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William Olivier Desmond (Traducteur)
EAN : 9782253151401
667 pages
Le Livre de Poche (05/03/2003)
3.71/5   566 notes
Résumé :
1960 : Enfant triste et rêveur, entre un père disparu et une mère en proie à des soucis d'argent, Bobby fait la connaissance d'un étrange voisin, qui se dit traqué par de mystérieuses crapules en manteau jaune.
1966 : A l'université, Pete mène joyeuse vie entre la musique, la contestation et les parties de cartes, sur fond de guerre au Vietnam. 1983 : Willie, vétéran de la guerre, gagne sa vie en jouant les aveugles, une cécité qui est aussi une forme de prov... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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sur 566 notes

1960. Bobby Garfield a 11 ans et sa plus grande préoccupation est d'acheter ce magnifique vélo qui a vu dans une vitrine en ville. Ses amis sont Sully-John et Carol Gerber. Il vit seul avec sa mère, une femme souvent froide, obsédée par l'argent et peu amène avec les hommes. « Il avait peur de sa mère, et pas qu'un peu ; les colères qu'elle piquait et les ressentiments qu'elle pouvait entretenir longtemps n'étaient qu'en partie responsables de cette peur, qui tenait avant tout au sentiment affreux de n'être que peu aimé et au besoin de protéger d'autant plus ce peu d'amour. » (p. 64) Quand Ted Brautigan s'installe dans l'appartement du dessus, Bobby ne sait pas encore qu'il vit son dernier été de petit garçon. le vieux Ted est obsédé par ceux qui appellent des crapules de bas étage, des hommes vêtus de longs manteaux jaunes qui en ont après lui. Il charge Bobby se garder l'oeil ouvert et de lui rapporter toutes sortes d'évènements. le gamin croit d'abord que Ted est fou, mais peu à peu, le monde semble devenir moins sûr.

1966, université du Maine. Pete Riley est un jeune étudiant boursier qui sait qu'il doit obtenir de bons résultats pour ne pas être recalé et ne pas être appelé par la conscription. La guerre du Vietnam vient de commencer et les consciences commencent à s'échauffer et à protester. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde à l'université. « Lorsque les gens parlent de l'activiste des années soixante, je dois faire un effort pour me rappeler que la majorité de ces mômes avaient traversé cette période de la même façon que Nate. Ils restaient plongés dans leur livre d'histoire, sans lever le nez pendant que l'histoire se produisait autour d'eux. » (p. 364) Ce n'est pas les livres d'histoire qui accaparent toute l'attention de Pete, c'est un jeu de cartes. Dans la salle commune de son dortoir, les résidents s'affrontent dans des parties enragées de chasse-coeur. Pete sait qu'il risque sa bourse à passer ses nuits au milieu des cartes, mais rien ne semble pouvoir le détourner de cette fièvre du jeu, pas même Carol Gerber.

1983. Willie Shearman est un vétéran, héros du Vietnam, qui s'est fait un métier de mendier sur la Cinquième Avenue en prétendant être aveugle. À quelques jours de Noël, on suit toute une journée de cet imposteur qui ne cesse de faire pénitence pour la raclée qui a donné à Carol Gerber quand il était gamin. En outre, il ne peut oublier la guerre et ses horreurs. « Dans la brousse, il fallait parfois quelque chose de mal pour empêcher autre chose de plus mal encore. » (p. 548) le pire justifie-t-il le mauvais ? C'est ce que Willie ne peut s'empêcher de se demander en serrant un gant de baseball qui n'est pas le sien.

1999. John Sullivan quitte son travail et rentre chez lui. Deux femmes ont marqué sa vie. Il y a Carol Gerber qui fut sa première petite amie. Et il y a cette mama-san qui le suit depuis qu'il a quitté le Vietnam. Certes, il a réussi sa vie, mais les démons de la guerre sont accrochés à son dos, comme à celui de tous les vétérans. « Ceux qui n'ont pas eu de cancer sont alcooliques à mort, et ceux qui ont réussi à laisser tomber la gnôle marchent au Prozac. » (p. 608) Pas de gloire pour les soldats qui ont ravagé le Vietnam, juste des souvenirs aussi collants et brûlants que le napalm.
1999. Bobby Garfield est de retour à Harwich, la banlieue de son enfance. « Quarante ans, c'est long. Les gens grandissent… ils grandissent et laissent derrière eux l'enfant qu'ils ont été. » (p. 668) Mais Bobby en est certain, il va retrouver Carol Gerber. Et peut-être aussi Ted Brautigan : le vieux lui avait fait une promesse et tout indique qu'il va la tenir. Finalement, tous les indices se recoupent : le gant de baseball, le roman Sa majesté des mouches de William Golding et Carol Gerber.

