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EAN : 9782070744916
1756 pages
Gallimard (31/01/1997)
4.56/5   9 notes
Résumé :
La Vie tranquille • Un barrage contre le Pacifique • Le Boa • Madame Dodin • Les Chantiers • Le Square • Hiroshima mon amour • Dix heures et demie du soir en été • Le Ravissement de Lol V. Stein • Le Vice-Consul • Les Eaux et Forêts • La Musica • Des journées entières dans les arbres • India Song • Le Navire Night • Césarée • Les Mains négatives • La Douleur • L'Amant de la Chine du Nord • Vie et OEuvre • Documents inédits

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La collection Quarto de Gallimard est, à mes yeux, tout à fait indispensable. Aucune autre collection ne permet aussi bien de s'immerger dans l'oeuvre d'un écrivain qui nous est inconnu. Des gros pavés (ici, je crois bien qu'on dépasse le kilo) qui sont généralement accompagnés d'une iconographie abondante et parfois inédite. Et puis, ce sont des livres très maniables malgré, ou grâce à, leur volume et leurs couvertures souples. J'ai longtemps feuilleté ce livre avant de m'y plonger. Et ce qui m'a d'emblée frappé, loin de l'image que je pouvais avoir de Duras - qui correspondait à peu près à celle de la photo de couverture - c'est la beauté mutine, et un brin exotique, de l'adolescente Marguerite Donnadieu. Mais ce n'était qu'une première dans le bousculement de mes a priori sur cette écrivaine. J'avais lu beaucoup de commentaires sur le style de Duras, en bien ou pas, et donc je m'attendais bêtement à une écriture très figée. Ce n'est pas le cas. Si on reconnait Duras, ce n'est pas tant par le style, qui est effectivement assez identifiable mais en constante évolution (définir un style Duras qui engloberait l'ensemble de ses livres me semble relever de l'utopie), que par les thèmes. D'un barrage contre le Pacifique à L'amant de la Chine du nord le style a complètement évolué. Aussi, peut-on réellement parler, comme le titre de ce livre l'indique fort justement, de parcours. Un parcours qu'on pourrait caricaturalement résumer ainsi : Un barrage contre le Pacifique est sûrement son premier grand livre, d'un réalisme social un peu à l'américaine, genre Steinbeck. Ensuite, Duras explore différents genres, de l'existentialisme au nouveau roman, en passant par le policier. Il y a aussi une difficulté à dire, un empêchement de la parole, qui est patent dans Hiroshima mon amour, mais présent dans presque tous ses livres. Après le ravissement de Lol V. Stein, il me semble que son écriture est plus personnelle et marquée dans tout ce qu'on appelle « le cycle indien » (Le vice-consul, India song, ainsi que les films et les pièces de théâtres) par la psychanalyse. Il y a comme une sorte de libération, d'écriture plus instinctive, moins conventionnelle. Alors que Hiroshima mon amour exprimait l'impossibilité de parler de la défaite humaine que fut la seconde guerre mondiale, La douleur en est une expression libérée. J'aurais aimé lire L'amant, mais à défaut L'amant de la Chine du Nord exprime aussi une libération de la parole qui confine à l'impudicité. Tout ce qui était non-dit, tapi, dans Un barrage contre le Pacifique est clairement exprimé dans L'amant de la Chine du Nord, et même exagérément souligné. Duras est-elle une romancière absconse ? Oui et non. Un barrage contre le Pacifique, Dix heures et demie du soir en été, La douleur, sont des écrits conventionnels, qui ne présentent aucune difficulté de lecture, qui ne versent dans aucun intellectualisme. Par contre, Les chantiers, le square, le ravissement de Lol V. Stein sont plus déstabilisants. Mais je dirais quand même que Duras n'est pas du tout l'intellectuelle que l'on veut bien en faire, elle est au contraire très sensualiste d'une certaine manière. Son grand thème c'est le désir et le désir charnel, mais souvent traité avec une distanciation… toute cinématographique, pourrait-on dire. Duras est-elle imbue d'elle-même ou narcissique ? Là aussi, oui et non. Oui, parce que l'oeuvre de sa vie est bien sûr tout ce qu'elle a tirée de son adolescence en Indochine. Sans ça elle n'aurait jamais rien écrit de personnel et peut-être pas écrit du tout. Elle me fait beaucoup penser à Proust, il y a du Proust dans Duras comme il y a du Balzac dans Proust. A la fin de L'amant de la Chine du nord -comme Marcel à la fin de la recherche découvre sa vocation d'écrivain- alors que l'enfant quitte définitivement l'Indochine sur un paquebot, Duras écrit ces très belles phrases qui, à mon avis, justifient parfaitement son oeuvre : «… sur la mer, avec le parcours du soleil dans le ciel et celui du bateau, se dessine, se dessine et se détruit à la même lenteur, une écriture illisible et déchirante d'ombres, d'arêtes, de traits de lumière brisée reprise dans les angles, les triangles d'une géométrie fugitive qui s'écoule au gré de l'ombre des vagues de la mer. Pour ensuite, de nouveau, inlassablement, encore exister. » Seulement, ce ressassement infini ne laisse quasiment aucune place à l'imagination. Duras devrait être une sorte de grande prêtresse pour les écrivains d'autofiction (et Proust aussi). Malgré tout, elle ne fait preuve d'aucune autosatisfaction et la place énorme que tient la culpabilité, assumée ou pas, dans beaucoup de ses écrits la préserve de toute accusation de complaisance envers elle-même. C'est vraiment dommage que ce recueil ne contienne pas L'amant, mais comme tout recueil, c'est le fruit d'un choix, aussi ma vision de l'oeuvre de Duras est certainement biaisée et incomplète. J'ai aussi l'impression que les concepteurs de ce livre ont un peu mis de côté les oeuvres les plus obscures de Duras et ont privilégié celles qui étaient plus accessibles, mais je ne sais pas, je me trompe peut-être.
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Chantiers

