Stephen King et le rapport à l'écriture... du point de vue de l'écrivain ou du lecteur fan. Il y aurait de quoi écrire une thèse à ce propos.
Avec ces
Carnets noirs, l'auteur renoue avec ses interrogations sur la puissance - parfois dévastatrice - des mots. A première vue, on pourrait s'insurger contre une énième répétition du même thème. Pourtant, et c'est là tout son talent, il creuse le filon sans l'appauvrir ni lasser son lectorat. Il montre la destinée d'un personnage de roman qui entraîne un de ses propres personnages dans une spirale démentielle. Tout de suite, on pense à Annie Wilkes, de
Misery. Son Mr Carnets, quoique tout aussi dangereux, ne répond pas à la même pathologie. A vrai dire, la psychopathe de
Misery est un modèle difficile à dépasser. Elle représente à mes yeux un de ses personnages les plus terrifiants. Presque autant que Grippe-Sou le clown.
Carnets noirs fut annoncé comme la suite de
Mr Mercedes. Si l'on retrouve effectivement des connaissances (avec grand plaisir, pour la plupart), il emprunte une toute autre intrigue. Celle-ci navigue au départ entre la fin des années 1970 et une période allant de 2009 à 2014.
Stephen King continue dans cet opus à dresser le portrait d'une Amérique entre crise économique, chômage de masse et société du consumérisme et de l'ultra-connectivité.
Il rend également un bel hommage à la littérature contemporaine. Il cite nombre d'auteurs (Twain, Steinbeck, Bellow,
Philip Roth et bien dautres) et d'ouvrages, tant romans que nouvelles. Il partage ce goût de la lecture qu'on sent brûlant chez deux de ses personnages mais chez l'auteur lui-même. Cette envie, pour reprendre les propos de Peter Saubers, de voir un livre changer notre coeur. Nous rendre plus vivant et plus humain du simple fait qu'un écrivain a su mettre en mots ce qu'on ressent au plus profond. Expérience inénarrable et qui marque à jamais.
Son roman s'achève sur un horrible chapitre pour toute personne ne détenant pas encore
Fin de ronde.
Stephen King nous soumet à la tentation de nous jeter sans perdre de temps dans le troisième tome. Un supplice car quelqu'un l'a réservé avant moi à la médiathèque!!!!