Les histoires de Bobby, Pete, Willie et John Sullivan sont comme des nouvelles indépendantes, ne serait Carol Gerber qui, tel le lapin blanc, passe de l'une à l'autre et relie les intrigues et les garçons entre eux. Au cours de la première histoire, l'angoisse monte progressivement, mais le mystère reste entier. Dans les trois autres histoires, point de surnaturel, si ce ne sont quelques flocons qui pourraient très bien passer inaperçus. Quand tout se rejoint, se noue et forme enfin le tableau ultime, on ne peut que saluer le talent de l'auteur qui fonde toute son histoire sur un amour d'enfance et sur une promesse. Moi qui n'aime que très peu les romans d'horreur, j'étais d'abord inquiète en ouvrant ce livre. Mais Stephen King a produit un récit très particulier qui relève du conte initiatique, du pamphlet pacifiste et du roman à clés.

L'Atlantide, c'est l'Amérique des sixties, un continent mythique disparu sous les bombes de la guerre du Vietnam. Oui, les bombes lâchées ailleurs ont tout de même détruit le pays qui les a envoyées. Les coeurs perdus, ce sont d'abord ceux du jeu de cartes qui a rendu presque fous tous les étudiants d'un dortoir universitaire. Ce sont surtout les espoirs et les rêves qui se sont échoués, soit sur la guerre, soit sur la vie. « Les coeurs peuvent se briser. Oui. Les coeurs peuvent se briser. Parfois, je me dis qu'il vaudrait mieux que nous mourrions en de tels moments, mais nous ne mourrons pas. » (p. 524 & 525) C'est donc le coeur en miettes, plus ou moins rafistolé, que les êtres continuent de vivre. Carol n'est pas le personnage principal, mais elle motive toute l'intrigue à mesure que son histoire se dessine dans le récit de l'un ou les souvenirs de l'autre. le coeur le plus perdu, c'est le sien, celui de la gamine amoureuse de Bobby, celui de l'activiste presque par hasard et celui de l'enfant maltraitée par une bande de jeunes brutes. Carol est peut-être la meilleure incarnation des sixties. Elle est les sixties.

Oubliez vos préjugés sur Stephen King : ici, le maître de l'horreur est subtil et génial. Et grâce à lui, j'ai découvert un artiste, Phil Ochs.
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Si vous attaquez ce livre avec l'intention de lire un fantastique à grand suspense qui se passe au fin fond du Maine, passez votre chemin.

« Coeurs perdus en Atlantide » de Stephen King est un recueil de cinq nouvelles entremêlées de liens et de destins croisés d'enfants.
Stephen King évoque des thèmes qui lui sont chers : l'enfance, l'adolescence et la perte de l'innocence.
Il compare l'Amérique de sa jeunesse, celle des sixties, à « l'Atlantide ayant sombré sous les flots ». Il dépeint avec réalisme les sixties, son époque, sa génération qui n'a pas réussi à vivre en accord avec ses idéaux et ses promesses.

« Crapules de bas étages en manteau jaune » sous-titrée « 1960: Ils tenaient un bâton éffilé aux deux bouts » est la plus longue d'entre elles et se déroule en 1960. Elle parle de Bobby, 11 ans, de ses amis, Sully-John et Carol dont il est secrètement amoureux. Elle raconte la rencontre de Bobby, solitaire et mal-aimé par sa mère avec Ted Brautigan. Des choses étranges vont alors se produire, des choses qui vont changer la vie de Bobby et en influencer beaucoup d'autres par la même occasion.
Carol est battue par 3 enfants d'une autre école et c'est Bobby qui l'a sauve et la venge. J'ai beaucoup apprécié la description de la passion commune de Bobby et de Ted pour la littérature. Cette nouvelle est celle que je préfère. Effet papillon garanti, la Tour Sombre n'est jamais loin…

"Chasse-coeurs en Atlantide" sous-titrée « 1966: On ne pouvait tout simplement pas arrêter de rigoler… » se situe en 1966. Cette nouvelle est emplie de nostalgie. Elle se déroule sur un campus américain entre musique et contestation. Des étudiants délaissent leurs cours pour jouer avec excitation aux cartes risquant d'être virés de l'université ce qui à l'époque équivaut à partir au Viêt-Nam, puisque la conscription était suspendue le temps des études. On y retrouve Carol qui étudie également dans cette université et qui débute une vie d'activiste contre cette guerre. J'ai eu un mal fou à terminer cette lecture. Je me demandais vraiment où Stephen King voulait en venir.
Ces deux nouvelles sont de loin les plus importantes du livre. Ce sont celles qui se passent à l'époque de sa jeunesse et les trois restantes ne seront que des conséquences.

