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Florence Delay (Traducteur)
EAN : 9782869432031
92 pages
Actes Sud (04/06/1992)
3.62/5   32 notes
Résumé :

Comédie tragique de Calixte et Mélibée écrite pour blâmer les amoureux fous qui vaincus par l'appétit désordonné appelent Dieu leurs amies et prévenir contre la turpitude des intermédiaires.

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Oeuvre étrange et inclassable, La Célestine ou tragi-comédie de Calixte et de Mélibée est une sorte d'acte fondateur du théâtre espagnol. Rien ou presque ne subsiste d'un théâtre espagnol médiéval, au point où son existence même est questionnée, quelque tentatives de lettrés souhaitant retrouver le théâtre antique sont peu convaincantes. Et puis il y a cette oeuvre, dont on est pas sûr qu'elle ait été voulue comme théâtre, peut-être s'agit-il d'un roman atypique. Mais c'est dans la catégorie théâtre qu'elle est rentrée dans le canon, très vite imitée, traduite, considérée comme un exemple, un départ.

Une première parution en 1499, donne une première version, en 16 actes et avec une fin un peu différente. D'autres versions vont suivre de près, surtout celle de1502, qui donne la version la plus longue que l'on connaît maintenant (21 actes). L'oeuvre est anonyme, on considère actuellement qu'elle aurait eu deux auteurs, dont le plus important serait Fernando de Royas. Ce dernier serait parti d'une petite pièce anonyme en un acte (le très long acte un actuel) en développant, et en donnant une fin et une morale différentes au matériel primitif, mais comme nous n'avons pas conservé ce point de départ, il est difficile d'évaluer à quel point ce premier texte subsiste dans La Célestine.

Les dimensions sont donc atypiques : 21 actes. Mais à part le premier, qui est bien plus long qu'un acte habituel de théâtre, les suivants peuvent être relativement courts, correspondre parfois à une longue scène. Néanmoins la pièce a des dimensions démesurées, et lorsqu'il arrive qu'elle soit jouée, il y a en général des coupures.

Le texte raconte donc une rencontre entre Mélibée et Calixte. Ce dernier a un coup de foudre pour la belle jeune fille, et le lui déclare. Elle refuse de l'écouter. Calixte rentre se désespérant. Un de ses serviteurs, Sempronio, lui conseille de faire appel à l'aide de la Célestine, maquerelle, sorcière, femme douteuse. Parmeno, un autre serviteur, qui la connaît bien, essaie de mettre son maître en garde, le chemin qu'il emprunte lui paraissant très glissant. Mais Calixte n'en a cure, et la Célestine arrive. Elle promet à Calixte de réussir à convaincre Mélibée, et elle est richement pourvue par le jeune homme. Elle s'introduit sous un prétexte dans la maison de Mélibée, dans un premier temps cette dernière veut la chasser, mais la vieille a plus d'un tour dans son sac, et demande un objet pour guérir Calixte soit disant malade, insufflant dans l'esprit de la jeune fille une curiosité qui va vite se traduire en amour. Calixte et Mélibée vont rapidement s'entendre et se retrouver la nuit dans les jardins des parents de Mélibée. Célestine est richement récompensée, récompense qu'elle refuse de partager avec les deux serviteurs, malgré leurs accords. Les deux jeunes gens tuent la vieille femme, et sont pris par le guet et exécutés. Calixte, tout à ses amours, n'a rien fait pour arranger les choses. Un peu par vengeance des jeune femmes amoureuses des serviteurs, un peu par hasard, il chute d'une échelle en sortant du jardin, et meurt. Mélibée se suicide de désespoir.

C'est donc une sorte de drame causé par un amour sans frein, en dehors de toutes les règles, vécu par les services d'une maquerelle et deux serviteurs peu scrupuleux. Il y a comme une morale, un châtiment, pour les deux jeunes gens qui se livrent à leur passion, sans aucune retenue, Mélibée étant au final aussi prête à tout que son amant, malgré une petite résistance au départ. L'intrigue de la pièce est très simple, ce qui fait l'intérêt du texte, c'est la manière dont l'auteur construit ses personnages, leurs opinions, visions du monde. L'univers quelque peu interlope de Célestine, des jeunes femmes de son entourage qui se prostituent plus ou moins, des hommes qui tournent autour. Et aussi du beau monde, des gens plus aisés. Chacun est aussi égoïste et soucieux de soi-même avant tout, personne n'est épargné. Il y a là un tableau étrangement vivant d'un lieu et des personnes qui l'habitent, malgré des dialogues par moment emprunts de sentences et proverbes. Malgré toutes cette « sagesse », la morale semble vacillante, incertaine, comme si les personnages n'avaient pas de réelles valeurs sur lesquelles s'appuyer, et en viennent donc à chercher leur plaisir ou intérêt le plus immédiat, dans une sorte d'incapacité à ne pas obéir à leurs pulsions du moment, quelles qu'en soient les conséquences. Pas d'idéalisation, l'amour est plutôt une sorte de satisfaction de désirs, qu'une relation véritable, qu'un projet.

