Le diable à la langue fourchue

Longmire, ce n'est plus un shérif. C'est le Jésus du Wyoming. le grand pardonneur, le rédempteur, le protecteur des brebis. Flingue à portée de main et panse saturée de bière, il dégouline tant de perfection qu'on en viendrait à vouloir l'essuyer avec son torchon de cuisine.

C'est l'avatar de G.W. Bush. L'incarnation de Ronald Reagan en goguette dans le Midwest. Longmire, c'est l'américain parfait, avec un poil qui rebique sous le Stetson: il ne croit pas, le mécréant; mais qu'à cela ne tienne, il applique bien mieux les valeurs chrétiennes qu'un bataillon de moines ou que Sainte Thérèse d'Avila. le poil, c'est le charme de l'originalité pas dérangeante, la marque virile. Ca le distingue de la Sainte.

En une nouvelle courte (une douzaine de pages comme une douzaine d'oeufs), Craig Johnson déroule un épisode de l'existence de son célèbre veuf, devenu héros de série TV. En une douzaine de pages, il condense tout ce qui faisait le charme de Little Bird. L'idée était intéressante: une nécrologie très tardive, un hibou, un vendeur de bibles à domicile. Mais le condensé est écoeurant. Comme un concentré de sauce tomate que l'on n'aurait pas délayé. Ou du ketchup trop sucré. A peine goûte-t-on que les papilles saturent.

Heureusement, la nouvelle édifiante (plus vite lue que les évangiles) est offerte par Gallmeister via nos libraires préférés. Et trouvable sur le net pour notre rédemption.

Il fait un temps de merde dans le comté d'Absaroka, Wyoming et les emmerdes volent toujours en escadrilles, le shérif Walt Longmire vous le dira. Il en est déjà à deux signes que se pointe le troisième, quand notre shérif est passablement imbibé de bière et se remémore ses années heureuses avec son épouse, décédée.

Pour cette nouvelle, je suis dubitative. Dans mon idée, Walt allait lancer son chien sur l'impudent, lui péter la gueule, le foutre dehors, à poil (il fait un temps de chien), mais putain, pas lui refiler un chèque de ce montant-là !

Ok, il avait bu, il déprimait sévère, il aimait son épouse, mais tout de même, ça ne lui ressemble pas… Une nouvelle qui commence tout en douceur, avant de virer au plus sordide sur l'exploitation du chagrin des gens par des charognards sans vergogne et qui se termine par un acte sur quel je me pose encore des questions...

Une autre nouvelle de Craig Johnson avec comme personnage central Walt Longmire.
L'absence de sa femme se fait cruellement sentir et on ressent les émotions liées à sa perte .D'autant plus qu'ici, Longmire va être confronté à un visiteur qui désire absolument voir son épouse...
Une histoire douce-amère...mais toujours aussi bien écrite.

Il s'agit d'une nouvelle très courte disponible en téléchargement sur le site de Gallmeister (même si elle n'est pas facile à trouver, il faut l'avouer… elle figure sur la page consacrée à Dark Horse), grâce à laquelle on a le plaisir de retrouver Walt Longmire… ce qui nous permet de patienter un peu dans l'attente de la parution du prochain tome de ses aventures (« Tous les démons sont ici »).

Il est très difficile d'en dire beaucoup sur cette nouvelle sans en dévoiler la trame (et ce serait dommage) : disons simplement que cette histoire est très émouvante… et révoltante aussi ! Mais je vous laisse la découvrir (j'espère en tout cas vous avoir incité à le faire)…

Un homme repense à sa femme, à son décès. Un récit très bien mené qui nous tient en haleine. Une belle nouvelle !