« Willie l'aveugle » sous-titrée « 1983 : Dieu v'bénisse, tout un chacun. » parle de Willie, aveugle, qui fait la manche dans le beau quartier d'une grande ville Américaine. Officiellement, il est Billy Shearman, agent immobilier bourgeois en costard-cravate de marque et qui n'a aucun problème de vue. Officieusement, il est Willy Garfield, un ancien du Viêt-Nam, aveugle qui mendie dans la rue. Il est un des 3 gamins qui ont tabassé Carol. Il a sauvé la vie à Sully-John au Viêt-Nam mais il reste hanté par ce qu'il a fait à Carol : il écrit chaque jour dans un cahier des centaines de fois qu'il est désolé.

“Pourquoi nous étions au Viêt-Nam »sous-titrée « 1999 : Lorsque quelqu'un meurt, on pense au passé. ». Sully-John, ancien combattant se rend à l'enterrement d'un ancien soldat. Avec un autre vétéran, ils évoquent leurs souvenirs de guerre et se rappellent l'atrocité des combats : ils ne sont plus les mêmes depuis leur retour et se rendent compte qu'ils ont tous laissés quelque chose de leur physique ou de leur mental au Viêt-Nam.

"Ainsi tombent les ombres célestes de la nuit" sous-titrée “1999 : Amène-toi mon salaud, rentre à la maison. ». Bobby est adulte. Il retourne dans le village de son enfance et retrouve Carol qu'il croyait décédée. La nouvelle réunit en effet Bobby et Carol pour l'enterrement de Sully-John. On y retrouve une référence à Ted Brautigan, qui est parvenu à joindre Bobby

Ces trois dernières nouvelles se partagent les dernières cent cinquante pages et donnent l'impression d'être juste des épilogues racontant ce que sont devenus les protagonistes des deux histoires précédentes. Ainsi, King cherche à illustrer le vide total des vies menées par ces personnages, dont le coeur est resté bloqué dans les années 60. C'est un point de vue…
La fin du livre a un goût d'amertume : Tout ce que les années soixante ont représenté est définitivement enterré. Stephen King fait une croix sur cette époque appelée « l'Atlantide ».
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Innocence perdue.

Cinq récits composent ce roman-fleuve. Tous tournent autour d'une femme, Carol.

C'est toujours un régal de retrouver Stephen King ! Cette fois-ci le fantastique et l'horreur sont quasiment absent, sauf dans la première partie. Ici l'auteur se concentre sur d'autres thèmes de prédilection, l'enfance et la nostalgie de cette période.

La construction de ce roman-fleuve est brillante. Chaque partie correspond à une année (1960, 1966, 1983 et 1999), malgré la distance temporelle les différentes parties se répondent. Ainsi certains personnages, en plus de Carol, vont et viennent entre les parties.

Stephen King montre dans ce récit la fin d'un monde. Les années soixante étaient insouciantes et heureuses, mais la guerre du Vietnam a tout fait voler en éclat. Les deux premières parties montrent des personnages ayant une certaine insouciance, quand les trois dernières montrent des personnages brisés par la guerre.

Bref, ce roman est clairement un incontournable de Stephen King.
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"Coeurs perdus en Atlantide" est un recueil composé de plusieurs parties, indépendantes et liées à la fois. La première de toutes, est celle qui a servie au film, la plus passionnante. Les autres sont plus courtes, mais n'en sont pas moins intéressantes.

Ce qui relie ces "parties", que l'on peut considérer comme des nouvelles, bien qu'elles soient liées, c'est le personnage de Carole Gerber. Ce n'est pas vraiment visible, et ce n'est pas le plus important. En effet, le Maître avait choisit de parler de plusieurs personnages, qui ont tous le point commun d'avoir rencontré Carole. Carole est en quelque sorte l'Amélie Poulain du bouquin. Elle va changer la vie de certains. Mais ce ne sera pas forcément bénéfique à ceux là. Parce que Carole n'est pas la petite fille sage qu'elle était étant petite. Elle n'est plus la petite fille blonde de la ville de Harwich, Connecticut.