C'est une oeuvre assez puissante et troublante, et sont statut de grand classique n'est vraiment pas usurpé.
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Quelle rouée cette Célestine ! Malgré son métier bien connu de tous, elle arrive toujours à ses fins et noue toutes les intrigues qu'elle veut. Elle manie comme des pantins maîtres et serviteurs, filles, parents, toute la peuplade qui l'entoure. Via sa langue acérée et sa connaissance du genre humain (pas jusqu'au bout, hélas, la vieillesse et la pauvreté rendent plus cupide une âme), elle fait ce qu'elle veut, et est toujours prête à réajuster ses plans - tant que ceux-ci lui siéent.

Je n'ai pas de compassion pour la cohorte qui l'accompagne (Calixte, Sempronio, Parméno, Elicie, Areuse) car ils font leur choix. Séduits bien rapidement par les discours de facilité que leur offre Célestine, ils acquiescent tous un à un.
« Célestine – Profite de ta jeunesse, de ses beaux jours et de ses belles nuits, mange et bois tout ton soûl. Ce que tu peux prendre, ne le laisse pas passer ; il s'en perdra toujours trop. Ne lésine pas sur le bien que ton maître a hérité : ce sera autant de pris en ce monde où nous ne restons que le temps d'une vie. » (Acte VII) (ce discours maintenant simplifié dans notre merveilleux XXIe siècle par un rapide YOLO, n'est-ce pas - oui j'ai de sympathiques raccourcis).

Triste est la condition de l'être humain qui succombe si vite aux plaisirs faciles et inmérités… Calixte n'est pas plus à plaindre (peut-être me tempérais-je dans la mesure où il est aveuglé et fou de passion) : en une entrevue et en une rebuffade, il jette l'éponge et cherche des subterfuges rapides pour gagner le coeur (et il cherche bien davantage que le coeur) de sa belle. Roméo était plus délicat avec Juliette. Certes, celle-ci était d'emblée consentante et l'enjeu n'était pas le même. Ici nous sommes face à une passion violente et tortueuse, qui avec l'aide de philtres, de sortilèges et de l'entremetteuse Célestine, mènera la pauvre Mélibée à sa perte.
J'ai été fortement surprise par la densité sexuelle de ce texte. Tout est à sous-entendu érotique et les personnages semblent n'être attirés que par cette voie-là (en y cumulant la fortune, bien sûr).
J'ai été bluffée également par le rythme donné par les dialogues constants : effet trépidant, cru (et cruel) garanti ! L'auteur ? Un étudiant du XVe siècle en vacances pour quinze jours.

Pour finir, un texte agréable à lire pour le plaisir des mots (superbe traduction d'Aline Schulman) et pour l'histoire tragique, tristement humaine (je me répète)…

Célestine – [l'amour] est un feu caché, une blessure agréable, un venin savoureux, une suave amertume, un mal délectable, une délicieuse torture, une plaie cruelle et douce, une mort exquise. (Acte X)
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Peu importe si l'auteur de cette tragi-comédie est vraiment Fernando de Rojas.
Sur fond des thèmes éternels de la littérature, (l'amour et la mort) l'oeuvre est émaillée de sentences tirées de la sagesse grecque et latine tout à fait pertinentes à ce jour.
"Qui fait le mal abhorre la clarté"
"Jeunesse oisive implique vieillesse travailleuse et repentante" etc...
C'est peut-être le livre de chevet parfait.
Histoire, chaque jour, de bien se souvenir que suivant que l'on soit vaniteux ou introverti, nous -les humains- n'avons absolument pas évolué d'un iota depuis le premier homme quant aux sentiments et aux comportements.
Sagesse de "la Celestine"
A lire absolument à tout âge.
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Ha sido una historia la cual me ha transmitido mucho sentimiento a lo largo de toda la trama en la cual podiamos observar el amor de Calisto y Melibea el cual se expresaba a lo largo de la historia, y aunque esto no sea de mis temas favoritos de lectura ya que me suelen gustar mas la acción tengo que decir que esta es la primera obra de este genero que me consiguió atrapar con su profunda e intensa trama, le seguiré dando a mas historias de este genero mas oportunidades para leerlos.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Le silence défend et couvre à l'ordinaire
Et langue embarrassée et absence d'esprit.
Bavardage, au contraire, porte atteinte publique
A qui parle beaucoup sans avoir réfléchi.
Comme fait la fourmi qui cesse son trajet,
Heureuse qu'elle était sur terre avec sa provision,
Elle vante ses ailes, cause de perdition.
Les ailes l'emportèrent, et ne sait où aller.
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(Acrostiche.)



extrait 3

Étudiant avec soin l’écrit que j’avais découvert
Et qui est profond et spirituel autant que bref,
Émerveillé, j’y découvris au moins deux mille sentences
Toutes doublées de grâce, d’esprit et de gaîté.
Non, Dédale, adroit par excellence, n’eût pu faire jamais
Aucun travail plus remarquable et mieux fini
Qu’eût été l’œuvre de Cota ou de Mena, si l’un d’eux,
Unique et inimitable écrivain, eût pu l’achever.


