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Coeurs perdus en Atlantide" est un recueil composé de plusieurs parties, indépendantes et liées à la fois. La première de toutes, est celle qui a servie au film, la plus passionnante. Les autres sont plus courtes, mais n'en sont pas moins intéressantes.
Ce qui relie ces "parties", que l'on peut considérer comme des nouvelles, bien qu'elles soient liées, c'est le personnage de Carole Gerber. Ce n'est pas vraiment visible, et ce n'est pas le plus important. En effet, le Maître avait choisit de parler de plusieurs personnages, qui ont tous le point commun d'avoir rencontré Carole. Carole est en quelque sorte l'Amélie Poulain du bouquin. Elle va changer la vie de certains. Mais ce ne sera pas forcément bénéfique à ceux là. Parce que Carole n'est pas la petite fille sage qu'elle était étant petite. Elle n'est plus la petite fille blonde de la ville de Harwich, Connecticut.
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Coeurs perdus en Atlantide" est un très beau livre. On se rend compte que Maître King avait un peu (beaucoup) vieillit, que les romans d'épouvante et de fantastique de ses débuts, ont laissés la place à des oeuvres plus émouvantes, un peu plus touchantes. Des romans comme "
La ligne verte" et de l'essai "Écriture : Mémoires d'un métier" vont dans ce sens. On sent une véritable coupure comparer à ses anciens succès Kingiens tels que "
Les Tommyknockers", "
Christine" ou le chef-d'oeuvre "
Shining". Mais c'est avant tout, une affaire de goût. Et aimant énormément cet auteur de génie, je n'ai vraiment aucune vraie préférence. Car ces romans, bien que moins effrayants, n'en contiennent pas moins une part de fantastique. Dans "
Coeurs perdus en Atlantide", le fantastique se retrouve dans la première partie du roman, celle de Bobby Garfield, jeune garçon de onze ans qui va rencontrer un étrange vieil homme. Cette rencontre avec cet homme, Ted Brautigan, va changer sa vie.
Tout commence à la veille des vacances d'été. Billy et sa mère rencontrent leur nouveau colocataire. Ted Brautigan n'a que pour seuls bagages que quelques sacs de papier kraft. Détail que ne manquera pas de remarquer Liz Garfield, et qui installera chez elle une terrible animosité envers le vieil homme. Dès leur première rencontre, on sent qu'il se passe quelque chose entre Bobby et Ted. Et plus tard, il s'installera une véritable et profonde amitié entre eux.
"Je t'aime Ted…"
Cette amitié sera renforcée par le secret que vas lui révéler Ted : il doit se cacher de "crapules de bas étages", des gars louches qui se baladent en manteaux jaunes et roulent dans des voitures "étranges". Mais qui sont ces personnages ? A vrai dire, nous n'en sauront pas grand chose. Et qui est Ted, et d'où vient-il ? Là non plus, nous n'aurons pas de réelle réponse. Ce qui importe, c'est ce merveilleux lien entre le jeune garçon et le vieil homme. J'ai été littéralement émerveillé par leur amitié et par leur relation, faite de respect et d'amour. Cette rencontre était vraiment émouvante. Et ressentir cela dans un roman de Maître
Stephen King, c'est plutôt atypique.
Mais "
Coeurs perdus en Atlantide" ne s'arrête pas là. La rencontre entre Bobby et Ted n'est qu'une partie du livre. En effet, l'auteur nous propose un vrai voyage dans le temps : les années 60, 80 et 90. Au travers de ces trois décennies, il nous transporte dans des univers différents, dans des histoires différentes, mais qui ont tous un point commun. Cela lui permet d'aborder plusieurs thèmes dans son roman : le Viêt Nam et les vétérans, l'amitié, le pacifisme, l'amour, la mort et l'avenir.
Après cette très belle "nouvelle", car il s'agit bien d'une nouvelle puisque, prise séparément, elle est parfaitement indépendante, vient l'époque de la guerre du Viêt Nam. Ou plutôt, de l'avant guerre, avec la montée de l'idée pacifiste chez les jeunes de cette époque. Et c'est là que les messages politiques du Maître sont apparents. Il semble que cette guerre est eu un certain impact sur l'auteur. Grâce à lui, je remarque que cela a touché gravement toute une génération de jeunes, choqués par toute cette violence et qui avaient tout simplement envie de vivre. C'est vrai, comment comprendre le fait d'aller se faire tuer loin de chez soit pour une cause, noble car il s'agit de la liberté (bien qu'il y ait d'autres raisons beaucoup moins nobles…), et qui est loin des préoccupations de l'époque.
C'est là que j'ai pu saisir le sens du titre du roman. Selon moi, l'Atlantide représente les États-Unis de la fin des années 60 et du début des années 70. le pays est fortement marqué par le Viêt Nam.
Stephen King abordera dans la partie où l'on suit un vétéran du Viêt Nam, Sully, différents problèmes : le syndrome de la "mama-san", le gaz Orange, qui semble-t-il a rendu malade de nombreux malades.
Sinon ce que j'ai le plus aimé, c'est bel et bien l'histoire de Bobby et de Ted. Maître King a tellement de talent pour la narration et surtout, la description des lieux et des personnages, que j'ai été triste de voir la fin de la première partie. Tout ce que je peux dire concernant cette histoire, c'est qu'il faut lire la fin du roman, que, bien sûr, je ne dirai pas, pour ne pas gâcher la surprise de nos futurs chers lecteurs. Mais quelle émotion ! C'est une fin tout simplement magnifique.
Comme tous les oeuvres de Steevie, à quelques exceptions près, j'ai eu énormément de plaisir à lire ce recueil. Comme je l'ai déjà précisé plus haut, il marque un changement avec ses anciens romans. Ici, il y a très peu de fantastique, mais beaucoup d'émotions. Un ouvrage magique digne de la plume du grand Maestro, un véritable bijou superbement fabuleux et bien tisser qui se hisse d'emblée comme le chef-d'oeuvre indéniable dans la littérature américaine intelligente. Un must inoubliable que je vous recommande fortement.