-la-Côte - 1923

« Comment un adolescent, né dans les plaines d’Ukraine à quatre cents kilomètres de la mer Noire et huit cents de la Baltique, peut-il décréter un jour qu’il sera marin alors qu’il n’a jamais vu ni l’océan ni un navire et pas même rencontré le moindre navigateur ? Pourquoi, lorsqu’il se décide à écrire, Joseph... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Passons sur le caractère peu soigné de l'édition, péchant par endroits par de trop nombreuses fautes de frappe. Lire en enfilade cinq oeuvres de Joseph Conrad est sûrement un bon moyen de s'immerger dans son univers. "Lord Jim" y prend une place particulière, par sa réputation bien établie mais aussi par le caractère relativement annexe qu'y revêt l'élément marin dans une sombre mise en question des valeurs. Un jeune homme empli d'idéaux choisit en une seconde fatidique de se sauver plutôt que d'accomplir son devoir au péril de sa vie. A jamais déshonoré aux yeux du monde, il échappe à sa réputation et à sa mauvaise conscience en abordant un coin de terre perdu. Élevé au rang de demi-dieu par les indigènes, il trahit la confiance de celle qui l'aime en abandonnant sa vie par idéal. Qu'est-ce donc qu'une vie honorable ? Dans l'esprit de Conrad, tout n'est assurément pas équivalent puisque certains protagonistes sont de véritables suppôts de Satan, mais l'ancien bourlingueur des mers n'aime visiblement pas les moralisateurs en chambre à la manière du père de Jim, pasteur aux certitudes universelles. "On le voit d'ici, grisonnant et serein, dans l'inviolable asile d'un cabinet de travail confortable et fané où, sous les murs tapissés de livres, il a pendant quarante ans de sa vie, fait consciencieusement le tour de ses humbles pensées, touchant la foi et la vertu, la conduite de la vie et la seule façon correcte de mourir ; où il a composé tant de sermons, d'où il écrit à son garçon, si loin, de l'autre côté de la terre. Mais qu'importe la distance ? La vertu est une, d'un bout du monde à l'autre, et il n'y a qu'une foi, qu'une façon convenable de mener sa vie, qu'une manière de mourir (...) Il [Jim] n'y a jamais répondu, mais qui saurait dire, pourtant, quels colloques muets il a tenus avec toutes les ombres placides et sans couleur d'hommes et de femmes qui peuplaient ce coin du monde paisible, aussi bien à l'abri des luttes et des périls que peut l'être une tombe, et respirant sagement une atmosphère de calme rectitude" (page 543). Exposer sa vie sur une coquille de noix perdue entre ciel et mer interroge sur le sens des choses, même un lecteur en chambre n'en doutera pas, sans chercher le moins du monde à connaître l'épreuve des quarantièmes rugissants. Mais il sera surtout reconnaissant à l'ancien marin, revêtu de l'aura des grands écrivains, pour cette prose élégante et sensible qui, au détour d'une phrase somptueuse, donne la conviction profonde qu'il est bien des leurs. Et, tout hommage rendu à la force émotionnelle des histoires romanesques (dont rien ne donne meilleur témoignage que le dénouement du "Frère-de-la-côte", à la toute fin de l'ouvrage), peut-être cette conviction doit-elle davantage encore à l'épure des simples récits, tels que ceux qui composent "Le miroir de la mer" : "Depuis qu'il y a des hommes, aucun d'entre eux n'a jamais pu, me semble-t-il, sincèrement affirmer avoir vu à la mer cet air de jeunesse que prend la terre au printemps. Mais il en est, parmi nous, qui, regardant l'océan avec entendement et tendresse, lui on vu l'air si vieux que les siècles immémoriaux semblaient avoir émergé du limon inviolé de ses profondeurs" ("Le caractère de l'adversaire")...
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critiques presse (1)
LaCroix
05 août 2021
Un choix parmi ses souvenirs et fictions maritimes permet de revisiter en partie l’œuvre immense du grand écrivain anglais.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tout en essuyant la lame de son rasoir qui faisait partie d'une série de douze dans un écrin, il revoyait l'océan enveloppé d'une brume étincelante et un courrier des Indes avec ses vergues en pagaye et ses voiles en ralingue au-dessus du pont couvert de sang qu'avait envahi une bande de corsaires, et, dominant l'horizon lointain, l'île de Ceylan, comme un nuage bleu. Il avait toujours eu envie de posséder une série de ces rasoirs anglais et c'est là qu'il l'avait trouvée ; il était, pour ainsi dire, tombé dessus : la boîte gisait par terre dans une cabine déjà saccagée. Pour du bon acier, c'était du bon acier, se disait-il en regardant fixement la lame. Et pourtant, elle était presque usée. Les autres aussi. Cet acier-là ! Et il tenait l'écrin dans sa main, comme s'il venait de le ramasser par terre. Le même écrin. Le même homme. Et l'acier était usé. Il referma brusquement l'écrin, le jeta dans son coffre resté ouvert et laissa retomber le couvercle. Le sentiment qui lui monta au cœur et que des hommes plus conscients que lui avaient éprouvé, c'était que la vie était un songe plus impalpable encore que cette vision de Ceylan, étendue comme un nuage au-dessus de la mer. Un songe derrière soi. Un songe devant soi. Cette philosophie désenchantée prit la forme d'un violent juron : " Sacré nom de nom de nom... Tonnerre de bon Dieu ! "
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En vérité, une première raison, évidente pour qui a vécu à l’étranger, explique le choix de sa langue d’écriture : que ce soit à bord des navires ou à terre, Conrad ne parlait et n’entendait parler qu’anglais, et sans doute même pensait-il en anglais.

Une seconde raison est que, s’agissant d’histoires se déroulant dans un contexte maritime, l’utilisation d’un vocabulaire technique extrêmement précis s’imposait.

Et il est fort à parier que le vocabulaire marin français acquis à bord du Saint-Antoine et du Mont-Blanc s’était laissé oublier.

Justement, une des difficultés posées par les premières traductions de Conrad fut son emploi du langage maritime.

D’Humières, Gide, Jean-Aubry, Néel n’étaient pas des connaisseurs du monde de la navigation, et plus précisément de cette époque où sur les océans se croisaient les derniers grands-voiliers et les premières générations de navires à vapeur.

De plus, ils ne disposaient pas d’ouvrages publiés postérieurement, tel l’irremplaçable International Maritime Dictionary de René de Kerchove, ou le Dictionnaire Gruss de marine de Robert Gruss.

Encore ces ouvrages ne sont-ils utilisables que si l’on maîtrise le vocabulaire français et les bases de la manœuvre ainsi que de la navigation.

Toutes compétences qui paraissent d’autant plus indispensables que le vocabulaire nautique de Conrad est celui, concis et précis, d’un officier de marine marchande.

En fait, la description par Conrad de certains moments de la vie d’un navire est si subtile que, faute de les avoir vécus soi-même, on ne peut pas les apprécier.

Ainsi, dans Le Nègre du « Narcisse », l’évitage d’un grand-voilier au mouillage et ses conséquences sur le mouvement de la chaîne d’ancre et les réactions mécaniques du guindeau.

A la lecture de ces phrases, le marin se trouve littéralement transporté à bord !
Mais qu’en est-il des autres ?
Sans doute estiment-ils ces passages gratuits…
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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