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Quality Land tome 1 sur 2

Juliette Aubert-Affholder (Traducteur)
EAN : 9782330171049
384 pages
Actes Sud (05/10/2022)
3.99/5   260 notes
Résumé :
Bienvenue à QualityLand ! Dans le futur, tout fonctionne à merveille : les algorithmes se chargent d’optimiser le travail, les loisirs et les relations. QualityPartner sait qui te correspond le mieux. Ton véhicule autonome sait où tu veux aller. Et si tu es inscrit sur The Shop, on t’envoie tous les articles que tu désires sans que tu doives les commander. Plus personne n’est obligé de prendre des décisions difficiles – car à QualityLand, il n’y a qu’une seule répon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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sur 260 notes
Peter Chômeur vit à Quality Land, dans un avenir très proche, ou plutôt il vivote.
Pourtant à Quality Land tout est parfait dans le meilleur des mondes (si cette formule vous dit quelque chose, cela n'est pas fortuit). En effet, la vie des individus est entièrement encadrée, contrôlée par des algorithmes qui savent tout de vous et vous propose le meilleur partenaire compte tenu de votre profil, vous propose les produits qui vous conviennent le mieux et d'ailleurs vous les fait livrer par drone avant même qui vous y ayez pensés, qui peut vous faire voir la vie en rose grâce à des lentilles de contact connectées… Bref, le rêve sauf pour les Inutiles dont fait partie Peter.
Un Inutile ?
A Quality Land, les humains sont classés en différents niveaux selon des critères aussi variés que : état de santé, métier, revenus, ponctualité, amis, gênes, esprit critique, réactivité des réponses sur les réseaux sociaux, sens de l'humour…
Plus votre niveau est proche de 100, plus vous êtes bien traité.
En dessous de 10, vous êtes un inutile. Peter a un niveau 9… autant dire qu'il ne compte pas.
Sur fond d'élections présidentielles opposant Conrad Cuisinier, candidat populiste à John of Us, androïde candidat du parti progressiste, perturbées par les actes terroristes du groupuscule « Les briseurs de machines », Peter, se décide à prendre sa vie en main quand The Shop, se fiant à son profil, lui adresse un vibromasseur rose en forme de dauphin…
Grâce à l'aide d'amis (Et oui il en a même s'ils sont assez improbables) Peter va essayer de régler son problème.
Sur un ton très léger Marc-Uwe Kling dénonce dans cette dystopie très, trop proche de notre monde, le tout algorithme qui envahit nos vies. La dénonciation est très efficace et comme l'auteur pousse les curseurs à fond, c'est très drôle.
Hâte de lire la suite..
« Vivons-nous dans une dictature aux méthode si subtiles que personne ne remarque que nous vivons dans une dictature ? Il découle la question suivante : est-ce une dictature si personne ne remarque que c'en est une ? Si personne ne se sent privé de liberté ? Or la liberté n'est pas interdite sur Quality Land. Elle est tout au plus « momentanément indisponible ». le vieux baille. « Sais-tu pourquoi on appelle ça la Toile ?
-Parce qu'on est prisonnier dedans, dit Peter. »
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Bienvenue à Quality Land ou Prisonnier d'un monde parfait.
Dans cette satire farfelue et plutôt drôle, voici quelques exemples de ce qui est désormais possible dans un monde gouverné par les algorithmes.
- Plus besoin de perdre du temps à faire des commandes, l'appli The Shop sait ce dont vous avez besoin et vous livre avant même que vous ne formuliez vos envies.
- Il est interdit de réparer un objet usagé. Il est immédiatement remplacé par un nouveau modèle.
- Les poubelles se déplacent elles-mêmes pour recueillir vos déchets.
- La main-d'oeuvre humaine coûte moins cher que celle des androïdes
- Les habitants sont classés par niveaux de 1 à 100. En-dessous de 10, ils appartiennent à la catégorie des Inutiles.
- Les cours d'histoire sont remplacés par des cours d'avenir.
- Les romans sont écrits par des androïdes qui réécrivent les classiques de la littérature en les personnalisant pour chaque lecteur.
- Grâce à l'appli Quality Partner, on trouve le partenaire optimal pour une période donnée. On peut à tout moment réactualiser la demande.
- Lors d'une échographie on découvre l'avenir probable de son bébé. On peut accroître ses chances en achetant une optimisation.

