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sur 736 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Promenade dans le temps qui s'étale de la moitié du XXe siècle jusqu'à nos jours. Balade documentée avec pour point d'orgue la sexualité. Pas en France mais aux Etats-Unis. La précision est importante puisque comme chacun le sait bien : Qui de plus puritain qu'un américain ?
Là, John Irving a choisi quelques aspects les plus ardus du sujet, ceux que les américains regroupent sous le seul vocable de déviance sexuelle : Homosexualité, Bisexualité, travestisme, changement de sexe…… Quant était-il en France dans les années 60 ?
Pour traiter son sujet l'auteur se sert de Billy, bisexuel et narrateur que l'on voir grandir depuis ces années 60 à nos jours. Ses questions sur ses attirances sexuelles ; son rapport à la famille qui comprend toute la gamme de ces déviances et ont tous et toutes connus des épisodes de vie assez rocambolesques. Et son rapport avec son entourage, là aussi bien chargé comme terrain de jeu. On arrive même a se demander s'il n'est pas un milieu éducatif réservé aux personnes sexuellement décalées. Son monde à Bill, ça va du grand-père travesti au compagnon d'étude bi que la mère met dans son lit pour essayer de le rentrer dans le droit chemin. On se dit finalement qu'il est impossible de ne pas être homo, lesbienne, travesti dans un tel milieu et que l'hétérosexualité passe pour une déviance.
Mais ce qui intéressant au premier chef dans ce roman c'est la découverte du sida et ses conséquences. Là, c'est un petit bijou d'écriture. Pour ceux qui l'on oublié parce que rentrés dans le quotidien, John Irving nous rappelle les grandes souffrances engendrées par cette put… de maladie qui est tombée, malheureusement, et ça ressemble à la double peine par excellence, comme une punition. Une terrible punition. Comme pour donner raison aux hétéros biens pensants.
Tout le dernier tiers est consacré à ces souffrances et c'est poignant à souhait.
Le personnage de Miss Frost est aussi un des éléments clé qui fait de ce bouquin un bon livre.
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Orphelin de père, Bill est élevé dans une famille férue de théâtre et découvre très tôt la fluidité des genres en voyant son grand-père se travestir sur scène pour incarner les plus grandes héroïnes de Shakespeare. Mais cette connaissance précoce de la comédie que sont les normes de genre ne rendent pas le désir naissant de Bill pour les autres jeunes hommes moins effrayant pour autant... Grâce à l'aide de la bibliothécaire de sa petite ville qui lui fait découvrir James Baldwin, Bill finira par assumer pleinement sa bisexualité.

Depuis cinquante ans, John Irving a régulièrement affirmé dans ses romans le droit de chacun à vivre sa sexualité sans entraves. À moi seul bien des personnages semble le couronnement de cet engagement incessant, et met notamment en scène un des plus beaux personnages transgenres de l'oeuvre d'Irving. Commençant comme un roman de Dickens et se terminant comme un film d'Almodovar, ce récit de l'éducation sentimentale et sexuelle de Bill et de sa dramatique traversée des années Sida, n'est peut-être pas aussi spectaculaire que les grandes fresques du John Irving des années 70, mais reste un des plus attachants de ses romans de la maturité.
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John Irving définit son dernier roman comme une oeuvre militante, ce qui est à la fois la force et la limite d'A moi seul…. Irving entend en effet faire le tour (exhaustif ?) de toutes les différenciations sexuelles à travers une galerie de personnages, qu'on va suivre des années 60 aux années 2000. La toile de fond passe donc d'une société verrouillée sur ces questions, jusqu'à la (relative) ouverture actuelle, en passant par la terrible irruption du SIDA... le narrateur, Bill Abott, est un adolescent sensible et indécis sexuellement. Dans sa petite ville du Vermont, il rêve d'être écrivain, encouragé dans cette voie par une bibliothécaire, Miss Frost. Ambivalente et fascinante, elle sera également décisive dans l'orientation sexuelle du jeune homme (il aimera les filles et les garçons) … Malgré quelques longueurs, Irving excelle à nous rendre tous ces personnages vivants et attachants. Son art consommé du dialogue, son sens si américain des situations (parfois crues, souvent drôles), la force des émotions (le long tunnel de deuils des années SIDA) nous mettent en état de totale empathie. Un hymne à la tolérance par un maître des lettres américaines, qui, avec Bill, nous offre une fois de plus un personnage masculin dont lui seul a le secret.
Lien : http://www.reseau-colibris.fr
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Billy, né dans années 40 ,est bisexuel. Il en prend conscience pendant son adolescence, sans grand trouble, si ce n'était la façon de réagir d'une minorité dans son entourage, qui comporte par ailleurs son lot d'originaux.

