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EAN : 9782070447770
336 pages
Gallimard (31/05/2012)
3.46/5   56 notes
Résumé :
Rey - Quien eres ? Don Juan - Quien ha de ser ? Un Hombre Y una mujer.
Le Roi - Qui est là ? Don Juan - Hé qui ? Un homme et une femme. Cette première version du mythe de Don Juan, chef-d'?uvre de Tirso de Molina, est une pièce aussi complexe que grandiose. Ce n'est pas le drame du séducteur hanté par la chair et puni parce qu'il a séduit. C'est, sous la plume d'un Espagnol du dix-septième siècle, l'histoire à valeur exemplaire d'un homme contre lequel Dieu e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Tout le monde connaît le mythe de Don Juan, popularisé en français par la version de Molière (orthographié alors Dom Juan), mais moins nombreux sont ceux qui connaissent son créateur et sa version originale. Peut-être est-il intéressant de revenir à la source, à l'oeuvre fondatrice par laquelle le mythe fut créé, l'un des rares mythes, d'ailleurs, pour lesquels nous ayons une date d'apparition et un auteur clairement désignés.

Même s'il subsiste une (très) légère incertitude sur l'identité de l'auteur de ce Trompeur de Séville et l'Invité de Pierre (parfois traduit aussi en français sous le titre L'Abuseur de Séville et le Convive de Pierre), presque tout le monde s'accorde à dire qu'il s'agit bien d'une pièce de Tirso de Molina, datant du début du XVIIème siècle, vraisemblablement 1630. (Notez qu'il s'agit ici de la pierre au sens de la roche et non d'un quelconque prénom.)

J'avoue ne pas bien comprendre pourquoi cette pièce originale, originelle même, ainsi que son auteur, demeurent si peu connus dès lors que l'on franchit les frontières de l'Espagne, car je trouve cette pièce vraiment très bien faite : bonne construction, bon rythme, personnages aux tempéraments marqués, propos osé et novateur pour son temps.

De plus, et c'est un point non négligeable, notamment par rapport à la version remaniée de Molière, on sait ici parfaitement qui est le commandeur et d'où vient sa statue. Concernant Molière, plus jeune, j'avais toujours du mal à comprendre comment ce commandeur intervenait, qui il était et pourquoi il était là. Je trouvais ce passage mal ficelé et un peu abscons.

Ici, enfin, c'est clair. le commandeur est le père d'une des femmes abusées par Don Juan, que celui-ci, pris la main dans le sac, a été obligé de tuer pour sauver sa peau. (Au passage, vous remarquerez que comme le veut la tradition espagnole, on écrit Don Juan et non Dom Juan comme l'a fait Molière par la suite, bien que l'origine latine du mot supposerait effectivement un M.)

Le roi d'Espagne, très affecté par la mort de son commandeur, a fait édifier sur son tombeau une statue le représentant. Et Don Juan n'hésite pas à profaner ce tombeau et à se moquer de cette statue de pierre et de ce qu'elle représente. On comprend donc mieux l'intervention et la présence de ce personnage surnaturel. Reste à savoir ce qu'il représente.

L'histoire débute dans le sud de l'Italie, à Naples, où Don Juan Tenero se rend auprès de son oncle, ambassadeur du roi d'Espagne auprès du roi de Naples. le père de Don Juan, Don Pedro Tenero, est lui-aussi un personnage important du royaume d'Espagne, puisqu'il est une sorte de ministre de la justice et plus ou moins le numéro 2 de l'exécutif. C'est un homme loyal et très estimé du roi. Il n'a qu'un défaut, c'est qu'il ne sait rien refuser à son turbulent fils Don Juan.

Lequel Don Juan qui, en plus du statut social, est doté d'une gueule d'ange à faire succomber toutes ces dames. Son courage et son sens de l'honneur n'ont rien à envier au restant de l'aristocratie, en revanche, son sens de la morale (notamment religieuse) vis-à-vis des femmes n'est pas des plus reluisants — on peut même avancer sans fard qu'il est plus bas que tout.

Disons, pour être précise, qu'il saute sur tout ce qui bouge et qu'il n'hésite pas, pour accéder à ses fins, à mettre quiconque dans l'embarras d'une situation scabreuse, voire, de mettre la vie d'autrui en danger.