Le roman a été écrit en 2017 et déjà certaines des propositions de Kling apparaissent de plus en plus crédibles.
Pas question de se croire dans le meilleur des mondes, malgré les encarts publicitaires et les articles de presse qui se glissent dans le roman pour faire l'apologie de cette société de consommation. Sans surprise la notation attribuée aux citoyens renforce les statuts sociaux et exacerbe les inégalités. D'autant plus que le nom de famille de chaque enfant qui naît correspond au métier du père pour un garçon, à celui de la mère pour une fille. Parfait exemple du déterminisme social !

« Même les habitants de Quality Land ont changé de nom. Car ils ne sont pas censés être des individus standard, mais des personnes de qualité. Leurs patronymes, notamment, rappelaient trop le Moyen Âge et ne correspondaient plus du tout à la nouvelle identité d'un pays tourné vers le progrès. Un pays fourmillant de Müller, Schneider et autre Wagner n'avait pas de quoi faire bander un investisseur high-tech. L'agence publicitaire décida donc que chaque garçon aurait désormais pour nom de famille le métier de son père et chaque fille, celui de sa mère. La profession prise en compte étant celle qu'on exerçait au moment de la procréation. »

Alors que l'élection à la présidence va opposer un humain populiste et un androïde humaniste, l'auteur se livre à la caricature des discours politiciens tels qu'on les connaît.
" Je ne connais personne au monde de moins raciste que moi. Personne. Mais on ne va quand même pas m'interdire d'affirmer que tous les Méditerranéens sont des fainéants, tous les nègres des criminels, et tous les Arabes des terroristes. Ce sont des faits. Pourtant, je tiens à le répéter : il n'y a jamais eu dans l'histoire de l'humanité, d'homme moins raciste que moi. "
Alors certes, la caricature est facile avec son air de déjà vu, mais elle reste drôle.

Et puis, il y a cette part de théâtre de l'absurde, qui montre un individu englué dans l' absurdité du monde.
Peter chômeur a reçu un sex-toy rose en forme de dauphin dont il n'a pas l'usage. Il veut le retourner au service après-vente mais se retrouve ballotté de correspondant en correspondant sans pouvoir rendre l'article.
Il choisit la voie de l'homme révolté et tente inlassablement de retrouver son indépendance et son libre-arbitre dans une société qui décide à sa place.
" Peut-on vraiment être libre lorsque tout est mesuré et déterminé ?"

En utilisant l'arme de la satire, même si elle est parfois un peu facile, l'auteur nous alerte contre notre passivité à l'égard de l'intelligence artificielle dont on espère qu'elle réglera tous nos problèmes : santé, économie, bien-être, relations amoureuses..
On peut même effacer un passé tragique et réécrire L Histoire en transformant les pages les plus sombres en comédie musicale. Ainsi l'annonce plutôt cynique d'un spectacle tous publics : Hitler, la comédie musicale. L'histoire d'Ado et d'Eva, une histoire d'amour. Par les auteurs de Mussolini in love.


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A Quality land, tout est de qualité (évidemment !). Les superlatifs sont expressément demandés. le numérique, les robots et autres intelligences artificielles sont ultra présents pour satisfaire le client au mieux (et même plus). Mais quand Peter Chômeur reçoit un étonnant cadeau de la part de The Shop, le magasin en ligne qui livre des articles censés correspondant au client sans que celui-ci le commande, il ne comprend pas et se heurte à un mur quand il veut le retourner. Il se lance alors à la recherche de la personne responsable de cet envoi. Mais y a-t-il vraiment une personne ?

On suit trois personnages : Peter Chômeur, un homme tout ce qui a de plus banal, plutôt médiocre qui n'est pas particulièrement enchanté par ce monde tout-automatisé. Martyn Comité-Directeur qui n'en peut plus de sa femme mais qui a pas mal de chose à se reprocher mais être le fils de Bob l'aide un peu. Il y a John of Us, un robot qui se présente en tant que candidat à la présidence de Quality Land. Sous couvert d'humour et d'avancée technologique, l'auteur ne se gêne pas pour égratigner tous les sujets sensibles : la politique, l'amour, le travail. Les relations humaines, les sentiments n'ont pas cours ici , tout est décidé par les machines, les algorithmes. Et Marc-Uwe Kling est très doué pour raconter ce mélange de genres. Il y met beaucoup d'humour, peut-être un poil trop mais ça ne m'a pas gêné. Juste les encarts publicitaires sous fond noir, parfois un peu too much mais j'ai passé un bon moment avec Quality Land. J'ai adoré la scène où Peter fait le GPS à une voiture intelligente. Ce roman s'annonce comme le premier d'une série. Curieuse de lire la suite, ça promet ! (Ne pas s'arrêter à la couverture qui pourrait faire penser à un autre genre de roman...!)
Merci aux éditions Actes Sud et à Masse Critique pour cette lecture qui m'a fait passer un bon moment.
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Bienvenue à Quality Land, la plus extraordinairissime des villes ! Bienvenue dans une ville où le moindre de vos désirs peut devenir réalité, où vous obtenez le job qui correspond le mieux à vos capacités, où vous partagez la vie de la personne qui vous correspond le mieux. Bref, bienvenue au paradis !

