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Georges La Flize (Traducteur)Guy de Maupassant (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080706454
188 pages
Flammarion (17/12/1998)
3.75/5   98 notes
Résumé :
« Je ne puis être heureux qu'en ma société, parce qu'il m'est permis, là, d'être tout à fait vrai », disait Kleist. Pourtant, c'est cette société qui lui rendit la vie impossible et le poussa au suicide à l'âge de trente-quatre ans. Alors que le style des drames de Kleist se caractérise par une fougue exaltée, celui de ses nouvelles est marqué par une réserve extrême, opposition unique dans la littérature allemande. Un homme honnête à la recherche frénétique de la j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Dans ce récit, inspiré d'une vieille chronique du 16 ème siècle, dans une Allemagne morcellée entre de petits états, Kohlhaas, un riche marchand de chevaux, se heurte, alors qu'il se rendait à une foire de Saxe en compagnie de trois de ses bêtes, à un péage appartenant à un hobereau vil et frivole. le passage lui est interdit jusqu'à l'obtention d'un laissez-passer. Kohlhaas laisse ses bêtes, en gage, et pour leur entretien l'un de ses valets muni d'une somme d'argent. Une fois à Dresde il apprend que cette réglementaion est arbritaire et se rendra, un peu plus tard, sur les terres de ce péage pour retrouver son homme et ses biens. Mais, dès son arrivée, il apprend que son valet a été battu puis chassé et retrouve ses bêtes tristement décharnées, après qu'on les eut utilisées pour les travaux des champs. Il fera alors, en homme honnête et confiant, appel à la justice pour établir une réparation; mais celle-ci, vite influencée par la famille du hobereau, se perdra en maintes chicanes inutiles. Dès lors la vie de Kohlhaas, animée par un puissant sens d'équité, bascule. Il commence par vendre une partie de ses domaines; sa femme mourra après avoir été rouée de coups en s'approchant de la cour pour plaider la cause de son mari. Il va ensuite, tel un ange exterminateur, semé la terreur partout dans le pays, avec une armée de croquants qu'il avait levée. Il faudra l'intervention de Luther pour que cessent ses exactions et que soit réexaminé son procès. Après des péripéties complexes, il obtient réparation pour l'injustice subie en retrouvant ses chevaux en parfait état, mais aura cepandant , pour les crimes et désordres commis, la tête tranchée. L'écriture de Kleist est simple, alerte, et incisive et sait créer d'emblée une forte tension dramatique, tout en nous laissant un peu perplexe : Kohlhaas est devenu un rebelle à cause de son sens de la justice, d'une vraie santé morale et physique, face à une aristocratie et un peuple corrompus, mais là où beaucoup auraient cédé, soit par faiblesse, soit par raison, il est entrainé dans la démesure.
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L'intrigue de ce livre pourrait tenir en quelques lignes. Un honnête marchand, bon père de famille se fait voler deux chevaux par un seigneur du coin se croyant tout permis de par sa naissance. La justice étant sourde à ses réclamations (car pervertie), notre héros va finalement se faire justice lui-même en mettant le pays à feu et à sang.
Kohlhaas soulève une armée de mercenaires, pille, brûle, massacre des innocents pour laver son honneur et cela suffirait à nous le faire haïr. Pourtant, tout au long du récit, on va s'attacher à cet homme ordinaire rendu fou par l'injustice et qui ose défier la noblesse.
Michaël Kohlhaas n'est pas à proprement parler un révolutionnaire car il ne défend que sa cause. Il serait plutôt une sorte de samouraï. Un pur. Et ma foi, entre deux romans modernes peuplés d'antihéros, il était bien agréable de se laisser emporter par l'histoire incroyable d'un héros, un vrai!!!
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En France, Kleist est toujours passé et passe toujours pour un sous-Goethe. Et c'est dommage, car si l'exemple du maître se ressent souvent fortement, d'autres textes révèlent un esprit bien différent, plus terre-à -terre mais moins hautain, agité par des préoccupations moins éthérées mais non moins fin dans ses analyses. Tel le révèle cette nouvelle, revenue un peu à la mode grâce à une adaptation cinématographique en 2013.

Au XVIème siècle, le marchand de chevaux Michael Kohlaas est victime d'une injustice de la part d'un junker (petit noble allemand), qui le force à lui laisser en gage deux de ses plus beaux chevaux, et les lui rend en piètre état. Corrompue et soumise à de multiples influences, la justice s'avère incapable de lui donner raison. Décidé à obtenir réparation quel qu'en soit le moyen, il vend tous ses biens, arme ses valets, recrute une bande à sa solde, et se met en campagne.

