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4,08

sur 1113 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Semaine à marquer d'une pierre de la couleur qui vous sied. Pour ma part, je choisirai une pierre bleue, de la couleur de la couverture du roman.
Quittez cet air interloqué, je vous explique.
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Stephen King est mon auteur chouchou-doudou, et jusqu'à ces dernières années, je me jetais systématiquement sur tout nouvel écrit. Et puis à un moment, j'ai arrêté, prise par d'autres urgences.
Entretemps, j'ai relu d'autres livres plus anciens, mais aucun nouveau.
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Et puis d'un coup, j'ai eu envie d'en lire un, parce qu'il faut dire que si je jette l'oeil sur ses anciens, je me les referais bien tous.
Et Conte de fées m'a tendu les bras.
Événement remarquable, d'où la pierre. :)
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J'ai commencé ma lecture, tous poils au garde-à-vous, l'émotion au bord du coeur. Je savourais chaque mot, chaque phrase.
C'était magique.
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Conte de fées représente 1000 pages sur liseuse, il faut dire.... J'ai passé plusieurs jours en compagnie de l'écrivain.
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Immersion immédiate dans la vie de Charlie, 17 ans, sportif d'excellent niveau dans plusieurs équipes.
Il vit dans un village avec ses parents, plutôt modestes, mais aimants. Jusqu'au jour où en traversant un pont pour aller acheter un poulet, sa maman s'est fait renverser par une voiture. Je vous passe les détails, vous les verrez dans le livre.
Son père ne s'en remettant pas, il sombre dans l'alcoolisme.
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Le paysage s'est quelque peu assombri pour notre Charlie, qui se met à faire quelques bêtises avec un ami qui l'entraîne un chouia.
D'un autre côté, il ne sait pas comment aider son père, ça le désespère.
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Un jour, alors qu'il se rendait au lycée, il entend un chien aboyer et des gémissements.
La maison, j'vous dis pas... elle aurait pu abriter Norman Bates. Personne ne s'en approche volontairement.
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Mais Charlie va voir; Il découvre un vieux berger allemand fifille auprès de son maître, lequel est tombé de l'échelle à l'aide de laquelle il débouchait la gouttière. Rassurez-vous, la gouttière n'a rien !
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L'homme, âgé et acariâtre, ne le reçoit pas vraiment aimablement. Mais bon, il a une jambe cassée, donc il ne peut qu'accepter l'aide de l'adolescent.
La chienne s'appelle Radar et j'en suis tombée amoureuse, bien évidemment.
Je vous laisse découvrir les péripéties qui s'ensuivent.
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Charlie apprend à connaître le vieillard, et réciproquement.
Est-il un vieillard ordinaire ? Que nenni.
Il sera amené à confier une mission à Charlie et le jeune garçon découvrira un autre monde.
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Stephen King joue avec les personnages et auteurs de contes, de fées si l'on veut. Comme il le dit "Ce n'est pas ce genre de Conte de fées".
Ce roman est un hommage à Lovecraft. L'auteur évoque Poe, Grimm... etc.
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Une vraie mine de références culturelles, mais j'ai tout reconnu, donc à la portée du premier venu.
Comme d'habitude, ses opinions personnelles se glissent dans le récit.
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J'ai adoré les personnages, y compris les secondaires qui sont bien croqués, même si certains ne font que passer.
Je me suis attachée à Charlie, à Radar, et à bien d'autres.
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La fantasy n'est pas du tout ma tasse de thé, pourtant. Je n'en ai quasiment jamais lu, du reste. Mais là je n'ai pas du tout été perdue.
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Je ne tarderai pas autant à lire un nouveau S.K., c'est sûr et certain.

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Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir avec Stephen king.
Alors bien sûr la plume de l'auteur est inégalable, ses références, ses piques a Trump, ses longueurs, son humour... Tout y est, comme a son habitude.
Mais cette fois ci il nous emporte loin dans ses contes de fées.