À peine arrivé en Italie, notre brave Don Juan Tenero commence par déflorer une belle dame de l'aristocratie, la duchesse Isabela, et provoque de ce fait un vrai petit scandale diplomatique, si bien qu'il est obligé de regagner sa terre d'Espagne manu militari pour échapper aux poursuites.

Qu'il fasse naufrage et qu'il doive la vie et l'hospitalité à une villageoise de la côte ne l'empêche pas de lui promettre sa main afin de la posséder et de s'éclipser l'heure suivant comme le dernier des voleurs. (De même la scène du bord de mer s'explique difficilement chez Molière, ici, elle a une véritable explication et raison d'être, ce n'est pas juste un prétexte.)

Bref, toutes y passent : nobles, paysannes, riches, pauvres ! En outre, en garçon bien élevé, il n'hésite pas non plus à forcer des dames non consentantes où à embrocher des gentilshommes qui seraient venus leur porter secours. C'est ce qui arriva à la ravissante et distinguée Doña Ana, fille du commandeur Don Gonzalo de Ulloa. Vous en savez probablement bien assez quant aux noeuds de l'intrigue.

Si l'on examine maintenant la personnalité de Don Juan, elle est, reconnaissons-le, fort intéressante. Voilà quelqu'un d'authentiquement abject — quoique, sur différents aspects, ce point soit discutable — mais qui a le courage de ses convictions. C'est un raisonneur, un calculateur, un cartésien, un scientifique, presque, qui ne se laisse aller à aucune superstition, même quand son pleutre de valet, Catalinón, lui prédit les pires châtiments célestes.

Mieux que cela, il ne se laisse pas démonter lorsque la statue du commandeur vient à son rendez-vous qu'il lui avait donné par boutade. Bref, Don Juan est un homme moderne, truqueur et non croyant, qui ne s'embarrasse pas trop de préjugés moraux et des moyens pour arriver à ses fins, comme doivent l'être tous les hauts personnages de la politique, de la finance, du business actuels s'ils veulent réussir.

C'est cela que Tirso de Molina dénonce, la montée en puissance de ces amoraux aux plus hautes fonctions de la société, aux plus belles places de l'aristocratie.

Selon lui, l'ultime rempart à ses hommes ne sera jamais la justice des hommes, mais bien ce qui leur reste de conscience, qui se matérialise sous les traits d'un commandeur de pierre et qui dit à ce qui reste de fragments de pureté dans le coeur de Don Juan quelque chose du genre : " Es-tu fier de tout ce que tu as fait ? "

Une pièce que je trouve vraiment magistrale et qui, bien que globalement dévoyé par rapport au projet littéraire de son auteur, justifie pleinement l'avènement d'un mythe de Don Juan qui se répercute de siècle en siècle et que chacun réaménage à sa sauce, entre autres, Molière, Mozart, Byron, Pouchkine, Balzac, Montherlant, etc. (pour ne citer que ceux-là).

Lisez donc sans crainte cette toute première — et selon moi très réussie — première mouture de Don Juan, sans toutefois vous laisser tromper ni abuser par cet avis même pas sévillan, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Don Juan est une pièce de Molière que j'adore et j'étais curieuse de découvrir cette version espagnole écrite bien avant celle de l'auteur français. J'ai en plus la chance d'avoir une version bilingue (chez Folio) qui nous offre la possibilité de lire la pièce dans la langue originale avec sur la page d'en face la traduction. Cette dernière est d'ailleurs a souligné car je l'ai trouvé très fidèle même si mon espagnol est quasi nul maintenant que j'ai quitté le lycée depuis pas mal d'années.....

L'édition folio offre aussi une multitude d'explication concernant le texte car c'est une pièce très complexe et l'auteur fait souvent référence a des points historiques que l'on ne connait pas toujours. Les notes sont donc très utiles et surtout j'ai apprécié de les avoir sous les yeux et de ne pas avoir besoin d'aller dans un dossier tout a la fin du livre.

Le personnage de Don Juan est très drôle, et beau parleur (pas seulement parleur d'ailleurs) puisqu'il fait succomber toutes les femmes et aucune ne résiste a son charme très longtemps. Bref il arrive toujours a ses fins quitte a provoquer un scandale.