Il n’exista jamais dans la langue romaine
Tant d’esprit ni un style aussi riche et aussi beau ;
Dans tous mes souvenirs et dans ceux de personne
Aucune œuvre n’est digne de celle-là,
Ni grecque, ni toscane, ni même castillane.
Ses sentences vaudront à l’auteur une éternelle renommée ;
Louanges lui soient données par Jésus Christ,
Et qu’il l’accueille dans sa gloire au nom de sa passion.

Bons et crédules amants, prenez ce livre pour exemple ;
Opposez aux dangers les armes qu’il vous indique ;
Unissez vos efforts pour ne pas succomber ;
Rendez hommage à Dieu en visitant son temple ;
Gardez-vous de céder aux exemples pernicieux


De ceux que les séductions de l’amour ont entraînés,
Elles sont votre perte, et vous poussent vers la tombe.
Mon cœur se déchire quand il songe à tout cela !


Ô dames et matrones, jeunes gens et maris,
Ne perdez jamais de vue cette triste aventure !
Tenez sous vos yeux le souvenir de cette fin désastreuse ;
À d’autres pensées qu’à l’amour consacrez vos loisirs ;
Livrez à ceux qu’il aveugle le secret de sa tyrannie ;
Vivez avec prudence, avec sagesse et chasteté
Afin d’être toujours heureux. Et que le dieu Cupidon
Ne vous prenne jamais pour but de ses flèches dorées.


/ Traduit de l'espagnol par Germond de Lavigne
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(Acrostiche.)



extrait 2

Ainsi l’on doit, avec un malade difficile,
Cacher le remède sous un aliment agréable,
Opposer l’adresse et la ruse à l’aversion,
Ménager, flatter le goût et guérir en trompant.
Excitant de même manière la curiosité du lecteur,
De ma plume s’échappe des récits joyeux et lascifs.
Ils entourent et déguisent le but de mon travail ;
En amusant l’esprit, ils guérissent le cœur.


De craintes entouré, poussé par un ardent désir,
Et voulant terminer une œuvre savamment commencée,
Criminellement j’ai tenté d’appliquer une fausse dorure
À ce travail d’or fin, et d’enfouir sous des chardons
Les roses qui le décorent.
Il me faut maintenant demander grâce aux sages
Si j’ai mal réussi, et réclamer des simples respect,
Tolérance surtout, pour une oeuvre qu’ils ne peuvent juger.


Étant à Salamanque, j’ai trouvé cet écrit
Et fus tenté d’y mettre fin ;
Trois raisons m’y poussèrent, j’étais en vacances,
Ma vanité m’engageait à imiter un homme d’esprit,
Enfin depuis longtemps j’étais peiné de voir
Les hommes de tous les âges victimes des peines de l’amour.
Il me sembla qu’ils trouveraient dans cette œuvre achevée
Bons conseils contre les entremetteuses et les valets.



/ Traduit de l'espagnol par Germond de Lavigne
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(Acrostiche.)



extrait 1

Le silence cache et protège
Et absence d’esprit et inhabileté du langage ;


Bavardage, défaut contraire, porte grand préjudice
À qui parle beaucoup sans beaucoup réfléchir.
Comme fait la fourmi qui dédaigne la terre,
Honteuse de son existence prévoyante et paisible,
Et fière de ses ailes nouvelles qui causeront sa mort,
Légère, elle s’élance sans savoir où aller.


Ivre de liberté, elle parcourt les airs,
Et bientôt devient la proie des oiseaux,
Repentante, mais trop tard. Ainsi ses ailes
Furent le fatal instrument de sa perte.
Et de même à ma plume adviendra pareil sort.
Rebelles aux bons conseils, fières de battre l’air,
Nées de ce matin seulement, mes ailes trop délicates
À ma ruine me vont conduire.


Notre fourmi ne songeait qu’au plaisir :
D’acquérir honneur et gloire je me suis fait une fête,
D’une même illusion il nous advient même malheur.
Elle a trouvé le trépas, et moi, je recevrai sans doute
Reproches, sermons et blâme. Si j’eusse gardé le silence,
On me les eût épargnés. Je persiste, je pressens déjà
Jalousie, attaques sans nombre, et je me ferme la retraite
À chaque pas que je fais en avant.

Si vous voulez savoir les motifs qui m’animent,
À quelles passions je déclare la guerre,
Connaître enfin mon but, et le dieu qui m’inspire,
Haut et puissant Phébus, ou Diane, ou Cupidon,
Étudiez longuement le sujet de ce livre ;
Veuillez, si l’aimez mieux, n’en lire que l’argument.
Amans, vous trouverez au milieu d’un joyeux récit
Les conseils les plus étendus pour vous garder des dangers.



/ Traduit de l'espagnol par Germond de Lavigne
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Je le vois qui se perd ; il n'est rien de pire que de poursuivre un désir sans espoir d'en venir à bout.
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Video de Fernando de Rojas (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fernando de Rojas
Extrait de La Célestine de Fernando de Rojas Mise en scène de Christian Schiaretti (TNP)
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