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Bernard Kreise (Traducteur)Marion Bataille (Illustrateur)
EAN : 9782910233495
47 pages
1001 Nuits (30/11/1994)
3.58/5   38 notes
Résumé :
Publié en 1873 dans la revu Grajdanine, Bobok est une histoire de cimetière extravagante et quasi surréaliste ou les morts revivent sous terre et constituent un microcosme social hiérarchisé. Les grands thèmes dostoïevskiens sont tous présents, depuis la douleur et l'angoisse métaphysique jusqu'au problème de l'abolition de tout impératif moral, du "tout est permis".

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ivan Ivanovitch, notre héros, écrivain sans le sou, plus ou moins raté, décide d'aller se distraire en assistant à l'enterrement d'un membre de sa famille. On l'ignore royalement, mais il décide de rester dans le cimetière et là il commence à entendre des voix…

Ce sont les morts qui discutent entre eux, sur ce qui fut leur vie, leurs regrets, n'hésitant pas à jouer aux cartes entre eux, et les conversations sont à peu près aussi animées que chez les vivants. On rencontre un général, une vieille dame, un boutiquier… Ils attendent en fait, l'arrivée des nouveaux pour mettre un peu de sel dans la conversation.

Dans cette nouvelle extravagante presque surréaliste, on retrouve les thèmes chers à Dostoïevski : la pauvreté, la mort, l'écrivain maudit et même les références au jeu (il a choisi de faire jouer les morts aux cartes, les osselets, cela aurait été plus drôle !), mais aussi ce qui le hante toujours : la souffrance, la maladie, la mort.

Cependant, l'air de rien, il dénonce aussi, au passage, les droits bafoués ou le manque de liberté du régime Tsariste, qui n'a jamais été tendre avec lui, allant jusqu'à l'envoyer en déportation.

J'ai bien aimé cette nouvelle, même si ce n'est pas l'enthousiasme habituel, force est de constater que Dostoïevski réussit toujours à m'emmener dans son univers, car il aborde des choses tristes toujours avec une pointe d'ironie. Il est brillant dans le drame, comme dans l'interrogation philosophique, ou ici quand il frôle l'absurde. de toute manière, tout le monde sait que je suis une groupie de l'auteur, donc le plaisir sera toujours présent…

En ce qui concerne le titre, « Bobok » signifie petit haricot mais, dans le cas présent il est plutôt synonyme de « non-sens ».

