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Janique Jouin-de Laurens (Traducteur)
EAN : 9782404080246
400 pages
Gallmeister (04/01/2024)
3.65/5   134 notes
Résumé :
Dans la ville de Boston, la clinique de Mercy Street offre un nouveau départ aux femmes désireuses d’avorter. C’est là que Claudia travaille depuis des années. Chaque jour, elle affronte la peur et la détresse de nombreuses patientes aux destinées bouleversées. À cela s’ajoute la détermination des militants anti-avortement dont la présence quotidienne aux alentours de la clinique rend l’ambiance tendue, sinon dangereuse. Pour faire face à cette pression constante, C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,65

sur 134 notes
« Au fil des ans, Claudia avait souvent entendu les mêmes mots, venant d'adolescentes ou de femme mûres ; d'Infirmières et de professeurs, de flics et de soldates ; de travailleuses du sexe, de victimes de viol et de rescapées d'inceste. Elles avaient appris la leçon dès la naissance, l'avaient intégrée et assimilée : toujours, en toutes circonstances, la femme était fautive. »Claudia travaille dans un centre médical qui pratique l'avortement. Elle accompagne les patientes et se trouve régulièrement prise à partie par des pro-grossesses. Cela la soucie et pour se détendre, elle fume de temps en temps des joints chez (et avec) son dealer Timmy. Où s'approvisionne aussi régulièrement Anthony, garçon solitaire, facilement influençable.
3 personnages donc, un peu perdus, dont les routes vont étonnamment se croiser…
Avec ce roman, Jennifer Haigh dessine les contours d'une Amérique appauvrie, vivotant en mobil home, qui peine à boucler ses fins de mois. le texte pourrait être minant mais Claudia, toujours mesurée, jamais dans le jugement, donne de l'espoir et une belle tonalité au récit.
J'ai beaucoup aimé
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Après une enfance défavorisée en mobil home,Claudia travaille dans une clinique où l'on pratique l'IVG .,elle accueille et conseille les femmes à la dérive. Elle fréquente Timmy un dealer à qui elle achète de l'herbe. L'auteure dépeint l'atmosphère de cette clinique de Boston et les femmes qui y viennent ;dehors il y a des activistes pro vie qui essaient d'influencer les femmes qui viennent pour avorter Il y a aussi Anthony un jeune homme invalide , désoeuvré qui fréquente l'église assidûment et les réseaux sociaux et se fait influencer par un activiste, vétéran et survivaliste.
Ce roman n'est pas vraiment un roman d'action mais l'auteure s'attache à dépeindre la société actuelle et décrit les maux de L'Amérique en crise.
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A la lecture du résumé de Mercy street, on pense immédiatement au magnifique roman de Joyce Carol Oates ( Un livre de martyrs américains) et à celui de Jody Picoult ( Une étincelle de vie).
Certes le sujet est toujours terriblement d'actualité surtout depuis la décision de la Cour suprême du 24 juin 2022 au cours de laquelle quatorze Etats ont interdit l'interruption volontaire de grossesse sur leur territoire. J'étais donc curieuse de voir comment Jennifer Haigh allait aborder le sujet.

Le roman est très différent de ceux précédemment cités.
D'abord parce que l'autrice est davantage dans un mouvement "slice of life"( tranche de vie) et qu'elle s'attache essentiellement à la description de personnages et à leur mode de vie, leur façon de gérer le quotidien. On est ici davantage dans un observatoire de la société que dans une oeuvre pleine de rebondissements.
Pour cette raison, certains jugeront le roman trop contemplatif et seront déçus par l'absence de collision entre les personnages. En oubliant que c'est généralement la fiction qui organise des rencontres improbables et non le monde réel.

La vraie réussite de l'autrice tient dans la crédibilité et l'authenticité de ses personnages.
Au-delà du débat fondateur sur l'avortement,  il est ici question de pauvreté et de précarité. Les hommes et les femmes de ce roman ont constamment des épreuves à affronter parce qu'ils sont issus de classes populaires et n'ont pas les armes pour se maintenir debout. Certains comme Claudia choisissent d'aider ceux qui sont en difficulté, d'autres se réfugient dans la drogue, la religion ou le complotisme.

