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EAN : 9782070373345
128 pages
Gallimard (08/12/1981)
3.66/5   58 notes
Résumé :
"Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres." Ce Thésée, vieux et sage, calme enfin devant son destin, n'est-ce pas un peu André Gide, arrivé à l'heure du bilan ? Thésée a été audacieux, aventureux pour le bien des hommes. Il a échappé aux pièges du Labyrinthe. Il a fondé Athènes, capitale de l'esprit. Et surtout, il est toujours demeuré clairvoyant.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Thésée !
Il y a des noms comme celui-là qui vous replongent dans le passé... Non seulement dans l'antiquité grecque et crétoise, mais aussi et surtout dans votre propre passé de collégien...
Le mien, classe de 6 ème, préfabriqués ajoutés à la hâte dans la cour du collège hâtivement installé lui aussi dans les locaux d'une ancienne Poste... Nous sommes au début du CEG ; qui deviendra bientôt CES ; et le terrain de mes exploits scolaires...

Thésée, Ariane, le fameux fil ; Cnossos, Athènes ; Minos, Dédale, le Minotaure ; Icare on croise également Oedipe qui s'invite dans les dernières pages...
Rien qu'à l'énumération de ces noms prestigieux, mythiques, de lieux et de personnages, la magie ressurgit : celle de mes onze ans qui découvre l'Antiquité grecque. Plus, aujourd'hui, sous la sublime plume d'André Gide.

On comprendra aisément mon désir d'en rester au premier niveau de lecture de ce petit opus, publié par André Gide alors âgé de 73 ans. N'étant spécialiste, ni de l'auteur, ni de l'Antiquité grecque, je resterai sur la musique de la langue de Gide et des noms et des lieux, porteurs de mythes et de souvenirs d'enfance...

N'est-ce pas ça aussi, l'intérêt de la lecture ?
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Un court texte qui me permet d'aborder Gide à travers le récit miroir d'une autobiographie de Thésée dans lequel l'auteur se projette pour livrer son propre testament.
Je connais très peu Gide, aussi m'est-il difficile de comprendre quelles facettes faut retenir de lui en redécouvrant Thésée sous sa plume : est-ce le prince qui s'élève par son courage au-dessus de ses semblables, l'homme libre qui s'affranchit des préjugés, le citoyen qui a foi en l'humain?
A défaut de savoir trancher, revisiter Thésée et la symbolique du rocher, du labyrinthe et de la construction d'Athènes est une expérience rafraichissante.
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Voilà un texte bien étrange que celui-ci. Ecrit vers la fin de la vie d'André Gide, on peine à y trouver un but véritable. Franchement, on aurait bien aimé qu'il nous le dise. Est-ce seulement le brillant exercice d'un lettré qui, l'imagination lui manquant, revisite l'histoire de Thésée soit pour nous rafraichir la mémoire, soit pour nous dire ce qu'il en a compris, soit les deux ?

On attend un message, une forte réflexion d'un vieux sage au soir de son existence et, avouons-le, on est déçu. Reste le style d'un écrivain qui maîtrise la langue française, la joue parfois relâchée, sympathique, pour resserrer soudain les cordages et nous montrer qu'il a aussi la syntaxe complexe et le vocabulaire étendu. Un soupçon de maniérisme aussi par instant, mais pas trop, juste pour indiquer qu'il en a sous la pédale.

Au final, ce qui saille de ce texte et surprend au milieu de cette mythologie de bon aloi, sont quelques grumeaux de misogynie qui fleurent bon les années quarante et cinquante (le livre a été écrit en 1946).

Je vous en livre deux, presque amusants tellement le cliché détonne dans la prose de notre lettré :

« Je tins bon en dépit de ses larmes, suprême argument des femmes, sachant bien que lorsqu'on commence à leur céder du petit doigt, tout le bras puis le reste y passe »

« Mais tout ce que je disais n'aidait qu'à l'irriter davantage. Ainsi sont les femmes dès qu'on cherche à leur faire entendre raison »

Misogynie ordinaire.


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C'est le Thésée d'après le scandale de Phèdre et Hippolyte qui parle au lecteur et fait un bilan de sa vie. C'est aussi Gide qui, déja vieux, inscrit sur le papier une parole testamentaire. L'écrivain de la liberté et du choix de la non-convention inscrit son double dans cette expression "Passer outre".


