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sur 4351 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Relire Flaubert...tiens, oui...Et commencer par L'Education sentimentale...Frédéric Moreau, jeune fils de famille promis à un bel avenir, hérite de l'argent familial pour n'honorer, en fin de compte, aucune de ses ambitions. il ne sera rien pour l'art et rien non plus pour le droit et quant à son rendez vous avec L Histoire, il semble bien qu'il ne l'honore pas..."Je veux faire l'histoire morale des hommes de ma génération, écrit Flaubert, sentimentale, serait plus vrai." Histoire d'un jeune homme, histoire d'une époque, le roman court sur trente ans. le désenchantement règne en maître. D'où vient donc le fait que ce grand texte traverse le temps alors qu'il n'y est question que de personnages plus ou moins pathétiques qui ne font pas grand chose de leur vie? C'est là le génie de Flaubert que nous faire tellement aimer ce roman de l'échec. A commencer par la langue utilisée, si précise, si soignée...
J'ai lu que Woody Allen considérait que L'Education sentimentale était son roman préféré...Il ne doit pas être le seul car, par la vision qu'il propose, il nous atteint au plus profond de notre sensibilité...
Voilà tout au moins mon opinion...
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Ma première incursion dans l'univers de Flaubert avec salammbô, s'étant très mal passée, ce n'est pas sans appréhension que j'ai commencé L'Education Sentimentale. Et, finalement, il m'a bien plu ! L'Education Sentimentale, c'est le passionnant roman de l'ennui et de l'inaction, le plus addictif des romans où il ne se passe rien ( non, ce n'est pas de l'ironie ! ). Il ne s'y passe rien… et pourtant ce roman m'a passionné ! Il faut dire que ce roman est un roman complet, une belle oeuvre d'art qui pose de grandes questions. A mes yeux, ce qui est le plus intéressant, c'est l'histoire de ces jeunes gens, tournant en rond dans leur ambition, enfermé dans leur vie, sans possibilité d'avenir.
Cependant, je trouve juste, juste un petit défaut à L'Education Sentimentale : la Révolution de 1848 ne me semble pas assez bien mise en scène, et il est dommage qu'elle ne soit pas assez lié avec l'histoire de Frédéric Moreau. C'est une digression, plutôt médiocre, dans une excellent roman.
Mais bon, tout le reste est vraiment brillantissime, alors… alors, ne soyons pas trop sévère envers cette belle oeuvre d'art !
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Flaubert se joue de son héros. Au moment où Frédéric peut mourir dans un duel, le combat est avorté. Au moment où il croit être ruiné, un héritage lui tombe dessus. Au moment où son amour prend forme, il cherche ailleurs.
Les idéaux amoureux, politique, artistique et social ne sont pas détruits par la ruine, la mort ou la misère mais par l'ennui et le désoeuvrement. Flaubert personnifie le mal du siècle.

L'histoire est écrite avec un style implacable: des envolées lyriques de plusieurs lignes s'effondrent en une phrase, des pans de vie entiers sont résumés avec des ellipses de quelques mots. Et puis il y a Paris, dépeint avec le regard du narrateur: un regard de sensations, de ressentis qui distingue Flaubert d'un Hugo romantique, d'un Zola naturaliste ou d'un Balzac réaliste. Il n'appartient à aucune école. Il est moderne avant tous les autres.

À plusieurs reprises, on pénètre les états d'âme du héros. Quand il voit la révolution, on ne se bat plus. “Les blessés qui tombaient, les morts étendus n'avaient pas l'air de vrais blessés, de vrais morts. Il lui semblait assister à un spectacle.” le héros est passif, désengagé, pathétique. Il croyait aspirer à un idéal mais ne gardera de son amour qu'une mèche de cheveux et de ses meilleurs souvenirs une virée chez les courtisanes. Son détachement leur rendrait presque attachant.

Chaque épisode de l'Éducation Sentimentale écrit sur le besoin d'exister sans toujours y voir de sens et Flaubert annonce le nouveau roman, le roman sans le romanesque et le rend universel.
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L'élégance des mots. Leur puissance.