Il met du temps ( pour mon plus grand plaisir) a poser les personnages et son histoire. le tiers du roman est consacré à cela.
Quand je dis pour mon plus grand plaisir, c'est que je trouve que Stephen king est terriblement efficace quand il met en relation un jeune et un vieillard.
Il arrive à instaurer une relation unique entre ces deux personnages, tellement forte et réaliste. Et pourtant, je me dis que ici ce n'était pas gagné car le très acariâtre Mr Bowditch m'a fortement fait penser à Client Eastwood dans Gran Torino.
En fait, je crois que Stephen king crée un sentiment d'empathie tellement fort qu'on ne peut qu' accrocher a ce couple atypique.
Cette partie du roman m'a directement ramenée à un autre roman de Stephen King que j'ai adoré et qui n'est autre que Coeurs perdus en atlantide.

La suite du roman nous plonge au coeur des contes de fées définis par l'auteur. C'est une fois encore très travaillé, avec des personnages et un univers extrêmement détaillés.

La quête du jeune Charlie nous ramène aussi directement à un autre roman du Maître ( mais écrit a 4 mains avec le regretté P. Straub) : le talisman des territoires.

Il faut aussi noter toutes les références a d'autres oeuvres, a d'autres auteurs. D'ailleurs clairement ce roman est un hommage a Lovecraft.

En tout cas le Maître traite de nombreux sujets qu'il maîtrise a la perfection, sans doute parce qu'il les a vécu pour une grande partie.

Enfin je ne vais pas m'étendre, j'ai adoré ce roman ou Stephen king a su me faire voyager au travers de ses contes de fées.
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Même après des décennies et des décennies, Stephen King arrive encore à surprendre. Rien ne semble en effet plus différent que son précédent roman, Billy Summers, avec ses deux pieds (moins un orteil) dans la réalité et ce Conte de fées. Et pourtant, dès les premières pages, on reconnaît immédiatement sa patte, unique.

Ce nouveau livre est un peu le couteau suisse de l'auteur, tant il est multi-usages, multipliant les atmosphères, mélangeant les genres. Tout au long de ce pavé de 730 pages, on se retrouvera tour à tour dans une ambiance intimiste, avec des passages dignes d'un Game of Thrones, une omniprésence de l'aura de Lovecraft, et même des moments à la Hunger games.

D'ailleurs, King ne cache pas que ce livre est un hommage aux génies du passé ; ambiance nostalgique. le livre est d'ailleurs dédié à H.P. Lovecraft, Robert E. Howard (père de Conan) et Edgar Rice Burroughs (papa de Tarzan et de nombreuses histoires de SF). Mais on peut aussi citer le Magicien d'Oz, Edgar Allan Poe ou encore Ray Bradbury. Et puis ces vieux films qui passent sur la chaîne américaine TCM.

Ayez l'esprit ouvert, le King va vous plonger dans un monde parallèle. Comme il aime ses lecteurs, il en prend soin, et le fait doucement, par étapes, comme s'il nous laissait tremper les doigts de pieds dans l'eau glacée, avant de nous plonger dans le grand bain.

Il use d'un bon tiers du livre pour présenter ses personnages : Charlie 17 ans, son père, Mr Bowditch le vieil homme, et son (vieux) chien Radar. L'auteur prend son temps, mais il sait ce qu'il fait. Les relations entre le jeune homme, le vieil irascible et le chien en fin de vie sont touchantes au possible. A tel point qu'une fois ferrés, vous ne pourrez plus vous passez d'eux.

Cette partie du livre fait indéniablement penser à la novella le Téléphone de M. Harrigan, et sera l'occasion de développer des thématiques chères à l'écrivain. L'enfance, le brutal passage à l'âge adulte, l'alcoolisme du père.

La vieillesse aussi. Avec comme déclencheur l'accident du vieux Bowditch et sa rééducation bien décrite en terme de sensations, comme un rappel de ce qu'a vécu King lui-même lorsqu'il avait été renversé par une voiture.