Son château est pris et brûlé, mais le junker parvient à s'enfuir. Kohlass le poursuit jusqu'à la ville où il s'est réfugié, y infiltre des hommes qui boutent le feu en plusieurs point. Une troupe envoyée contre lui est écrasée, puis une autre. Sa réputation grandit. le prince de Saxe lui envoie alors des offres de paix, auxquelles il ne répond qu'une chose : qu'on me rende mes chevaux dans l'état où je les ai laissé, et je rentrerai en paix…

Kleist s'inspira d'une histoire vraie, même s'il l'enjoliva un peu. Ce qui le fascine ici, c'est l'affrontement entre la noblesse et la bourgeoisie naissante. Kohlass défend son sens de la justice comme un chevalier d'entant son honneur. Il est prêt à mettre un pays à feu et à sang pour obtenir, en échange, rien que ce qu'on lui a pris. Il risque sa vie pour essayer de convaincre de son bon droit la seule personne dont l'opinion compte à ses yeux, et qui l'a condamné : Luther. Peu lui importe les ravages qu'il sème autours de lui : seule compte sa cause.

La noblesse a failli. Une nouvelle classe sociale se lève. Avec elle, une nouvelle religion, et de nouvelles valeurs qu'elle est prête à défendre jusqu'à la mort. Des siècles d'affrontement s'annoncent…
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Brûlante lecture que celle de la tragédie de Michael Kohlaas, marchand vertueux perdu par son inaltérable droiture et une inaptitude totale à l'agilité politique.
Brûlante parce que fougueuse, violente, intransigeante, et porteuse d'une charge virulente contre la société de la part de l'auteur, dont on comprend qu'il a choisi l'adaptation d'une histoire vieille de plusieurs siècles pour d'autant mieux dénoncer les mêmes travers de pouvoir dans la sienne.
Et d'autant plus saisissante que sa parution a précédé de peu le suicide d'un auteur exalté, rejeté par son maître Goethe et en opposition avec son temps.
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Ce court roman ( certains éditeurs le qualifient de nouvelle ) est un récit inspiré de chroniques du XVIème siècle. L'écrivain Heinrich von Kleist ( 1777 – 1811 ), admirateur de Goethe dont il rechercha l'approbation, etait un jeune dramaturge et auteur de nouvelles lorsqu'il parut. En écrivant ce drame, presque une tragédie, il donna à un fait historique une dimension symbolique, décrivant avec rigueur l'enchaînement et l'enchevêtrement des évènements et leurs conséquences plutôt que de développer une verve romanesque attachée aux personnages, l'inscrivant à la fois dans le contexte historique attesté et dans sa propre époque.

Ainsi, ce récit témoigne d'une société bouleversée, une société en transformation : le XVIème siècle, c'est le siècle de la Réforme ( Martin Luther intervient dans ce roman, il est prouvé par une lettre de sa main qu'il est intervenu dans la réalité ). A travers ce personnage de marchand de chevaux, c'est l'histoire d'un honnête homme spolié par un seigneur – « encore une de ses violences comme on s'en permet depuis quelque temps au château » - puis confronté à une justice malmenée par les privilèges, les conflits et les intérêts des différents pouvoirs, par les garants de ces lois. Ce sera donc contre toutes ces autorités que se rebelle Michael Kohlkaas, sa croisade mêlant volonté de justice et « l'enfer d'une vengeance non assouvie ». Il s'agit bien du théâtre de l'Histoire allemande que ce roman, celui du Saint Empire romain germanique, des princes des Etats et de leurs lois féodales, celui des Electeurs. Publié au début du XIXème ( 1808 – version définitive 1810 ), le sujet est engagé, politique, à l'heure des conquêtes napoléoniennes achevant l'Empire germanique en pleine débâcle militaire et tentatives de réformes.

D'une plume sobre et concise, ce roman peut être divisé en deux parties. La première, épique, relate l'affrontement entre Michael Kohlhass et le baron Wenceslas de Tronka qui évoluera vers une véritable guerre contre les instances gouvernementales, le marchand de chevaux combattant des troupes, incendiant des villes, à la tête d'une armée de gens du peuple et d'aventuriers. Son combat par le fer et le feu répand la terreur et la colère parmi la population qui prend tout de même son parti sans toutefois répondre à son appel mégalomane et mystique. Michael Kohlhaas se fait justicier et criminel, ennemi d'Etat. Dans la seconde partie, ce sont tous les méandres judiciaires qui sont présentés dans le double procès de cet homme, celui traitant sa plainte contre le baron, celui l'accusant d'avoir violé la paix de l'Empire. Des félons, des tractations politiques, des manipulations privées et la recherche des jugements et des sentences qui permettront de préserver l'honneur, l'autorité et la crédibilité des gouvernants devant le peuple…

Ce roman est publié dans plusieurs collections de format poche. Celle-ci est complétée en fin d'ouvrage par un dossier sur le film dont un texte de Arnaud des Pallières ( qui nous apprend que " Franz Kafka, dont c'était le livre préféré parmi toute la littérature allemande, disait que la lecture de Michael Kohlhaas avait été pour lui à l'origine de son désir d'écrire ") à propos de son adaptation cinématographique et un entretien avec Mads Mikkelsen l'acteur interprétant Michael Kohlhaas, ainsi que par une postface de l'éditeur sur l'écriture de ce récit et son auteur tourmenté (une référence notée : le combat avec le démon. Kleist, Hölderlin, Nietzsche de Stefan Zweig).