In one person est construit à partir du dispositif habituellement employé par John Irving. le personnage principal raconte sa vie de façon chronologique avec quelques entorses toujours justifiées. le vocabulaire est simple mais l'art du récit est parfaitement maîtrisé, ce qui en rend la lecture addictive. Au fil du temps la vision que le héros peut avoir des personnes et des évènements évolue de la candeur à la nostalgie, et bien sûr quelques révélations se font jour.C'est du bon Irving, mais pas du niveau de "a prayer for Owen Meany" ou de "the cider house rules".

C'est peut être la grande qualité de ce livre que de ne pas en faire trop pour traiter un sujet finalement très "normal".

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L'écriture a cette magie ! Partant de 26 signes, elle peut faire apparaitre des personnages, des paysages, des mondes.
John Irving avait cette capacité de donner naissance à des êtres faits d'encre et de papier.
Dans ce roman, c'est le parcours de William, Will, Willy Abbott que nous allons suivre.
Né d'un père disparu et d'une mère égarée, grandissant dans tout ce qu'on ne lui dit pas sur son père, William va tenter de trouver, d'accepter et de faire accepter son identité sexuelle.
Irving construit son récit autour de deux pôles principaux.
Tout d'abord, le club de théâtre local dans lequel on retrouve presque toute la famille de William : le grand père Harry, spécialiste des rôles féminins, sa mère, souffleuse, sa tante et son beau-père, acteurs.
C'est également autour du club de lutte du collège (thème déjà évoqué dans « Un mariage poids moyen ») que graviteront plusieurs personnages.
On croisera au long du récit toutes les variantes de la relation physique à l'autre et à soi même : homos hommes et femmes, hétéros, transsexuels….
Sur la forme, rien de bien neuf, on retrouve dans ce roman ce qu'Irving a déjà fait dans « le monde selon Garp » ou « L'oeuvre de Dieu, la part du diable ». Il fait naitre et évoluer sur la durée un personnage qui se prend des coups à droite et à gauche, obligé de louvoyer entre les contraintes de cette vie, guidé par ces tuteurs choisis ou imposés.
L'originalité de forme tient dans l'intégration des pièces de théâtre, Sheakspeare et Ibsen, dont les répétitions sont prétextes à illustration de la vie de William (Abbott, pas Sheakspeare).
Sur le fond, il y a beaucoup plus à dire. C'est le roman le plus personnel d'Irving. Difficile de de ne pas voir en William un avatar de John Irving. On imagine très bien ce qu'a pu être la vie d'un ado à la sexualité différente dans l'Amérique des années 60.
Loin de faire du prosélytisme, Irving se contente de montrer, sans manichéisme, sans volonté de vouloir faire entrer la différence dans une nouvelle normalité, mais en appelant à accepter la différence, à laisser vivre chacun en accord avec ses désirs.
Hétéro et homos sont renvoyés dos à dos dans leur intolérance face à la bisexualité du narrateur.
J'ai trouvé que John Irving abordait avec beaucoup d'intelligence la notion d'identité en nous rappelant que l'identité sexuelle n'est qu'une partie de notre identité.
Avec moins de finesse, Irving évoque également l'idée de transmission de l'identité. Un grand père hétéro qui aimait se travestir sur scène et dans son intimité, un père de hasard, absent, homosexuel et travesti de scène : l'identité sexuelle est-elle inné ou acquise ? Je n'ai pas l'impression que l'auteur cherche à apporter une réponse mais plutôt à soulever en nous ces questions.
La dernière partie du livre m'a moins emballé. Même si elle est très bien écrite, je n'ai pas bien compris ce que le récit des années SIDA amenait au récit.
Déçu également par la partie de fin concernant le père de William. Elle semble avoir été posée la pour ajouter quelques pages. Soit trop, soit pas assez sur cette partie du récit.
Au final, une assez bonne lecture et un personnage central que l'on quitte à regret.
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Le titre de ce roman donne le ton: "A moi seul bien des personnages" est un vers de la pièce shakespearienne "Richard III".
William Abbot, bisexuel, devenu un vieil homme, raconte sa vie, notamment sentimentale, quelle fut sa quête afin de comprendre, à travers son parcours, ses amitiés, ses amours, quelle personne il est. Tout comme l'auteur, William est né en 1942, il est romancier, il n'a pas connu son père biologique et il a pris le nom de son beau-père. Mais là s'arrêtent les similitudes, enfin à ma connaissance. de toute façon, ce n'est pas le propos du livre...
Irving y aborde un thème qui lui est cher: celui de l'exclusion, notamment sexuelle, de la solitude à laquelle on peut être confronté lorsqu'on ne rentre pas dans le moule forgé par une société puritaine et hypocrite. Une grande partie de l'histoire se déroule dans un village perdu au fin fond du Vermont, où les apparences, les convenances rythment la vie de ses habitants.

