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Georges-Arthur Goldschmidt (Traducteur)
EAN : 9782070419616
229 pages
Gallimard (13/09/2001)
3.16/5   37 notes
Résumé :

Le pharmacien de Taxham, faubourg de Salzbourg, raconte à l'écrivain-narrateur l'étrange voyage qui l'a mené à l'improviste, à l'aventure, des mois durant, depuis l'Autriche jusqu'en Andalousie. Parti solitaire et muet, il en est revenu éveillé et serein, après un parcours apparemment arbitraire qui fut en somme initiatique. Jamais le grand écrivain autrichien n'a sans doute mieux allié le romanesque... >Voir plus
Que lire après Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquilleVoir plus
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Fils spirituel de Beckett et de Kafka, chez Peter Handke aussi le discours semble vouloir se départir des atours séducteurs du sens commun et se détourner des sentiers battus de la raison pratique.
Pouvoir le réduire à sa portion congrue, le dénoyauter afin de mieux en extraire la poésie métaphysique exilée au bord du trou sans nom qui l'avait engendré, et que ses tropes décoratifs s'échineraient à escamoter. Dépouillé ainsi de ses fonctions ornementales, constamment sur le point d'achopper ou de tourner en rond, ce dernier se voit dépossédé de son ascendant assertif et discriminatoire : le sens arbitraire que l'on accorde aux mots, les fausses évidences du langage comme vecteur de connaissance et de communication de nos pensées profondes et de nos vrais sentiments sont mis à nu.

Et pourtant, même si le lecteur peut se retrouver un peu désemparé face à quelque chose qui lui paraît d'emblée difficile à saisir, comme c'est le cas dans l'ouvrage en question, pour ce qui est des événements et des motivations en apparence très disparates conduisant aux agissemments de son personnage-narrateur au début du roman, le style direct sobrement descriptif de Handke, associé à une enchaînement de faits qui se développe de manière quasiment phénoménologique (les choses, un peu comme chez les deux pères spirituels du romancier, «arrivent», c'est tout! ) créent assez vite un contraste saisissant, et l'histoire s'accroche peu à peu, indépendamment de son sentiment qu'elle ne correspond à rien de communément admis (il s'agit en l'occurrence de celle d'un pharmacien qui quitte sans préméditation et sans aucune raison apparente sa maison, rencontre deux inconnus sur sa route et part sans destination précise en leur compagnie ) comme si, par un stratagème mystérieux le récit prenait corps en grande partie tout simplement du fait qu'il est en train de le lire..!

Le fait d'exister, ce qu'on appelle «réalité», ne serait-il au fond qu'une histoire lisible par quelqu'un d'extérieur, ensuite partagée, ou simplement murmurée à soi-même ?

«Du coup le conducteur eut l'impression que ce qu'il était en train de vivre là, et qui lui arrivait à lui et à eux depuis la veille, s'écrivait en même temps que cela se produisait, et qu'on pouvait le lire, mais ni dans un journal ni dans un livre. Cette impression-là ne lui était-elle pas déjà venue de temps à autre? Oui, à certaines heures de l'amour, du grand bonheur, comme du grand malheur (...)»

Alors que tout semble nous condamner irrémédiablement à une certaine forme d'impermanence, à l'évanescent et au provisoire, pouvoir se vivre en train de laisser une trace des histoires qu'on (se) raconte, ou d'être «lu et éprouvé» en dehors de soi-même, ou bien d'écrire en soi-même les histoires des autres avant qu'elles ne tombent dans l'oubli, n'est-ce pas là le défi qu'on se lancerait, auteurs confirmés ou simples anonymes, lorsqu'on cherche à donner un sens à nos existences éphémères?

Handke semble en tout cas porter à fleur de peau l'épouvante du délaissement moral et l'angoisse du silence aphasique, toujours menaçantes d'après lui, prêtes à surgir là où on ne les attend pas, quelquefois sourdement, d'autres violemment :

«Cesse de chercher ce qui est vivant, ici parmi les morts. Il te faut secouer ta mutité. Si tu ne parles pas tu en périras aujourd'hui même. Ton silence n'est pas du silence», s'entend dire le narrateur, après avoir quitté son univers confortablement morne, quoiqu'étriqué, «sorti de sa maison tranquille par une nuit obscure», parcouru des centaines de kilomètres en voiture, puis, à la fois angoissé et émerveillé par ce qu'il y découvrira, avoir traversé à pied, seul et privé de toute parole, une surprenante steppe en plein coeur de l'Europe.