Quand on est, comme moi, fan de Stephen King, ces thèmes vibrent puissamment, et le foisonnement du roman fait penser à une sorte de Best of. Ou de testament anticipé. A 75 ans, l'auteur sait qu'il ne lui reste plus tant de livres à écrire…

Après ce début en douceur, modèle du genre, c'est donc dans un univers de fantasy qu'est plongé le lecteur, où pointent magie et monstres. Avec comme ligne de vie les contes de fées. Mais dans leurs versions traditionnelles et sombres, à des années lumières de l'esprit Disney (que l'auteur moque régulièrement tout au long de ces pages).

Vous vous sentirez à la fois en terrain connu, et déstabilisés par la manière dont l'auteur tord ces vieilles histoires, et lâche son imaginaire.

Le jeune Charlie va changer de monde, devoir surpasser son statut d'adolescent dans un univers qui lui semblera si étrange et pourtant parfois familier. Avec le chien Radar comme boussole.

Un voyage entre rêves et cauchemars qui n'est évidemment pas sans rappeler le Talisman des territoires, même si, ici, il n'est pas question de sauver sa mère (celle de Charlie est morte), mais le chien auquel il s'est tant attaché. Comme si on lui donnait une seconde chance.

A travers les deux mondes, c'est bien une histoire de rencontres. Et d'amitié, d'abord entre deux êtres que tout semblait éloigner (et puis le chien, gentil chien, King est un amoureux des canins).

Ces deux tiers suivants sont une ode à l'Imaginaire, avec ce mélange détonnant d'aspects contemporains confrontés à un monde magique, aux fables. Une fantasmagorie débridée, où Stephen King s'amuse comme un petit fou, explose les codes, les cases, mélangeant avec bonheur passages drôles et carrément sordides.

Les esprits trop cartésiens devront lâcher la bride pour bien profiter de cette histoire dense et inventive, souvent folle, toujours à l'affût de la malice de l'auteur à la raccrocher aux mythes connus.

Malgré quelques temps un peu plus faibles, l'épaisseur de l'univers créé, les liens avec ces autres histoires universelles (et certains classiques du King), la puissance des émotions ressenties, et la créativité persistante, font de cette lecture un moment hors du temps.

Conte de fées est une histoire d'amour plus forte que les pires horreurs, dans un monde parallèle où un jeune garçon (sportif) se doit d'endosser une cape de sauveur.

Qu'il est difficile de sortir de cet univers, et de passer à un autre livre, tant le talent de conteur de Stephen King est unique. Magique, aurais-je même envie de dire. Ce livre en est une sorte de condensé en forme de feu d'artifice.

A noter que de formidables illustrations sont présentes à chaque entête de chapitres, de Gabriel Rodriguez (dessinateur des BD « Locke and Key » tirées des histoire du fils de Stephen, Joe Hill), et du français Nicolas Delort.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Après quelques détours dans le polar, Stephen King renoue avec la magie des « Territoires », un conte où un héros adolescent traverse une frontière entre les mondes.

Charlie est un jeune lecteur de fantastique, nourri de Dracula et de « La foire des Ténèbres » de Ray Bradbury, mais aussi un garçon très sportif qui espère une bourse d'études. Il a eu une enfance difficile, car sa mère est morte dans un accident et son père a lutté contre l'alcoolisme. Il rendra un jour service à un voisin misanthrope qui a fait une chute. Il pénétrera dans un monde étrange, un royaume en danger aux prises avec un mal gris qui dévore les visages et transforme des habitants en zombies.