Deb, la mère de Claudia "élevait les enfants des autres, parce que c'était une des rares choses qui lui permettait de gagner de l'argent. le pays était rempli de gens rejetés, de vieux maladifs et de jeunes abîmés et on la rémunérait pour s'occuper d'eux. Que ce soit le boulot le plus mal payé qui soit en dit long sur le monde dans lequel on vit. "
De son enfance, Claudia a sans doute tiré la leçon que le gouvernement ne se préoccupait pas des plus défavorisés et que mettre un bébé au monde dans ces circonstances ne faisait qu'ajouter au malheur des femmes. Son investissement dans la clinique ne se limite d'ailleurs pas aux IVG, mais concerne toute l'aide apportée aux femmes en difficulté.

Ceux qui s'opposent à l'avortement sont objectivement des hommes pitoyables même si la romancière évite tout jugement critique.
Ils sont ici célibataires, solitaires et souffrent d'un complexe d'infériorité qui se nourrit de leur profonde misogynie. Traumatisé par une expérience ratée, Victor en veut à toutes les femmes et ne cherche à comprendre l'échec de sa relation. Il brandit l'argument masculiniste du droit à la descendance et promeut les valeurs patriarcales.
"Tuer un enfant à naître n'était pas qu'un simple meurtre ; c'était aussi un vol. Il y avait toujours une seconde victime invisible, un homme à qui on enlevait sa progéniture."
Militant pro-vie, Victor est aussi survivaliste et collectionneur d'armes à feu. Sa croisade repose sur le racisme et sur la conviction des suprematistes blancs que les femmes blanches doivent engendrer le plus de bébés possibles pour éviter que l'Amérique soit envahie par les Noirs et les Hispaniques.
Sous l'influence d' un prédicateur d'extrême-droite, il pose ainsi ses arguments :" Une femme noire née en 1950-  comme Victor - produisait en moyenne, quatre descendants viables. Une femme blanche née cette même année n'en produisait que deux. Depuis, la situation n'avait fait qu'empirer. La femme blanche sous-performante d'aujourd'hui ne produisait qu'un seul précieux enfant caucasien. "
Comme beaucoup des sympathisants pro-vie , il rêve de passer à l'action violente tout en se cachant derrière l'anonymat de son pseudonyme internet et il met en ligne des photos volées de femmes.

Anthony, un jeune homme handicapé après un accident, est sous son emprise par l'intermédiaire des réseaux sociaux. C'est lui qui prend les photos de femmes devant les cliniques mais il ne sait même pas à quoi servent les photos. Avant de s'associer à Victor, devenu son meilleur ( seul) ami sur Internet, il se refugiait dans la religion catholique, entendait sans convictions les sermons contre l'avortement et surtout, trouvait à l'église le peu de relations sociales dont il avait besoin.

Avec subtilité, Jennifer Haigh ne propose pas de polémique : elle présente simplement des portraits de femmes dans la détresse et des portraits d'hommes misogynes, racistes et complotistes.
Les relations de Claudia avec les patientes de la clinique sont des relations d'écoute, de bienveillance et d'entraide. Les terroristes antiavortement utilisent la menace et la peur.
L'autrice met en scène l'angoisse qui règne dans la clinique et les mesures de précaution qui se renforcent au fur et à mesure que la menace se précise. Mais elle choisit finalement de balayer cette violence et de surseoir à l'attentat.
Puisque ce qui compte vraiment, c'est ce qui pourrait se passer.
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Les éditions Gallmeister ont le talent incroyable de reperer et d' importer de grands livres phénomènes venus des États-Unis, comme Dans la forêt de Jean Hegland ou au Betty de Tiffany McDaniel. Mercy Street a l'étoffe de ces romans devenus cultes.

Récit choral, il nous qui parle des difficultés d'une clinique qui permet à des femmes d'avorter aux USA,Mercy Street, u

Fresque chorale qui voit défiler des patientes en détresse autant que des manifestants pro-vie. L'un d'eux rencontre en ligne un gourou antiavortement qui, peu à peu, développe une fixation pour Claudia.

En nous immergeant dans la peau et dans l'histoire de personnages aux parcours et aux idées parfois diamétralement opposés, Jennifer Haigh examine les motivations de chacun.

À l'heure où l'interdiction de l'avortement s'étend aux États-Unis, Mercy Street aide à comprendre les rouages par lesquels un État dit démocratique en arrive à remettre en question une liberté fondamentale. Jennifer Haigh dépeint avec beaucoup de réussite l'Amérique d'aujourd'hui divisée, capable du meilleur comme du pire…

Écrit quelques temps avant que l'arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême ne soit abrogé en 2022, "Mercy Street" explore le thème de la maternité et de la parentalité sous différentes formes et avec brio.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Roman collectif comme le témoignage d'une Amérique du Nord brisée, disloquée, Mercy Street informe et impose des réflexions sur l'avortement mais surtout sur son propre rapport à la vérité. Par la justesse de ses mots et l'effraction des quotidiens, Jennifer Haigh parvient à incarner des femmes et des hommes dont les gestes et les défaites sont rendus compte sans jugement mais avec finesse et un grand courage.