La «steppe» chez Handke, en effet, bien que réelle et plus ou moins géo-localisable, ne se situe pas exactement là où l'on s'attendrait normalement à la retrouver, mais en l'occurrence entre Taxham, petite ville dortoir à proximité de Salzbourg d'où était parti notre pharmacien, et le sud de l'Espagne!! Cet étonnant paysage, situé à l'intersection et s'ouvrant de toute évidence sur un territoire interne, beaucoup plus immatériel et insaisissable, apparaît au narrateur comme une contrée «inépuisable», «angoissante», «parce que se refusant à toute image» : sa traversée ressemblera en tout cas davantage, comme il arrive souvent dans l'oeuvre de l'autrichien, à un voyage intérieur que proprement extérieur.

C'est probablement aussi pour ces raisons que le pharmacien de Taxham demande à celui qui doit écrire l'histoire de son parcours initiatoire jusqu'en Andalousie, malgré les réticences exprimées par le second, de bien vouloir garder le mot «steppe» tel quel : «Même ici à Taxham, explique-t-il, il y a la steppe ou comme on dit péjorativement un terrain «réduit à l'état de steppe», et pas seulement sur le remblai du chemin de fer et sur l'emplacement qui reste libre pour le cirque, qui de toute façon ne passe plus (...) C'était et c'est la steppe et cela doit s'appeler la «steppe». Et il faut que vous donniez l'envie de la steppe au lecteur de mon histoire et qu'elle fasse peur, avec mesure.»

Peter Handke est d'ailleurs lui-même bien placé pour savoir à quel point cela peut faire peur : né en 1942 en Carinthie (à l'instar de ses compatriotes Robert Musil, Thomas Bernhard ou Ingeborg Bachmann) province autrichienne ultraconservatrice située au carrefour de trois pays (Autriche, Italie et Slovénie), fils d'une mère issue de la minorité slovène et d'un soldat allemand - père qu'il ne connaîtra jamais -, l'on s'imagine facilement qu'il ait dû lui aussi, comme son narrateur pharmacien, avoir goûté «du champignon amer» pour survivre durant la traversée de sa «steppe».

Et cette lecture, serait-elle tout aussi éprouvante ? À certains moments oui, forcément! Toutefois, comme dira rétrospectivement le narrateur-pharmacien : «Là-bas dans la steppe, par moments, j'étais enthousiasmé par moi-même, étonnant pour un homme d'un certain âge et étonnant en particulier pour moi. Et croyez-moi ou regardez : on ne peut se fier à qui n'est pas au moins par moments enthousiasmé par lui-même.»

De retour chez lui, grand passionné de mycologie par ailleurs, le narrateur dit également avoir précieusement séché et conservé les champignons amers goûtés durant le voyage, tout en ayant extrait leur essence: très efficace, selon lui, contre «le sentiment d'irréalité et de folie, pour les beaux parleurs et les muets, et bon aussi contre la rance solitude»!

J'ai été pour ma part très sensible aux baumes mélancoliques et aux senteurs poétiques qui se dégagent de cette prose inventive.
D'une signature très singulière et personnelle, celle-ci, selon la formule magnifique trouvée par Georges-Arthur Goldschmidt, traducteur de la quasi-totalité de l'oeuvre de Peter Handke éditée en France-, «à force de concentration, parvient à ce point d'intimité où celui qui écrit bascule en celui qui le lit».

Une prose qui préfère aussi largement la suspension aux réponses toutes faites, les faux pas aux faux espoirs de rédemption, la liberté erratique de la steppe intérieure aux faux-décors sécurisants en carton-pâte, les faux mouvements (titre par ailleurs de l'une des nombreuses collaborations de Handke avec le cinéaste Wim Wenders) dus à des transports authentiques, aux faux-fuyants qui nous servent souvent de bouclier contre notre peur et contre notre désir de traverser les apparences.

"On se souvient généralement de la manière dont les rêves se terminent, mais presque jamais comment ils ont débuté. "


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Une belle plume, mais une lecture laborieuse d'un auteur nobélisé.

