AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782714307637
313 pages
José Corti (23/01/2002)
4.71/5   21 notes
Résumé :
Dix ans après la parution des "Carnets du grand chemin", ce recueil d’entretiens avec Julien Gracq constitue un événement pour tous ceux qui, au fil des ans, ont suivi cet écrivain, un des rares contemporains accueillis par la Pléiade.

Ces entretiens s’échelonnent sur plus de 30 ans puisque le premier avec J.-L. de Rambures date de 1970 et le dernier, avec Bernhild Boie de 2001.

La variété des interlocuteurs comme celle des questions ab... >Voir plus
Que lire après Entretiens Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voici un livre rassemblant (sur plusieurs dizaines d'années) pas moins de six longs entretiens avec notre célèbre "Guetteur" des rives de Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire), toujours habité de son incroyable exigence artistique.

Particulièrement fouillé et passionnant, l'entretien avec Jean-Paul Dekiss, centré sur l'univers évidemment "daté", positiviste et naïf des romans de Jules Verne : y communient tout le savoir encyclopédique de l'un (Dekiss) et la sourde tendresse - d'origine enfantine - que lui réserve l'autre (Gracq)... "Grand Papa Verne", qualifié affectueusement de : "mon Primitif à moi... " par notre — si modeste, ombrageux et chaleureux — Passeur, riverain de tout ce fabuleux XIXème siècle littéraire français...

Remarquable aussi, la méthode exposée pour la confection "gracquienne" d'un roman : j'avoue que la lecture de cet entretien vous met en situation de tirer parti par vous-même des humbles conseils prodigués par notre "Géographe sentimental" ("Dernier Romantique" pour d'autres...), et peut-être, vous aussi, vous lancer dans votre propre aventure esthétique : qui sait ?

Un livre dense, lumineux et presque pédagogique en ces temps d'impostures intellectuelles massives et de pur triomphe — au moins quantitatif — du "non littéraire le plus agressif", devenu tristement (sournoisement, insidieusement) hégémonique en France : car ce que nous annonçait la prophétie de Gracq en son écrit pamphlétaire de 1949 ("La littérature à l'estomac") n'est-il pas — exactement et irrémédiablement — advenu ?
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
Commenter  J’apprécie          422
Livre passionnant pour les amoureux de l'oeuvre de Julien Gracq, si singulière, et dont l'exigence stylistique la situe très haut, sur un chemin de crête bien peu parcouru. Gracq livre des convictions très fermes sur la littérature, la critique littéraire, l'austérité et la rigueur nécessaires qui s'attachent au travail du romancier, son goût pour les "lisières"... et Jules Verne qui a enchanté son enfance et dont il sera de ce fait, un perpétuel et touchant amoureux.

Ouvrage à lire à petites doses, crayon à la main.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
[A propos des "Entretiens", de Julien GRACQ – un court texte critique de Michèle GAZIER, paru dans l'hebdomadaire "Télérama" en 2002]

" Beau et intéressant recueil que ces six entretiens publiés dans des magazines ou des revues, à l'exception de celui de Jean Roudaut, "Autour du Roi Pêcheur", enregistré pour la Radio Suisse romande et jamais diffusé. Qu'il s'exprime sur le roman, l'écriture, son rapport au monde – Julien Gracq, on le sait, enseigna toute sa vie la géographie – , son goût des paysages, ses lectures, ses préférences littéraires, artistiques ou cinématographiques, l'auteur du "Rivage des Syrtes" demeure fidèle à ses engagements d'écrivain, à cette écriture qui chez lui est une éthique autant qu'une esthétique. "Ecrire", explique-t-il à Jean Roudaut, "c'est un plaisir, c'est une passion, que l'anxiété accompagne aussi naturellement. Je n'ai jamais pensé que l'écrivain était un martyr de l'écriture". Ces entretiens diversement menés selon les interlocuteurs – généraliste avec Jean-Louis Rambures et Jean Carrière, géographique avec Jean-Louis Tissier, géographique et littéraire avec Jean-Paul Dekiss, plus centré sur l'écriture avec Berhild Boie, son éditrice en Pléiade – donnent à voir un écrivain soucieux de l'univers qui l'entoure, sensible à son temps, exigeant avec lui-même. Menant sa route sans jamais dévier. Un esprit libre. "
Commenter  J’apprécie          110
(…) dans mon esprit, il n'y a pas, comme le veut une idée trop complaisante et trop répandue, rupture angoissante entre la banalité utilitaire de la vie courante et le « monde de l'art » (les poètes étant « censés souvent s'arracher - dans la douleur - de la première pour accéder au second). Je ne crois pas aux arrière-mondes poétiques, je ne crois pas au « fuir là-bas, fuir!.... » de Mallarmé, ni à cette idée de l'évasion par l'art qui sous-tend tout le romantisme français. Et qui s'exprime encore ouvertement à travers Baudelaire. Je me sens beaucoup plus d'accord avec la conception unitive qui me semble être celle de Novalis: le monde est un, tout est en lui; de la vie banale aux sommets de l'art, il n'y a pas rupture, mais épanouissement magique, qui tient à une inversion intime de l'attention, à une manière tout autre, tout autrement orientée, infiniment plus riche en harmoniques, d'écouter et de regarder. Ce qui fait que la littérature (j'ai envie de dire plutôt: la poésie) est à prendre en effet extrêmement au sérieux, et à prendre au sérieux sans tristesse aucune, à cause de son immense, et quotidienne capacité de métamorphose et d'enrichissement. Mais à une condition: ne pas confondre, si souhaitable que cela puisse paraître, les deux manières de regarder; savoir que l'expérience poétique, qui est une expérience vraie, et complète, n'est pas utilisable, n'est pas transposable directe- ment dans l'univers pratique. C'est par là que l'in- jonction de Breton autrefois « Qu'on se donne seulement la peine de pratiquer la poésie! », si admirable que soit l'aspiration qu'elle traduit, et le sentiment parfaitement justifié qu'elle exprime, à savoir que la poésie est prête à jaillir partout du monde qui est le nôtre, et à tout moment, m'a tou- jours paru en même temps un peu confusionnelle. Et source, pour une part, des déceptions ultérieures du surréalisme envisagé comme manière de vivre.