C'est une pièce très agréable a lire, pleine de rebondissements, drôle et qui se lit très bien que je vous recommande.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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L'Abuseur de Séville donne à lire les origines de Don Juan. Si on devait tenter les rapprochements avec la littérature française, ce séducteur a plus à voir avec Renart qu'avec le Don Juan de Molière : c'est un homme qui trompe, qui manipule même ses amis qu'il n'hésite pas à humilier voire à condamner. Ce n'est pas le libertin que présente Molière : le personnage de Molina se joue un peu des esprits, ne semble pas craindre Dieu (mais il veut néanmoins se confesser...) mais c'est surtout sur le plan charnel qu'il est présenté.
La pièce de Tirso de Molina est aussi bien plus sombre que celle de Molière : la situation de Don Juan ne sent le roussi qu'à la fin et son valet Catherinon s'inquiète de plus en plus des abus de son maître ; il n'y a donc pas cette légèreté que l'on trouve chez Molière et qui tourne en ridicule le séducteur (je pense à la fameuse scène avec Charlotte et Mathurine).

Enfin, l'intrigue est la même : un homme abuse des femmes (vierges, hein, sinon c'est moins drôle). Ces dernières se donnent à lui en pensant qu'il les épousera : il le promet à chaque fois ( Aminte, Thisbé), ou bien en pensant qu'il s'agit de leur amant ou futur mari qui les visite un peu avant la noce (Dona Anna, Dona Isabelle). Toutes ont à coeur leur honneur flétri et demandent réparation. Mais contrairement à Molière, la pièce est beaucoup plus misogyne et mouline les stéréotypes de l'époque tout en reflétant une situation sociale espagnole avérée (dixit la préface). En effet, les amantes ne vérifient pas la tête de l'homme qui se glisse dans leurs draps (mais il en a été de même pendant très longtemps en France, où le mari ne voyait qu'à peine le corps de sa femme) et les hommes se contentent de dire que les femmes sont inconstantes. Par ailleurs, les femmes ont à peine le droit de parole et aucune Elvire pour donner une vision féminine très moderne.

Enfin, sur la dramaturgie : les unités française de temps et lieu ne sont évidemment pas respectées dans cette pièce espagnole. le baroque affleure d'autant à la fin de la pièce, lorsque le Commandeur propose un repas à Don Juan que n'auraient pas renié les sorcières de Macbeth.
Mais pour un lecteur habitué aux pièces classiques, certains éléments font sourire. Ainsi, Don Juan abandonne le Commandeur mourant. A peine a-t-il expiré que "des valets entrent en scène et emportent son cadavre". Bon, manifestement, les spectateurs n'ont pas de temps à perdre avec des pleurs, des cris de surprise ou de vengeance à la découverte du corps. C'est assez surprenant....

Pièce intéressante pour saisir l'évolution du mythe et comprendre les apports de chaque réécriture.