Premier contact avec l'Autrichien Handke qui a reçu le Nobel de littérature 2019. J'ai parfois été emportée par la qualité des descriptions, mais je ne me suis pas attachée à ce héros pharmacien qui parcourt la campagne. On ne sait trop quand il passe de la réalité à un univers onirique. Est-ce qu'il souffre toujours de l'ablation d'une tumeur au front ou bien des coups reçus par des inconnus ? À moins que ce ne soient ceux de celle qu'il appelle « la Victorieuse ?

Un roman énigmatique, peut-être pas le meilleur (ou le plus accessible) de l'auteur.
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Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quel titre, non ?
Personnellement, j'adore.

Ceci dit, je ne pense pas que ce roman soit une porte d'entrée idéale pour aborder l'univers sortant tellement de l'ordinaire de Peter Handke.

Il nous livre ici le récit que lui aurait fait un pharmacien d'un village voisin de Salzbourg qui est parti un soir de printemps ou d'été de sa maison tranquille pour vivre une histoire qui nous plonge en plein onirisme. Et si je vous dit que ledit pharmacien est mycologue et ambitionne d'écrire un livre sur les champignons, vous penserez que plus que les manger, il les fument allègrement ces champignons pour nous conter une histoire tellement irréelle.

Mais pour les adeptes de l'auteur, dont je suis, c'est une très agréable découverte.
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Il faut bien lire le titre pour comprendre de quoi il s'agit en partie. Un homme quitte son foyer pour se jeter dans l'inconnu. de là, trois questions se posent au lecteur : qui est cet homme ? quel est ce foyer qu'il quitte ? que va-t-il trouver en le quittant ? Loin de se limiter à cette seule dimension initiatique, le récit de Peter Handke révèle, par son écriture, des aspects poétiques (une poésie de la nature) et mélancoliques (où il donc question de l'âme humaine), aspects qui le rapprochent, par l'atmosphère dans lequel il baigne, de romans comme Neige d'Orhan Pamuk ou d'Océan mer d'Alessandro Baricco. Il convient ici de dire que, par sa construction, le roman de Peter Handke est difficile d'accès et que je n'ai pas été emporté par ce récit ; il serait toutefois dommageable de seulement déplorer les supposés défauts sans essayer de rendre justice à ce livre qui mérite une analyse quelque peu détaillée.

L'homme dont il est question est un pharmacien travaillant à Taxham, dans la proche banlieue de Salzbourg, à côté de l'aéroport. Originaire de l'Europe centrale, cet homme vit donc dans une ville absolument sans intérêt (alors même qu'elle est voisine de l'une des plus belles villes d'Europe) et il y est coincé (alors que l'aéroport donne accès au monde entier). La maison qu'il quitte, un soir comme les autres, n'est pas si tranquille que ça. Ou plutôt, si elle l'est, ce n'est pas pour d'heureuses raisons. le fils a été chassé et l'épouse vit dans une partie séparée de la maison : manière symbolique de représenter ces vieux couples qui ne vivent ensemble que par habitude.

Un soir, donc, cet homme prend la route. Un poète et un ancien champion de ski l'accompagnent sans se soucier véritablement de lui. Ensemble, ils roulent jusqu'en Espagne où, hors du temps, ils se mêlent aux festivités et à la vie locales. S'en suivra un long voyage à pied pour le pharmacien à travers ce qu'il appelle lui-même la steppe, attentif aux bruits de la nature, aux champignons (auxquels il voue une passion), livrant lui-même le récit de son odyssée. C'est grâce à un amour fugace qu'il retrouve la parole (il est mutique durant une grande partie du récit) et Taxham, où vient l'interroger l'auteur.

De façon assez claire, le roman de Peter Handke ne se laisse pas enfermer dans des cases. Il y a, dans ce récit évidemment initiatique (quête de soi, apprentissage de la liberté), une empreinte toute poétique et mélancolique, et tout cela s'organise autour d'un discours à deux niveaux (l'auteur-narrateur, Handke, et le narrateur, c'est-à-dire le pharmacien, qui paraît être celui qui décide du rythme de l'histoire). Il reste peut-être que cette liberté de ton prend des chemins parfois difficiles à suivre et que l'exigence intellectuelle ne peut pas empêcher la clarté du propos. On laissera donc, sur la maison tranquille, se refermer la nuit obscure.
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Un petit livre 200 pages

Les 100 premières sont passionnantes, le reste m'a semblé confus et m'a perdu.