Un bon roman fantastique avec des descriptions réalistes de la société et des profondeurs des émotions de l'enfance, tout en intégrant un monde imaginaire complexe, mais tout aussi cohérent.
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Charlie Reade a supporté malgré lui l'alcoolisme de son père survenu suite à la mort accidentelle de sa femme. Mais quand celui-ci prend la décision d'arrêter de boire ,il se fait la promesse de devenir bienveillant .Et quand le chien d'un vieil homme se met à hurler à la mort ,il n'écoute que son courage pour sauver son maître en mauvaise posture suite à une chute d'une échelle .Et cette intervention va bouleverser sa vie .Du bon Stephen King pur jus ,à l'imagination hors norme !!!
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Il est grand temps de poser cette simple question : "Les livres de Stephen King seront-ils encore lus dans un siècle comme ils ont été dévorés avec voracité par plusieurs millions de lecteurs, génération après génération, pendant quarante-huit ans ?"
Ma réponse est la suivante : "Oh oui, certainement, comme Shakespeare et Dickens, pour ne citer que deux auteurs anglais qui ont atteint une notoriété et une reconnaissance durables". La vraie question est : Pourquoi ? Qu'est-ce qui fait de la lecture de Stephen King une lecture incontournable, parfois addictive ? Depuis 1974, à partir de 1976 environ, j'ai lu tous les livres, romans et recueils d'histoires, dans tous les formats et toutes les formes, ainsi que les oeuvres réalisées en collaboration avec d'autres auteurs, des illustrateurs et ses propres fils, qui sont sortis. J'ai peut-être manqué quelques histoires qui ont été publiées dans un magazine confidentiel et qui n'ont pas été réimprimées. J'ai même tous les épisodes d'une histoire qui a été publiée en tant que livre électronique exclusivement sur Amazon, The Plant (1982-1985, 2000), qu'il n'a jamais terminé, ou je ne sais pas s'il l'a fait, et au moins je ne dois pas me tromper puisque Wikipedia me dit qu'elle est inachevée.
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles cette oeuvre polymorphe survivra à son auteur. Permettez-moi d'en citer quelques-unes.
La première est assez simple : tout roman, d'une manière ou d'une autre, est toujours ancré dans la réalité du temps de l'action (surtout quand il s'agit du passé, par exemple le roman 11.22.63, 2011) et dans le temps où le livre est écrit, soit parce que le présent du récit est inclus dans l'histoire, soit parce que certaines problématiques relèvent clairement du présent du temps de l'écriture et non du passé de la principale période historique concernée.
La deuxième raison découle directement de celle que je viens de donner. Les problèmes évoqués dans les livres sont fondamentaux et seront des problèmes pendant longtemps, et ils pourraient même devenir des éléments historiques enseignés dans les écoles à l'avenir, comme la survie clandestine des criminels nazis aux États-Unis dans le livre Apt Pupil (1982).
Il faut penser aux enfants et aux jeunes, qui sont immensément présents dans les livres, et ce à bien des égards. Tout d'abord, les mauvais Enfantns du Maïs : consultez ma propre exploration de ces Enfants du Maïs sur Medium.com : "Children of the Corn and Maize God", et "Children of the Corn - 40th Anniversary - 1978-2018." Puis des enfants ou adolescents héroïques comme Charlie Reade, mais aussi tant d'enfants frustrés dans leur famille avec des parents au moins autoritaires (pensez à Carrie), des enfants brimés à l'école ou dans la société en général, y compris certains enfants rencontrant des pédophiles auxquels ils parviennent à échapper, mais combien n'ont pas échappé à leurs griffes ? Et que dire de l'exploitation extrême d'enfants aux capacités différentes pour en faire des agents tueurs envoyés pour exécuter certains politiciens ou membres des élites considérés comme mauvais par les maîtres de L'Institut (2019) ?