Vient la description par le menu des aventures du héros : de son retour à Athènes en passant par la Crête puis par son règne en Attique. L'épisode crétois demeure celui qui est le plus long et qui présente les héros mythologiques sous un jour moins convenu qu'on aurait pu attendre. Minos est plus sage mais aussi plus aveuglé par son désir de clairvoyance que dans la fable. Les personnages féminins sont troubles et Pasiphae comme Ariane ne sont montrées que comme des êtres de désir que rien n'arrête.

Des rencontres étranges émaillent le texte comme celle avec Icare, pantin et mort qui tient un dialogue mystique fermé à toute réalité humaine. Son père Dédale figure le Génie mais aussi l'être attiré par les expériences limites, telles les drogues.

A toutes ces incarnations de tentation que Gide a pu connaitre, l'auteur laisse la dernière parole à son héros qui rétorque à un Oedipe, qui ne veut plus voir l'Homme, par un discours empreint d'humanisme et de foi en l'avenir.

Un texte dense et surprenant qui se lit d'une traite!
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Ce petit livre qui raconte l'histoire de Thésée revue et corrigée par Gide m'a simplement permis de me remettre en mémoire ce mythe grec. Bercé par l'histoire ancienne dès son enfance (son père était professeur de droit romain) Gide se livre à une relecture de la mythologie. Dans ce livre il prend la place de Thésée et parle à la première personne pour nous conter les aventures de Minos, du roi Egée, d'Arianne, du Minotaure de Dédale etc. On y relève donc ici ou là quelques éléments qui émanent de la personnalité même de l'auteur sans en apprendre beaucoup. S'il y a un message, il n'est pas vraiment perceptible si ce n'est cette dernière phrase qui clôt l'ouvrage “J'ai goûté des biens de la terre. Il m'est doux de penser qu'après moi, grâce à moi, les hommes se reconnaîtront plus heureux, meilleurs et plus libres. Pour le bien de l'humanité future, j'ai fait mon oeuvre. J'ai vécu.” Une sorte de testament car Gide meurt 4 ans après la parution de ce livre.