Mais si on creuse un peu, Quality Land a peut-être quelques défauts. En tout cas, c'est ce que pense Peter Chômeur, surtout le jour où il reçoit un canard vibromasseur rose et qu'on lui dit que cela correspond parfaitement à ce qu'il désire à ce moment de son existence. Il a beau être conciliant, là, cela ne va plus. Et pourtant, nous, lecteurs, nous pouvions lui dire dès le début que quelque chose n'allait pas. Comme dans certains épisodes de la série Black mirror, la vie des habitants de ce pays est dirigé par les I.A. et les réseaux sociaux. On ne se fie plus aux indices de la vie réelle, mais aux avis proposés par les autres habitants et, surtout, à ceux qu'imposent plus ou moins les sacro-saints algorithmes. Tout passe par eux : le choix de la nourriture comme celui de sa future compagne. Jusqu'à l'absurde : le canard rose. Ce système est-il donc si infaillible que cela ?

En plaçant son roman sous le signe de l'humour, Marc-Uwe Kling a pris de gros risques à mon avis. Pas facile de faire rire, surtout en SF. Fredric Brown et Terry Pratchett sont des maitres dans ce domaine, mais même eux présentent un bilan inégal. Certains de leurs textes déclenchent de véritables fous rires, d'autres arrachent un léger rictus. Et cela dépend aussi du pays. Reprenons Pratchett : en Grande-Bretagne, c'est un véritable phénomène, avec des tables entières qui lui sont consacrées en librairie (enfin, de son vivant : c'est peut-être moins le cas de nos jours, je ne suis pas allé vérifier) ; en France, par contre, malgré la présence d'une grande communauté de lecteurs accrocs, ce n'est pas la même folie. Dans le pays de Molière, justement, cette année, Yann Bécu, avec L'Effet coccinelle, a réussi à m'amuser, mais avec des baisses de tension en cours de route. Et alors, qu'en est-il de ce roman allemand ?
Eh bien, je l'ai trouvé gentillet, mais à réserver aux lecteurs qui ne sont pas habitués aux récits de SF. Parce qu'il n'offre rien de nouveau sous le soleil pour les autres. Les méchants algorithmes, les méchants politiciens, le gentil loser, le gentil geek genre professeur Nimbus (en plus paranoïaque), la belle aventurière. C'est quand même rempli de clichés. Mis bout à bout, ils forment une histoire agréable à lire quand on a rien d'autre à faire et qu'on laisse son cerveau tourner un peu à vide. Quality Land est bien dans l'air du temps : il critique sans mesure les GAFAM, ainsi que la politique. Soit ! Mais c'est sans réel contenu et, surtout, sans réelle proposition. Quand je pense à Collisions par temps calme de Stéphane Beauverger que je viens de lire, le grand écart est tellement évident qu'il en est douloureux. Évidemment, les deux récits ne jouent pas dans la même catégorie, mais tout de même, combien la novella de Beauverger est tout en finesse et en subtilité et aborde des problèmes, nous offrant des pistes, quand le roman de Kling est en tout en force et en gros sabots, imposant une vision simpliste et grossière.

Quality Land a été un succès dans le monde (« plus d'un million de lecteurs à travers le monde ») selon son éditeur, je veux bien le croire, car il est consensuel et sans grosse prise de risque. Un roman qui ne restera pas dans les annales. En tout cas, pas dans les miennes.

Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Dans un futur proche, on a renommé le pays en « Quality Land ». Une idée venue du marketing !
Tout est et doit être génialissime, alors autant avoir un nom adapté.

Les algorithmes optimisent le travail, les déplacements, les rencontres, les achats…
Par exemple : Comme « The Shop » a ton profil, il peut t'envoyer tes achats sans que tu aies besoin de les commander ! Il sait mieux que toi ce que tu veux.