Constatons dès lors un premier fait : Jennifer Haigh écrit ce roman en 2015, quelques années avant la sinistre décision de la Cour Suprême. Peut-être est-ce là une funeste prédiction ou l'étonnante sagacité de l'autrice sur son pays. Ainsi, le thème de l'avortement propose ici un point de fuites aux tournures différentes, comme les rage et désespoir, une somme de sensations qui restituent une atmosphère pesante et froide. le réalisme des vies et la déchéance des personnages pourront alors en rebuter certain·e·s mais c'est à mon sens toute la force de ce roman.

Comme pour ses précédents livres, l'autrice fracture avec un style effacé les convenances, les tares qui n'épargnent personne, pas même sa personnage principale -quasi absente. Au fond, ces récits sont des confessions, des itinéraires qui offrent une étude pénétrante d'un pays soumis à une religion absolue, autoritaire. La détresse des femmes, la drogue, les armes sont des balises, des repères qui recèlent tant de sensations secrètes, refoulées. Un jeu de substitutions, de tensions sans relâche entre individus et collectif : Claudia, Timmy, Victor, Anthony, les États-Unis.

Mercy Street n'est rien d'autre qu'un roman sur la déchirure. C'est un texte très engagé, perspicace mais qui échappe à toute critique et leçons de morale : c'est, somme toute, l'exposition sincère de corps irréconciliables.
Lien : https://acajoupoli.wordpress..
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critiques presse (1)
LaCroix
23 janvier 2023
Jennifer Haigh explore le brûlant sujet de l’avortement autour du personnage de Claudia, qui conseille les patientes dans une clinique de Boston. En épousant tous les points de vue, elle parvient à peindre une fresque réaliste et nuancée des États-Unis.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Elle était une divorcée . Cette situation
lui allait comme un gant–préférable, avait-elle le sentiment, à n’importe quelle alternative. Le mariage ne l’attirait en aucune façon, mais elle était pourtant contente d’avoir essayé. Si à 43 ans elle n’avait jamais été mariée, elle aurait pu attacher une trop grande importance au mariage. Le fait de n’avoir jamais été mariée apparaîtrait comme la racine de tous ses chagrins, la cause de chaque petite insatisfaction dans sa vie privilégiée et globalement heureuse.
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« Qu’est-ce qui fait d’une personne une personne ? Son esprit et ses souvenirs, tout ce qu’elle a réalisé, ressenti, connu, pensé, interrogé, vu et compris. Un fœtus n’a ni pensée, ni mémoire; Il n’a rien accompli, n’a rien compris. Et pourtant, cet amas de cellules muet et dépourvu de pensée - vivant, certes, mais pas encore formé, inconscient, incapable de tendresse, de raison, ou même de rire -, voilà la vie qui comptait. La femme qui la portait, l’être complexe façonné par vingt ou trente ans de vie sur terre, n’était qu’un moyen de production. Ses sentiments sur le sujet, ses idées, ses besoins et ses désirs individuels, comptaient pour rien. Un fœtus était un tissu vivant, rien à dire. Mais ce n’était pas une personne. Un fœtus, au mieux, était du matériel brut. La femme qui le portait pouvait, si elle le désirait, en faire une personne. Mais quel était l’intérêt de fabriquer une nouvelle personne lorsque la femme elle-même - une personne qui existait déjà - comptait pour si peu ? »
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« Dans une boucle sans fin, il regardait le défilé des putes. Tu es un enfant à naître n’était pas qu’un simple meurtre; c’était aussi un vol. Il y avait toujours une seconde victime invisible, un homme à qui on enlevait sa progéniture. »
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D'après sa mère, Claudia avait parlé tard. Elle n'avait pas prononcé un mot avant l'âge de trois ans. Lorsqu'elle avait finalement parlé, son premier mot n'avait pas été maman, et encore moins papa. Son premier mot avait été non.
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L'Amérique s'était construite sur l'autosuffisance, mais l'homme moderne avait oublié la leçon. Pour l'américain moyen mollasson et chouchouté, l'eau sortait de bouteilles en plastique. La nourriture provenait des fenêtres des drives. Enlevez-lui son téléphone portable et Internet et il sera aussi démuni qu'un enfant. Au bout de trois jours, il étrangelerait sa propre mère pour un morceau de pain.
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