"Coeurs perdus en Atlantide" est un très beau livre. On se rend compte que Maître King avait un peu (beaucoup) vieillit, que les romans d'épouvante et de fantastique de ses débuts, ont laissés la place à des oeuvres plus émouvantes, un peu plus touchantes. Des romans comme "La ligne verte" et de l'essai "Écriture : Mémoires d'un métier" vont dans ce sens. On sent une véritable coupure comparer à ses anciens succès Kingiens tels que "Les Tommyknockers", "Christine" ou le chef-d'oeuvre "Shining". Mais c'est avant tout, une affaire de goût. Et aimant énormément cet auteur de génie, je n'ai vraiment aucune vraie préférence. Car ces romans, bien que moins effrayants, n'en contiennent pas moins une part de fantastique. Dans "Coeurs perdus en Atlantide", le fantastique se retrouve dans la première partie du roman, celle de Bobby Garfield, jeune garçon de onze ans qui va rencontrer un étrange vieil homme. Cette rencontre avec cet homme, Ted Brautigan, va changer sa vie.
Tout commence à la veille des vacances d'été. Billy et sa mère rencontrent leur nouveau colocataire. Ted Brautigan n'a que pour seuls bagages que quelques sacs de papier kraft. Détail que ne manquera pas de remarquer Liz Garfield, et qui installera chez elle une terrible animosité envers le vieil homme. Dès leur première rencontre, on sent qu'il se passe quelque chose entre Bobby et Ted. Et plus tard, il s'installera une véritable et profonde amitié entre eux.

"Je t'aime Ted…"
Cette amitié sera renforcée par le secret que vas lui révéler Ted : il doit se cacher de "crapules de bas étages", des gars louches qui se baladent en manteaux jaunes et roulent dans des voitures "étranges". Mais qui sont ces personnages ? A vrai dire, nous n'en sauront pas grand chose. Et qui est Ted, et d'où vient-il ? Là non plus, nous n'aurons pas de réelle réponse. Ce qui importe, c'est ce merveilleux lien entre le jeune garçon et le vieil homme. J'ai été littéralement émerveillé par leur amitié et par leur relation, faite de respect et d'amour. Cette rencontre était vraiment émouvante. Et ressentir cela dans un roman de Maître Stephen King, c'est plutôt atypique.

Mais "Coeurs perdus en Atlantide" ne s'arrête pas là. La rencontre entre Bobby et Ted n'est qu'une partie du livre. En effet, l'auteur nous propose un vrai voyage dans le temps : les années 60, 80 et 90. Au travers de ces trois décennies, il nous transporte dans des univers différents, dans des histoires différentes, mais qui ont tous un point commun. Cela lui permet d'aborder plusieurs thèmes dans son roman : le Viêt Nam et les vétérans, l'amitié, le pacifisme, l'amour, la mort et l'avenir.
Après cette très belle "nouvelle", car il s'agit bien d'une nouvelle puisque, prise séparément, elle est parfaitement indépendante, vient l'époque de la guerre du Viêt Nam. Ou plutôt, de l'avant guerre, avec la montée de l'idée pacifiste chez les jeunes de cette époque. Et c'est là que les messages politiques du Maître sont apparents. Il semble que cette guerre est eu un certain impact sur l'auteur. Grâce à lui, je remarque que cela a touché gravement toute une génération de jeunes, choqués par toute cette violence et qui avaient tout simplement envie de vivre. C'est vrai, comment comprendre le fait d'aller se faire tuer loin de chez soit pour une cause, noble car il s'agit de la liberté (bien qu'il y ait d'autres raisons beaucoup moins nobles…), et qui est loin des préoccupations de l'époque.
C'est là que j'ai pu saisir le sens du titre du roman. Selon moi, l'Atlantide représente les États-Unis de la fin des années 60 et du début des années 70. le pays est fortement marqué par le Viêt Nam. Stephen King abordera dans la partie où l'on suit un vétéran du Viêt Nam, Sully, différents problèmes : le syndrome de la "mama-san", le gaz Orange, qui semble-t-il a rendu malade de nombreux malades.