Ensuite, la présence de personnes handicapées est constante. Pensez à La Tour Sombre (1982-2004) où une jeune fille noire est réduite à voyager avec Roland en fauteuil roulant. Cette empathie pour les personnes handicapées s'exprime aussi largement pour les chiens et autres animaux. Radar est le héros animal de ce livre, mais un autre animal, un billy-bumbler (créature créée par King lui-même: on n'est jamais si bien servi que par soi-même), une sorte de chien, accompagne le groupe de "pèlerins" mené par Roland Deschain, Eddie Dean, Susannah Dean, Jake Chambers, soit quatre personnes plus Oy, le billy-bumbler, soit cinq, une pentade, un très mauvais présage quant à l'accomplissement de la mission. Et l'empathie dont je parle est si rare dans notre société où les chiens et les animaux sont réduits à des animaux de compagnie... qui peuvent être abandonnés lorsque leurs maîtres partent en vacances. Il faut certainement penser à Cujo, (1981), un chien rendu enragé par des chauves-souris, et comment il devient une terreur pour plusieurs personnes jusqu'à ce qu'il soit endormi... pour toujours.
Ensuite, bien sûr, vous avez les différents genres qui vont au-delà du monde réel et les différents genres sont mélangés dans de nombreux romans, comme dans celui-ci, et ces genres travaillent directement sur nos émotions plus profondes et les livres concernés deviennent très rapidement hypnotiques, voire addictifs. Permettez-moi de citer quelques-uns de ces genres. La science-fiction lorsque l'action est projetée dans le futur (La trilogie Gwendy, 2022). Vous avez beaucoup de fantastique lorsque l'action se situe dans un autre monde, un autre univers, sous le nôtre, ou parallèle au nôtre, mais vivant dans une culture médiévale héroïque (La Tour sombre, bien sûr, mais aussi Un conte de fées, ou le Talisman, 1984 & 2001). Ensuite, il y a beaucoup d'horreur dans de nombreux livres (et cette horreur est très présente dans le conte de fées de ce livre). Mais au-delà de l'horreur ou de l'épouvante, nous avons souvent de la magie, qui est trop souvent de la magie noire (présente dans A Fairy Tale, sous forme de malédiction ou de cadran solaire). L'utilisation de la perception extrasensorielle (PES) est également très courante : la capacité de déplacer des objets par la pensée (Carrie, 1974, par exemple), la capacité d'allumer un feu par la pensée (The Firestarter, 1980, par exemple), la possibilité de communiquer avec d'autres personnes directement via les ondes de votre cerveau (The Dead Zone, 1979, ou The Gwendy Trilogy, 2017-2022). Dans cette lignée, pensez à Abagail Freemantle dans The Stand, (1979), une femme noire de la ceinture agricole du maïs dans le Midwest qui joue de la guitare et chante des psaumes, qui peut communiquer avec Dieu, et qui est la prophète du livre, celle qui guide les bons à Boulder, Colorado, contre les mauvais à Las Vegas.
C'est là que nous pouvons considérer l'utilisation de "monstres" provenant des couches les plus profondes de la culture humaine : vampires, loups-garous, morts-vivants, extra-terrestres, et parfois quelques inventions de Stephen King comme Gogmagog. Son monde est surnaturel et j'utilise ici le terme "surnaturel" dans un sens qui pourrait vous renvoyer à la série télévisée achevée Supernatural d'Eric Kripke (qui produit maintenant la série télévisée Revolution). En fait, je dirais que la série Supernatural est une sorte de série fantastique et d'horreur douce diffusée en prime-time, vaguement inspirée de Stephen King, mais dans une approche plus commerciale : ce qui peut être vendu aux chaînes de télévision du monde entier pour le grand public en prime-time, pas même une fiction télévisuelle de type PG, et elle ramène sur la table un vrai Satan, un ange plus ou moins déchu et de quelques autres personnages mythiques qui sont tellement polis et raffinés qu'on pourrait leur servir le thé dans une tea party de la classe moyenne supérieure célébrant la beauté du monde à partir d'yeux de riches.
