Personne n'a jamais mieux parlé de
René Fallet que
René Fallet lui même. Écoutons tout de même
Georges Brassens : « Fallet ne fait pas grand-chose pour qu'on le soupçonne d'être poète. Nous ne sommes que quelques-uns dans le secret de sa poésie ".
Brassens qui parfois se fâchait tout rouge... parfois...
Ainsi en témoigne le livre qui rassemble les Carnets de jeunesse 2, allant d'août 1947 à août 1948...
René Fallet avait vingt ans...
Avec une spontanéité confondante, cet autodidacte instinctif aux souliers encore crottés par la terre ancestrale du Bourbonnais, nous raconte ses ribotes ses amours, ses aversions, la diversité de ses lectures. On le suit dans son travail de journaliste à Libération (celui des lendemains de la guerre) son désir de quitter la misère du domicile familial, les querelles avec ses proches, ses jugements sur lui-même : " Au fond, que suis-je ? Un égoïste sordide : je n'aime que les gens qui me donnent ".
Il dévoile ses engouements : Vallès,
Zola, le jazz, Armstrong,
Malaparte,
Hemingway, Caldwell,
Barjavel,
Pierre Brasseur, Chaplin , Chagall, Picasso, Welles,
Sade, Dabit,
Cendrars qui l'appela " le
Radiguet du prolétariat "... " le misogynisme à l'eau de Javel et à l'acide prussique " de
Montherlant le comble d'aise alors que quelques pages plus loin le même
Montherlant lui chauffe la bile : " Il embaume le fils à papa "…
C'est toujours un grand plaisir de découvrir la genèse d'une oeuvre, surtout quand celle ci est celle d'un autodidacte et qu'il tient un journal quasiment au jour le jour. On voit non seulement se construire l'oeuvre, mais aussi l'homme.
Ces carnets sont de la même veine que les romans. Agrémenté de reproductions de dessins commentés , qui nous permettent de découvrir la « belle écriture » de l'auteur, ce tome 2 des « Carnets de jeunesse » , comme les deux autres d'ailleurs, est un complément indispensable pour tous les amateurs de
René Fallet.