Le roman de John Irving est un plaidoyer pour la tolérance, qui mêle habilement humour, tendresse, mélancolie, et férocité crue, notamment dans tout le passage du livre dans lequel il décrit les terribles ravages que subissent les premiers malades du SIDA, dans les années 80, aux Etats-Unis, lorsque que ce fléau était encore un grand inconnu, terrifiant et traumatisant.
Il aborde également la complexe question de l'identité sexuelle qui, pour certains d'entre nous, peut être douloureuse, un vrai calvaire lorsqu'on ne bénéficie ni de l'appui de ses amis, ni de celle de ses proches, calvaire qui peut se terminer tragiquement.
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Je ne m'attendais pas à ça, j'adore cet auteur et j'ai très vite été déçu par les débuts de ce roman, je dois dire qu'il m'a même rebuter mais au fil de la lecture je me suis prise d'affection pour ses personnages ambiguës et attachants comme tous les personnages d'Irving, hauts en couleurs, pleins de doutes et de surprises, vraiment j'ai persisté et j'ai bien fait car ce fut jouissif.
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Je ne m'ennuie jamais en lisant John Irviing, je crois qu'il restera mon auteur préféré. le sujet traité dans ce roman est multiple et se déroule au fil de la vie de Billy à la recherche de son identité sexuelle. Tout est abordé, concernant la sexualité, l'hétéro, l'homosexualité, la bi-sexualité, la transexualité,le sida maladie dont beaucoup d'amis de Billy vont décéder.
Ce que je trouve extraordinaire c'est que l'on vit dans un monde ou tout cela existe et tout est sur un plan d'égalité chez Irving. On est homosexuel, c'est comme ça et pas autrement et personne n'est montré du doigt par Irving. Simplement savoir être tolérant. le personnage du grand-père de Billy m'a frappée parce qu'en fait au début on se demande à quoi il peut bien ressembler, en jouant toujours des rôles féminins dans les pièces de Shakespeare, on est mal à l'aise et au fil du livre, Irving a ce don de nous faire oublier que le Grand-père est un homme et il devient tout à fait normal qu'il interprète des rôles féminins ! Ce livre est excellent ! J'ai du reste relu dernièrement "Le monde selon Garp", certains personnages de femmes sont truculents et magnifiques et tellement attachants - vous prenez Roberta dans Garp et Miss Frost dans "A moi seul ...." c'est jubilatoire !
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Ah, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas lu John Irving, lui dont j'ai dévoré tous les livres quand j'étais ado et qui m'a donné l'amour des gros pavés bien denses, des romans fleuves dans lesquels résonnent les tambours d'une époque de la grande épopée américaine. On y retrouve tous les gimmicks de l'auteur : une myriade de personnages, le Vermont, Vienne, la lutte, les transsexuelles, les amours interdits, l'absence du père, les secrets familiaux, et même quelques ours... Comme souvent, j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans. le foisonnement de personnages et de digressions dès les premières pages nous force à nous accrocher. Mais dès que le rythme de croisière et atteint, plus moyen de le lâcher.
L'histoire ? Six décennies de la vie d'un homme qui, à l'adolescence, découvre des attirances sexuelles qui le perturbent. Il a le béguin pour des hommes, des femmes, et tout ce qui se trouve entre les deux, à une époque et dans une Amérique rurale dans laquelle il vaut mieux marcher droit, sous peine de devoir recourir au duck-under, l'unique prise de lutte que le narrateur aura réussi à maitriser et dont il lui faudra attendre la soixante pour trouver l'occasion de se servir. Cette identité sexuelle mouvante est le fil rouge du roman. de la découverte honteuse de soi à l'hécatombe du SIDA, de l'évolution des moeurs à l'émergence des mouvements LGBTQ+, il nous embarque dans la grande symphonie de l'histoire sociale américaine.
Comme toujours chez Irving, c'est touffu. Il n'hésite jamais à s'offrir la liberté d'une digression, d'une parenthèse, d'un saut dans l'espace et le temps. Il nous plonge dans son amour des lettres, en particulier Shakespeare. Ses chapitres sont longs et denses. En finir un est toujours un peu une victoire. le résultat heureux d'un effort presque physique. Et pourtant, on en redemande. Et on referme la dernière page avec le sentiment que ses personnages font désormais partie de notre intimité. Ceux que j'ai découvert à mon adolescence continuent à me suivre. C'est ça aussi, la vraie magie d'un écrivain.
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Je retrouve dans ce magnifique roman le John Irving de "L'oeuvre de dieu, la part du diable". Tous les ingrédients y sont présents : l'absence du père, la Nouvelle Angleterre, la lutte - comme sport bien sûr - la ville de Vienne et cette fois-ci les ours se cachent dans un bar pour homosexuels (je devrais dire LGBTQ après la lecture de ce livre).