Dans le début, nous faisons connaissance avec un homme (qui ne sera pas nommé, pas décrit)
On sait juste qu'il est pharmacien, qu'il vit dans la même maison que sa femme mais chacun dans sa partie de maison et qu'il a deux enfants adultes : un fils qu'il a « chassé «  et une fille, elle aussi pharmacienne et mariée à un pharmacien.
La description de ce lieu, Taxham, est assez envoûtante : un endroit isolé du monde moderne, tout en étant dans une enclave entourée d'un aéroport et d'importants moyens de communications , étrange.
Un jour d'été, ce pharmacien devient muet et part de chez lui : il rencontre deux autres hommes, un s'appelle « le poète » et l'autre appelé « le sportif « .. ils partent vers le Sud et se retrouvent en Espagne dans une ville étrange où bat une fête bizarre ...
C'est à partir de ce début de road movie que j'ai peu au peu perdu pied : trop onirique ou conceptuel pour moi. Où l'auteur veut il en venir ? Mystère ! Un rendez vous manqué avec ce tout récent prix Nobel . Il me restera quand même en tête la première moitié, très belle sur l'incommunicabilité dans le monde moderne...
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi rien ne manquait, disait mon narrateur. Mais c’était justement quand rien ne me manquait qu’il me manquait presque tout. C’est pourquoi je préférais pour rafraîchir le présent et la journée tout autre chose que ces moments d’effroi. En effet, j’avais remarqué que, de temps à autre, quand j’étais tout rempli de ce que je rencontrais en chemin, je me mettais sans intention à raconter en silence. Peut-être à personne en particulier -ou si ?- mais à coup sûr pas à moi-même. Raconter allait aussi loin que la steppe qui m’environnait. Et, justement, c’était par l’opposition de tels instants à ceux où en pensée j’étais tout à fait ailleurs, me faisais du souci, où j’étais en conflit avec moi-même ou le monde, ou, pis encore, j’étais le muet à l’intérieur de moi-même, que ce qui était significatif m’apparaissait : aussitôt que je me mettais à raconter, même quand mes récits concernaient des choses absentes ou éloignées, je n’étais nullement ailleurs en pensée, mais percevais la contrée autour de moi de façon plus aigüe (...) Intérieur et dehors s’interpénétraient, formaient un tout au contact l’un de l’autre. Récit et steppe devenaient une seule et même chose. Ainsi on était à sa place.
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Le premier pas sur un sol de steppe était une émotion nouvelle à chaque fois, dit-il, ce passage des surfaces bétonnées, asphaltées, pavées, tassées devant garage, caserne, gare, enclos à bestiaux à l’abandon, à ce sol de base, aussitôt souple, qui amortissait tant la pesanteur du corps. Comme c’était facile, presque trop. C’est pour cela aussi que j’ai mis des cailloux dans mes poches et je comprenais mieux le poète qui, dit-il un jour, mangeait, absorbait tant, parce que de cette façon sans vouloir se débarrasser de son émotion, il la chargeait au contraire de sa pesanteur.
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Au temps où se passe cette histoire, même les débouchés de chemins isolés, comme celui sur lequel ils se trouvaient, donnaient par un rond-point sur une route de campagne aussi petite et à l’écart qu’elle pût être et cela sur le continent tout entier.
Cette circulation en rond continuait sur les grandes routes et même beaucoup plus fréquemment, parce qu’il y avait un bien plus grand nombre d’accès. À peine s’était-on habitué à aller tout droit en s’ imaginant aller enfin vers un but, que déjà il fallait laisser un de ces ronds-points derrière soi, puis encore un et ainsi de suite.
Et à la fin d’un pareil voyage, eût-il duré la journée entière, on pouvait bien avoir perdu le sens de la direction dans laquelle on était allé ou même simplement l’impression d’avoir voyagé. C’était plutôt un vertige qui s’ installait comme après une trop longue partie de tours de manège, qui se serait terminée à l’arrivée dans un tout autre pays, à peu près à l’endroit même où elle avait débuté.
Une telle arrivée à une destination prétendument lointaine avait de quoi donner non seulement le vertige, mais aussi de quoi dégoûter de tout voyage ou même d’un simple départ, de quoi donner le mal du voyage - ce qui était pire encore que le mal de mer –, de faire prendre en horreur toute forme de déplacement.
De plus, du temps où se déroule cette histoire, il n’y avait plus guère de cols élevés à franchir en automobile. La plupart des cols d’Europe étaient pour ainsi dire hors service et, en règle générale, même les plus utilisables, à cause de chutes de pierres ou des masses végétales non évacuées. Au lieu de franchir le continent sur les hauteurs, par les cols, on le traversait presque exclusivement, en bas, par des tunnels aussi nombreux entre-temps que les ronds-points. Bien que les frontières d’État se fussent multipliées – il y en avait plus que jamais -, celles-ci restaient imperceptibles, quelque part, au milieu d’un de ces tunnels, d’autant plus que tous les contrôles frontaliers avaient été supprimés et qu’on ne voyait plus aucun douanier nulle part.
Ce tunnelage du continent contribuait à donner au temps passé en route quelque chose d’un voyage en train fantôme, on semblait descendre juste à côté de là où on était monté. Parti pour l’aventureux et grand pays étranger, on se retrouvait à la fin à sa propre porte, avec le heurtoir et un monogramme semblable sur l’essuie-pieds, dans une rue presque identique à celle dont on a depuis si longtemps chez soi l’habitude en ville, en banlieue ou à la campagne : on sort du tunnel et on est à la maison – où peut-être on ne voulait plus jamais retourner.
P 93
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Tout comme quelques personnes gardent des mois encore après l’image de ce qu’elles ont vu sur la rétine — il leur suffit de fermer les yeux —, de la même façon le pharmacien avait sans cesse dans les narines, et de plus en plus fort, ce qu’il n’avait flairé qu’en passant longtemps auparavant. Et, tant aux odeurs, il en allait pour le pharmacien comme pour les gens pour lesquels les objets ne deviennent nets et vivants que dans les images qu’ils en gardent.