Avec Duras, il est bon de se laisser porter, dérouter à la croisée des chemins... attendre on ne sait quoi... partir à l'aventure s'il y en a une, se perdre au milieu de nulle part... avec l'impression qu'il ne se passe presque rien, un pas en avant, un autre en arrière... durant des heures, durant des pages...
Juste quelques notions du temps qui passe, répétitions quotidiennes... toujours en attente, de ce qui ne vient pas... une sorte d'apesanteur où tout le monde se cherche, mais pas vraiment. Une sensation de temps suspendu, où l'interrogation nous taraude sans cesse, sans réponse... Elle nous enferme dans ses situations qu'elle pousse à l'extrême ! Elle a la volonté de semer le doute ou de nous perdre ! Et sa force est de nous emmener, nous confronter et nous ébranler de l'étrangeté des profondeurs de l'âme humaine.
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Pour les amateurs de Duras ce livre est un vrai régal car outre les oeuvres dont certaines m'étaient inconnues alors que d'autres étaient des classiques de son oeuvre, les documents, les photos et les différentes précisions ou extraits de ce que Duras en a dit est un vrai délice... j'ai pris mon temps pour lire les pieuvres que je ne connaissais pas et goûté ainsi au bonheur de cette écriture plurielle notamment la découverte à la suite de la douleur des écrits autour de la guerre. Envoûtant
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DURAS......Ecriture, Bonheur, Musicalité, Tendresse, Amour, Intelligence, Douleur, Chagrin, Asie, Ailleurs, Parfums, Silence, Solitude, Amitiés , Colère, Engagements, Liberté, Féminisme......
DURAS encore et toujours , s'il n'y en avait qu'une , s'il n'y avait qu'elle
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magnifique collection et très excellente Duras à redécouvrir encore et toujours !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Madame Dodin

"Que deviendrait elle sans lui ? Elle sait qu'il le sait. Et pourtant ils finissent par rire ensemble de leur bonheur menacé, des risques qu'ils courent. On pourrait, à partir de là, imaginer comment ils pourraient en arriver à des scènes extrêmes, au fait-divers tragique, sans sortir de leur complicité plus forte que tout. Et qui ne connaîtrait pas Gaston et le verrait secoué d'un tel rire lorsque Mme Dodin le punit de vouloir échapper à son désespoir, pourrait se demander s'il n'a pas inventé de vouloir y échapper pour en être puni par elle de cette façon.
Cet amour sans issue les a rendu doublement inventifs. C'est à celui qui trouvera "un nouveau truc pour emmerder le monde". Ils ont l'imagination délirante des prisonniers. Ils sont prisonniers de leur métier qu'ils détestent et ils sont prisonniers d'une interdiction - à demi fatalité, à demi convention - qui les empêchent, à cause de son âge à elle, de devenir amants. Et c'est sur le monde, leur geôlier, qu'ils se vengent. Ils le font en se donnant pour eux seuls un interminable spectacle auquel ils se passionnent chaque jour davantage.

Excellentes ! les tribulations quotidiennes entre Mme Dodin la concierge et Gaston, l'étrange balayeur de rue. Hilarant le coup du seau d'eau jeté par la fenêtre (p.170).
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Si Ter à Vécu il a dû être de ce côté de la société où l’argent est facile, où l’idée est courte, où la mystique du chef tient lieu d’idéologie et justifie le crime.
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