J'avais eu quelques appréhensions en voyant le résumé du nouveau roman du King qui avait des relents de l'excellent
Misery, avec un fan obsédé par un écrivain et qui refusait la destinée que l'auteur avait réservée à son personnage.
Ce roman m'a fait réfléchir et je me suis demandée ce que j'aurais fait, si par le plus grand des hasards j'avais eu
Arthur Conan Doyle devant moi ?
Lui aurais-je mis un révolver sur la tempe pour l'obliger à écrire une scène où
Sherlock Holmes culbutait la belle
Irene Adler sur le bureau de Watson, faisant voler tout le bric-à-brac par terre ?
Ou l'aurais-je abattu d'une balle dans la tête pour lui avoir donné, noir sur blanc, une destinée que je n'aurais pas aimé (les chutes de Rechenbach, si j'avais vécu en 1893) ?? Ma foi, la question restera ouverte.
Morrie Bellamy a basculé carrément du côté obscur, lui. Un vrai malade mental incapable de se rendre compte qu'il est lui même le responsable de ses déboires, mais souffrant de mauvaise foi chronique, il préfère dire que c'est de la faute de sa mère, qu'elle l'a énervé, qu'à cause d'elle il a bu et qu'ensuite, il a pété les plombs.
Alors oui, je peux dire que je viens de lire un bon roman policier, j'ai apprécié l'atmosphère, les personnages que je connais bien, les nouveaux (un faible pour Peter), la trame était bien présentée avec quelques retours dans le passé dans la première partie, le tout s'imbriquant bien l'un dans l'autre.
Certes, pas de courses poursuites ou de rythme à la 24 heures chrono, mais le roman se lit tout seul et le final est tendu comme le string d'une demoiselle qui aurait pris des kilos dans les fesses.
Mais… Oui, il y a un gros mais qui n'a rien à voir avec le roman en lui-même, enfin, pas tout à fait.
Stephen King, c'est l'homme de mes premiers frissons (Albator et Holmes aussi, mais pas du même acabit), celui qui me fit une
Peur Bleue, celui à cause duquel j'avais peur de traverser un parking à l'orée du soir, non pas pour les rencontres mauvaises avec des humains, mais avec des voitures ! (
Christine).
Lorsque j'ouvre un roman du King, c'est pour y trouver quelque chose de bien précis : des frissons, de la peur, de l'angoisse, du fantastique, des personnages qui foutent la trouille (Annie Wilkes), des personnages qui m'entrainent dans leur vie (
Dolores Claiborne), des clowns maléfiques (ÇA) ou des histoires qui me font chialer (
La Ligne Verte,
Simetierre).
Que le King ait envie de changer de registre, c'est son droit, mais lire un roman policier écrit par la King, ça me fait tout drôle, un peu comme si
Jim Thompson ou
Dashiell Hammet écrivaient un Harlequin. Un bon Harlequin, mais du Harlequin quand même.
J'avoue que le King assène quelques vérités dans son roman, que l'on voit des traces de ses pattes, mais j'ai l'impression qu'il se fait trop aider et qu'à force d'écouter les autres, il se dilue, il s'égare, il se police et on se retrouve avec du King à dose homéopathique.
Au final, un bon roman policier qui m'a fait passer un excellent moment, j'ai eu aussi des temps de réflexion avec son fan totalement barré, j'ai apprécié les personnages, mais un autre auteur de romans policiers aurait pu l'écrire, sans que la patte du King nous manque.
Allez, Stephen, reviens à tes premiers amours ! Sinon, je vais être obligée de relire tes anciens écrits pour retrouver l'essence de toi-même… Heureusement qu'il m'en reste des non-lus que je garde précieusement, telles des provisions de guerre.
(3,5/5)
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