Quelques grains de sables cependant…

Peter le ferrailleur est considéré comme inutile par la société. Il a une très mauvaise note sociale (on est noté sur absolument tout).
Il a un métier mal considéré : il détruit les machines vu qu'il est interdit de réparer.

> Depuis la loi sur la protection de la consommation, toute réparation est formellement interdite.

Un jour, Peter reçoit un objet dont il ne veut absolument pas. Problème : Il veut retourner l'objet à « The Shop ».
Et visiblement, personne ne retourne ce qu'il a « désiré » (même sans le savoir).

Dans le domaine politique, des nouvelles élections présidentielles approchent.
Face au candidat populiste, raciste, xénophobe, menteur, misogyne…l'autre parti choisi John.
John est un androïde qui ne peut pas mentir…
La campagne risque d'être intéressante alors que l'automatisation a rendu les humains superflus.
John ne mentant tient un discours qui passe mal auprès des généreux riches donateurs :

> le capital s'accumule à vitesse croissante, dans des dimensions qui dépassent l'imagination, tandis que le nombre d'emplois salariés décroît rapidement, dit John. Mais que faisons-nous ? Nous taxons le travail salarié et non le capital. Une erreur évidente Une dystopie clairement barrée à la fois drôle et inquiétante.

La campagne risque d'être intéressante alors que l'automatisation a rendu les humains superflus.

> — J'avoue que c'est plus difficile que ce que j'avais prévu, dit John.
> — Quoi exactement ? demande Aïcha.
> — de trouver une réponse à la question de Bertrand Russell.
> — Qui ? demande Tony.
> — Un philosophe anglais décédé, dit Aïcha. Il a dit : « La question aujourd'hui, c'est de savoir comment persuader l'humanité de consentir à sa propre survie. »
> — C'est étonnamment difficile”, dit John.

Marc-Uwe Kling a poussé tous les curseurs à fond :

on est noté pour tout
on améliore l'ADN de ses enfants
plus de cours d'histoire, mais des cours d'avenir
on te propose le partenaire qui te correspond
Plus de vieux noms de famille ! On prend la profession du père ou de la mère au moment de la procréation.
Peter s'appelle : Peter Chômeur.


C'est parfois un peu facile. Cela rappelle souvent des épisodes de black mirror, des romans comme le meilleur des mondes, 1984.
C'est généralement bien trouvé.
C'est drôle et également inquiétant.
Car même avec le bouton du burlesque tourné à fond, la dystopie rejoint le monde actuel (ou serait-ce l'inverse ?).

> — J'aimerais parler à un humain.
> — Pourquoi donc ? demande la voix, choquée.
> — Je veux parler à un humain.
> — Je tiens à te signaler que mes collègues humains ne peuvent rivaliser avec moi, ni sur le plan des connaissances techniques, ni sur celui de l'amabilité car, contrairement à moi, la satisfaction du client n'est pas le fondement de leur existence. Des structures économiques dépassées – si je puis me permettre – les forcent à travailler dans ces conditions, ce qui leur fait éprouver beaucoup de sentiments négatifs envers leur métier.

Toute ressemblance avec le capitalisme de surveillance, les injonctions au faux optimisme, l'accumulation de capital, les bullshit jobs… serait purement fortuite.

Je commence de ce pas « Quality Land 2.0 ».
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Comment comptez-vous vous nourrir le jour où il n’y aura plus de drones pour livrer vos pizzas ? Vous connaissez sans doute ce vieil adage : « Seuls trois repas séparent la civilisation du chaos total. »
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“Bientôt, ce seront les machines qui nous diront quoi faire !” s’écrie Martyn.
La voix du smartphone annonce : “Martyn, ta tension artérielle augmente. Tu as une longue journée de travail qui t’attend. Tu devrais aller te coucher.”
Martyn donne la seule réponse qu’il sait acceptée par le système : “OK.”
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Si les gens veulent élire une merde, ils prendront toujours la merde originale, celle de marque, pas la merde instantanée et réchauffée que vous voudriez leur servir.
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Les machines modernes sont gérées par des algorithmes autonomes qui optimisent leur intelligence en analysant nos données, nos conversations, nos mails, nos photos et nos vidéos. Cela engendre forcément des troubles psychologiques chez certaines.
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« Guerre » n’est pas le terme politiquement correct. On parle d’intervention sécuritaire en vue de protéger les voies commerciales et l’arrivage des matières premières. On ne parle pas non plus de soldats, mais de garants de qualité.
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