pp. 146-147
Commenter  J’apprécie          50
En réalité, mon impression est la suivante et je tenais à la préciser ici : jamais aucun prosateur ne m'a inspiré comme vous ce "climat" si particulier que seule jusqu'ici la musique avait su me communiquer. Aucun écrivain n'a jamais pu entrer en concurrence avec cet "art de faire tenir en quelques mesures un infini de nostalgie et de souffrance" que vous évoquiez tout à l'heure à propos de Wagner et de Debussy. Ainsi, le début du "Roi Cophetua " baigne-t-il pour moi dans ce brouillard mouillé qu'on trouve dans certains études pour le piano de Debussy. L'impression qu'éprouve l'aspirant Grange aux Falizes, lorsqu'il entend la récitation des écoliers – " Il sentit battre en lui une petite vague inerte et désespérée qui était comme le bord des larmes " – avec les bruits calmes de cette arrière-saison dans cet alpage charmant, cette impression me renvoie irrésistiblement à certaine pièce de Ravel [...].

[Propos de Jean Carrière, "Qui êtes-vous, Julien Gracq ?", La Manufacture, 1986 – texte repris dans l'ouvrage : Julien GRACQ, "Entretiens" – Entretien avec Jean Carrière [1986], éditions José Corti, 2001, page 149]
Commenter  J’apprécie          90
A cette question finale de l'entretien réalisé par Dominique Rabourdin à Saint-Florent-le-Vieil début 2007 pour "Le magazine littéraire" : " - Etes-vous stoïcien ? N'avez-vous pas peur de la mort, de votre propre mort ? ", Julien Gracq répondra : - " La perspective de ma disparition ne me scandalise pas : la mort semble partout inséparable de la vie, individuelle ou collective. La mort survient, un jour ou l'autre ; quoique très proche pour moi, sa pensée ne m'obsède pas : c'est la vie qui vaut qu'on s'en occupe. "
Commenter  J’apprécie          147
Je n'ai jamais connu cette faim de la peinture qui fait que Breton, ayant acquis un tableau qu'il aimait, le gardait la nuit à portée de la main, à côté de son lit. Ce qui a compté dans ma formation, à côté de la littérature, c'est la musique, et plus exactement l'opéra. J'ai été élève du lycée de Nantes entre 1921 et 1928. Il est très difficile aujourd'hui de se représenter la place que tenait alors l'opéra dans la vie « culturelle » d'une ville de province. Il y avait une troupe engagée à l'année, et qui jouait d'octobre à juin, chaque soir. Beaucoup plus que le cinéma, qui était alors dans une période de mue perpétuelle, ce qui représentait l'évasion, le « rêve », c'était l'opéra. Les ténors ravageaient les cœurs de la bourgeoisie locale, il y avait toute une chronique de scandales, d'enlèvements. Le lundi matin au lycée, les internes qui avaient eu la chance d'accéder au poulailler racontaient la représentation, détaillaient pour les absents les performances des ténors et des barytons. La littérature a mis du temps à se dégager pour moi de l'ennui scolaire: Andromaque, Le Cid, expliqués acte par acte - Molière, La Fontaine, qui pour moi ne s'en est jamais remis. Le tout autre, la vraie vie », libérée de toute souillure pédagogique, c'était l'opéra. Naturellement le répertoire était celui de la province : Massenet, Gounod, Bizet, Lalo, Meyerbeer, Puccini, Ambroise Thomas, dont le piano des jeunes filles à marier continuait à moudre les airs, le dimanche, par toutes les fenêtres des rues. Lorsque j'ai découvert Wagner et Parsifal, à dix-huit ans, j'ai eu la même impression qu'en passant de Jules Verne à Edgar Poe. Mais il y a là une fixation de jeunesse qui m'a marqué. L'opéra, avec son emprise totalitaire sur son public - le livret, le texte, les décors, l'action, la musique - est sans doute resté pour moi l'image même, en art, de l'indépassable, en même temps que de l'ébranlement affectif maximum.

pp. 63-64
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Julien Gracq (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Gracq
À travers les différents ouvrages que l'auteur a écrit pendant et après ses voyages à travers le monde, la poésie a pris une place importante. Mais pas que ! Sylvain Tesson est venu sur le plateau de la grande librairie avec les livres ont fait de lui l'écrivain qu'il est aujourd'hui, au-delàs de ses voyages. "Ce sont les livres que je consulte tout le temps. Je les lis, je les relis et je les annote" raconte-il à François Busnel. Parmi eux, "Entretiens" de Julien Gracq, un professeur de géographie, "Sur les falaises de marbres" d'Ernst Jünger ou encore, "La Ferme africaine" de Karen Blixen. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
+ Lire la suite
autres livres classés : critiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (97) Voir plus



Quiz Voir plus

900ème : Spécial Julien Gracq

Julien était bel homme, on le qualifiait parfois de beau ...?...

spécimen
ténébreux
gosse
Brummel

11 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Julien GracqCréer un quiz sur ce livre

{* *}