Il y a ces livres qu'on lit à l'école, au fil des études...
Lectures rapides car il faut les terminer à temps, sans compter les devoirs dans les autres matières! Vite! Tourner les pages. Analyser. Avaler les informations. Les comprendre. Restituer l'histoire. Plusieurs livres en même temps parfois!

Ces livres, aujourd'hui, sont un bonheur à relire. Tout simplement parce que le temps est là. Sans précipitation, à mon rythme, j'y découvre une puissance et une splendeur que je n'aurais pu imaginer.

Le temps... et sûrement la maturité.
Car à 14 ans, âge auquel j'ai lu L'Education Sentimentale pour la première fois, que savons-nous des sentiments qui nous portent et nous emportent? de cette agitation intérieure lors de sentiments naissants? Que savons-nous de l'amour? Et surtout, que savons-nous de la souffrance qui peut en découler? du travail à faire pour le faire fructifier?

Les mots de Flaubert m'emmènent, des années plus tard, dans une lecture unique, exquise, délicate, émouvante de beauté.

Que j'aime la maturité!
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Si les intrigues "amoureuses" sont bien datées XIXe siècle, tout le reste du propos est d'une modernité remarquable. La description et l'analyse des faits, les relations entre les protagonistes, les démêlés sont décrits avec art, finesse et précision. La lecture en est un vrai plaisir et ce, prouesse ultime de l'auteur, d'autant plus que les personnages, héros compris, ne sont ni attachants ni sympathiques.
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J'aime profondèment le style de Flaubert , et il atteint un certain niveau de perfection dans ce roman , avec une histoire d'amour merveilleuse ainsi qu'une description très bien menée de la vie des "nantis" parisiens du XIXe siècle .
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Frédéric Moreau est-il un héros ou un antihéros ?
La question mérite d'être posée car voilà un personnage qui n'agit pas, passant à côté des événements de son temps, de son amour, idéalisé pourtant à la manière romantique et anachronique, pour une femme plus âgée que lui. Mais Frédéric n'est pas Julien Sorel ; l'époque n'est plus la même ; les destins ne se ressembleront pas. Ce n'est plus le temps de l'exaltation.
Flaubert déclarait qu'il voulait, avec ce roman, faire l'histoire morale de sa génération ainsi qu'un « livre d'amour, de passion ; mais de passion telle qu'elle peut exister maintenant, c'est-à-dire inactive. » (Lettre du 6 octobre 1864)
Et, de fait, Frédéric est inactif, allant jusqu'à éconduire, affectueusement certes, Madame Arnoux lorsque celle-ci s'offre enfin à lui, dans un épisode à la grâce portée à la perfection, et qui sera leur dernière rencontre.
Appuyé par l'épisode de la révolution de 1848, pleine d'espoirs politiques avortés dans le sang au bout de quelques mois, L'Education sentimentale m'a toujours semblé un roman de la désillusion, plus encore que Madame Bovary, qui demeurait dans la sphère strictement intime et provinciale. Ainsi de la parenthèse enchantée de Fontainebleau, qui n'empêchera cependant pas le retour sanglant à la réalité : les Journées insurrectionnelles de Juin. Comme si l'évasion n'était plus qu'un rêve sans lendemain. Les exaltations sont éphémères.
Mais ce réalisme, renforcé par une distanciation entre l'auteur et son sujet, en fait l'un des romans majeurs de notre littérature, d'une incroyable modernité.
A propos de ce réalisme, Zola ne s'y est pas trompé, qui écrivait : Toutes les fois que le besoin me prend de lire quelques pages de Flaubert - et c'est là un de mes besoins fréquents -, je vais droit à L'Éducation sentimentale. J'ouvre le livre n'importe où, je suis satisfait. » (Revue le Voltaire, 9 décembre 1879)
Après sa lecture du roman, Hippolyte Taine écrivit ceci à Flaubert :
« Il me semble que vous vous êtes dit : “ Jetons un filet sur le boulevard et ramassons les individus qui passent. Les types très francs et très absolus sont faux, ils n'existent que dans l'esprit. Tout homme réel n'est qu'un à peu près, un hybride, un mélange de velléités et d'inconséquences.” » (Novembre 1869)
Pas mieux…
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C'est avec une certaine appréhension que j'ai entamé la lecture de L' Éducation sentimentale de Gustave Flaubert, traumatisée par celle de Madame Bovary au lycée.
J'ai donc décidé de ne pas rester sur une mauvaise impression, et j'ai eu raison.