— “Thésée”, André Gide, Folio (2005), 113 pages.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C’était quelqu'un de très bien, Égée, mon père ; de tout à fait comme il fallait. En vérité, je soupçonne que je ne suis que son fils putatif. On me l'a dit, et que le grand Poséidon m'engendra. Dans ce cas c'est de ce dieu que je tiens mon humeur volage. En fait de femmes, je n'ai jamais su me fixer. Égée parfois m'empêchait un peu. Mais je lui sais gré de sa tutelle et d'avoir, dans l'Attique, remis le culte d'Aphrodite en honneur. J'ai regret d'avoir causé sa mort par un fatal oubli : celui de remplacer par des voiles blanches les voiles noires du bateau qui me ramenait de Crète, ainsi qu'il était convenu si je revenais victorieux de mon entreprise hasardeuse. On ne saurait penser à tout. Mais à vrai dire et si je m'interroge, ce que je ne fais jamais volontiers, je ne puis jurer que ce fût vraiment un oubli.
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Aussi bien, ce que je ne puis pardonner à Phèdre, ce n'est point cette passion, après tout assez naturelle encore qu'incestueuse à demi, mais c'est d'avoir, comprenant qu'elle ne la pourrait assouvir, accusé calomnieusement mon Hippolyte, lui imputant cette impure flamme qui la consumait. Père aveugle, mari trop confiant, je la crus. Pour une fois que je m'en remettais à la protestation d'une femme ! C'est sur mon fils innocent que j'appelai la vengeance du dieu. Et ma prière fut écoutée. Les hommes, lorsqu'ils s'adressent aux dieux, ne savent pas que c'est pour leur malheur, le plus souvent, que les dieux les exaucent.
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Le temps, il faut me l'avouer, me parut long. Je n'ai jamais aimé la demeure, fût ce au sein des délices, et ne songe qu'à passer outre dès que ternit la nouveauté
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" J’ai l’amour exclusif du divin. Le gênant, voyez-vous, c’est de ne point savoir où commence et où finit le dieu. J’ai beaucoup fréquenté Léda, ma cousine, Pour elle, dieu s’était caché dans un cygne. Or Minos avait compris mon désir de lui donner comme héritier un dioscure. Mais comment distinguer ce qui peut rester d’animal dans la semence même des dieux ? Si, par la suite, j’ai pu déplorer mon erreur - et je sens bien que de vous en parler ainsi enlève toute grandeur à l’affaire -, mais je vous assure, ô Thésée, qu’au moment même, c’était divin. Car sachez que mon taureau n’était pas une bête ordinaire. Poséidon l’avait fourni. On devait le lui offrir en holocauste ; mais il était si beau, que Minos ne put se résoudre à le sacrifier. C’est ce qui m’a permis, par la suite, de faire passer mon désir pour une vengeance du dieu. Et vous n‘ignorez pas que ma belle-mère, Europe, c’est un taureau qui l’avait enlevée. Zeus se cachait en lui. De leur hymen naquit Minos lui-même. C’est ce qui fait que les taureaux ont toujours été tenus en grand honneur dans sa famille. Et quand, après la naissance du Minotaure, je voyais les sourcils du roi se froncer, je n’avais qu’à lui dire : Et ta mère ? »
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En face de moi, sur un parterre fleuri de renoncules, d'adonides, de tulipes, de jonquilles et d'œillets, en une pose nonchalante, je vis le Minotaure couché. Par chance, il dormait, j'aurais dû me hâter et profiter de son sommeil, mais ceci m'arrêtait et retenait mon bras : le monstre était beau. Comme il advient pour les centaures, une harmonie certaine conjuguait en lui l'homme et la bête. De plus, il était jeune, et sa jeunesse ajoutait je ne sais quelle charmante grâce à sa beauté ; armes, contre moi, plus fortes que la force et devant lesquelles je devais faire appel à tout ce dont je pouvais disposer d'énergie. Car on ne lutte jamais mieux qu'avec le renfort de la haine ; et je ne pouvais le haïr.
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RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Henry Becque : https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2017/02/Becque_Atelier_Nadar_btv1b53123929d.jpg Jean de Villemessant : https://www.abebooks.fr/photographies/Disdéri-Hippolyte-Villemessant-journaliste-patron-Figaro/30636144148/bd#&gid=1&pid=1 Gabriel Hanotaux : https://books.openedition.org/cths/1178 Claude Roy : https://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/french-journalist-and-writer-claude-roy-in-1949-news-photo/121508521?language=fr Laurent Angliviel de la Beaumelle : https://snl.no/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle Léon Brunschvicg : https://www.imec-archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P117BRN Alexandre Dumas : https://de.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas_der_Ältere#/media/Datei:Nadar_-_Alexander_Dumas_père_(1802-1870)_-_Google_Art_Project_2.jpg Villiers de L'Isle-Adam : https://lesmemorables.fr/wp-content/uploads/2020/01/2-Villiers-jeune.jpg Noctuel : https://prixnathankatz.com/2018/12/08/2008-benjamin-subac-dit-noctuel/ Suzanne Necker : https://www.artcurial.com/en/lot-etienne-aubry-versailles-1745-1781-portrait-de-suzanne-necker-nee-curchod-1737-1794-huile-sur#popin-active André Siegfried : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/09/31001-20160209ARTFIG00272-andre-siegfried-figure-tutelaire-de-la-geographie-electorale-contemporaine.php André Gide : https://www.ledevoir.com/lire/361780/gide-et-le-moi-ferment-du-monde Maurice Donnay : https://www.agefotostock.com/age/en/details-photo/portrait-of-charles-maurice-donnay-1859-1945-french-playwright-drawing-by-louis-remy-sabattier-from-l-illustration-no-3382-december-21-1907/DAE-BA056553 Oscar Comettant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Comettant#/media/Fichier:Oscar_Comettant-1900.jpg Pierre Dac : https://www.humanite.fr/politique/pierre-dac/presidentielle-1965-pierre-dac-une-candidature-moelle-732525 Saint-Simon : https://www.britannica.com/biography/Henri-de-Saint-Simon Francis Wiener de
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