C'est ma quatrième lecture dans le cadre du Challenge du mois de l'Europe de l'Est et je remercie le site « bibliothèque russe et slave.com » où je déniche toujours des pépites
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Cette nouvelle fut d'abord publiée en 1873, avec le début du Journal d'un écrivain, dans la revue Grajdanin (celle-là même dans laquelle publie le héros!). Par la suite elle connut une publication séparée. le narrateur, Ivan Ivanovitch, écrivain raté, se met à entendre une voix qui crie : "Bobok, bobok!", ce qui n'a guère de sens (cela peut se traduire par haricot). Il se rend à un enterrement mais pendant le repas qui suit les funérailles il reste seul dans le cimetière. Il se met alors soudain à entendre les voix de morts enterrés récemment qui discutent quasiment comme tout un chacun. Les voix viennent de décider de parler sans aucune honte de leur vie terrestre quand Ivan Ivanovitch éternue. le cimetière retombe dans le silence. Les dialogues des morts entre eux sont truculents, sorte de peinture acerbe des contemporains de Dostoïevski. Elle a un côté fantastique et burlesque, genre peu représenté en Russie au XIXème siècle.
En fait, il semble que cette nouvelle soit une réponse acerbe à un journaliste qui avait descendu en flèche les premières pages du Journal d'un écrivain. Et que dans chacun des personnages défunts on puisse trouver des allusions précises à des contemporains de Dostoïevski. Dans ce cas Bobok pourrait être tout simplement le diminutif de Bob, surnom d'un écrivain contemporain. Malheureusement ce récit n'eut aucun succès en Russie et tomba dans l'oubli jusqu'au début du XXème siècle où elle fut considéré comme un chef-d'oeuvre satirique grotesque avant de retomber à nouveau dans l'oubli , faute de publication, comme tout le Journal d'un écrivain, entre 1917 et 1980. Peu importe, les dialogues des cadavres nous montrent la société de l'époque, avec ses hiérarchies, ses conventions sociales et ses turpitudes. Ils n'ont pas perdu de leur saveur et cela reste un régal.
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Ivan Ivanovitch est un écrivain sans le sou que tout le monde tient un peu pour fou . Il est aussi affublé du surnom ridicule de Bobok ( petit haricot mais aussi Non Sens). Un jour il se rend aux obsèques d'un vague parent, monologue sur l'hypocrisie des gens, puis, la cérémonie terminée, s'attarde au cimetière. Il s'allonge alors sur une tombe et bientôt entend les voix des morts. Ceux-ci papotent, jouent aux cartes, tranquilles. Complètement désinhibés, ils révèlent alors leurs vices cachés. Bobok est écoeuré mais il a trouvé là matière à écrire un livre.
J'ai aimé moyennement. C'est un très bon sujet mais la traduction laisse à désirer et j'ai eu du mal à percevoir l'humour ( s'il y en a). Bref à relire dans une autre version que celle de F.Rosenberg, 1899, proposée sur le site de la bibliothèque russe et slave.
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"L'enfer, c'est les autres", aurait pu écrire Dostoïevski avant Sartre...
Oui, car même après sa mort, il faut supporter les bassesses, les compromissions, l'hypocrisie, les conventions sociales. On n'a pas de repos entre morts au cimetière, puisque chacun discute, se rend visite, joue aux cartes avec ses voisins de fosse. Il faut cependant se méfier de l'odeur, de la puanteur qui arrive par effluves. Et, peu à peu, la conscience s'éteint en six mois, les dernières lueurs de conscience étant la répétition de "bobok, bobok" avant de se taire définitivement.
C'est plus féroce que véritablement humoristique, même si entendre les morts vouloir littéralement se mettre à nu pour enfin arrêter de respecter les normes est savoureux. Féroce, oui, car les hiérarchies sociales se maintiennent. Et puis, une ombre plane sur le Narrateur. Je ne sais pas à quel point c'est en partie un autoportrait, mais dans plusieurs de ses nouvelles Dostoïevski présente un écrivain qui a du mal à vendre ses oeuvres, qui n'est pas compris par la critique, et qui est obligé de prostituer sa plume en quelque sorte en acceptant des textes de commande. Dans les dernières lignes de la nouvelle, les morts parlent de ceux qui vont bientôt les rejoindre, notamment un écrivain et un rédacteur en chef, alors même que le Narrateur projette de vendre à un journal ce qu'il a entendu dans le cimetière et qu'il s'éloigne en toussant...
Il ne fait pas bon être écrivain dans les nouvelles de Dostoïevski...
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« Bobok » est une nouvelle fantastique du grand écrivain russe Fiodor Dostoïevski, publiée en 1873.
Je l'ai lu avec grand intérêt et curiosité car Bobok était le surnom d'un amour de jeunesse. Mais ici, il ne s'agit pas d'une personne mais d'un murmure qui s'élève de l'au-delà. Car le narrateur, Ivan Ivanovitch, sorte d'écrivain raté, entends de drôles de conversations dans un cimetière.
Les voix des morts, venues de sous la terre, lui indiquent qu'ils n'en ont pas fini avec la vie : ils conversent, jouent aux cartes, se disputent. Hommes et femmes, jeunes et vieux, pauvres et riches, les défunts veulent en profiter encore un peu. Ils décident donc de n'avoir honte de rien et se dévoilent dans les deux sens du terme. Je pense que c'est une façon, pour Dostoïevski, de se moquer de la décadence et de la corruption de l'époque tsariste.
Mais Ivan ne va pas devenir fou après cela, il va vouloir mieux écouter ce qui se passe autour de lui et, qui sait, en faire un livre.
J'ai donc bien apprécié cette nouvelle qui dit bien des choses pour un texte court.


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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Mon ami a raison. Il se passe quelque chose d’étrange en moi. Mon caractère change, lui aussi, et la tête me fait mal. Je commence à voir et à entendre des choses étranges. Ce ne sont pas précisément des voix, mais c’est comme si quelqu’un à mon côté répétait tout le temps : « Bobok, bobok, bobok ! » Que veut dire ce Bobok ? Il faut se distraire.
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A mon avis, de tous le plus intelligent, c'est celui qui, au moins une fois par mois, s'appelle lui-même imbécile — faculté infiniment rare aujourd'hui.
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Admirer tout est idiot, c’est certain : tandis que ne rien admirer est, pour une raison ou pour une autre beaucoup plus distingué et est reconnu de bon ton. Mais je doute qu’il en soit ainsi réellement. À mon sens, n’admirer rien est beaucoup plus stupide qu’admirer tout. En outre, ne rien admirer c’est ne rien apprécier. Et un homme stupide n’est pas capable d’apprécier.
— Et moi, avant tout, je désire apprécier.
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L'homme le plus intelligent, d'après moi, c'est celui qui se traite d'imbécile au moins une fois par mois. Mais personne n'en est plus capable au aujourd’hui. Autrefois, tout imbécile se rendait compte, une fois l'an au moins, qu'il était réellement un imbécile. A présent c'est fini. Et l'on a tellement brouillé les cartes qu'il n'est plus possible de distinguer l'homme intelligent de l'imbécile. Ils ont fait exprès.
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Certes il est sot de s'étonner de tout, et il est beaucoup plus élégant de ne s'étonner de rien: on ne sait pas pourquoi, c'est considéré comme de meilleur ton. Mais il est peu probable qu'il en soit ainsi en réalité. Selon moi, il est beaucoup plus sot de ne s'étonner de rien que de s'étonner de tout. Et, de plus, ne s'étonner de rien équivaut presque à ne rien respecter. Le sot est incapable de respect (p. 61).
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