(Gallimard, p.42)
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Le soleil se leva. Dans le jardin, après la nuit chaude et sèche, pas une goutte de rosée. En revanche, un scintillement dans le pommier : une goutte de résine exsudée d'une tige que traversaient les premiers rayons; la plus minuscule des lampes. Les hirondelles haut dans le ciel, encore d'un noir profond, comme à l'aube. Là seulement où l'une d'entre elles, en virant, mettait les ailes verticales, un bref éclat de soleil sur le plumage; c'était comme si l'oiseau jouait avec la lumière du matin.
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Vidéo de Peter Handke
Découvrez l'entretien de Peter Handke, prix Nobel de littérature 2019, consacré au volume Quarto, "Les Cabanes du narrateur. Oeuvres choisies".
Depuis cinquante ans, Peter Handke bâtit une « oeuvre influente qui explore les périphéries et la spécificité de l'expérience humaine ». Embrassant toutes les formes de la littérature, elle présente comme constante une fidélité à ce qu'il est, c'est-à-dire un homme de lettres, un promeneur dont la création ne peut prendre forme que grâce à la distance propice, paradoxalement, à une plongée dans l'intériorité des personnages, à la description imagée et vivante de la nature, à l'attention au quotidien. Pierre angulaire du patrimoine littéraire d'Europe centrale, servie par un style tranchant et unique, cette écriture se définit par le besoin de raconter — faux départs, difficiles retours, voyages, etc. — la recherche d'une propre histoire, de la propre biographie de l'auteur qui se fond dans ses livres : « Longtemps, la littérature a été pour moi le moyen, si ce n'est d'y voir clair en moi, d'y voir tout de même plus clair. Elle m'a aidé à reconnaître que j'étais là, que j'étais au monde. » Cette édition Quarto propose au lecteur de suivre le cheminement de l'écrivain à travers un choix qui comprend des récits qui l'ont porté sur le devant de la scène littéraire dans les années 1970-1980 comme d'autres textes, plus contemporains, imprégnés des paysages d'Île-de-France, et reflets de son écriture aujourd'hui. Et, le temps d'une lecture, de trouver refuge dans l'une de ses cabanes.
En savoir plus sur l'ouvrage : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Quarto/Les-Cabanes-du-narrateur
+ Lire la suite
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