je vais un peu plus loin, pour ceux qui veulent bien me lire !
je ne connais pas la littérature espagnole du XVIIème siècle, mais j'ai un peu de mal à comprendre la position du préfacier, pour qui don Juan est "le châtiment des femmes" (titre que se donne effectivement le personnage). En somme, en ce siècle où un pouvoir matriarcal émerge et où les femmes se montrent plus légères, les femmes n'auraient que ce qu'elles méritent. le préfacier écrit notamment, pour le cas de Dona Anna : "Comment Don Juan n'éprouverait-il pas l'envie de précéder Mota ? Tout l'y pousse et son tempérament et sa forfanterie et son souci de punir les femmes promptes à offrir leurs corps." (p.16) Mais jamais Don Juan ne justifie ses actes de la sorte, ni pour lui-même, ni à son valet, ni à son père. Il se contente de voir, de désirer et d'obtenir ! (Veni, vidi, vici !).
Le préfacier note cependant que la justice que veut exercer Don Juan "s'exerce à la façon de représailles et elle aboutit à remplacer l'équité par la méchanceté. Moraliste au départ, don Juan finit immoraliste." (p.12) Encore une fois, à aucun moment, don Juan n'essaie de justifier ses actes, j'ai donc beaucoup de mal à comprendre qu'il ait voulu faire oeuvre de justice.... J'arrête là ma critique ! ceux qui voudraient m'éclairer peuvent m'envoyer un mail !
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Voici l'oeuvre qui a inspiré Molière. Les chercheurs s'accordent à penser, même si un léger doute subsiste, que le moine et le dramaturge espagnol Tirso de Molina en est l'auteur.
Une pièce à lire en version originale si vous le pouvez afin d'en apprécier tout le sel.
Ici, Don Juan ne se contente pas de mentir et de tromper son monde, c'est un violeur dénué de morale et d'humanité qui, pourtant, se dit croyant...
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J'avais envie depuis assez longtemps de lire cette version de Don Juan (et je reste assez curieuse d'en lire encore d'autres) et c'est maintenant chose faite. Contrairement à la pièce de Molière qui reprend la même trame narrative, ce n'est pas une comédie classique dans les règles de l'art français et c'est bien mieux ainsi. Les personnages sont bien moins prudes et "bienséants" que chez Molière: les femmes n'ont que peu à faire de l'autorité du père et n'hésitent pas à se donner avant leur mariage à leurs beaux amants. Don Juan, l'Abuseur de Séville, se veut un vengeur face à cette montée de l'autorité féminine et se joue d'elles en se faisant passer pour leur amant par exemple, mais peu à peu, il dépasse les limites par ses promesses de mariage non tenues sur le nom de Dieu. C'est avant tout pour cette raison qu'il est puni à la fin, et non pas tellement à cause de son péché de luxure auquel se livrent d'autres personnages. La morale est donc présente aussi, mais différente et plus acceptable pour moi que celle qu'on trouve chez Molière.
Une belle découverte.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
CATALINÓN : Enfin, tu veux posséder Tisbea ?
DON JUAN : Puisque duper est ma vieille habitude, quelle question poses-tu, connaissant ma nature ?
CATALINÓN : Je sais bien que tu es le châtiment des femmes.
DON JUAN : Je me meurs pour Tisbea : c'est une jolie fille.
CATALINÓN : Tu récompenses de belle manière son hospitalité.
DON JUAN : Sot ! Énée en fit autant pour la reine de Carthage.
CATALINÓN : Vous autres qui trompez et abusez les femmes de la sorte, vous le paierez tous de la mort.

Acte I
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DON JUAN : Grâce à son honneur je l'ai vaincu. Car toujours les vilains ont l'honneur à la main et ne voient que lui.

IIIème journée.
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CATALINÓN : Je crains que mon maître soit mort pour me sauver la vie. Vois donc si je dis vrai.
TISBEA : Non, il respire encore.
CATALINÓN : Par où ? Par ici ?
TISBEA : Bien sûr... sinon par où ?
CATALINÓN : Il pourrait bien respirer par un autre orifice !

Ière journée.
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DON JUAN : Julia, celle de la rue de la Lanterne ?
MOTA : Elle se bat avec ses fards.
DON JUAN : Elle continue à se vendre pour de la truite ?
MOTA : Maintenant elle se donne, comme une morue.

Acte II (IIème journée).
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Catherinon : Enfin, prétends-tu vraiment jouir de la chair de Thisbé ?
Don Juan : Si l'abus est ma vieille habitude, que me demandes-tu, sachant mon caractère ?
Catherinon : Je sais bien que tu es le châtiment des femmes.
Don Juan : Pour Thisbé je me meurs : c'est une jolie fille.
Catherinon : Le beau paiement que tu réserves à son accueil !
Don Juan : Sot ! Enée en fit de même avec la reine de Carthage.
Catherinon : Vous qui feignez de cette sorte et qui dupez ainsi les femmes, la mort vous le fera payer.
Don Juan : Bien lointaine est votre échéance !
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Video de Tirso de Molina (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tirso de Molina
Evidemment, je ne m'amuse pas ici à vous faire un commentaire, une dissertation ou une analyse détaillée des livres mais vous donne mon avis de simple lectrice, à savoir si j'ai aimé ou pas et ce que j'ai ressenti durant ces lectures.
Livres cités : - le trompeur de Séville, Tirso de Molina. - le roi Lear, Shakespeare. - Fin de partie, Beckett. - Oncle Vania, Tchekhov.
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