Sinon ce que j'ai le plus aimé, c'est bel et bien l'histoire de Bobby et de Ted. Maître King a tellement de talent pour la narration et surtout, la description des lieux et des personnages, que j'ai été triste de voir la fin de la première partie. Tout ce que je peux dire concernant cette histoire, c'est qu'il faut lire la fin du roman, que, bien sûr, je ne dirai pas, pour ne pas gâcher la surprise de nos futurs chers lecteurs. Mais quelle émotion ! C'est une fin tout simplement magnifique.
Comme tous les oeuvres de Steevie, à quelques exceptions près, j'ai eu énormément de plaisir à lire ce recueil. Comme je l'ai déjà précisé plus haut, il marque un changement avec ses anciens romans. Ici, il y a très peu de fantastique, mais beaucoup d'émotions. Un ouvrage magique digne de la plume du grand Maestro, un véritable bijou superbement fabuleux et bien tisser qui se hisse d'emblée comme le chef-d'oeuvre indéniable dans la littérature américaine intelligente. Un must inoubliable que je vous recommande fortement.
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Quel voyage Marty ! Les années 1960 ! le respect, l'innocence de l'enfance, les jeux simples, la liberté, l'université, les manifestations, les guerres, les morts. Stephen King, dans « Coeurs perdus en Atlantide », nous transporte dans une époque qu'il a à la fois aimée et détestée. Il en est nostalgique et ça se sent. On a ici un roman très personnel composé de 2 romans courts et de 3 nouvelles. Ici, pas de clown, pas de sang, presque pas d'épouvante. C'est un King brut d'émotions qui nous offre un livre comme rarement il nous en a offert.

C'est l'histoire un ka-tet (vous comprendrez un groupe de personne partageant un même destin) avec à sa tête Carol « bébé » Gerber. Ce livre se divise en 5 histoires intimement liées par les personnages :

La première est ma favorite et de loin. C'est une déclaration d'amour à l'innocence de l'enfance que l'on sait chère pour King. Un vieux monsieur, Ted, emménage chez la mère du jeune Bobby. Ce Ted est un homme d'une richesse incroyable. Il permet à King de déclarer également sa flamme à Golding et à son majestueux « Sa majesté des mouches » (voir à la littérature et à la culture américaine en général). Ted et Bobby vont s'attacher jusqu'à une sortie brutale de l'enfance. (5/5)

La seconde se déroule en 1966, 6 ans plus tard, dans une université. On suit Pete et sa bande de potes du second étage du dortoir. King peint les première années de faculté, les tentations que nous avons tous connus en tant qu'étudiant. Se laisser tenter par le jeu, par la folie, par le « chasse coeur ». Et à côté de ça, on découvre les débuts de la révolte étudiante contre la guerre du Vietnam. le signe ND dont je connaissais très peu de chose. Un roman avec beaucoup de longueur mais aussi très touchant. (4/5)

Puis arrive les nouvelles. Avec tout d'abord l'histoire de Willie, vétéran du Vietnam complétement fou. le livre tourne ici au drame, peignant les ravages d'une guerre pas encore terminée tant que ces vétérans survivront comme ils le peuvent dans cette société. Puis c'est le tour de Sully, se rendant à l'enterrement d'un de ses compagnons de guerre, tout aussi malade. Des nouvelles qui procurent beaucoup d'émotions mais j'ai eu beaucoup de mal tout de même à être transporté. Surement parce que je n'ai pas cette culture de la guerre du Vietnam et des 60's. (2/5)

Enfin la dernière nouvelle, c'est celle qui termine la boucle, c'est le 6 ou le 0 qui se ferment. Je ne vais trop rien dire, je vous laisse découvrir mais c'est fort en émotions quand on a aimé, comme moi j'ai pu l'aimé, la première nouvelle et les aventures de Bobby et Carol.

Bref, la critique s'allonge mais il y a tant à dire. Ce livre est si riche ! Je pense qu'il doit vraiment toucher cette génération d'américains des années 60, peut-être moins les étrangers des années 90 comme moi. Mais on ressent tout de même la nostalgie de l'auteur. Non pas du « Ah c'était mieux avant » mais juste une déclaration d'amour pour une époque où il y avait du bon et du mauvais. Riche en informations, riche en émotions, ce livre est une vrai DeLorean.

Enfin, et je ne peux passer à côté, ce livre est une annexe de la Tour Sombre. Ted est un personnage que l'on retrouve dans le tome 7 de la saga. Puis vous trouverez aussi un avatar de Randall Flagg. Bonne recherche !

