La narratrice, une quinquagénaire suisse, s'engage dans une association de bénévoles qui apportent leur soutien à des immigrés sans-papiers hébergés provisoirement dans une sorte de bunker. Elle tisse des liens de plus en plus fort avec ces hommes et décide de partir en Éthiopie, pays d'origine de l'un d'entre eux, pour voir...
Si le fil de l'intrigue ne m'a pas toujours été clair, cela ne m'a pas dérangée tant la beauté de ce texte éclipse ses défauts éventuels. C'est une écriture lumineuse et originale, magnifique dans la précision des mots choisis et poétique dans les émotions qu'elle soulève. Il y avait bien longtemps que je n'avais pas lu un texte aussi beau et travaillé, j'en suis encore toute remuée. Bien sûr, il s'en dégage une certaine tristesse, une certaine impuissance mais je ne vais garder que cette beauté, la beauté d'un long chant d'amour.
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La narratrice est une quinquagénaire suisse qui s'engage dans une association de bénévoles pour l'accueil des sans-papiers. Attirée par l'altérité des jeunes hommes qui arrivent dans sa commune, elle voyagera en Ethiopie.
Elle observe, sent et agit comme un esprit farouche et solitaire, qu'elle est.
Elle nous parle des bénévoles qu'elle côtoie, des fonctionnaires qu'elle rencontre, des sans-papiers qu'elle accompagne. En Suisse, ce pays (le mien) qui fait de l'immigration le sujet de lassantes votations populaires tout comme du cinéma comique, depuis si longtemps...
Elle nous parle des illustres écrivain(e)s qui ont parcouru l'Ethiopie avant elle, et qui sont allés au bout de leurs voyages. Elle décrit les impressions, les sensations, et l'érotisme de son voyage à elle, avec un courage digne de ses prédécesseurs.
Elle parle de ses deuils : celui de sa famille, celui d'un amour, celui d'un projet né au gré des rencontres de voyage.
C'est un très beau récit. À la fois poétique et ancré dans le réel, il opère cette déconstruction puis reconstruction de notre imaginaire et de notre perception, qui est propre à la littérature de voyage. J'ai beaucoup aimé.
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Je n'arrive pas à rentrer dans l'histoire, la première partie est intéressante mais à partir du moment où l'héroïne part en voyage cela devient trop "décousu" !! L'écriture de cette auteure est un peu trop "poétique" pour moi...
lu en 2014.
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- Ces requérants pour qui vous cherchez du travail ? releva Hélène au repas du soir. Ah, au noir ! Ce n'est pas bien, ça. Oh non, pas bien.
La voix de Mireille me bouleversait, celle d'Hélène me glaçait. Si je me trouvais là, c'est parce que j'avais perdu trois membres de ma famille, un frère et mes parents, en dix-huit mois. Parce que l'attitude si digne des Erythréens m'avait fait envie de découvrir le pays le plus proche de celui qu'ils avaient dû fuir : l'Ethiopie. J'aimais la lenteur de leurs gestes. Leur prestance. Les ondes bénéfiques qu'ils dégageaient.
- Il est si difficile de rester entier dans monde cassé. Ne trouvez-vous pas, Hélène?
Je murmurerais comme Kitty, inspirée, brusque. Mais je ne dis rien.
Dans les moments de désarroi, de chagrin, ou de contentement tel qu'il ne peut que promettre une belle dégringolade, rien ne vaut un livre. Un livre est une entreprise de débroussaillage. Il nettoie. Il montre mieux. Il carbure à la solitude. Il fait comprendre. Il console. Il épouvante.
Dans les pages, et nulle part ailleurs, trouvent enfin refuge les sentiments, le cœur du cœur du cœur, qui ne peut même pas se dire avec la voix, quand on est seuls avec la personne qu'on aime.
Tu me cloues. Je te tue. J'étais entière. Tu me fends en deux. Je n'avais besoin de rien. Tu me manques. Je voudrais. Tu m'encombres. Tu me combles. Je t'enlacerai. Tu t'en lasseras. Partir pour l’Éthiopie n'est pas un voyage, on n'achète pas de paysages ni de personnes, mais une porte, en soi, qu'on s'étonne de voir s'ouvrir. Un peu comme dans ces marchés orientaux où vous n'achetez pas des oiseaux, mais leur liberté et le bonheur du grand froissement d'ailes, quand s'ouvre la cage.
Un roi
Marque-page 31-05-2011