Il s'agit de l'initiation du jeune Frédéric Moreau, 18 ans, qui quitte Nogent pour Paris, plein des rêves d'une belle carrière et d'un grand amour. Il rencontrera l'amour idéalisé en la personne de Mme Arnoux, l'amour physique avec Rosannette, l'amour simple et sans prétention avec la petite paysanne, fille de M Roque, et celui qui semblerait servir ses ambitions avec Mme Dambreuse. Tout cela se passe dans le contexte agité de la Révolution de 1848 puis du Second Empire.
Finalement, Frédéric Moreau découvrira la vie et la vivra totalement, mais à force de dispersion, sa destinée lui échappera, tant en matière de travail, de politique que d'amour.

J'ai évidemment beaucoup apprécié l'écriture de Flaubert. On se laisse emporter à travers cette fresque historique, et même si Frédéric Moreau ne suscite pas toujours la sympathie, on arrive aisément à entrer dans son esprit et à le comprendre.
J'ai aussi beaucoup aimé la richesse et la diversité des personnages, reflets également réussis de cette époque: Frédéric, le rêveur, Deslauriers, l'ambitieux, Hussonnet, l'artiste, Sénécal, le révolutionnaire...
Enfin, j'ai été assez sensible au fait que ce roman donne finalement une bonne leçon d'amitié, avec l'exemple de celle que vit Frédéric avec Deslauriers.

En résumé, L'Éducation sentimentale est un roman romantique comme on les aime, qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler Victor Hugo (que j'adore!!) et ses Misérables: précision historique, rêves et désillusions, personnages complexes et complets.

Il n'y a vraiment rien que j'ai moins aimé. Les seuls éléments à déplorer seraient quelques fautes de frappes ou erreurs d'impression dans cette édition, mais qui n'ont rien enlevé au plaisir de lire Flaubert.
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Le « mal du siècle » a encore fait une victime. Alors que le romantisme est mourant et la révolution industrielle est en marche, Flaubert broie du noir et décanille tout. La bourgeoisie est cupide et égoïste, le peuple brutal et ignare, les artistes et écrivains vaniteux, l'aristocratie ridicule. Son héros a raté sa vie sociale, amoureuse et professionnelle. Soit, mais donner un sens à sa vie est-il encore possible dans ce monde en déliquescence ? Flaubert ne le croit pas et reste au fond du trou. le 18eme avait la Raison, Baudelaire le Beau, Nietzsche inventera le surhomme et Sartre l'engagement. Flaubert et son héros restent seuls et désemparés. Un des romans les plus noirs du 19eme.
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L'éducation sentimentale, l'histoire de Frédéric Moreau, jeune provincial qui suite à sa rencontre déterminante avec le couple Arnoux va s'installer à Paris. Il y fera l'expérience de la mondanité, de l'amour et de la politique dans un microcosme bourgeois.
Ce livre est le point de rencontre superbe entre la plume de Flaubert et les tourments de l'histoire du milieu du dix-neuvième siècle.
L'écriture est évidemment légère, belle, parfois lyrique mais sans excès. La construction est menée à toute allure avec une utilisation fréquente des ellipses.
Mais c'est une joie de voir Frédéric grandir, lui qui au début est un doux rêveur, et qui va devenir de plus en plus pragmatique, égoïste et calculateur.
En toile de fond le contexte insurrectionnel de cette époque tourmentée. Un gouvernement libéral malmené par un peuple révolté. La naissance et la structuration du socialisme. Les derniers souffles de la royauté.
Tout cela trouve un écho dans notre époque.
La fin du roman, à l'heure des bilan et du regard en arrière, est particulièrement émouvante car teintée d'une mélancolie lucide.
Et c'est cela la grande force de Flaubert, de ne jamais se laisser aller à des excès d'idéalisme ou de romantisme, mais de toujours donner à voir les choses telles qu'elles sont. Même si ça les rends difficiles à regarder en face.
Un grand classique donc, à côté duquel il serait dommage de passer, pour toutes ces raisons.
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