Lien : http://www.lireetmerveilles...
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critiques presse (1)
Liberation
08 juillet 2013
C’est l’un des grands textes sur l’idée de justice.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Jusqu’à sa trentième année, cet homme extraordinaire aurait pu passer pour le modèle du bon citoyen. Il possédait un bien dans un village qui porte encore aujourd’hui son nom, et y vivait paisiblement du produit de son métier, élevant pieusement les enfants que sa femme lui donnait, et les instruisant dans l’amour du travail et de la probité. On connaissait à la ronde son profond amour de la justice, et tous ses voisins louaient sa charité dont ils avaient plus d’une fois éprouvé les bienfaits. En un mot, le monde aurait béni sa mémoire sans les circonstances qui l’amenèrent à pousser à l’excès une seule vertu, le sentiment de la justice, et en firent un brigand et un meurtrier.
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-- Etre rejeté, repartit Kohlhaas, la main crispée, c'est, à mes yeux, se voir refuser la protection des lois, car j'avais besoin de cette protection pour la prospérité de mon paisible commerce; oui, c'est pour l'obtenir que je me suis réfugié auprès de cette communauté avec tout ce que j'avais acquis et qui me la refuse, me refoule dans les sauvageries de la solitude et me met en main, comment pourriez-vous le nier ? la massue qui me protège moi-même.
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Si l'on doit me marcher dessus, être un chien vaut mieux que d'être un homme!
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Sur les bords de la Havel, vers le milieu du XVIème siècle, vivait un marchand de chevaux du nom de Michael Kohlhaas, fils d'un maitre d'école.(...) force eût été au monde d'honorer sa mémoire, s'il n'avait passé les bornes d'une vertu : le sentiment de la justice en fit un brigand et un meurtrier.
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Videos de Heinrich von Kleist (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Heinrich von Kleist
"[…] les auteurs d'aphorismes, surtout lorsqu'ils sont cyniques, irritent ; on leur reproche leur légèreté, leur désinvolture, leur laconisme ; on les accuse de sacrifier la vérité à l'élégance du style, de cultiver le paradoxe, de ne reculer devant aucune contradiction, de chercher à surprendre plutôt qu'à convaincre, à désillusionner plutôt qu'à édifier. Bref, on tient rigueur à ces moralistes d'être si peu moraux. […] le moraliste est le plus souvent un homme d'action ; il méprise le professeur, ce docte, ce roturier. Mondain, il analyse l'homme tel qu'il l'a connu. […] le concept « homme » l'intéresse moins que les hommes réels avec leurs qualités, leurs vices, leurs arrière-mondes. […] le moraliste joue avec son lecteur ; il le provoque ; il l'incite à rentrer en lui-même, à poursuivre sa réflexion. […]
On peut toutefois se demander […] s'il n'y a pas au fond du cynisme un relent de nostalgie humaniste. Si le cynique n'est pas un idéaliste déçu qui n'en finit pas de tordre le cou à ses illusions. […]" (Roland Jaccard.)
0:14 - Bernard Shaw 0:28 - Julien Green 0:45 - Heinrich von Kleist 1:04 - Georges Henein 1:13 - Ladislav Klima 1:31 - Michel Schneider 1:44 - Hector Berlioz 1:55 - Henry de Montherlant 2:12 - Friedrich Nietzsche 2:23 - Roland Jaccard 2:37 - Alphonse Allais 2:48 - Samuel Johnson 3:02 - Henrik Ibsen 3:17 - Gilbert Keith Chesterton 3:35 - Gustave Flaubert 3:45 - Maurice Maeterlinck 3:57 - Fiodor Dostoïevski 4:08 - Aristippe de Cyrène 4:21 - Générique
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Référence bibliographique : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique, Paris, Hachette, 1982.
Images d'illustration : Marquise de Lambert : https://de.wikipedia.org/wiki/Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles#/media/Datei:Anne-Thérèse_de_Marguenat_de_Courcelles.jpg George Bernard Shaw : https://fr.wikipedia.org/wiki/George_Bernard_Shaw#/media/Fichier:G.B._Shaw_LCCN2014683900.jpg Julien Green : https://www.radiofrance.fr/franceculture/le-siecle-d-enfer-de-l-ecrivain-catholique-et-homosexuel-julien-green-8675982 Heinrich von Kleist : https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_von_Kleist#/media/Fichier:Kleist,_Heinrich_von.jpg Georges Henein : https://www.sharjahart.org/sharjah-art-foundation/events/the-egyptian-surrealists-in-global-perspective Ladislav Klima : https://www.smsticket.cz/vstupenky/13720-ladislav-klima-dios Michel Schneider : https://www.lejdd.fr/Culture/Michel-Schneider-raco
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