Jim Harrison (1937-2016), de son vrai nom
James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres, dont les renommés
Légendes d'automne,
Dalva,
La Route du retour,
de Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres,
Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim et a déjà été traduit dans 25 langues.
Quelle surprise en consultant la liste des oeuvres (romans et nouvelles) de l'écrivain, deux romans m'avaient échappé, ce Wolf (1971) le tout premier paru, et un autre que je me réserve pour plus tard. Quand on interrogeait Harrison sur ce livre, il le résumait succinctement ainsi « C'est l'histoire d'un jeune homme qui a fait pas mal de bêtises dans sa vie et s'enfonce dans les bois avec l'idée de s'y enraciner pour de bon et, surtout, de rencontrer un loup. » Et si je vous dis que le bouquin est sous-titré Mémoires fictifs, vous aurez une assez proche idée de son contenu.
Nous avons donc Swanson notre héros, un jeune gars qui part en forêt, loin du monde pour être au plus près de la nature et de sa faune, plus ou moins bien équipé pour ce genre d'aventure mais assez expérimenté pour ne pas faire d'âneries dommageables et en profiter pour ne pas boire d'alcool. Il crapahute de-ci, delà, rampe dans le marais pour épier un balbuzard devenu oiseau rare etc.
Ça pourrait être un peu bateau à lire ce texte aujourd'hui mais
Jim Harrison a déjà la fibre du grand écrivain qu'il deviendra car cette randonnée est ponctuée de digressions multiples et de natures diverses qui rompent le prévisible, surtout pour ceux qui ont déjà lu l'auteur. A cette errance se mêlent des rêveries poétiques, des fantasmes et des souvenirs autobiographiques avérés (décès tragique de son père et sa soeur, perte de son oeil, ses origines suédoises…) et d'autres très plausibles ou très proches de la réalité vécue : il sillonne le pays en autostop, Boston, New York, la Californie…, il boit des coups, il connait de jolies filles (Laurie, Barbara…), il fait des rencontres, une jeune vie de marginal sans le sou. Et déjà à cette époque ce triste constat sur ce que devient l'Amérique où la nature peine à résister à l'envahissement humain et industriel.
Ce n'est bien entendu pas le meilleur roman de
Jim Harrison mais pour un premier essai, il est prometteur et bien dans le sillon de ce qu'il tracera par la suite.