Il y a encore un élément que je voudrais donner ici. La possibilité pour les maisons, les hôtels, les lieux en général, les usines et les abattoirs d'être hantés d'une manière ou d'une autre. Pensez à The Shining, (1977). Mais une voiture peut aussi être hantée, pensez à Christine, (1983). La maison sur la colline dans Jerusalem's Lot, (1978) est un autre exemple servant de base aux vampires, surtout les maisons victoriennes. Je m'attendais à ce que la maison de M. Bowditch soit hantée, mais le cliché a été modifié ici dans un sens différent : il s'agit de la porte de notre monde vers un autre monde, et non de la porte d'un autre monde vers notre propre monde. Dans le même ordre d'idées, dans une période plus tardice dans sa vie, Stephen King a essayé d'aborder le suspense et les histoires policières, c'est-à-dire le crime et les détectives, la police et les enquêtes. Nous pourrions également insister sur l'utilisation de la technologie pour obtenir des effets mystérieux. Pensez à la trilogie Mr Mercedes, (2014-2016) qui utilise de simples tablettes de jeu pour capturer l'esprit de certaines personnes et les faire devenir des criminels.
Le dernier élément que je veux mentionner est politique. Dans ce livre, il y a ici une forte dénonciation de la dimension perverse de tout régime dictatorial. Mais dans plusieurs livres, le simple système démocratique est à la fois remis en cause et prôné. Dans The Stand, (1978, abrégé ; 1990, non coupé), une épidémie efface l'humanité (thème utilisé et galvaudé depuis 2000 par les séries télévisées), et les survivants vont se diviser selon deux lignes : les adeptes du Ténébreux, le diable bien sûr, à Las Vegas, qui vont tenter de conquérir le monde avec des armes nucléaires, et les adeptes de ceux qui croient en la démocratie à Boulder, Colorado, menés par une femme noire et quelques autres personnes, inspirés par des principes chrétiens et voués à la reconstruction des USA. Mais chez Stephen King, nous n'avons jamais cette approche tranchée du bien et du mal, en noir et blanc. Il y a toujours d'autres solutions, des troisièmes ou quatrièmes solutions, des options, et donc des conflits secondaires qui peuvent devenir cruciaux pour choisir la voie basse ou la voie haute, la voie facile, et le mal est facile, ou la voie difficile, et choisir la voie NON-MAL est beaucoup plus difficile parce qu'il y a alors beaucoup de ronds-points et de carrefours et de choix à faire.
Il est évident que dans 11.22.63, qui se déroule au moment de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, il y a une bonne dose de critique de la société américaine qui a produit une telle tragédie qui devait se répéter deux fois avant 1968 avec Robert Kennedy et Martin Luther King, et quelques autres. La question qui se cache derrière tout cela est la suivante : "La démocratie est-elle responsable d'une telle catastrophe politique ?". Stephen King ne choisit jamais clairement. Lisez le troisième tome de la Trilogie Gwendy qui se déroule en 2026 et vous trouverez quelques références directes à Trump et à la situation divisée des États-Unis. Mais il ne semble pas suggérer un choix contre la démocratie, même si elle permet à des charlatans de s'emparer du système, ni même une réglementation pour l'empêcher qui impliquerait certaines limitations de la sacro-sainte liberté d'expression. Mais la question est définitivement ouverte et d'une pertinence absolument urgente.