Ce livre (du moins le premier roman/dernière nouvelle) a été adapté au cinéma. Une version sans trop d'intérêt car trop bref pour s'attacher aux personnages et dépourvu de la terreur que nous procure les personnages tirés de la tour sombre, totalement absents du film.
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Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des tas de gens de notre âge que j'aime bien, pris individuellement, reprit-il. Mais je n'ai que mépris et dégoût pour cette génération elle-même, Sully. L'occasion nous a été offerte de tout changer. Elle nous a vraiment été offerte. Au lieu de quoi, nous avons préféré les jeans haute couture, des billets pour aller écouter Mariah Carey, les points de réduction passager régulier pour prendre l'avion, le Titanic de James Cameron, et les comptes épargne-retraite. La seule génération qui se rapproche de la nôtre, pour ce qui est de ne rien se refuser, en termes d'égoïsme pur, est celle qu'on a appelée la génération perdue, la génération des années vingt ; mais au moins, eux avaient la décence de ne jamais dessoûler. Nous n'avons même pas été capables de faire cela. On est vraiment nuls, mon vieux.
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C'est avec ses mains tremblantes, engoudries, qu'il s'empara de l'enveloppe scellée, sur laquelle figurait seulement son nom. C'était l'écritude de Ted; il l'avait reconnue tout de suite. Son coeur battait plus fort que jamais. La bouche sèche, les yeux pleins de larmes sans en avoir conscience, il déchira l'enveloppe, un petit modèle comme ceux destinés aux cartes de visite.
Ce qu'il en sortit en premier fut un parfum, le parfum le plus exquis qu'il ait jamais senti. Comme lorsqu'il embrassait sa mère quand il était petit et qu'il s'enivrait du mélange de son eau de toilette, de son déodorant et du truc qu'elle mettait dans ses cheveux; comme l'odeur de Commonwealth Park en été; comme les effluves à la fois épicés, clandestins et explosifs qui montaient des empilements de livres, à la bibliothèque de Harwich. Les larmes débordèrent et coulèrent sur ses joues. Il s'était habitué à se sentir vieux; se sentir jeune tout à coup, savoir qu'il pouvait se sentir jeune encore, fut un choc qui le laissa complètement désorienté.
Pas de lettre, même pas un mot, rien d'écrit. Lorsque Bobby inclina l'enveloppe, c'est une averse de pétales de rose qui tomba sur son bureau, des pétales du rouege le plus profond et le plus sombre qu'il ait jamais vu.
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- L'histoire, dans le bouquin de Simak, est sensationnelle, dit-il. Mais du point de vue de l'écriture, elle n'est pas extraordinaire. Ce n'est pas mauvais, je n'ai pas voulu dire ça, mais crois-moi, il y a mieux.
Bobby attendit.
-On trouve aussi des tas de livres écrits de manière admirable mais dont les histoires ne sont pas trés bonnes. Sache lire parfois pour l'histoire, Bobby. Ne sois pas comme ces snobinards qui refusent de le faire. Mais lis aussi parfois pour les mots, pour la langue. Ne sois pas non plus comme ces frileux qui ne s'y risqueraient pas. Et le jour où tu tombes sur un bouquin qui raconte une bonne histoire et qui en plus est bien écrit, chéris-le comme un trésor.
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- Comment s'appelle ce quartier? demanda Bobby. Est-ce qu'il a un nom?
- Aujourd'hui, qui sait? répondit Ted avec un haussement d'épaules. Dans le temps, on l'appelait Greektown, tellement il y avait de Grecs. Puis les Italiens sont arrivés, puis les Portoricains, et maintenant les Nègres. Un romancier du nom de David Goodis - du genre de ceux que ne lisent jamais les profs, un génie du roman de poche - qui en parle simplement comme de "là-bas en bas". D'après lui, toutes les villes ont un quartier comme celui-ci, où l'on peut acheter du sexe, ou de la marijuana, ou un perroquet qui dit des gros mots; où l'on voit des hommes assis sur les perrons comme ceux-là de l'autre côté de la rue, où les femmes ont toujours l'air de gueuler après leurs mômes pour qu'ils rentrent s'ils ne veulent pas une raclée, et où les bouteilles de vin se cachent toujours dans des sacs en papier.
Ted montra le caniveau; le col d'une Thunderbird dépassait en effet d'un sac en papier kraft.
- C'est juste "Là-bas en bas", comme dit Goodis, l'endroit où on ne se sert jamais de son nom de famille et où on peut se procurer à peu près n'importe quoi, pour peu qu'on en ait les moyens.
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« Les cœurs peuvent se briser. Oui. Les cœurs peuvent se briser. Parfois, je me dis qu’il vaudrait mieux que nous mourrions en de tels moments, mais nous ne mourrons pas. » (p. 524 & 525)
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