Aux dires d'Irving lui-même, c'est un roman sur "la difficulté d'être tolérant, réellement tolérant, à l'égard de toutes les identités sexuelles". (vidéo). Ce roman nous prouve que l'auteur y réussit et amène son lecteur à le devenir.

Mais ce n'est pas un manifeste ni une liste de revendications. Non, c'est un vrai roman, un de ceux qu'on ne lâche pas. Irving nous raconte, à la première personne, l'histoire du jeune Bill qui souffre d'"erreurs d'aiguillages amoureux".

"- Parlons franchement qu'est-ce qui t'intéresse vraiment chez toi, Bill ? me demanda Richard.
- Je ne sais pas pourquoi j'ai des... béguins soudains, inexplicables, lui répondis-je.
-Oh, des béguins... ça ne fait que commencer, dit-il pour m'encourager. Les béguins, c'est très courant, il ne faut pas que ça t'étonne d'en avoir - il faut même en profiter ! ajouta-t-il.
- Parfois, on se trompe de personne, hasardai-je
- Mais il n'y a pas de bon ou de mauvais béguin, Bill, m'assura-t-il. Un béguin, ça ne se contrôle pas, ça vous tombe dessus, voilà tout.
Avec mes treize ans, j'en conclus sans doute qu'un béguin était encore plus désastreux que je ne l'avais imaginé".


Attiré autant par les femmes d'âge mûr que par ses camarades masculins, il se réfugie dans la lecture des romans soigneusement choisis par la bibliothécaire de la ville. C'est grâce à ces romans que Bill découvre qu'il n'est pas le seul à tendre vers l'homosexualité. (Irving fait d'ailleurs une étude et une critique remarquables de "La chambre de Giovanni" de Baldwin). Mais il va lui falloir bien d'autres rencontres pour comprendre et accepter sa bisexualité.

Et comme à son habitude, l'auteur nous offre des personnages forts : la bibliothécaire qui lui demande : "Mon jeune ami, je vous prierai de ne pas me coller d'étiquette. Ne me fourrez pas dans une catégorie avant même de me connaître", le grand-père qui assume chaque année un rôle féminin dans la pièce de théâtre de l'école, le camarade aimé et haï tout à la fois, la grande amie de coeur dont il ne se séparera jamais, la mère aimante mais qui cachera toute sa vie un secret, le beau-père si compréhensif et séduisant, le père biologique qu'il ne rencontre qu'une fois, sans compter les nombreuses liaisons avec des transgenres, des travestis, des hommes ou des femmes homos ou bi comme lui.

"Et quand j'arrivai à Vienne je menais depuis deux ans la vie d'un jeune gay new-yorkais.
Cela ne voulait pas dire que je n'étais pas attiré par les femmes, elles me plaisaient toujours. Mais céder à cette attirance m'aurait semblé régresser au stade où je refoulais mon homosexualité. En outre, à l'époque,mais amis et amants gays pensaient tous que celui qui se proclame bi n'est en réalité qu'un gay qui garde un pied dans le placard".

Après une vie d'écrivain célèbre, après avoir subi la perte de nombreux amis à cause du SIDA, Bill revient dans sa ville, renoue avec la tradition familiale liée au théâtre de l'école où il enseigne désormais. Il ne se contente plus d'écrire, il s'engage dans la lutte pour la reconnaissance des droits des LGBTQ.

"Larry aurait bien ri de me voir soutenir le mariage gay, sachant ce que je pensais du mariage en général. "Mon grand champion de la monogamie", aurait-il dit pour me taquiner. Mais puisque ces jeunes gays et bi veulent se marier, je les soutiens."

Le thème est sérieux mais c'est avec bonne humeur que le sujet est traité. Un tout grand Irving à mettre dans toutes les mains et en urgence !
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