Dr. Jacques COULARDEAU

Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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La vie de Charle Reade est loin d'être un conte de fées : Sa mère morte, il doit tant bien que mal aider son père à vaincre ses vieux démons et tenter qu'il ne noye plus son chagrin dans l'alcool...
Sa rencontre avec M.Bowditch vivant seul avec sa vieille chienne Radar au 1 Sycamore Street va bouleverser son existence...
Stephen King nous propose sa version de Jack et le haricot magique, bourré de clins d'oeil, démontrant son immense talent de raconteur...
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Une fois de plus, Stephen King frappe très fort. Ce roman est divisé en 2 parties : la première, introductive (et qui rappelle la novella le téléphone de M. Harrigan), assez proche de beaucoup de romans du King dans sa construction et ses longues digressions/descriptions. Digressions que pour ma part j'ai toujours adorées, car il parvient à faire passer quantité de choses dans ces descriptions. Vient ensuite la partie "conte de fées" du roman. Là, il s'amuse à faire un melting-pot brillant de tous les contes traditionnels occidentaux, dans leur version la plus dark, évidemment.
Même si le roman verse souvent dans la fantasy à la Robin Hobb, il reste un authentique conte de fées, où King explore ses thèmes de prédilection : l'enfance et ses traumas, le passage à l'âge adulte avec ses rites et ses difficultés, la rédemption, la vieillesse...
Véritable voyage initiatique pour le jeune héros, Charlie Reade, Fairy Tale nous entraîne dans une folle aventure peuplée de personnages hauts en couleurs, y compris chez les méchants.
J'ai eu une drôle de sensation tout au long de ma lecture, comme s'il signait là une sorte de livre testament reprenant en quelque sorte tout ce qu'il a pu écrire au fil de sa carrière. Car, au détour d'une phrase, d'une scène, d'un paragraphe, je me retrouvais soudain dans un autre roman/nouvelle (Le fléau, Stand by me, 22/11/63, les Tommyknockers, Cujo etc.). Vous voyez cette impression d'apercevoir quelque chose du coin de l'oeil et qui disparait quand on tourne la tête ? Voilà ce qu'il a réussi à faire : évoquer tel ou tel livre sans pourtant le nommer. Je suis certaine d'être passée à côté de tout un tas de références, il faudra que je le relise pour toutes les traquer.
Les autres auteurs ne sont pas en reste : Lovecraft, Lewis Carroll, Lyman Franck Baum et autres ont droit à leurs clins d'oeil plus ou moins appuyés.
577 pages en police assez petite et je ne me suis pas ennuyée une seconde !
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Je rattrape mes critiques en retard.
Lu en septembre, ce dernier Stephen King est très bon.
L'auteur revient ici à la Fantasy, avec un roman s'inspirant des contes de fée. Mais attention, il s'agit des contes d'époque, pas ceux édulcorés à la Disney !
Comme à son habitude, King commence son récit très doucement. le premier tiers est consacré à la relation entre Charles Read, un ado de 17 ans, et Howard Bowditch, un solitaire avec un gros chien qui habite dans la maison au sommet d'une grande colline.
La seconde partie se déroule dans un monde parallèle de contes de fée frappé par une malédiction. King reprend les codes du genre à sa façon, et le résultat est convaincant.
Un très bon cru que je recommande fortement !
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Il était une fois, l'incroyable aventure de Charlie Reade, adolescent sportif et sociable de 17 ans qui se noue d'amitié avec le vieil acariâtre du quartier; M.Bowditch. il vit seul en compagnie de sa chienne, Radar, dans une vieille demeure que tout le monde appelle "la maison de Psychose".
Sur cette propriété se trouve un cabanon verrouillé, dans lequel d'inquiétants bruits se font entendre.
Le vieil homme fait une confidence à Charlie: à l'intérieur, il existe un passage vers un autre monde.

Après de nombreux polars, Stephen King renoue avec le genre qu'il affectionne le plus: le fantastique. Et ses thématiques préférées, l'alcoolisme et l'adolescence, sont bien présentes, et écrites avec beaucoup de justesse.

Durant le premier tiers du récit, un sublime travail est fait pour dresser le portrait de Charlie, afin que l'on s'imprègne totalement du vécu du jeune homme, de son passé difficile, de son caractère et de ses ambitions. La relation forte qu'il entretient avec son père lui permet de garder les pieds sur terre. Rien ne laisse penser qu'un adolescent équilibré, bon élève, sportif et sociable puisse nouer des liens d'amitié avec un vieil homme solitaire vivant à quelques pâtés de maison de chez lui. Et pourtant, Stephen King avec son talent indéniable, fait de cette relation le socle de ce conte.

Puis, le récit bascule dans un tout autre univers. Charlie découvre un autre monde, un endroit qui ressemble à un conte de fée, où il fait la connaissance d'une princesse déchue dans un royaume où une malédiction touche la presque totalité des habitants, où un être mauvais s'est emparé du pouvoir, où les prophéties voient un prince venir au secours de ce lieu unique. Après quelques longueurs inhérentes à la description d'éléments et de personnages nouveaux dans cet univers de conte, hors du temps de notre monde, la suite s'enchaîne dans un genre dark fantasy très prenant, jusqu'à la rencontre finale où le bien combat le mal pour une fin...... Que je vous laisse découvrir.

Stephen King nous gratifie du meilleur de ce qu'il sait imaginer, écrire et conter en faisant de multiples références aux contes de Grimm, aux auteurs de la littérature du genre comme Ray Bradbury, H.P Lovecraft, et aux références de films qui passent sur TCM. Il ancre le roman dans notre temps tout en jouant avec ces références cultes et culturelles populaires d'un passé récent.

J'ai pris le temps de me balader à Empis, cet autre monde, afin de profiter au maximum du royaume de Lilimar, et de l'imagination débordante de cet auteur ô combien exceptionnel. Un peu d'Empis m'habite désormais et un peu de moi y restera après cette lecture envoûtante.
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